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Marthe Orant

Marthe Orant est une peintre française née à Poissy le et est morte à Paris 14e le [1].

Marthe Orant
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marthe Marie Hélène Orant
Nationalité
Française
Activité
Autres informations
Mouvement
Maîtres
Influencée par
Distinction
MĂ©daille d'argent, Exposition universelle de 1937

Biographie

Si c'est au couvent que « comme toutes les jeunes filles de bonne famille sous la Belle Époque, elle apprend les rudiments de la peinture »[2] — ses dessins la restitueront durablement marquée par le fait qu'elle en sort pour retrouver un père devenu aveugle[2] — Marthe Orant a ensuite pour maîtres Marcel Baschet, Maurice Bompard et Henri Royer[3], pour enfin se rapprocher des nabis et recevoir les conseils d'Édouard Vuillard et de Pierre Bonnard[4].

Gérald Schurr, en évoquant « une peinture qui frémit d'une émotion vigilante sous l'apparence du bonheur, n'étant pas sans rappeler les fêtes poétiques de Bonnard dans la manière d'intégrer les formes à la composition », resitue pourtant celle-ci comme un répit heureux dans une existence quotidienne qui ne l'est pas, où on l'on voit Marthe Orant « toujours démunie devant les petits problèmes » : « la vie n'est que désordre » confie-t-elle elle-même de façon très récurrente dans sa correspondance[2]. « Perpétuellement en quête de nouveaux moyens d'aborder et de transposer ses sujets de prédilection parisiens » — les jardins publics, les quartiers populaires, les rues animées n'en côtoient pas moins de nombreuses natures mortes et des bouquets de fleurs — son œuvre, qui se trouve ainsi faite « des nuances les plus rares dans une mise en page parfois exubérante », qui est « un art d'intuition qu'elle ne cesse d'approfondir pour clarifier le langage des traits et des tons », n'en reflète pas moins « cette sensibilité d'écorché vif, cette instabilité, cette angoisse même qui forment le tissu d'une existence qui se terminera à Sainte-Anne »[2].

Étienne Sassi, pour sa part, évoque de même une vie sans joie — accablée de douleur par la mort de ses parents, ruinée financièrement par le placement de son héritage dans l'emprunt russe, d'une apparence physique semble-t-il sans grâce et qu'elle-même n'aime pas, bannissant toute photographie qui aurait permis que son visage nous soit connu — et ne manque pas de penser « à Van Gogh et à ses obsessions. Marthe Orant, elle, au cœur de l'horreur, crée dans le charme. Mais il faut se dire que cette merveilleuse impression de sérénité que reflète chaque tableau est née dans la plus terrifiante solitude et dans un drame constant et c'est là sans aucun doute l'origine de la puissance de choc qui nous étreint devant ces œuvres, construites pour rétablir le plaisir de vivre. Elle a imaginé dans ses toiles les espaces où elle aurait pu vivre heureuse et qui l'attendent à jamais dans la lumière éclatante de ses rêves »[5].

Elle vécut au 103, rue de Vaugirard à Paris à partir de 1930.

Elle meurt Ă  l'hĂ´pital Sainte-Anne Ă  Paris le .

Expositions

Expositions personnelles

  • Galerie Maurice, Paris, 1953.
  • RĂ©trospective Marthe Orant, SociĂ©tĂ© nationale des beaux-arts, Paris, 1962.
  • RĂ©trospective Marthe Orant, dans le cadre du Salon des indĂ©pendants, Paris, 1963.
  • Galerie Étienne Sassi, Paris, , 1985.
  • Peter Bodes Gallery, La Haye, 1979.
  • Galerie Marc Richard, Zurich, 1980, 1984, 1988.
  • Hammer Galleries, New York, avril-[6], , novembre-, avril-, [7].
  • Galerie Jacques Davidson, Tours, 1983.
  • The art of Marthe Orant, Flint Institute of Arts (en), Flint (Michigan), septembre-octobre 2007, aoĂ»t-septembre 2014[4].

Expositions collectives

Ventes publiques

  • Dominique Bondu, commissaire-priseur Ă  Paris, Ventes de l'atelier Marthe Orant, Paris, hĂ´tel Drouot, [9] et [10].

RĂ©ception critique

  • « […] Un talent oubliĂ©, mais qui avait Ă©tĂ© reconnu par les plus grands : Maurice Denis, Vuillard, Bonnard, Signac, et sans aucun doute, Marthe Orant leur doit, Ă  tous; d'avoir trouvĂ© la vĂ©ritĂ© de son style. Elle a longtemps regardĂ© Vuillard, prince de la nuance, peindre dans son atelier, et n'a rien oubliĂ© de sa leçon, de cette vertu profonde des teintes rares et de la grâce du pinceau qui fait de chacun de ses tableaux un ciel pastellisĂ© […] Marthe Orant, entrĂ©e dans la religion de peindre jusqu'au sacerdoce et que sa passion conduisit Ă  la folie, mais qui ne cessa jamais d'illustrer l'enfance de son cĹ“ur. Elle ne connaissait pas d'autre absolu que la fenĂŞtre de ses toiles ouvertes sur ses rĂŞves […]. Une des femmes les plus engagĂ©es dans le grand acte de l'art de peindre. » - AndrĂ© Parinaud[5]
  • « On rencontre sur les quais — c'est lĂ  qu'elle fera la connaissance de Marquet, avec lequel elle partagera longtemps les coins soigneusement choisis — son Ă©trange silhouette, vĂŞtue de noir comme d'une soutane, coiffĂ©e d'un chapeau cloche. Elle peint les rives alors agrestes du fleuve ou pose aussi son chevalet dans les rues, autour de Notre-Dame et des Ă©glises comme Saint-Julien-le-Pauvre ou la rue GĂ®t-le-CĹ“ur. Et on admirera qu'elle Ă©difie ses compositions avec une gĂ©omĂ©trie plastique parfaite, elle qui est incapable d'esquisser un plan pour sa propre existence. Le trouble profond qui l'habite disparaĂ®t complètement lorsque, le pinceau Ă  la main, elle traduit et enregistre comme un sismographe la beautĂ© du monde saisie par son regard. Nous sommes lĂ  aux frontières de l'art le plus authentique. » - Étienne Sassi[5]
  • « Longtemps demeurĂ©e dans l'ombre, cette artiste, pour qui l'art fut un rĂ©pit et que son extrĂŞme anxiĂ©tĂ© devait conduire Ă  l'hĂ´pital psychiatrique de Sainte-Anne, occupe maintenant une place lĂ©gitime dans le monde de l'art. Une peinture qui Ă©voque Bonnard dans sa souplesse chromatique, dans l'intĂ©gration des formes, dans l'audace de la mise en page. Peintre des rues populeuses de Paris et surtout de ses jardins publics, elle saisit sur le motif ses impressions les plus fugaces, les transpose en tons rares qui ont la lĂ©gèretĂ© du pastel. » - GĂ©rald Schurr[11]
  • « Dans des compositions peu convenues et exubĂ©rantes, ses accords colorĂ©s Ă  la fois raffinĂ©s et osĂ©s la situaient dans la lignĂ©e de Renoir Ă  Bonnard. » - Dictionnaire BĂ©nĂ©zit[3]

RĂ©compenses et distinctions

Collections publiques

France

États-Unis

  • Flint Institute of Arts (en), Flint (Michigan), neuf peintures Ă  l'huile sur toiles ou sur panneaux[13] :
    • Ă  TrĂ©vise, 140 Ă— 81 cm ;
    • Autour de la serre de la ville de Paris, 37 Ă— 46 cm ;
    • CathĂ©drale vue du canal, 73 Ă— 92 cm ;
    • Chevalet, 128 Ă— 97 cm ;
    • Clair de lune, 54 Ă— 65 cm ;
    • Coin de fleurs Ă  couper, 100 Ă— 81 cm ;
    • Coin de massif, 92 Ă— 71 cm ;
    • Dame Ă  l'oiseau, 126 Ă— 80 cm ;
    • DĂ©sordre dans l'atelier, 195 Ă— 130 cm.

Collections privées référencées

Notes et références

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 14e, n° 3447, vue 17/31.
  2. Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1979, vol.4, pp. 154-155.
  3. Dictionnaire Bénézit, tome 10, Gründ, 1999, p. 396.
  4. Flint Institute of Arts, The art of Marthe Orant, présentation de l'exposition, 2014.
  5. Étienne Sassi (préface d'André Parinaud), Marthe Orant, 1874-1957 - L'amour passionné de la peinture, Éditions Van Wilder, 1989.
  6. New York Magazine, .
  7. New York Magazine, .
  8. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 Ă  nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  9. La Gazette de l'HĂ´tel Drouot, , p. 53.
  10. La Gazette de l'HĂ´tel Drouot, .
  11. Gérald Schurr, Le Guidardus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993, page 770.
  12. Centre national des arts plastiques, Martne Orant dans les propriétés du CNAP (saisir le nom de l'artiste).
  13. Flint Institute of Arts, Marthe Orant dans les collections.

Annexes

Bibliographie

  • AndrĂ© Parinaud, Marthe Orant, 1874-1957, Éditions Galerie Étienne Sassi, 1978.
  • GĂ©rald Schurr, Les petits maĂ®tres de la peinture, valeur de demain, vol.4, Les Éditions de l'Amateur, 1979.
  • (en) Marthe Orant, 1874-1957: Impressionist painting, Éditions Hammer Galleries, 1984.
  • (en) Marthe Orant, 1874-1957: French Impressionist, Éditions Hammer Galleries, 1989.
  • Étienne Sassi (prĂ©face d'AndrĂ© Parinaud), Marthe Orant, 1874-1957 - L'amour passionnĂ© de la peinture, Éditions Van Wilder, 1989.
  • Dominique Bondu, commissaire-priseur Ă  Paris, assistĂ© de Paule Cailac et Pierre Blanchet, experts, Catalogues de l'atelier Marthe Orant, hĂ´tel Drouot, et .
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 Ă  nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  • GĂ©rald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993.
  • Emmanuel BĂ©nĂ©zit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.10, GrĂĽnd, 1999.

Liens externes

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