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Martin Winterberger

Martin Auguste Winterberger, né le à Dinsheim-sur-Bruche et mort le à Gresswiller, est le seul Français évadé du camp de concentration de Natzweiler-Struthof.

Martin Winterberger
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  75 ans)
Gresswiller
Nom de naissance
Martin Auguste Winterberger
Nationalité
Activités
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflit
Lieu de détention
Distinctions
Archives conservées par
Service historique de la DĂ©fense (SHD/ AC 21 P 560189)
Service historique de la DĂ©fense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 603544)

Biographie

Martin est le fils d'Auguste Winterberger, cheminot et de Marie Guthmann[1]. Il fréquente l'école communale de Gresswiller puis passe un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) de tourneur. Il est embauché comme mécanicien tourneur aux usines Bugatti de Molsheim[2]. Après l'armistice de juin 1940, il est toujours dans l'armée de l'air dans le Sud de la France. En septembre, il obtient une permission et passe quelques jours dans sa famille en Alsace. Mais au moment de rejoindre son unité, les autorités allemandes lui interdisent de retourner en zone libre bien qu'il ne soit pas démobilisé[3].

Déporté politique

Martin Winterberger est profondément francophile. Il rejette l'annexion de fait de l'Alsace, au troisième Reich et manifeste son hostilité à la germanisation et la nazification de sa région. Le 14 avril 1941, dans les rues de Mutzig, il chante, avec des amis des chants patriotiques. Le groupe est surpris par une patrouille. Il est arrêté et envoyé au siège de la Gestapo à Strasbourg. Il y est interrogé et transféré le 24 avril 1941 au camp de sureté de Vorbruck-Schirmeck. Sa résistance à la « rééducation » lui fait subir le cachot et des traitements particulièrement durs. Toujours insoumis, le 12 novembre 1941, il est interné au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en construction à quelques kilomètres de Schirmeck.

Entrée du camp de concentration de Natzweiler-Struthof à la libération
Entrée du camp de concentration de Natzweiler-Struthof à la libération le 2 décembre 1944.

Dans un premier temps, il est affecté au chantier des baraquements, mais en juillet 1942, il est affecté au Kommando « Struthof ». Cette équipe est chargée de l'entretien du linge des officiers SS et de leurs véhicules. Elle travaille, en dehors de l'enceinte électrifiée, dans l'ancien hôtel du Struthof qui abrite l'état-major du camp [4].

Son Ă©vasion

Le 4 aoĂ»t 1942, Martin Winterberger, s’évade avec quatre autres dĂ©tenus qui sont Karl Haas (Autrichien), Alfons Christmann (Allemand) Joseph Chichosz (Polonais) et Joseph Mautner (Tchèque). Ils neutralisent les lignes tĂ©lĂ©phoniques et les vĂ©hicules sauf celui du SS-ObersturmfĂĽhrer Schlachter, responsable du chantier. Martin Winterberger et Karl Haas se sont habillĂ©s en officiers SS. Ce dernier Ă  l'origine du plan d'Ă©vasion prend la place du chauffeur et Martin Winterberger celle du passager. Les deux hommes parlent couramment l'allemand. Les trois autres se cachent Ă  l'arrière. Ils se dirigent vers la sortie oĂą les sentinelles leur ouvrent la barrière et leur rendent les honneurs. L'Ă©vasion a lieu sous un orage auquel les Allemands attribuent la panne tĂ©lĂ©phonique. L'absence du  commandant du camp, Egon Zill, permet aux prisonniers de gagner un temps prĂ©cieux[5].

Les évadés abandonnent leur véhicule à une cinquantaine de kilomètres sur la route de Saint-Dié-des-Vosges en zone occupée, où ils sont contrôlés par un gendarme alsacien qui leur donne des conseils pour continuer leur évasion. Ils atteignent Lons-le-Saunier où le capitaine Louis Théodore Kleinmann des Services de renseignement (SR) de Vichy dirige Martin Winterberger vers l'Afrique du Nord via l'Espagne dont il passe clandestinement la frontière caché dans un train fin janvier 1943[5]. L'évasion est réussie sauf pour Alfons Christmann, qui après le contrôle de gendarmerie, quitte le groupe. Il est repris et renvoyé au camp de Natzweiler-Struthof où il est pendu le 5 novembre 1942[6] - [7].

Campagnes au sein de l'armée française

Après avoir été interné sept mois à la prison de Malaga et un mois au camp de Miranda el Ebro, Martin Winterberger quitte l'Espagne pour Casablanca le 1er novembre 1943. Il s'engage dans la 1re division française libre (DFL) au sein de laquelle, il participe à la campagne d'Italie (1944), au débarquement de Provence et à la libération de l'Alsace. Lors de l'offensive allemande du 5 janvier 1945 (opération Nordwind), il participe à la défense du sud de Strasbourg dans le secteur d'Obenheim[2].

Il termine la guerre avec le grade de caporal d'infanterie de marine.

Après-guerre

Après la guerre, il reprend son poste de mécanicien aux usines Bugatti de Molsheim. Souffrant de problèmes de santé liés à ses séjours en camps, il change de profession et devient guide sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof du au . Il est licencié quand le site est repris par le ministère des Anciens combattants[2].

II est le seul évadé français du camp de concentration de Natzweiler-Struthof[3].

Stèle en hommage à Martin Witerberger à l'entrée de l'école primaire de Gresswiller.
Stèle en hommage à Martin Witerberger à l'entrée de l'école primaire de Gresswiller.

Reconnaissance

  • Depuis le , l'Ă©cole primaire de Gresswiller porte son nom et une stèle Ă  son nom est Ă©rigĂ©e Ă  l'entrĂ©e de l'Ă©tablissement scolaire[8].

DĂ©corations

Il est reconnu « Déporté résistant »[9] - [10].

Notes et références

  1. Jean-Pierre Kintz, Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace, Nouveau dictionnaire biographique alsacien, t. 48, Gresswiller, Imprimerie Girold, , « Winterberger Martin »
  2. Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA). (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne), « Martin Winterberger ».
  3. « Winterberger Martin | Mémoires des déportations 1939 - 1945 », sur memoiresdesdeportations.org (consulté le ).
  4. Henri Allainmat, Auschwitz en France, Paris, Presses de la cité, (lire en ligne).
  5. « Il y a vingt-cinq ans, un Français libre réussissait la seule évasion du camp de Struthof – Fondation de la France Libre » (consulté le ).
  6. « Alfons CHRISTMANN », sur Struthof (consulté le ).
  7. Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de., Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Little big man, (ISBN 2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC 57250485, lire en ligne).
  8. « "Il s'était déguisé en nazi pour s'échapper" : l'école de Gresswiller va porter le nom d'un résistant alsacien », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
  9. « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  10. « Base des déportés-résistants - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Eric Le Normand, Association pour des Ă©tudes sur la RĂ©sistance intĂ©rieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Martin Winterberger », dans La rĂ©sistance des Alsaciens, Fondation de France, dĂ©partement AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pĂ©dagogique. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Charles BĂ©nĂ©, Du Struthof Ă  la France libre, FeniXX, 282 p. (ISBN 9782307041962, lire en ligne).
  • Henri Allainmat, Auschwitz en France, FeniXX, 280 p. (ISBN 9782258157095, lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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