Accueil🇫🇷Chercher

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, nĂ©e Marie-Barbe Leprince le Ă  Rouen[note 1] et morte le Ă  Avallon[1] est une femme de lettres cĂ©lèbre, souvent appelĂ©e Ă  tort « Jeanne-Marie », double prĂ©nom qu'elle n'a jamais utilisĂ© et qui ne figure dans aucun document officiel la concernant. Sous le nom de Mme Leprince de Beaumont[note 2], elle est l'autrice d'environ 70 volumes de contes pour enfants, comme La Belle et la BĂŞte, lequel est devenu un classique de la littĂ©rature d’enfance et de jeunesse. Elle est considĂ©rĂ©e comme l'une des femmes de lettres pionnières de cette catĂ©gorie littĂ©raire. Elle est l'arrière-grand-mère de l'Ă©crivain, historien et archĂ©ologue français Prosper MĂ©rimĂ©e.

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Avallon
SĂ©pulture
Ubexy (?)
Nom de naissance
Marie-Barbe Leprince
Activités
Fratrie
Enfant
Elisabeth Charlotte Leprince de Beaumont (d)
Prononciation
Ĺ’uvres principales
La Belle et la BĂŞte (d)

Biographie

Marie-Barbe Leprince est la fille aînée de Jean-Baptiste-Nicolas Le Prince et de Marie-Barbe Plantart. Pour son père, il s'agit d'un second mariage, puisqu'il a épousé en premières noces Marie Anne Thérèse du Guillaud, dont il est veuf. Marie-Barbe perd sa mère à l'âge de onze ans : son père se remarie avec Anne Gaultier, qui met au monde plusieurs enfants, dont le peintre Jean-Baptiste Le Prince.

Elle entre Ă  14 ans au couvent d'Ernemont, puis commence Ă  enseigner deux ans plus tard[2].

Après dix ans, elle se rend à la cour de Lunéville où elle est introduite par madame d'Ambray comme dame de compagnie et musicienne auprès de Stanislas[2]. Elle officie comme préceptrice de la fille aînée d’Élisabeth Charlotte, puis, au départ de celle-ci en 1737, se consacre à l'éducation de jeunes filles de la congrégation Notre-Dame[2].

Elle épouse le , à Lunéville, Claude-Antoine Malter, danseur et maître à danser[3].

Une fiche de police de 1751[4] nous apprend qu'elle a eu une fille qui est identifiée avec Élisabeth Grimard, qu'elle présentera plus tard comme sa nièce, sous le nom de Betsy, et qu'elle « a donné dans sa jeunesse dans la débauche ».

Possédant une belle voix, elle se serait produite avec son mari sur diverses scènes, notamment celle de Marseille, et elle avouera plus tard au prince de Wurtemberg (lettre de 1767-68) que :

Le malheureux talent d'une très belle voix me retenait au monde, dont je connaissais le danger, et la nécessité de vivre de ce talent barrait tous mes projets de réforme[5].

Elle quitte son mari vers 1744, en raison de ses infidélités. D'après l'abbé J.-V. Genet, elle est appelée à la même période par l'abbé Nicolas Gaudru, chanoine et professeur de philosophie au collège de Reims, pour diriger une école de filles[6]. À sa demande et pour l'école, elle aurait composé les contes du Magasin des enfants[6].

En 1748, elle se rend en Angleterre et s'installe à Londres. Elle y séjournera plus de dix-sept ans. Elle devient gouvernante et s'occupe de l'éducation de filles de la haute société anglaise. Là, elle vit d'abord jusqu'en 1756 avec un dénommé Antoine Grimard, marquis de Beaumont, un contrebandier[7] qu'elle connaît depuis sa rupture avec Malter, qu'elle fait passer pour son mari et dont elle prend le nom, puis, jusqu'en 1762, avec un exilé français, traître à sa patrie[note 3], Thomas Pichon (1700-1781) qui se faisait appeler Tyrrell. Aucun acte de mariage ou de divorce n'a jamais été retrouvé la liant à ses deux compagnons successifs, son contrat de mariage avec Malter, pourtant frappé de nullité, n'ayant d'ailleurs jamais pu être cassé légalement en raison d'un manque de moyens financiers[note 4].

En 1756, elle publie à Londres un traité d'éducation des jeunes filles, Le Magasin des enfans, ou Dialogues d’une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction. Forte de son succès, elle réitère en 1760 avec Le Magasin des adolescentes et publie, en 1772, un traité d'éducation des jeunes garçons : Le Mentor moderne.

En 1763, elle part pour Annecy avec Élisabeth Grimard et son époux, le chirurgien Nicolas Louis Joseph Moreau. Elle y vit sous la conduite d'un directeur de conscience, le chanoine Riondel. Puis vers 1773, elle déménage avec la famille Moreau à Avallon[8] où elle meurt en 1776. Elle semble avoir été inhumée dans le caveau familial, à Ubexy[9].

Ĺ’uvres

  • Le Triomphe de la vĂ©ritĂ©, et MĂ©moires de M. de La Villette, 1748 ;
  • Lettre en rĂ©ponse Ă  l’AnnĂ©e merveilleuse, 1745 ;
  • Le Nouveau Magasin François, et Bibliothèque instructive et amusante, 1750-51 ;
  • Lettres de Mme Du Montier Ă  la marquise de ***, sa fille, avec les rĂ©ponses, oĂą l’on trouve les leçons les plus Ă©purĂ©es et les conseils les plus dĂ©licats... pour servir de règle dans l’état du mariage, 1756 ;
  • Magasin des enfants, et Dialogues d’une sage gouvernante avec ses Ă©lèves de la première distinction, dans lesquels on fait penser, parler, agir les jeunes gens suivant le gĂ©nie, le tempĂ©rament et les inclinations d’un chacun... on y donne un abrĂ©gĂ© de l’histoire sacrĂ©e, de la fable, de la gĂ©ographie, etc., le tout rempli de rĂ©flexions utiles et de contes moraux, Londres, Haberkorn, 1756 (le fonds de la Bnf possède l'Ă©dition de 1758 par le libraire Reguilliat)
  • La Belle et la BĂŞte, dans le Magasin des enfans, Londres, Haberkorn, 1756, 4 volumes in-12, vol. 1, p. 70sq [exemplaire Ă  la British Library consultable en ligne]
  • Anecdotes du 14. siècle pour servir Ă  l'histoire des femmes illustres de ce tems, Londres, Haberkorn, sans date (1758). NumĂ©risĂ©.
  • Magasin des adolescentes, et Dialogues d’une sage gouvernante avec ses Ă©lèves de la première distinction, 1760 ;
  • Principes de l’histoire sainte, mis par demandes et par rĂ©ponses, pour l’instruction de la jeunesse, 1761 ;
  • Instructions pour les jeunes dames qui entrent dans le monde et se marient, leurs devoirs dans cet Ă©tat et envers leurs enfants, 1764 ;
  • Lettres d’Emerance Ă  Lucie, 1765 ;
  • MĂ©moires de Madame la Baronne de Batteville et la Veuve parfaite, 1766 ;
  • La Nouvelle Clarice, histoire vĂ©ritable, 1767 ; roman Ă©pistolaire d’après le roman de Samuel Richardson, Clarisse Harlowe, 1748 ;,
  • Magasin des pauvres, artisans, domestiques et gens de campagne, 1768 ;
  • Les AmĂ©ricaines, et la Preuve de la religion chrĂ©tienne par les lumières naturelles, 1770 ;
  • Éducation complète, et AbrĂ©gĂ© de l’histoire universelle, mĂŞlĂ© de gĂ©ographie et de chronologie, 1772 ;
  • Contes moraux, 1774 ;
  • La DĂ©votion Ă©clairĂ©e, et magasin des dĂ©votes, 1779.
  • La Veuve et ses deux filles
  • La Belle et la BĂŞte, ill. de Willi Glasauer, 1983.
  • Le Prince Fatal et le Prince FortunĂ© [lire en ligne]
  • Le prince ChĂ©ri [lire en ligne]
  • Joliette et le danger de rapporter [lire en ligne]
  • « Belote et laidronette »

Adaptations

Musique

Cinéma

Télévision

Notes

  1. Mme de Beaumont n'aimait pas son second prénom : elle signe Marie, et se laisse appeler Marie-Jeanne.
  2. Elle est parfois confondue avec sa belle-sœur qui se présente aussi comme Mme Leprince de Beaumont, soit Marie Madeleine Stanislas Raimboult épouse de Marie François Leprince, qui décède en 1784. Journal d'un bourgeois de Popincourt : Lefebvre de Beauvray, avocat au Parlement, 1784-1787, H. Vial et G. Capon (éd.), Paris, 1902, p. 10-11. Ouvrage numérisé sur gallica.
  3. Dans sa correspondance, on voit que Mme de Beaumont était au courant que la fortune londonienne de Tyrrell était due à une pension versée par le gouvernement anglais pour le récompenser d'avoir livré le fort de Beauséjour aux Anglais au début de la guerre de Sept Ans sur le continent américain. Geneviève Artigas-Menant, Lumières clandestines. Les papiers de Thomas Pichon,Paris, Honoré Champion, 2001.
  4. Elle songea en 1745, comme elle le signale dans une lettre à Tyrrell (vers le 2 mars 1757), à faire casser ce contrat pour épouser un "M. de B." à Londres, mais elle renonça au procès en cassation pour faire des économies : "je refermai les cordons de ma bourse".

Références

  1. « Archives départementales de l'Yonne, 5 Mi 248/4, registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Julien d'Avallon (1773-1783), vue 190/446 », sur archivesenligne.yonne.fr, (consulté le ), inhumation dans le cimetière de dame Marie Le Prince femme du sieur Thomas de Beaumont, native de Rouen, auteur du Magasin des Enfans, 66 ans, décédée la veille.
  2. JĂ©rĂ´me Estrada de Tourniel, Femmes dans l'histoire - Lorraine, 3e trimestre 2018 (ISBN 978-2-8138-1115-8 et 2-8138-1115-7, OCLC 1077473924, lire en ligne)
  3. Geneviève Artigas-Menant, « Marie Leprince de Beaumont », Dix-Huitième Siècle, 2004, no 36, p. 296.
  4. Geneviève Artigas-Menant, ibid, p. 297.
  5. Fernand Baldensperger,« Autographes et documents », Revue d'histoire littéraire de la France, XIII, 1906, p. 346-347 (lettre sans doute adressée au prince Louis-Eugène de Wurtemberg). Lettre numérisée.
  6. Abbé J.-V. Genet, Une famille rémoise au XVIIIe siècle : études historiques comprenant deux mémoires couronnés par l'Académie de Reims, Reims, Académie nationale de Reims, , 407 p. (lire en ligne), p. 16-17
  7. Geneviève Artigas-meant, ibid.,p. 295.
  8. Cf. la lettre #21, datée du 22 décembre 1774 à Thomas Tyrrell
  9. Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, sur le site ecrivosges.com.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jeanne Chiron et Catriona Seth, Marie Leprince de Beaumont. De l'Ă©ducation des filles Ă  La Belle et la BĂŞte, Paris, Classiques Garnier, 2013
  • Geneviève Artigas-Menant, Lumières clandestines. Les papiers de Thomas Pichon, Paris, HonorĂ© Champion, 2001.
  • Marc Soriano, Guide de littĂ©rature pour la jeunesse : courants, problèmes, choix d'auteurs, Flammarion, 1974 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Beatrijs Vanacker, « PoĂ©tique de l’épistolaritĂ© romanesque dans l’oeuvre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont », Études françaises, vol. 54, n° 3, 2018, p. 147-166 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.