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Claude-Henri de Fusée de Voisenon

Claude-Henri de Fusée, comte de Voisenon, abbé du Jard (dit aussi l'abbé de Voisenon) né à Paris le , mort au château de Voisenon le [1] est un homme de lettres français.

Claude-Henri de Fusée de Voisenon
Claude-Henri de Fusée de Voisenon. 1762.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  67 ans)
Voisenon
Pseudonymes
M. de V, Un Abbé
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Membre de
Blason

Biographie

Il est le fils de Louis Claude de Fusée, chevalier seigneur de Voisenon, et de Marie Anne de Palerne.

Il a une jeunesse mondaine. Une anecdote frĂ©quemment citĂ©e est que « de santĂ© dĂ©licate mais douĂ© d'une vive intelligence, il n'est âgĂ© que de 11 ans lorsqu'il adresse une Ă©pĂ®tre en vers Ă  Voltaire qui l'en remercia et lui prĂ©dit une carrière poĂ©tique. C'est le dĂ©but d'une amitiĂ© qui dure jusqu'Ă  la mort de Voisenon sans jamais se dĂ©mentir. Â» Si l'amitiĂ© Ă©pistolaire entre les deux hommes est indĂ©niable (Voltaire le surnommait « le cher ami Greluchon »), le fait signalĂ© est probablement faux et dĂ» Ă  l'imagination de la comtesse Turpin de CrissĂ©, sa première biographe.

En qualité de cadet, sa famille le destine à l'état ecclésiastique, auquel il se résigne, dit-on (sans doute encore une légende), après un duel au cours duquel il avait grièvement blessé son adversaire. Il est ordonné prêtre en 1739. Il devient grand-vicaire du diocèse de Boulogne-sur-Mer, dont l'évêque est alors son parent, Mgr Henriot. Il est aussi nommé abbé commendataire de l'abbaye de la Chapelle-aux-Planches[2].

L'évêque de Boulogne le charge de rédiger ses mandements, dans lesquels Voisenon introduit, paraît-il, plus d'épigrammes que de pensées édifiantes. À la mort de l'évêque en 1741, "la ville & le clergé de Boulogne" auraient demandé au cardinal de Fleury qu'il lui succédât. Voisenon se serait précipité à Versailles pour demander qu'on ne le nommât pas : « Comment veulent-ils [...] que je les conduise, lorsque j'ai tant de peine à me conduire moi-même ? » Il a gain de cause et obtient cependant l'abbaye du Jard, à proximité de Melun, dont il se borne à toucher les revenus[3].

L'abbĂ© de Voisenon s'intĂ©resse au théâtre et frĂ©quente des gens de lettres dans le salon de Madame Doublet, qu'il appelle affectueusement sa « marraine Â»: CrĂ©billon fils, Charles Pinot Duclos, Charles-Simon Favart et sa femme, Justine.

Très répandu dans la société des lettres, il est l'un des principaux membres de la Société du bout du banc de Mlle Quinault. Il fréquente aussi les salons de Mmes Geoffrin et d'Épinay. On le voit également beaucoup chez le duc de La Vallière dans son château de Montrouge, si bien que Voltaire l'appelle plaisamment « Monseigneur de Montrouge ». Grand amateur de bon vin, de bonne chère et de galanterie, on le dit amant de Madame Favart. Il écrit des romans et des contes libertins, rime des poésies légères ou à sujets bibliques, et compose des comédies en vers dont plusieurs ont du succès et un opéra (L'Amour et Psyché, 1760).

Il refuse le poste diplomatique que lui offrit le duc de Choiseul mais accepte une pension de 6 000 livres pour composer des Essais historiques Ă  l'usage des petits-fils de Louis XV. Il est prĂ©sentĂ© Ă  Madame de Pompadour, auprès de qui il ne tarde pas Ă  ĂŞtre en grande faveur, et use de son influence pour aider des hommes de lettres dans le besoin.

Grâce à la protection de Voltaire, il est élu à l'Académie française le 4 décembre 1762 en remplacement de Crébillon père.

Pendant la réforme Maupeou, il est proche des principaux ministres[4]. En 1771, le duc d'Aiguillon le fait nommer ministre plénipotentiaire du prince-évêque de Spire. Il est aussi lié avec l'abbé Terray (il contribue à la fête organisée pour le mariage du neveu de l'abbé[5]).

Quelque temps après le rétablissement des cours souveraines, il renonce à la vie parisienne. Il s'installe dans le château de Voisenon sur la paroisse Saint-Barthélémy de Melun, où il dicte son testament peu avant de mourir, le 22 novembre 1774. Selon son souhait, son corps est transféré dans le caveau familial situé dans une chapelle de l'abbaye du Jard. Son ami Favart rédige son éloge[6].

HĂ©raldique et famille

La famille de Fusée porte un écu "d'azur à trois fusées d'or posées en fasce"[7].

Il est le frère de Louis Victor Fusée comte de Voisenon[8], dont l'épouse, Marguerite Pauline Bombarde de Beaulieu, obtint de Voltaire cette aimable épitaphe :

Ici gît, ou plutôt frétille,
Voisenon, frère de Chaulieu.
Ă€ sa muse vive et gentille
Je ne prétends point dire adieu,
Car je m'en vais au mĂŞme lieu,
Comme cadet de la famille[9].

Ĺ’uvres

Les Œuvres complètes de Voisenon ont été publiées par la comtesse Turpin de Crissé (1781, 5 vol. in-8°).

Ĺ’uvres dramatiques

  • L'Heureuse Ressemblance, comĂ©die en 1 acte et en vers, 1738
  • L'École du monde, comĂ©die en 3 actes et en vers, reprĂ©sentĂ©e Ă  la ComĂ©die-Française le 14 octobre 1739
  • Le Retour de l'ombre de Molière, comĂ©die en 1 acte et en vers, reprĂ©sentĂ©e Ă  la ComĂ©die-Française le 21 novembre 1739
  • Les Mariages assortis, comĂ©die en 3 actes et en vers, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 10 fĂ©vrier 1744 (imprimĂ©e en 1746, in-8)
  • La Coquette fixĂ©e, comĂ©die en 3 actes et en vers, avec Charles-Antoine Leclerc de La Bruère et le duc de Nivernais, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 10 mars 1746
  • La Fausse PrĂ©vention, comĂ©die en 3 actes et en vers, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 29 dĂ©cembre 1749
  • Le RĂ©veil de Thalie, comĂ©die, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 19 juin 1750
  • Titon et l'Aurore, pastorale hĂ©roĂŻque, musique de Jean-Joseph CassanĂ©a de Mondonville, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois Ă  l'AcadĂ©mie royale de musique le 9 janvier 1753
  • Les Magots, parodie de L'Orphelin de la Chine de Voltaire, en 1 acte et en vers, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 19 mars 1756
  • La Jeune Grecque, comĂ©die en 3 actes et en vers libres, 1756 (imprimĂ©e en 1762)
  • La Petite IphigĂ©nie, parodie de la Grande, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi en juillet 1757
  • L'Amour et PsychĂ©, ballet hĂ©roĂŻque, reprĂ©sentĂ© pour la première fois par l'AcadĂ©mie Royale de musique le 9 mai 1758
  • La parodie au Parnasse, opĂ©ra-comique en 1 acte, reprĂ©sentĂ© pour la première fois sur le théâtre de l'OpĂ©ra comique de la foire saint Germain le 20 mars 1759 (attribuĂ© aussi Ă  Charles-Simon Favart)
  • Hilas et ZĂ©lie, pastorale en un acte, musique de Bernard de Bury, reprĂ©sentĂ©e Ă  Versailles le 12 janvier 1763
  • La FĂ©e Urgèle ou Ce qui plaĂ®t aux dames, comĂ©die en 4 actes mĂŞlĂ©e d'ariettes, reprĂ©sentĂ©e Ă  Fontainebleau le 26 octobre 1765
  • L'Amant dĂ©guisĂ©, ou le Jardinier supposĂ©, comĂ©die en 1 acte mĂŞlĂ©e d'ariettes, musique de François-AndrĂ© Danican Philidor, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 2 septembre 1769.
  • L'AmitiĂ© Ă  l'Ă©preuve, comĂ©die en deux actes et en vers mĂŞlĂ©e d'ariettes, musique d'AndrĂ© GrĂ©try, reprĂ©sentĂ©e Ă  Fontainebleau le 13 novembre 1770
  • Fleur d'Épine, opĂ©ra-comique en 2 actes et en prose, sur une musique de Marie-Emmanuelle Bayon, mĂŞlĂ©e d'ariettes, tirĂ©e d'Hamilton, reprĂ©sentĂ©e pour la première fois par les ComĂ©diens italiens ordinaires du Roi le 22 aoĂ»t 1776.

Romans et contes

Divers

  • Le Code des Amants, poème hĂ©roĂŻque en trois chants, 1739
  • Les IsraĂ©lites Ă  la montagne d'Oreb, poème biblique pour le concert spirituel, mis en musique par Mondonville, 1758
  • Les Fureurs de SaĂĽl, poème biblique pour le concert spirituel, mis en musique par Mondonville, 1759
  • Les Ă€-propos, histoire du siècle passĂ©, nouvelle publiĂ©e dans le Mercure de France, 1756.

Sources

  • Th. Lhuillier, « Ă€ propos de l'abbĂ© de Voisenon », L'Amateur d'autographes, 1881, p. 153-155 (actes de baptĂŞme et de transfert du corps) et p. 173-179 (testament). NumĂ©risĂ©.

Notes

  1. Th. Lhuillier, « À propos de l'abbé de Voisenon », L'Amateur d'autographes, 1881, p. 153-155 (actes de baptême et de transfert du corps).
  2. (la) Charles Lalore, Cartulaire de l'abbaye de la Chapelle-aux-Planches : Chartes de Montierender, de Saint-Etienne et de Toussaints de Chalons, d'Andecy, de Beaulieu et de Rethel, Troyes, L. Lacroix, coll. « principaux cartulaires du diocèse de Troyes », , 380 p. (lire en ligne), p. XVIII
  3. Antoine Taillefer, Tableau historique de l'esprit et du caractère des littérateurs francois, tome IV, Versailles-Paris, 1785, p. 155-156.
  4. Journal historique, ou Mémoires critiques et Litteraires sur les Ouvrages dramatiques et sur les Evenemens le plus memorables, depuis 1748 jusqu'en 1772 inclusivement, volume 3, Paris, Imprimerie bibliographique, 1807, p. 546-547 (décembre 1771). Numérisé.
  5. Journal historique de la Révolution opérée dans la Constitution de la monarchie françoise par M. de Maupeou, chancelier de France, tome 3, Londres, 1775, p. 244, 11 septembre 1772.
  6. L'éloge est reproduit dans C. S. Favart, Mémoires et correspondance littéraires: dramatiques et anecdotiques, publiés par son petit-fils, tome 3, Paris 1808, p. 213-221.
  7. H. Jougla de Morenas, Grand armorial de France, tome 4, notice 16462
  8. Archives Nationales, Minutier central des notaires, XXIX/444, 24 juin 1739, contrat de mariage de Louis Victor de Fusée chevalier comte de Voisenon, lieutenant au régiment des gardes françaises, et de Marguerite Pauline Bombarde de Beaulieu, acte numérisé par le site familles parisiennes (les noms, qualités et domicile de l'abbé de Voisenon figurent sur la première page du contrat, la donation à son frère sur la vue 213).
  9. D-R-R, "VOISENON (Claude Henri Fusée de), Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, Michaud, 1827, tome 49, p. 411.

Bibliographie

  • [Anonyme] La Vie authentique de M. l'abbĂ© de Voisenon, mĂ©moires inĂ©dits d'un contemporain, publiĂ©s par Ad. Van Bever et Charles Martyne, Paris, 1916.
  • Jean Comoy, Un abbĂ© de cour sous Louis XV. Monsieur de Voisenon, PrĂ©face de Wladimir d'Ormesson, Paris, La Science historique, 1959.
  • Patrick Krakowski (dir.), Un acadĂ©micien dans son temps, l'abbĂ© de Voisenon (correspondances, chroniques, biographie), Le MĂ©e-sur-Seine, Lys Éditions AmmatĂ©is, 2007, (ISBN 978-2-86849-255-5)
  • Notices de dictionnaires
    • Cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIIIe siècle, nlle. Ă©dition revue et mise Ă  jour sous la direction de François Moureau, Paris, Fayard, 1995.
    • Maurice Allem, Anthologie poĂ©tique française, XVIIIe siècle, Paris, Garnier Frères, 1919.
    • « Claude-Henri de FusĂ©e de Voisenon », Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littĂ©ratures, vol. 2, Paris, Hachette, [dĂ©tail des Ă©ditions] (lire sur Wikisource)
    • D-R-R, "VOISENON (Claude Henri FusĂ©e de), Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, Michaud, 1827, tome 49, p. 400-413 (très bonne notice). En ligne.
    • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 - (ISBN 2-221-04810-5)

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