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Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon

Marie-Françoise-Catherine de Beauvau, marquise de Boufflers, née en 1711 à Lunéville et morte en 1786 à Scey-sur-Saône, est une dame de la noblesse lorraine qui a joué un rôle important à la cour de Lunéville sous le règne de Stanislas Leszczynski.

Marie Françoise Catherine de Beauvau-Craon
Madame de Boufflers par Jean-Marc Nattier, Musée des beaux-arts de Limoges.
Titre de noblesse
Marquise (d)
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Prononciation

Biographie

Jeunesse et formation

Elle est la fille de Marc de Beauvau-Craon (1679–1754), 1er prince de Beauvau, et d'Anne-Marguerite de Ligniville (1686–1772), comtesse du Saint-Empire, dame d'honneur de la duchesse de Lorraine (et maîtresse du duc Léopold Ier).

Marc de Beauvau-Craon, grand connétable de Lorraine, suit le duc François III lorsque celui-ci abandonne la Lorraine au profit de Stanislas Leszczynski, ex-roi de Pologne et beau-père de Louis XV. Il devient régent du Grand-duché de Toscane[1].

Marie-Françoise est éduquée au couvent de Remiremont jusqu'à l'âge de 23 ans ; elle y reçoit une éducation artistique soignée : elle sait tourner des vers légers, dessine admirablement au pastel et joue de la harpe[2].

Mariage et descendance

En 1735, elle quitte le couvent pour épouser Louis-François de Boufflers (1714–1751), marquis de Remiencourt, capitaine au régiment de dragons de Harcourt[3].

Elle lui donnera trois enfants[4], parmi lesquels Stanislas de Boufflers (1738–1815), maréchal de camp, poète, élu à l'Académie française en 1788[5].

À la cour de Lunéville

Dame de compagnie de l'épouse de Stanislas Leszczynski, la reine[6] Catherine Opalińska (1682–1747)[7], « une des plus assidues dans le salon de Mme de Graffigny à Lunéville[8] », elle devient en 1745, à trente-quatre ans (« personne n'oserait lui en donner plus de vingt »), la maîtresse en titre de Stanislas, alors âgé de soixante-sept ans.

« Reine Â» de la cour

Selon des témoignages contemporains, « à cette cour de Lunéville qui brillait d'un si vif éclat qu'elle semblait un reflet de la cour de Versailles, [...] la première place revient à Mme de Boufflers qui, après la mort de Catherine Opalińska, reine de Pologne, ne quitta plus que rarement la cour de Lorraine, dont elle faisait les honneurs au nom du roi, et cela, au grand déplaisir du Père de Menoux, confesseur de Stanislas[9] […] La marquise était fort jolie femme, plus galante encore et, s'il est possible, encore plus incrédule. Elle ne concevait pas comment on pouvait aimer Dieu »[10].

La marquise fut l'âme, volontiers la muse, de la sociĂ©tĂ© brillante et raffinĂ©e que le roi de Pologne rĂ©unit autour de lui et qu'elle sut par sa grâce infinie[11] tant charmer que cultiver. Nombre d'architectes, de peintres, de sculpteurs, de musiciens, de comĂ©diens mais Ă©galement de savants, d'Ă©crivains, de poètes et de philosophes se pressèrent en Lorraine. « On y croise Montesquieu[12], HelvĂ©tius, Paradis de Moncrif, le prĂ©sident HĂ©nault, le gĂ©omètre Maupertuis, l'abbĂ© Morellet, le comte de Tressan mais aussi Voltaire et Émilie du Châtelet »[13]. HĂ´tes de quelques jours ou de plusieurs annĂ©es, ces visiteurs illustres firent dans toute l'Europe la renommĂ©e d’un cercle royal que la favorite magnifia par son Ă©lĂ©gance : « Mme de Boufflers et son frère le prince de Beauvau possĂ©daient au suprĂŞme degrĂ© ce goĂ»t et ce ton français qui faisaient l'attrait de la cour de Louis XV, et ils eurent sur la sociĂ©tĂ© de LunĂ©ville la plus heureuse influence. Peu Ă  peu, la cour devint aussi polie et plus lettrĂ©e que celle de Versailles »[14].

« Fidèle au sentiment avec des goûts volages » , comme l'écrit plaisamment Voltaire[15], surnommée la « Dame de Volupté »[16], on lui doit cette spirituelle chanson sur Les Sept Jours de la semaine qu'elle aurait pu s'appliquer à elle-même tant elle y dépeint bien son humeur changeante et printanière :

La marquise de Boufflers v. 1750.
« Dimanche, j'étais aimable ;
Lundi, je fus autrement
Mardi, je pris l'air capable ;
Mercredi, je fis l'enfant ;
Jeudi, je fus raisonnable ;
Vendredi, je pris un amant ;
Samedi, je fus coupable ;
Dimanche, il fut inconstant »[17].

Douée « d'un charme à nul autre pareil [...], de beaucoup de gaieté naturelle, de bonne grâce et de finesse [...], d'un esprit supérieur, juste, original »[18], elle sera la maîtresse[19] de quelques hommes qu'elle distingua[20] : l'avocat et poète François-Antoine Devaux[21], l'intendant de Lorraine Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, le poète Jean-François de Saint-Lambert[22]. « Pour Tressan, on a des doutes. On cite encore le vicomte d'Adhemar et le comte de Croy. C'est tout. », peut-on lire dans une étude de la revue Le Pays lorrain[23].

C’est pour tenter de la rendre jalouse et retrouver son affection que Saint-Lambert entreprend de séduire la marquise du Châtelet lorsque celle-ci arrive à la cour de Lunéville en 1748 avec M. de Voltaire. Cette dernière conçoit pour le poète une passion qui devait lui être fatale[24], ruinant les plans du Père de Menoux qui voulait la pousser dans les bras du roi pour en déloger Mme de Boufflers. Au lieu de quoi la marquise du Châtelet et la marquise de Boufflers deviennent les meilleures amies du monde et l'on vit, un soir, « Mme du Chậtelet, déguisée en Turc, et conduisant au bal Mme de Boufflers, déguisée en sultane »[25]. Non sans ironie, Voltaire écrit dans ses Mémoires : « Nous allâmes passer à Lunéville toute l'année 1749. Il arriva tout le contraire de ce que voulait le révérend père. Nous nous attachâmes à Mme de Boufflers. Et le jésuite eut deux femmes à combattre »[26]. Mais c'est avec une prescience tragique qu'il avait écrit à d'Argental, de Lunéville, dès : « Madame du Châtelet se sent si bien ici que je crois qu'elle n'en sortira plus »[27].

L'amitié fidèle pour Voltaire

Voltaire vécut des années heureuses à la cour de Lunéville où le roi Stanislas et Mme de Boufflers le comblèrent d’attentions et d’honneurs. Toujours prodigue en hommages, voire en flatteries, le philosophe n'eut de cesse de célébrer le monarque et la marquise par des vers inspirés.

En lui envoyant un exemplaire de La Henriade, Voltaire adressa à la marquise de Boufflers ces délicates louanges :

« Vos yeux sont beaux, mais votre âme est plus belle.
Vous ĂŞtes simple et naturelle,
et sans prétendre à rien vous triomphez de tous ;
si vous eussiez vécu du temps de Gabrielle,
je ne sais pas ce qu'on eût dit de vous ;
mais on n'aurait point parlé d'elle »[28].

En une autre occasion, il lui envoya cette charmante Chanson :

« Pourquoi donc le Temps n'a-t-il pas,
Dans sa course rapide,
Marqué la trace de ses pas
Sur les charmes d'Armide ?
C'est qu'elle en jouit sans ennui,
Sans regret, sans le craindre.
Fugitive encor plus que lui,
Il ne saurait l'atteindre »[29].

Si, de la favorite, Voltaire vanta la beauté, la grâce, l'élégance, il ne manqua pas d'en reconnaître au surplus la générosité et même la prudente frivolité, qualité peu commune chez les maîtresses royales, en déclarant « Elle n'a pas de jupes ! »[30]. Et près de vingt ans plus tard, alors que souffrant et cloué au lit, il continuait de lui écrire fidèlement de son fief de Ferney, une de ses missives en date du s'achevait encore par cet aimable compliment : « Je ne sais, madame, si vous allez à la cour ou à la ville ; mais en quelque lieu que vous soyez, vous ferez les délices de tous ceux qui seront assez heureux de vivre avec vous. Cette consolation m'a toujours été enlevée ; votre souvenir peut seul consoler le plus respectueux et le plus attaché de vos anciens serviteurs »[31].

La marquise de Boufflers conserva uniment toute sa vie son amitié au philosophe. Et quand après la mort de Voltaire en , elle apprit non seulement les difficultés qu'avançait l'archevêque de Paris pour célébrer ses funérailles mais aussi que l'Église lui refusait une sépulture, elle écrivit ces vers qui eurent le plus grand succès :

« Dieu fait bien ce qu'il fait, La Fontaine l'a dit.
Si j'Ă©tais cependant l'auteur d'un si grand Ĺ“uvre,
Voltaire eût conservé ses sens et son esprit ;
Je me serais gardé de briser mon chef-d'œuvre.
Celui que dans Athènes eût adoré la Grèce,
Que dans Rome à sa table Auguste eût fait asseoir,
Nos Césars d'aujourd'hui n'ont pas daigné le voir,
Et Monsieur de Beaumont lui refuse une messe.
Oui, vous avez raison, Monsieur de Saint-Sulpice,
Eh ! pourquoi l'enterrer ? N'est-il pas immortel !
À ce divin génie, on peut sans injustice,
Refuser un tombeau,... mais non pas un autel »[32].

Les années 1750 et 1760

En 1750, elle fut nommée dame d'honneur de Mesdames cadettes (c'est-à-dire les quatre filles les plus jeunes de Louis XV : Victoire, Sophie, Thérèse et Louise, nées entre 1733 et 1737, qui avaient été éduquées au couvent de Fontevraud, ce qui l'amena à quitter de temps à autre la cour de Lunéville pour aller à Versailles, surtout à partir de 1757. En 1760, elle fut remplacée par sa fille Marie, comtesse de Cucé-Boisgelin[33].

En 1757, à la suite de la mort du duc Ossolinski, grand maître des cérémonies, et de son épouse Catherine, elle put s'installer au château de la Malgrange qu'ils occupaient jusque là ; après la mort de Stanislas Leszczynski, le château fut vendu au comte de Stainville (frère de Choiseul), mais Mme de Boufflers put rester dans le pavillon appelé La Ménagerie jusqu'à son décès[34].

Dans les jours précédant la mort de Stanislas, à la suite d'un accident survenu le 5 février 1766, le chancelier Chaumont de la Galaizière, seconde autorité du duché de Lorraine, demanda à Mme de Boufflers de quitter le château de Lunéville lorsque le roi eut perdu conscience, le 20 février, trois jours avant son décès[35].

Les dernières années

Mme de Boufflers qui avait reçu la meilleure Ă©ducation chrĂ©tienne, fit Ă©lever ses enfants dans le mĂŞme respect de tradition catholique familiale, destinant en particulier le cadet Ă  embrasser naturellement la carrière ecclĂ©siastique. ExceptĂ© le Père de Menoux contre qui elle batailla âprement, la favorite entretint Ă  la cour d’excellents rapports avec les hommes d'Église, tels les abbĂ©s Morellet, de Voisenon ou Porquet, le prĂ©cepteur de son fils. Et pourtant, elle s’autorisa toujours la plus grande libertĂ© dans ses propos : « Ă€ la suite d’un sermon, l'aimable marquise de Boufflers disait : La foi, c'est l’arche-sainte, comme l'a si bien prouvĂ© le prĂ©dicateur ; les hommes en sont sortis depuis longtemps ; il n’y reste plus que quelques bĂŞtes attardĂ©es Â», ou encore « Tous les premiers chrĂ©tiens se sont immolĂ©s, et ont couru Ă  la mort sous prĂ©texte d'imiter le divin Agneau ; il y a eu lĂ  bien des moutons de Panurge »[36]. Le chevalier de Boufflers, qui avait pour sa mère une affectueuse adoration, fit ces vers pour sa fĂŞte, le jour de sainte Catherine :

« Votre patrone, au lieu de répandre des larmes
Le jour qu'elle souffrit pour le nom de JĂ©sus,
Parla comme Caton, mourut comme Brutus ;
Elle obtint le ciel: et vos charmes
L'obtiendront comme ses vertus.
Reniez Dieu, brûlez Jérusalem et Rome ;
Pour docteurs et pour saints n'ayez que les Amours ;
S'il est vrai que le Christ soit homme,
Il vous pardonnera toujours »[37].

La marquise vécut ses dernières années dans un état de dénuement proche de la misère, comme le montre son testament[38]. Elle ne s'en plaignit jamais. On rapporte qu'elle aurait souhaité trouver au crépuscule de son existence des consolations dans la religion mais qu'elle n'y parvint guère. Elle se serait ainsi confiée à son fils, le chevalier de Boufflers : « J'ai beau faire, je ne puis devenir dévote, je ne conçois pas même comment on peut aimer Dieu, aimer un être que l'on ne connaît pas ; non. Je n'aimerai jamais Dieu »[39]. Frappée par une atteinte d'apoplexie alors qu'elle séjournait au printemps de 1786 chez son vieil ami le prince de Bauffremont[40], à Scey-Sur Saône, elle y succomba dans les bras de sa fille[41] le 1er juillet. C'est là-même dans ce petit village qu'elle fut enterrée très simplement. « Ainsi mourut, à l'âge de soixante-quinze ans, cette délicieuse marquise de Boufflers, qui, pendant près de vingt ans, avait régné par sa grâce et son esprit sur le vieux roi de Pologne, qui avait enchaîné à son char tant d'esprits distingués et tenu sous le charme toute une génération »[42].

La marquise de Boufflers fut membre de l'Académie de Stanislas, fondée à Nancy en 1750 sous le nom de Société Royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy.

Elle est la sœur de la maréchale de Lévis-Mirepoix qui fut l'amie de Louis XV et la conseillère de ses favorites, Mmes de Pompadour et du Barry.

Sources

  • Ĺ’uvres du chevalier de Boufflers - Nouvelle Ă©dition - Tome I - J.N. Barba, Éditeur - Paris, 1828 . On lira en particulier : Voyages en Suisse - Lettres Ă©crites par l'auteur Ă  sa mère - pages 255 et suiv.
  • Ĺ’uvres du chevalier de Boufflers - Nouvelle Ă©dition - Tome II - J.N. Barba, Éditeur - Paris, 1828 . Ce volume contient des Pièces fugitives de Mme de B...s, mère, de Mme de B...n, sa fille et de plusieurs personnes de la famille de l'auteur - pages 263 et suiv.
  • Ĺ’uvres posthumes du chevalier de Boufflers - Chez F. Louis, libraire - Paris, 1816 . On trouve dans ce volume un Portrait de Madame de Boufflers - pages 175 et suiv.
  • Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire gĂ©nĂ©alogique et hĂ©raldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, prĂ©cĂ©dĂ©e de la gĂ©nĂ©alogie de la maison de France, vol. 12 vol., 1822-1833 [dĂ©tail de l’édition]
  • Gustave Desnoiresterres - Voltaire et la sociĂ©tĂ© au XVIIIe siècle - Didier et Cie, Libraires-Éditeurs - Paris, 1871
  • Jules Janin - Madame de Boufflers - in Jean-Germain-DĂ©sirĂ© Armengaud - Les reines du monde - Impr. de Ch. Lahure - Paris, 1862 - pages 1 Ă  8 . Cet ouvrage prĂ©sente en page 5 un portrait de la marquise de Boufflers dessinĂ© par Hippolyte de La Charlerie et gravĂ© par François Pannemaker.
  • Gaston Maugras - La Cour de LunĂ©ville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906
  • Gaston Maugras - Dernières annĂ©es de la Cour de LunĂ©ville - Plon-Nourrit - Paris, 1906
  • Gaston Maugras - La marquise de Boufflers et son fils, le chevalier de Boufflers - Plon-Nourrit - Paris, 1907 . Les trois volumes de l'historien Gaston Maugras (1851-1927) qui reçut Ă  trois reprises un prix de l'AcadĂ©mie française pour des ouvrages prĂ©cĂ©dents [43], forment une trilogie sur Mme de Boufflers et la Cour de LunĂ©ville.
  • M. Michaud (sous la direction de) - Biographie universelle ancienne et moderne - Tome cinquième - A.Thoisnier Desplaces, Éditeur - Paris, 1843 - pages 200 et 201
  • Anne Muratori-Philip (Textes rĂ©unis et commentĂ©s par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mĂ©cène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005

Notes et références

  1. Notice historique et généalogique de la Maison de Beauvau-Craon dans: A.J Duvergier - Mémorial historique de la noblesse - Tome premier - Paris, 1839 - pages 3 et suiv. Sur Marc de Beauvau-Craon et sa descendance directe, pages 14 et 15
  2. Ce quatrain donne le ton de son langage du cœur :
    « De tous les biens celui que l'on préfère
    N'est pas l'amour, mais le don de charmer.
    Il est un temps où l'on plaît sans aimer,
    Il en est un où l'on aime sans plaire. »
    Selon le biographe de la cour de LunĂ©ville, Gaston Maugras, « Mme de Boufflers avait un esprit, fin, dĂ©licat, cultivĂ©; elle rimait fort agrĂ©ablement [...] elle Ă©tait excellente musicienne, jouait de la harpe Ă  ravir, chantait de façon charmante ; enfin, elle dessinait et peignait avec goĂ»t, et elle a laissĂ© quelques pastels qui sont de petits bijoux. Â» Gaston Maugras, La Cour de LunĂ©ville au XVIIIe siècle, Paris, Plon-Nourrit, 1906, p. 179 et 182.
  3. Louis-François, marquis de Boufflers. Mestre-de-camp-lieutenant du régiment des dragons d'Orléans en 1737, brigadier en 1745, maréchal de camp en 1749 ; attaché au roi de Pologne dont il fut le chambellan. On peut lire sa biographie militaire, ainsi que celles de ses deux fils dans : M. le chevalier de Courcelles - Dictionnaire des généraux français - Paris, 1821 - page 497 et suiv. . Voir également: Edmond Lecomte - Le maréchal duc de Boufflers et sa famille - Imprimerie typographique T. Jeunet - Amiens, 1892 - page 108
  4. Voir: Louis Charles Comte de Waroquier - Tableau de la Noblesse - Chez Nyon - Paris, 1789 - page 211 . Charles Marc Jean François Régis (1736-1774), marquis de Boufflers, grand bailli de Beauvais, maréchal de camp en 1762 ; Catherine Stanislas, filleul du roi de Pologne, d'abord séminariste puis maréchal de camp en 1784, gouverneur du Sénégal, poète et académicien ; Louise Julie Marie (1744-1794), surnommée « la divine mignonne », mariée en 1760 à Louis Bruno de Boisgelin de Cucé (1734-1794), maréchal de camp en 1780, maître de la garde-robe du roi Louis XVI (Biographie militaire dans : M. le chevalier de Courcelles - Dictionnaire des généraux français - Paris, 1821 - page 380). Sous la Terreur, Louise Julie et son mari furent traduits devant le tribunal révolutionnaire ; ils furent condamnés à mort et exécutés à Paris, le 19 messidor an II (7 juillet 1794)
  5. Voir : Biographie sur le site de l'Académie française
  6. Bien que déchu du trône de Pologne, Stanislas Leszczynski conserve officiellement le titre de Roi.
  7. « Elle-même petite fille de paysans polonais, élevée dans un palais de rondins et mariée au roi Stanislas à quinze ans, [...] tout lui déplaît à Lunéville », écrit avec un brin de malice Mme Leprince de Beaumont dans une lettre de 1741. Voir : Marie Antoinette Reynaud - Madame Leprince de Beaumont (1711 -1780) - Publibook - Paris, 2002 - page 120
  8. Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - pages 87 et 152
  9. Joseph de Menoux, père jésuite (1695-1766). Supérieur des prêtres de la Mission de Nancy. Confesseur du roi Stanislas, il fut un adversaire redoutable de la favorite du roi. Il collabora étroitement avec le roi, notamment lors de l'écriture de l'essai L'incrédulité combattue par le simple bon sens. Essai philosophique par un roi, publié en 1760. Voir : Anne Muratori-Philip (Textes réunis et commentés par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005 - page 533 et suiv. Ses polémiques avec Voltaire sont grinçantes. On peut lire une étude sur le Père de Menoux et les Missions Royales de Nancy, fondées en 1739, dans : Christian Pfister - Le P. de Menoux et les Missions Royales de Nancy - Le Pays Lorrain - Berger Levrault - Nancy, 1906 - pages 167 et suiv (I); pages 226 et suiv (II) . Esquisse biographique du Père de Menoux, dans : Anne Muratori-Philip (Textes réunis et commentés par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005 - page 981
  10. Souvenirs du comte de Tressan, réunis par son arrière-petit-neveu, le marquis de Tressan - Henri Lebon, Imprimeur-Éditeur - Versailles, 1897 - pages 74 et 75
  11. De l'accorte favorite, retenons encore ce spirituel couplet dont les vers à la tournure pleine d’insouciance révèlent les grâces de son esprit. Madame Vigée Lebrun les retranscrira d’ailleurs à dessein dans ses souvenirs : « La marquise de Boufflers est l'auteur d'une charmante chanson, espèce de code social, que je copie ici, parce qu'elle est peu connue :
    Il faut dire en deux mots
    Ce qu’on veut dire ;
    Les longs propos
    Sont sots.
    Il faut savoir lire
    Avant que d'Ă©crire,
    Et puis dire en deux mots
    Ce qu'on veut dire.
    Les longs propos
    Sont sots.
    Il ne faut pas toujours conter,
    Citer,
    Dater,
    Mais Ă©couter.
    Il faut Ă©viter l'emploi,
    Du moi, du moi,
    Voici pourquoi :
    Il est tyrannique,
    Trop académique ;
    L'ennui, l'ennui
    Marche avec lui.
    Je me conduis toujours ainsi
    Ici ;
    Aussi
    J'ai réussi. »
    Louise-Élisabeth Vigée Le Brun - Souvenirs de madame Vigée Le Brun. Tome 2 - Charpentier - Paris, 1869 - page 283 . Voir également : Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - pages 180 et 181
  12. Le philosophe fut fêté et choyé à Lunéville pendant le long séjour qu'il y fit en 1747 : « J'ai été comblé de bontés et d'honneurs à la cour de Lorraine écrit-il à l'abbé de Guasco, et j'ai passé des moments délicieux avec le roi Stanislas ». Voir : Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - pages 169 et 170. Bien que Montesquieu n'aimât guère écrire de vers, il sembla bien s'être laissé tenter par un badinage poétique en hommage à la marquise puisque ce madrigal qui lui est dédié lui fut attribué :
    « À Madame de Boufflers.
    Boufflers, vous avez la ceinture
    Que la déesse de Paphos
    Reçut des mains de la nature
    Au débrouillement du chaos.
    Si quelquefois votre parure
    A des irrégularités,
    Une grâce qui les corrige
    Fait voir à nos yeux enchantés,
    Que la beauté qui se néglige
    Est la première des beautés. »
    Voir: Montesquieu (Texte établi par Edouard Laboulaye) - Œuvres complètes de Montesquieu. Tome 7 - Garnier frères - Paris, 1879 - page 203
  13. Anne Muratori-Philip (Textes réunis et commentés par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005 - Introduction, page XXIV
  14. La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle, Gaston Maugras, Plon-Nourrit, , page 176
  15. Anne Muratori-Philip (Textes réunis et commentés par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005 - page 167
  16. Ne manquant pas d'esprit, elle avait repris à son compte l'épitaphe de la comtesse de Verua, née Luynes:
    « Ci-gît, dans une paix profonde,
    Cette dame de Volupté
    Qui, pour plus grande sûreté,
    Fit son paradis dans ce monde. »
    Voir : Gustave Desnoiresterres - Voltaire et la société au XVIIIe siècle - Didier et Cie, Libraires-Éditeurs - Paris, 1871 - pages 171 et 172. Également : Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - page 229
  17. Dans une lettre à Mme du Deffand qui lui avait envoyé Les Sept Jours de la semaine (17 avril 1773), la duchesse de Choiseul (1737-1801) écrit : « J'aime à la folie la chanson de madame de Boufflers des sept jours de la semaine. Le prince [de Bauffremont] m'en a montré une sur la grammaire dont le sujet est plaisamment rempli ». Voir : Correspondance complète de Mme du Deffand, tome deuxième - Michel Lévy Frères, Libraires Éditeurs - Paris, 1866 - pages 384 et 389
  18. Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - pages 34 et 152
  19. Si la marquise fut la maîtresse avérée de Stanislas jusqu'à sa mort, si le souverain fort épris la couvrit pendant plus de vingt années de mille faveurs officielles, il sut aussi avec grande intelligence feindre d'ignorer ses infidélités, ne s'en montrant aucunement jaloux. « Ne lui avait-elle pas adressé un jour ce quatrain qui avait plongé le vieux roi dans le ravissement :
    De plaire, un jour, sans aimer, j’eus l’envie ;
    Je ne cherchai qu’un simple amusement ;
    L’amusement devint un sentiment ;
    Le sentiment, le bonheur de ma vie ? »
    Voir : Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1906 - page 231
  20. Ian Davidson - Voltaire, a life - Profile Books - London, 2010 - pages 232 et suiv.
  21. François-Antoine Devaux, surnommé par tous Panpan et même Panpichou par la marquise, fut un des coryphées de son salon, et pendant plus d'un demi-siècle son adorateur. Ayant abandonné une carrière d'avocat pour se consacrer, sous le couvert du titre de lecteur du roi Stanislas, à ses talents de plume, il composa à la gloire de la favorite des centaines de vers. D'abord son amant, il fut bientôt remplacé dans cet état par son ami le plus cher, Saint-Lambert. À l'instar de celui-ci, il célébra Madame de Boufflers sous les traits de Thémire dans un poème qu'il lui offrit en 1750 pour sa fête, cherchant alors à dissiper sa mélancolie. Voir Gaston Maugras - Dernières années de la Cour de Lunéville - Plon-Nourrit - Paris, 1906 – page 15
  22. La marquise de Boufflers est tour à tour Chloé puis Thémire dans deux Pièces fugitives de Saint-Lambert intitulées Épitre et Le matin. Voir : Jean-François de Saint-Lambert - Les saisons, poème, suivi de Pièces fugitives - Nouvelle édition - Londres, 1782 - pages 167 et suiv. ; pages 172 et suiv.
  23. Maurice Payard - Madame de Boufflers - Le Pays Lorrain - Berger-Levrault - Nancy, 1906 - page 463
  24. Madame du Châtelet mourut en effet au château de Lunéville le 10 septembre 1749, quelques jours après avoir mis au monde une petite fille dont le père était Jean-François de Saint-Lambert. Dans une lettre à d'Argental datée du 1er septembre 1749, Voltaire écrit avec une légèreté qu'il se reprochera : « Madame du Châtelet, cette nuit, en griffonnant son Newton, s'est senti un petit besoin ; elle a appelé une femme de chambre qui n'a eu que le temps de tendre son tablier, et de recevoir une petite fille qu'on a portée dans son berceau. La mère a arrangé ses papiers, s'est remise au lit ; tout cela dort comme un liron, à l'heure que je vous parle. J'accoucherai plus difficilement de mon Catilina. » Mais, le 10 septembre, c'est à Madame du Deffand qu'il annonce la terrible nouvelle : « Je viens de voir mourir, madame, une amie de vingt ans. » Voir : Œuvres de Voltaire - Tome onzième - Correspondance générale, tome premier - Furne et Cie, Libraires-éditeurs - Paris, 1846 - pages 525 et 526
  25. Voltaire - Œuvres complètes, 10 - Nouvelle Édition - Garnier Frères - Paris, 1877 - page 540
  26. Voltaire - Mémoires pour servir à la vie de M. de Voltaire, écrits par lui-même - pages 301 - 304. Cité d'après : Anne Muratori-Philip (Textes réunis et commentés par) - Stanislas Leszczynski : Aventurier, philosophe et mécène des Lumières - Robert Laffont, Coll. Bouquins - Paris, 2005 - pages 193 et 194
  27. Lettre de Voltaire à d'Argental du 14 février 1748. Citée d'après : Gustave Desnoiresterres - Voltaire et la société au XVIIIe siècle - Didier et Cie, Libraires-Éditeurs - Paris, 1871 - page 172
  28. Voltaire - Œuvres complètes, 10 - Nouvelle Édition - Garnier Frères - Paris, 1877 - page 523 . Voir également: Gaston Maugras - La Cour de Lunéville au XVIIIe siècle - Plon-Nourrit - Paris, 1904 - page 274
  29. M. de Labouïsse - Voyage à Saint-Léger, campagne de M. le chevalier de Boufflers - C.J. Trouvé, Imprimeur-libraire - Paris 1827 - page 119
  30. « Et Voltaire accordait, en si peu de mots, à cette aimable femme un grand éloge, en contraste aux dépenses scandaleuses, aux prodigalités insensées de Cotillon II, de Cotillon III ! ». Voir Jules Janin - La marquise de Boufflers in J.G.D. Armengaud - Les reines du monde - Impr. de Ch. Lahure - Paris, 1862 - page 3 . Il est à préciser que les maîtresses de Louis XV, Mmes de Châteauroux, du Barry, de Pompadour avaient été surnommées Cotillon Ier, II, III par le roi Frédéric II de Prusse
  31. Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire : Correspondance générale. Lettre du 30 janvier 1767, Paris, Th. Desoer, , pages 16 et 17
  32. Gaston Maugras, La marquise de Boufflers et son fils, le chevalier de Boufflers, Paris, Plon-Nourrit, , p. 284 et 285
  33. Cf. Mémoires du Duc de Luynes sur la cour de Louis XV, tome dixième, Paris, Firmin Didot frères, 1862, page 326
  34. Anne Muratori-Philip, Le Roi Stanislas, Paris, Fayard, 2000, pages 385-386 et note 5 page 421;
  35. Le Roi Stanislas, page 379.
  36. Beaumanoir, Le Nouveau Martial, épigrammes, satires, réflexions, Paris, A. Bouchard, (lire en ligne), pages 37 et 82
  37. Mémoires historiques, littéraires, politiques, anecdotiques et critiques de Bachaumont - Léopold Collin, Libraire - Paris, 1809 - page 166
  38. Gaston Maugras, La marquise de Boufflers et son fils, le chevalier de Boufflers, Paris, Plon-Nourrit, , Pages 466 Ă  469
  39. Ce à quoi son fils aurait répliqué, avec une affectueuse impertinence : « Ne répondez de rien, si Dieu se faisait homme une seconde fois vous l'aimeriez sûrement. » Voir : Maurice Payard - Madame de Boufflers - Le Pays Lorrain - Berger-Levrault - Nancy, 1906 - page 468. Voir également: Henri Julia, La marquise de Boufflers, Bulletin de la Société des gens de lettres, , pages 251 et 252
  40. Sur Bauffremont, « homme d'une véritable distinction, mais calme, froid et un peu indifférent » et qui fut « un des plus fervents adorateurs de Mme de Boufflers », on citera la piquante description qu'en donne Mme du Deffand dans une lettre à Horace Walpole (1768): « Je le trouve un bon homme, doux, facile, complaisant ; en fait d'esprit il a à peu près le nécessaire, sans sel, sans sève, sans chaleur, un certain son de voix ennuyeux ; quand il ouvre la bouche, on croit qu'il bâille et qu'il va bâiller ; on est agréablement surpris que ce qu'il dit n'est ni sot, ni long, ni bête ; et vu le temps qui court, on conclut qu'il est assez aimable ». Elle reconnaitra cependant plus tard, dans une lettre à Mme de Choiseul (1769), quand elle le connaitra mieux, que « son âme est le chef-d'œuvre de la nature : c'est son enfant favori, son prédestiné ! » Cité d'après : Gaston Maugras - La marquise de Boufflers et son fils, le chevalier de Boufflers - Plon-Nourrit - Paris, 1907 - pages 39 et 40
  41. À laquelle Madame de Genlis ne concéda pas l'esprit pétillant de sa mère, elle qui, d'un trait de plume décocha cette flèche à son encontre : « La marquise de Boufflers était spirituelle et piquante. Sa fille, madame de Cussé, qu'on a depuis appelée madame de Boisgelin n'était ni l'un ni l'autre, ce qui dans cette famille avait l'air d'une distraction. » Voir : Félicité de Genlis (avec le concours de sa nièce, Mme Georgette Ducrest) - Mémoires de Madame de Genlis - G. Barba - Paris, 1855 - page 45
  42. Gaston Maugras, La marquise de Boufflers et son fils, le chevalier de Boufflers, Paris, Plon-Nourrit, , page 465
  43. Voir les références sur le site de l'Académie française
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