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Marthe de Vogüé

Marthe de Vogüé, née le et morte à Paris le , plus connue sous son titre de marquise de Mac Mahon, est une militante politique française, animatrice des « Dames royalistes » des années 1900 à sa mort. Elle est alors la principale figure féminine de l'Action française.

Marthe de Vogüé
Illustration.
Marthe de Vogüé, marquise de Mac Mahon dans Excelsior du 13 mai 1911
Fonctions
Présidente du Comité central des dames royalistes de France
Présidente de l'Association des dames royalistes d'Action française
Successeur Marie Anne Isabelle de Mac Mahon
Biographie
Nom de naissance Marthe Marie-Thérèse de Vogüé
Date de naissance
Lieu de naissance Paris, France
Date de décès
Lieu de décès Paris, France
Nationalité française
Père Charles-Jean-Melchior de Vogüé
Mère Adélaïde-Marguerite de Vogüé
Conjoint Charles-Marie de Mac Mahon
Enfants Henriette de Mac Mahon
Famille Famille de Mac Mahon et de Vogüé

Biographie

Marthe Marie-Thérèse de Vogüé, née à Paris, est la fille de Melchior de Vogüé, diplomate et notable agrarien, président de la traditionnelle et conservatrice Société des agriculteurs de France, et de son épouse Marguerite de Vogüé[1].

Le , elle épouse Charles-Marie de Mac Mahon, de la branche ainée de la famille de Mac Mahon, officier démissionnaire. Le couple a une fille, Henriette, qui ne vit que cinq jours (du au ). Son mari, né en 1856, meurt en 1894 ; elle reste veuve. Il était le petit-fils du frère aîné du maréchal Patrice de Mac Mahon, président de la République de 1873 à 1879[2].

Elle hérite de son mari le château de Sully (Saône-et-Loire). C'est elle qui ordonne de nombreux travaux tels que la façade sud de style néo-Renaissance, ainsi que la remise en activité des douves. Elle vit aussi dans un hôtel particulier à Paris, rue Fabert, dans le 7e arrondissement[3].

Ses obsèques en juin 1923 ont lieu à l'église de Sully, et son allocution funèbre est prononcée par le curé de Sully, l'abbé Paul Muguet, le [4].

Engagement dans l'Action Française

La marquise de Mac Mahon possède à proximité de son château une école privée où enseignent des religieuses, Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Sous le gouvernement d'Émile Combes, qui mène une politique anticléricale contre les écoles tenues par des congrégations religieuses, en application de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, ces religieuses sont expulsées en août 1902, malgré la résistance de la marquise de Mac Mahon, relayée par la presse[5].

En 1903, elle devient l'une des vice-présidentes d'un comité central des dames royalistes de France, fondé l'année précédente à l'initiative de Paul Bézine, chef du bureau politique du prétendant exilé, Philippe d'Orléans, qui porte le titre de duc d'Orléans. Ce comité est présidé par la duchesse de Mortemart[6]. Elle en prend la présidence à la mort de cette dernière, en mars 1904[7]. Elle multiplie alors les conférences et prend la parole lors de congrès et réunions royalistes, aux côtés des diverses personnalités du monde monarchiste orléaniste, des hommes pour la plupart[8], assumant haïr la République[9]. En décembre 1905, elle est la seule femme figurant au comité de patronage du quotidien royaliste La Gazette de France[10].

Elle participe à partir de 1903 à une œuvre charitable fondée à l'initiative (ou plutôt au nom) de la duchesse d'Orléans, l'Œuvre Notre-Dame de France, qui notamment distribue des vêtements aux pauvres en hiver, et préside cette association. Ses activités charitables sont inséparables de ses convictions antirépublicaines et catholiques et du réseau des comités royalistes féminins et aristocratiques[11].

Marthe de Vogüé lors d'une réunion du comité d'Action française des Hautes-Pyrénées à Tarbes en 1913 (deuxième femme au centre).

Royaliste et catholique, elle fait partie en février 1906 des quelques femmes qui accompagnent les catholiques opposés à l'inventaire de la basilique Sainte-Clotilde de Paris et de l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou dans le 7e arrondissement, à la suite de la Loi de séparation des Églises et de l'État de 1905. Le compte-rendu du journal catholique L'Univers souligne ainsi : « Mme la marquise de Mac Mahon, qui n'a cessé de montrer une vaillance et un sang-froid remarquable, refuse de quitter son poste d'honneur devant le grand portail. - Je n'ai pas peur, dit-elle, et je saurai défendre notre église comme les autres »[12].

Ses conférences et ses réseaux l'amènent à rencontrer les dirigeants de l'Action française comme Charles Maurras et Henri Vaugeois et à participer à des réunions de cette ligue royaliste et nationaliste en province, parfois à l'appel de femmes de l'aristocratie membres de l'œuvre de Notre-Dame de France[13]. Elle milite pour leur cause commune et porte dès lors la parole royaliste dans de nombreuses réunions de l'AF[14] - [15] - [16]. De septembre 1908 à août 1913, elle participe ainsi à 96 réunions à Paris et en province[17]. Son association de dames royalistes, née dans la mouvance des milieux orléanistes, est d'abord autonome au sein de l'AF. La marquise patronne les premiers pas de l'association des jeunes filles royalistes, sous l'égide de l'AF, en 1907-1908 ; des réunions qu'elle préside ont lieu à son domicile parisien[18]. Elle préside la deuxième séance du congrès de l'AF en décembre 1907[19].

Ancienne adhérente à ses débuts de la Ligue patriotique des Françaises, cette catholique a comme directeur de conscience le bénédictin Dom Besse, avec lequel elle entretient une correspondance. Ce dernier, très favorable à l'AF - il collabore au quotidien de Maurras - , encourage la défense de l'Église par les femmes au moyen de l'apostolat mais aussi de la politique, justifie l'engagement en faveur de l'AF, malgré les critiques d'une partie de l'épiscopat et d'autres catholiques, ralliés à la République à la demande du pape Léon XIII, et recommande d'agir en conscience, quitte à passer outre aux recommandations épiscopales[20].

En 1910-1911, l'AF traverse une crise ; elle est temporairement désavouée par le prétendant orléaniste et le nouveau dirigeant du bureau politique du duc d'Orléans, Henri de Larègle, s'avère hostile à l'AF. La crise provoque des démissions et des scissions au sein des comités royalistes[21]. La marquise de Mac Mahon reste fidèle à l'AF, acceptant en 1911 selon Maurras la présidence d'honneur des Dames d'AF tandis que L'Action française souligne que les comités de dames royalistes, placés jusqu'alors sous l'autorité de comités royalistes masculins, en voie de dissolution, sont en crise et que certains rejoignent la marquise[22]. La marquise, hostile à Larègle, fait partie des personnalités qui s'entremettent auprès du duc d'Orléans ; ce dernier décide de démettre Henri de Larègle et d'appuyer à nouveau l'AF[23]. Elle est dès lors l'animatrice des Dames et des Jeunes filles d'AF, à la tête desquelles elle défile à l'occasion de la fête de Jeanne d'Arc[24]. Les comités de l'Œuvre Notre-Dame de France qu'elle préside ont rejoint l'AF[25].

L'AF la présente comme la présidente de l'Association des dames royalistes d'Action française à partir des années 1910[26] - [27]. Elle est la présidente d'honneur du banquet de clôture du congrès de l'AF de 1920[28].

À sa mort en juin 1923, Charles Maurras lui rend hommage dans un éditorial du quotidien L'Action française[15]. Léon Daudet évoque sa « voix douce » et sa « force de persuasion » dans son ouvrage de souvenirs :

« Infatigable voyageuse, conférencière de talent, ... elle fut incontestablement la plus influente personnalité féminine de l’Action française[15]. »

Références

  1. Bruno Dumons, L’Action française au féminin. Réseaux et figures de militantes au début du XXe siècle, dans Collectif, L’Action française: culture, société, politique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008
  2. Nouvelle Bourgogne, 28 octobre 1894
  3. Le Figaro, 5 avril 1904
  4. Paul Muguet sur data.bnf
  5. Le Gaulois, 4 août 1902, Le Petit Journal, 6 août 1902, Le Gaulois, 7 août 1902, Ibid., 10 août 1902 (déclaration aux habitants de Sully)
  6. Le Soleil, 9 janvier 1902, La Vérité, 8 juillet 1902, La Gazette, 4 octobre 1902, Le Soleil, 7 mai 1903
  7. "Nécrologie", La Gazette, 27 mars 1904, Le Figaro, 5 avril 1904, Le Petit Moniteur universel, 5 juin 1904. Elle n'est donc pas la fondatrice de l'association, contrairement à ce qu'écrit Camille Cléret : Camille Cleret, Genre et engagement : les ressorts de l’engagement féminin d’Action française (années 1900-années 1930), En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne, n° 8
  8. La Gazette, 15 mars 1904, La Gazette, 23 août 1904, La Lanterne, 24 août 1904 (point de vue républicain et anticlérical), Le Soleil, 21 décembre 1904, La Mayenne, 15 juin 1905, Le Soleil, 18 juillet 1905, Le Soleil, 24 juin 1906
  9. L’Avenir de la Mayenne, 11 juin 1905 (Lettre de la marquise)
  10. La Gazette, 26 décembre 1905
  11. La Gazette, 29 décembre 1903, La Gazette, 28 mai 1905, Ibid., 29 mai 1905, Ibid., 9 décembre 1905, Ibid., 13 février 1913
  12. L'Univers, 3 février 1906, La Gazette de France, 3 février 1906, L'Eclair, 3 février 1906, Chez la marquise de Mac-Mahon, Le Gaulois, 3 février 1906
  13. Bruno Dumons, L’Action française au féminin. Réseaux et figures de militantes au début du XXe siècle, dans Collectif, L’Action française: culture, société, politique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008 (Lire en ligne)
  14. Le Gaulois, 21 février 1910
  15. Camille Cleret, « De la charité à la politique : l'engagement féminin d'Action française », sur Cairn, Parlement[s], Revue d'histoire politique,
  16. Bruno Dumons, op. cit.
  17. Anne-Catherine Schmidt-Trimborn, La ligue d’action française : mode d’organisation et pratiques culturelles, sociales et politiques (1905-1936), Histoire, Université de Lorraine, 2017, p. 141 (Lire en ligne)
  18. La Gazette de France, 14 mars 1907, Association des jeunes filles royalistes de France, Ibid., 30 mai 1907, Association des jeunes filles royalistes, L'Action française, 28 mars 1908, La Gazette de France, 7 juin 1908, L'Action française, 7 juin 1908
  19. Le Soleil, (lire en ligne)
  20. Magali Della Suda, La politique dans la sacristie, dans Collectif, La politique sans en avoir l'air: Aspects de la politique informelle XIXe – XXIe siècle, Presses universitaires de Rennes, 2019 p. 233-234
  21. Anne-Catherine Schmidt-Trimborn, op. cit., p. 72-75
  22. L'Action française, 15 janvier 1911 (Lettre de la marquise), "Les comités de dames royalistes", Ibid.,20 janvier 1911
  23. Anne-Catherine Schmidt-Trimborn, op. cit., p. 77
  24. L'Action française, 3 mai 1913, Ibid., 5 mai 1913
  25. L'Action française, 21 avril 1911, Ibid., 2 décembre 1911, Ibid., 22 octobre 1912, "L'Action française dans les provinces", L'Action française, 13 janvier 1913
  26. L'Action française, 5 mai 1913, Ibid., 19 février 1914, L'Action française, 10 avril 1920
  27. Almanach de l'Action française, 1919, p. 210 (en ligne dans Gallica)
  28. L'Action française, 21 mars 1920

Bibliographie

  • Bruno Dumons, L’Action française au féminin : réseaux et figures de militantes au début du XXe siècle dans Michel Leymarie, Jacques Prévotat (dir.), L’Action française: culture, société, politique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008 (Lire en ligne)
  • Camille Cleret, « De la charité à la politique : l'engagement féminin d'Action française », dans Parlement[s], Revue d'histoire politique, no 19, 2013, p. 17-29 ( Lire en ligne).
La marquise de Mac Mahon est faussement présentée dans ce texte comme la fondatrice en 1904 d'une « Ligue royaliste des dames ».
  • Camille Cléret, Genre et engagement : les ressorts de l’engagement féminin d’Action française (années 1900-années 1930), En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne, n°8 ( Lire en ligne
Elle est présentée comme la fondatrice en 1902-1903 de l'association des dames royalistes, ce qui n'est pas exact.
  • Léon Daudet, Souvenirs et polémiques, Paris, Laffont, 1992.

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