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Marlag und Milag Nord

Marlag und Milag Nord Ă©tait un complexe de camps de prisonniers de guerre allemands de la Seconde Guerre mondiale pour les hommes de la marine marchande britannique et canadienne et de la Royal Navy. Il Ă©tait situĂ© autour du village de Westertimke, Ă  environ 30 km au nord-est de BrĂȘme, bien que dans certaines sources l’emplacement du camp est donnĂ© comme Tarmstedt, un plus grand village Ă  environ 4 km Ă  l’ouest. Il y avait aussi des marins marchands amĂ©ricains dĂ©tenus dans le camp, ainsi que du personnel de la marine de guerre amĂ©ricaine.

Statut des marins marchands

Sur plus de 5 000 marins marchands alliĂ©s capturĂ©s par les Allemands pendant la guerre, la plupart ont Ă©tĂ© dĂ©tenus Ă  Marlag-Milag[1]. En tant que civils non-combattants, selon l’article XI, article 6, des Conventions de La Haye de 1907, les marins marchands « ... ne sont pas faits prisonniers de guerre, Ă  condition qu’ils fassent une promesse formelle par Ă©crit de ne pas entreprendre, tant que les hostilitĂ©s dureront, tout service liĂ© aux opĂ©rations de guerre[2]. » Les Allemands, cependant, traitaient toujours les marins de la marine marchande comme des prisonniers de guerre (comme l’ont fait aussi les Britanniques Ă  partir de 1942). En 1943, les Allemands suggĂ©rĂšrent un Ă©change d’un nombre Ă©gal de prisonniers de la marine marchande, mais cette offre fut refusĂ©e par le Premier Lord de l’AmirautĂ© A. V. Alexander au motif qu’elle serait plus Ă  l’avantage de l’Allemagne, car elle leur fournirait un grand nombre d’hommes aptes Ă  ĂȘtre utilisĂ©s comme Ă©quipages de sous-marins, dont ils Ă©taient dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  court[3].

Historique du camp

Stalag X-B

Initialement, les prisonniers de la marine marchande et de la Royal Navy Ă©taient internĂ©s dans plusieurs camps dans le nord de l’Allemagne. En , ils furent rĂ©unis au Stalag X-B de Sandbostel et logĂ©s dans deux complexes dĂ©signĂ©s Ilag X-B (Internierungslager, « camp d’internement ») et Marlag X-B (Marinelager, « camp de la Marine »). À l’instigation des gouvernements amĂ©ricain et suisse, le ComitĂ© international de la Croix-Rouge a fait pression sur le gouvernement allemand pour qu’il ne garde pas de non-combattants civils dans un camp de prisonniers de guerre. Les Allemands se sont conformĂ©s Ă  cette demande, choisissant ce qui Ă©tait Ă  l’origine un petit camp d’entraĂźnement de la Luftwaffe, composĂ© de six baraquements et d’un petit aĂ©rodrome Ă  Westertimke. En , les prisonniers d’Ilag X-B durent travailler au dĂ©mantĂšlement de leurs baraquements Ă  Sandbostel, puis Ă  leur reconstruction Ă  Westertimke, pour finalement achever le camp de Milag en [4]. Le camp de Marlag n’a Ă©tĂ© achevĂ© qu’en .

Marlag und Milag Nord

Marlag, le camp de la Royal Navy, a Ă©tĂ© divisĂ© en deux ensembles ; « O » abritait des officiers et leurs ordonnances, tandis que « M » dĂ©tenait des officiers mariniers et des matelots. La majoritĂ© des prisonniers Ă©taient britanniques, mais il y avait aussi un petit nombre d’autres nationalitĂ©s alliĂ©es[4]. À la fin de 1942, tous les matelots furent envoyĂ©es au Stalag VIII-B Ă  Lamsdorf et affectĂ©es Ă  des Arbeitskommando (« Commandos de travail ») et « M » n’abritait plus que des sous-officiers[5].

Milag (Marineinterniertenlager, « Camp d’internement marine »), le camp de la marine marchande, Ă©tait situĂ© 300 m Ă  l’est de Marlag. Il Ă©tait Ă©galement divisĂ© en deux complexes distincts pour les officiers et pour les hommes. La zone entre les deux contenait le poste de garde, un bloc de prison, un bunker de carburant et l’hĂŽpital du camp[4].

Juste Ă  l’extĂ©rieur des portes de Milag se trouvait la Kommandantur (« Quartier gĂ©nĂ©ral ») et l’hĂ©bergement pour les gardes. Entre les camps, il y avait un grand bloc de douches qui Ă©tait utilisĂ© par les hommes des deux camps[4].

Chaque camp contenait un certain nombre de baraques en bois d’un seul Ă©tage : 29 Ă  Marlag et 36 Ă  Milag. La plupart d’entre eux Ă©taient des logements, tandis que les autres contenaient des cuisines, des salles Ă  manger, des toilettes, des postes de garde, des entrepĂŽts, un bureau de poste et d’autres bĂątiments administratifs. Les logements Ă©taient divisĂ©s en chambres pouvant accueillir chacune de 14 Ă  18 hommes qui dormaient dans des lits superposĂ©s Ă  deux et trois niveaux[6].

Les prisonniers de guerre s’occupaient de diverses façons. Il y avait un thĂ©Ăątre de camp Ă  Marlag et les prisonniers de guerre ont donnĂ© des concerts et des piĂšces de thĂ©Ăątre. Chaque camp avait son propre terrain de sport et il y avait aussi une bibliothĂšque avec environ 3000 livres. Les prisonniers suivaient des cours de langues et de mathĂ©matiques, ainsi que des matiĂšres commerciales, professionnelles, Ă©conomiques et scientifiques. Des Ă©quipements sportifs et des manuels scolaires ont Ă©tĂ© obtenus de la Croix-Rouge et du YMCA. Les prisonniers de guerre Ă©taient autorisĂ©s Ă  envoyer deux lettres et quatre cartes postales par mois. Il n’y avait aucune restriction quant au nombre de lettres qu’un prisonnier pouvait recevoir. Naturellement, tout le courrier entrant et sortant Ă©tait censurĂ©[6]. Une distraction populaire Ă©tait fournie par le « Club des jockeys de Milag » qui organisait des courses tous les samedis soir. Les « chevaux » Ă©taient des modĂšles en bois qui couraient sur une piste de 11 m, contrĂŽlĂ©s par des dĂ©s. Les prisonniers pariaient sur les courses, et l’argent ainsi recueilli Ă©tait donnĂ© Ă  la Croix-Rouge[7].

Dans des conditions normales, les camps avaient une capacitĂ© de 5 300 personnes. Selon les chiffres officiels d’, 4 268 hommes y Ă©taient dĂ©tenus. Initialement, le camp Ă©tait gardĂ© par les troupes de la Marine allemande. Plus tard, ils ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des rĂ©servistes de l’ArmĂ©e de terre[6].

Autres camps

La marine allemande a Ă©galement exploitĂ© un Dulag (Durchgangs lager, « Camp de transit ») Ă  Wilhelmshaven, oĂč les prisonniers nouvellement arrivĂ©s Ă©taient accueillis avant d’ĂȘtre envoyĂ©s dans d’autres camps. AprĂšs les bombardements alliĂ©s sur Wilhelmshaven en , cette installation fut dĂ©placĂ©e Ă  Westertimke. Le camp Dulag Nord Ă©tait situĂ© entre Marlag et Milag [4].

En , 630 marins civils de l’Inde, de la Chine, de la Birmanie et d’Aden ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s hors de Milag dans un nouveau camp, Milag (Inder) (connu sous le nom d’Inderlager ou « camp indien ») Ă  l’ouest de Westertimke. Au nord et Ă  l’est du village, trois petits camps ont Ă©galement Ă©tĂ© construits. La Kommandantur contenait le commandement et les bĂątiments administratifs, tandis que le Stabslager et la Wache contenaient des logements pour le personnel administratif et les gardes du camp[4].

Libération

À la fin de 1944, des prisonniers Ă©vacuĂ©s d’autres camps ont commencĂ© Ă  arriver, ce qui a entraĂźnĂ© une surpopulation et une rĂ©duction des rations alimentaires. Le , quelque 3 000 hommes Ă©vacuĂ©s de Stalag Luft III arrivent Ă  Marlag-Milag[4]. Afin de les accueillir, toute la population de Marlag « M » a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e dans « O »[5].

Le , le commandant annonce qu’il a reçu l’ordre de quitter le camp avec la plupart de ses gardes, ne laissant qu’un petit dĂ©tachement derriĂšre lui pour remettre le camp aux forces alliĂ©es, qui se trouvaient dĂ©jĂ  Ă  BrĂȘme. Cependant, cet aprĂšs-midi-lĂ , un dĂ©tachement de plus d’une centaine de SS-Feldgendarmerie entra dans le camp, a rassemblĂ© plus de 3 000 hommes et les a fait sortir, se dirigeant vers l’est. Le lendemain, vers 10 heures du matin, la colonne a Ă©tĂ© mitraillĂ©e par des avions de la Royal Air Force, et plusieurs prisonniers de guerre ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Au cours des jours suivants, la colonne a Ă©tĂ© attaquĂ©e depuis les airs Ă  plusieurs reprises. Enfin, l’officier de la marine britannique le plus Ă©levĂ© en grade offrit aux Allemands la parole des prisonniers de guerre de ne pas s’enfuir, en Ă©change d’ĂȘtre autorisĂ©s Ă  se reposer le jour et Ă  marcher la nuit. Les Allemands Ă©taient d’accord.

Le , les gardes de Milag-Marlag partent et sont remplacĂ©s par des hommes plus ĂągĂ©s, vraisemblablement des Volkssturm locaux[4]. Pendant ce temps, la colonne se dirige lentement vers l’est, traversant finalement l’Elbe, au nord de Hambourg, le [5].

Le , des unitĂ©s de la 15e Panzergrenadier-Division placent des chars et de l’artillerie Ă  cĂŽtĂ© des camps. ConfrontĂ©s Ă  la menace d’une bataille acharnĂ©e Ă  leur porte, les prisonniers restants ont creusĂ© des tranchĂ©es. L’artillerie a tirĂ© depuis ses positions Ă  cĂŽtĂ© des camps[4], mais heureusement elle s’était Ă©loignĂ©e au moment oĂč la Division blindĂ©e des Guards britannique a libĂ©rĂ© les camps le .

Le lendemain, le , la colonne arriva finalement Ă  LĂŒbeck, sur la cĂŽte de la mer Baltique. Les prisonniers ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s par la 11e division blindĂ©e britannique le [5].

Utilisation aprĂšs-guerre

AprĂšs la reddition allemande, Marlag-Milag fut utilisĂ© par les autoritĂ©s d’occupation britanniques pour loger des prisonniers de guerre, allemands cette fois. Marlag Marlag « O » a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme camp d’internement civil no 9 et abritait des hauts responsables du parti nazi et des criminels de guerre prĂ©sumĂ©s. En 1946, Marlag « M » a Ă©tĂ© utilisĂ© pour le tournage du film dramatique de Basil Dearden J'Ă©tais un prisonnier[4]. »

Entre 1952 et 1961, Milag a Ă©tĂ© utilisĂ© comme centre d’hĂ©bergement pour les rĂ©fugiĂ©s d’Allemagne de l’Est. Finalement de nouveaux logements ont Ă©tĂ© construits dans la partie nord de Milag, tandis que la moitiĂ© sud est maintenant densĂ©ment boisĂ©e[4].

La Bundeswehr a repris le site de Marlag, et Ă  partir de , dĂ©signĂ© comme le Timke-Kaserne (« Caserne Timke ») il Ă©tait le quartier gĂ©nĂ©ral du Flugabwehrraketenbataillon 31 (« 31e Bataillon de missiles antiaĂ©riens ») de la 4e Division de la Luftwaffe, mettant en Ɠuvre des missiles sol-air du MIM-23 Hawk[8]. Ils ont finalement quittĂ© le site en 1993, pĂ©riode Ă  laquelle il a Ă©tĂ© rĂ©amĂ©nagĂ© en parc d’activitĂ©s[4].

Évasions

Plusieurs tunnels d’évasion ont Ă©tĂ© creusĂ©s Ă  Milag. Le premier Ă©tait d’environ 12 m de long, il a Ă©tĂ© construit de mars Ă  . Douze prisonniers se sont Ă©chappĂ©s, mais tous ont Ă©tĂ© repris dans les deux semaines. Un deuxiĂšme tunnel d’environ 40 m de long a Ă©tĂ© construit d’avril Ă  . Cinq hommes s’échappĂšrent, mais furent de nouveau repris. Un autre tunnel construit par des prisonniers norvĂ©giens a Ă©tĂ© dĂ©couvert avant son achĂšvement. De plus, un autre tunnel a Ă©tĂ© creusĂ© pour entreposer de la contrebande[4].

Deux officiers, le lieutenant Denis Kelleher (Royal Naval Volunteer Reserve) et le lieutenant Stewart Campbell (Fleet Air Arm), se sont Ă©chappĂ©s de Marlag au dĂ©but de 1944, portant des bleus de travail pour cacher leurs uniformes, et ont rĂ©ussi Ă  atteindre la Grande-Bretagne en 22 jours[9], aprĂšs ĂȘtre passĂ©s clandestinement en SuĂšde neutre sur un navire depuis BrĂȘme[10].

Un autre Ă©vadĂ© de Marlag Ă©tait le lieutenant David James (RNVR). En , James s’est glissĂ© hors du bloc des douches, mais il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© au port de LĂŒbeck. À la fin de 1944, il s’est Ă©chappĂ© Ă  nouveau et cette fois il est parvenu en SuĂšde[11].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) « Merchant Navy prisoners of war », sur The National Archives, (consulté le )
    2. (en) « Laws of War : Restrictions With Regard to the Exercise of the Right of Capture in Naval War (Hague XI); October 18, 1907 », sur The Avalon Project, (consulté le )
    3. (en) Arieh J. Kochavi, « Why none of Britain's long-term POWs in Nazi Germany were repatriated during World War II », sur Canadian Journal of History, (consulté le )
    4. (de) Manfred Tegge, « Marlag Nord & Milag Nord, Westertimke », sur relikte.com, (consulté le )
    5. (en) K.R. MacDonald, « A Bandsman and Barbed Wire » [archive du ], sur Royal Marines Bands Online, (consulté le )
    6. (en) « Milag Nord Prisoner of War Camp », sur Military Intelligence Service, War Department Report, (consulté le )
    7. (en) John Worsley, « Saturday Night Racing - Milag Jockey Club », sur Imperial War Museum, (consulté le )
    8. (en) Manfred Tegge, « 4. Luftwaffendivision der Bundeswehr », sur relikte.com, (consulté le )
    9. (en) Ian Campbell, « The Greatest Escape I » [archive du ], sur homepage.mac.com, (consulté le )
    10. (en) Ian Campbell, « A Family Memory »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur homepage.mac.com, (consultĂ© le )
    11. (en) Eric Williams, Great Escape Stories, London, Weidenfeld & Nicolson, , 71–93 (lire en ligne), « The Bulgarian Naval Officer »

    Voir aussi

    Liens externes

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