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Margaret Conkey

Margaret W. Conkey, nĂ©e en 1943, est une prĂ©historienne amĂ©ricaine[1], spĂ©cialiste du MagdalĂ©nien (PalĂ©olithique supĂ©rieur) dans les PyrĂ©nĂ©es françaises et des femmes Ă  la PrĂ©histoire.

Margaret Conkey
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Distinctions

Ses recherches portent notamment sur l'art pariĂ©tal en France. Margaret Conkey est l'une des premières archĂ©ologues Ă  Ă©tudier les questions de genre au sein de la discipline archĂ©ologique et Ă  appliquer les perspectives fĂ©ministes Ă  la recherche sur les sociĂ©tĂ©s humaines du passĂ©. Ă€ l'aide de la thĂ©orie fĂ©ministe, elle a notamment rĂ©interprĂ©tĂ© les images et les objets de l'Ă©poque palĂ©olithique[1] - [2].

Elle a Ă©tĂ© professeure d'anthropologie et directrice de la recherche archĂ©ologique (ARI, Archaeological Research Facility) Ă  l'UniversitĂ© de Californie Ă  Berkeley[2]. En 2002, elle a Ă©tĂ© nommĂ©e par le magazine Discover parmi les "50 femmes les plus importantes en science"[3].

Elle a vouĂ© sa carrière au fĂ©minisme et Ă  la prĂ©histoire, a organisĂ© des confĂ©rences, a publiĂ© des livres et de nombreux articles sur le sujet[2]. Margaret Conkey a Ă©galement encouragĂ© la reconnaissance des femmes dans l'histoire de la discipline archĂ©ologique.

Biographie

NĂ©e en 1943, Margaret Conkey est l'ainĂ©e d'une famille de six enfants. DiplĂ´mĂ©e de Mount Holyoke College en 1965[1] d'un double cursus en histoire ancienne et histoire de l'art[4], elle saisit l'occasion de se rendre en Cisjordanie pour travailler dans le domaine de l'archĂ©ologie biblique.

Après ce voyage, elle soumet sa candidature afin d'accĂ©der aux dĂ©partements d'anthropologie de l'UniversitĂ© de Chicago et de l'UniversitĂ© de Pennsylvanie. Afin d'obtenir une admission dĂ©finitive, elle doit alors suivre une annĂ©e de premier cycle en anthropologie (cours qui n'Ă©taient pas disponibles au Mount Holyoke College)[5]. Avec une amie, elle passe ensuite un Ă©tĂ© Ă  New York oĂą elle obtient d'abord un emploi de bibliothĂ©caire Ă  la Wenner-Gren Foundation for Anthropological Research, et, par la suite, une bourse d'analyste. Lorsqu'elle est acceptĂ©e Ă  l'Institut oriental de Chicago, elle retourne Ă  Chicago pour travailler Ă  temps partiel comme assistante de rĂ©daction au Current Anthropology, le journal de l'UniversitĂ© de Chicago[5].

En 1978, elle obtient son doctorat en anthropologie Ă  l'UniversitĂ© de Chicago[2]. Elle enseigne ensuite pendant six ans Ă  l'UniversitĂ© de Californie Ă  Los Angeles. En 1982, elle rejoint le dĂ©partement d'anthropologie de la facultĂ© de SUNY/Binghamton, oĂą elle est Ă©galement co-directrice des "Études des Femmes" (Women's Studies). En 1987, elle accepte un poste de professeure associĂ©e en anthropologie Ă  Berkeley[2]. Parallèlement Ă  son travail de terrain, elle aborde d'autres sujets dans ses recherches, cours et publications tels que la pĂ©dagogie et l'enseignement de l'archĂ©ologie, le dĂ©veloppement et l'utilisation des ressources de l'internet dans l'enseignement de l'introduction Ă  l'archĂ©ologie, et lance Ă©galement un programme de sensibilisation Ă  l'archĂ©ologie dans des Ă©coles locales[2]. En , Margaret Conkey est nommĂ©e Ă  une des chaires les plus rares, la "Class of 1960 Profesor of Anthropology". En 2009, elle reçoit le "prix Chancelier" ("Chanchellor's Award") de l'Advacing Institutional Excellence de Berkeley pour son travail en faveur de la diversitĂ© et de l'Ă©galitĂ© des chances. Elle remporte Ă©galement le Distinguished Teaching Award (1996) et le Award for Educational Initiatives (2001). Elle obtient des fonds pour dĂ©marrer un laboratoire d'enseignement multimĂ©dia pour le dĂ©partement d'anthropologie de Berkeley[2].

En 2009, la professeure Margaret Conkey est devenue Présidente de la Society for American Archaeology[6].

Travaux archéologiques

Margaret Conkey a comme domaines de recherche l'étude et l'interprétation de l'art paléolithique, la théorie concernant les recherches dans l'art pariétal et le contexte social de l'art pariétal, dans lesquels elle allie à la fois théories archéologiques et théories féministes[2].

Le genre dans l'art paléolithique

Margaret Conkey encourage les archĂ©ologues Ă  repenser les significations possibles des reprĂ©sentations artistiques palĂ©olithiques. Dans ses Ă©crits, elle indique que les peintures pariĂ©tales prĂ©sentes sur les parois des grottes ne sont pas uniquement indicatrices d'une rĂ©volution artistique, mais Ă©galement d'une rĂ©volution sociale. La rĂ©alisation de ces images serait un Ă©lĂ©ment essentiel dans le maintien des communautĂ©s. Ă€ l'opposĂ© de ce qui est alors gĂ©nĂ©ralement admis dans le monde scientifique, elle dĂ©fie la thĂ©orie d'un art pariĂ©tal principalement rĂ©alisĂ© par les hommes dans le but d'assurer le succès Ă  la chasse, en disant que « vous ne pouvez pas expliquer 25 000 ans de matĂ©riau en disant que tout cela Ă©tait liĂ© Ă  la chasse », et propose une implication plus importante des femmes dans ce processus artistique et social[7]. Elle souligne que les animaux reprĂ©sentĂ©s dans ces peintures pariĂ©tales et les restes d'animaux retrouvĂ©s dans des fosses Ă  proximitĂ© appartiennent souvent Ă  des espèces diffĂ©rentes, ce qui implique que les peintures ont probablement un sens plus culturel ou social plutĂ´t que strictement liĂ© aux pratiques de chasse.

Son intĂ©rĂŞt pour l'art prĂ©historique, en particulier celui du PalĂ©olithique europĂ©en, le genre et l'archĂ©ologie fĂ©ministe ont Ă©galement conduit Ă  des recherches et des publications concernant les figurines de "dĂ©esse", provenant en particulier de l'Europe prĂ©historique, en collaboration avec sa collègue de Berkeley, Ruth Tringham. Leurs recherches ciblent en particulier les interprĂ©tations archĂ©ologiques de ces figurines qui ont Ă©tĂ© accaparĂ©es (souvent de manière problĂ©matique) par la culture populaire contemporaine. M. Conkey est considĂ©rĂ©e comme une figure de l'anthropologie fĂ©ministe — discipline qui inclut l'archĂ©ologie fĂ©ministe[8].

Recherches dans les Pyrénées françaises

Margaret Conkey a été directrice du projet de recherche intitulé “Entre les Grottes”, dans les Pyrénées françaises depuis 1993. Ce dernier est axé sur le Paléolithique et sur la contextualisation de l'art et de la culture matérielle provenant de cette région[2]. Son intérêt remonte cependant à plus longtemps : dans les années 1970 elle et Jean-Philippe Rigaud menaient déjà une prospection systématique des sites de surface dans le secteur du château des Milandes sur Castelnaud-la-Chapelle en Dordogne[9].

Deux problèmes majeurs rencontrĂ©s en archĂ©ologie sont la prĂ©servation et les biais de sĂ©lection, et les grottes sont un bon exemple pour les illustrer : Les artĂ©facts qu'elles renferment sont conservĂ©s dans des conditions idĂ©ales et sont faciles Ă  mettre au jour. Historiquement, la recherche a toujours prĂ©sentĂ© la grotte comme lieu central de la vie au PalĂ©olithique[10], dans laquelle les personnes vivant au PalĂ©olithique apparaissaient soudainement pour tout d'un coup apparaitre sur un autre site. Les archĂ©ologues ont reconnu que ces personnes obtenaient leur nourriture Ă  l'air libre et qu'elles ne vivaient pas dans des grottes toute l'annĂ©e, mais d'un autre cĂ´tĂ© ils supposaient Ă©galement que ces activitĂ©s de plein air ne sont pas très fructueuses du point de vue du matĂ©riel archĂ©ologique[11].

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, des archĂ©ologues amĂ©ricains ont mis au point une nouvelle mĂ©thode de fouille en plein air. Cette mĂ©thode n'avait pas encore Ă©tĂ© utilisĂ©e en Europe, et Margaret Conkey a proposĂ© un nouveau projet dans lequel ils rechercheraient du matĂ©riel palĂ©olithique (outils en pierre essentiellement) Ă  l'extĂ©rieur des grottes. 

« Ils ont dit, “Vous ne trouverez rien.” J'ai dit, “Pourquoi je ne parviendrais pas à trouver quoi que ce soit ?” Ils ont dit, “Personne n'a vraiment trouvé quelque chose ou signalé quoi que ce soit.” J'ai dit, “Personne n'a regardé de façon systématique ?” Ils ont dit, “eh Bien, non.” Ils pensaient que j'étais folle. »

— Margaret Conkey[12]

Pourtant, le matĂ©riel prouverait que les personnes vivant au PalĂ©olithique ont passĂ© moins de temps dans les grottes que les archĂ©ologues l'avaient jusque-lĂ  imaginĂ©. Par exemple, le caractère saisonnier de certaines activitĂ©s peut parfois ĂŞtre dĂ©duit Ă  partir des os d'animaux. Grâce aux techniques de recherche mises au point, les archĂ©ologues sont en effet capables d'identifier Ă  partir de la dent d'un animal Ă  quelle pĂ©riode de l'annĂ©e celui-ci a Ă©tĂ© tuĂ©. Certains autres animaux ne peuvent en outre ĂŞtre chassĂ©s / pĂŞchĂ©s qu'Ă  certaines pĂ©riodes de l'annĂ©e - comme les poissons qui fraient uniquement pendant certaines saisons. Dans l'ensemble, il deviendrait clair que les gens ne vivaient dans ces grottes que deux mois par an, voire un an en continu tout au plus, et presque toutes ces grottes sont dĂ©sormais dĂ©crites par les archĂ©ologues comme Ă©tant saisonnières (occupĂ©es en automne ou hiver)[12]

Margaret Conkey et son équipe ont fait ce qui avait été ignoré pendant un siècle : elles se sont intéressées directement aux gens vivant au Paléolithique dans ces grottes françaises. Avant 1993, aucune recherche n'avait jamais été effectuée sur ce sujet[13].

Finalement, elle espère que cela les aidera Ă  mieux comprendre la gĂ©ographie sociale et les paysages de l'art palĂ©olithique. Ce projet englobe aussi une rĂ©flexion sur les fondamentaux de la fouille archĂ©ologique, sur ses mĂ©thodes, et sur la thĂ©matique de la rĂ©partition archĂ©ologique[2]. Au sein de celui-ci, Margaret Conkey dirige diffĂ©rentes Ă©quipes de taille variable et de fonctions diffĂ©rentes, de la prospection dans le paysage environnant Ă  la recherche des traces de la vie quotidienne Ă  l'intĂ©rieur mĂŞme des grottes peintes. Depuis 2006, son Ă©quipe internationale mène les premières fouilles de plein air dans la rĂ©gion ce qui a permis la dĂ©couverte et l'identification de plus de 3000 objets lithiques, certains datant de l'ère PalĂ©olithique et distribuĂ©s sur une surface de 260 kilomètres carrĂ©s de transect. Ces fouilles ont pu ĂŞtre rĂ©alisĂ©es Ă  l'aide de deux bourses de la Fondation nationale pour la science (NSF), une de la France-Berkeley Fund, et plusieurs de la Stahl Endowment of UC Berkeley, Archaeological Research Facility [2] Par ailleurs, la NSF possède Ă©galement un programme de donation consacrĂ© aux projets Ă  haut risque qui permet aux chercheurs et aux chercheuses de dĂ©buter des projets innovants avec une source de financement. Margaret Conkey reçut de cet organisme une petite subvention de 25 000 $ Ă  30 000 $, et eut ensuite Ă  dĂ©velopper des relations avec ses collègues français afin d'obtenir l'autorisation du service rĂ©gional de l'archĂ©ologie, et un permis[13].

Diversité et égalité dans la discipline archéologique

Margaret Conkey a toujours critiquĂ© le fait que le travail de terrain soit intrinsèquement masculin, et encourage ses collègues archĂ©ologues Ă  considĂ©rer la multitude de manières dont le genre façonne les expĂ©riences humaines, Ă  la fois dans le passĂ© et le prĂ©sent[14] - [15]. Elle cite notamment son expĂ©rience en Cisjordanie oĂą elle n'Ă©tait pas autorisĂ©e Ă  fouiller car elle Ă©tait une femme et tous les ouvriers Ă©taient des hommes plus âgĂ©s[5]. Margaret Conkey incite Ă©galement Ă  accorder plus d'attention aux femmes archĂ©ologues mĂ©connues telles que Cynthia Irwin-Williams ou Patty Jo Watson[4].

Publications majeures

  • Archaeology and the Study of Gender (1984) (Avec Jacey Spector) 
  • Engendering Archaeology:Women and Prehistory (1991) (Avec Joan M. Gero) 
  • The Uses of Style in Archaeology (New Directions in Archaeology) (1993) (Avec Christine Ann Hastorf) 
  • Programme to Practice: Gender and Feminism in Archaeology. Annual Review of Anthropology (Vol. 26: October 1997) (Avec Joan M. Gero) 
  • Symbolism and the Cultural Landscape (1980) (Avec Lester B Rowntree) 
  • Ancient Goddesses: The Myths and Evidence (1998) (Avec Ruth Tringham, Lyn Meskell, Joan Goodnick Westenholz, Karel van der Toorn, Fekri A. Hassan, Mary E. Voyatzis, Caroline Malone) 
  • Beyond Art: Pleistocene Image and Symbol (1997) (Comme Ă©ditrice, avec Olga Soffer, Deborah Stratmann, Nina G. Jablonski) 
  • Perspectives on Anthropological Collections from the American Southwest: Proceedings of a Symposium (Anthropological Research Papers) (Comme Ă©ditrice, avec Ann Lane Hedlund)

Filmographie

Année Titre Rôle Notes
2002 Sex BC Elle-même TV Mini-Série documentaire pour Optomen Télévision

Références

  1. (en) Haviland William, Walrath Dana, Prins Harald (2007), Evolution and Prehistory : The Human Challenge, Wadsworth, p. 210, (ISBN 978-0-495-38190-7)
  2. (en) Margaret Conkey, « Margaret W. Conkey », sur Anthropology Department, University of California, Berkeley, (consulté le )
  3. (en) Kathy A. Svitil, « The 50 Most Important Women in Science », Discover Magazine, (consulté le )
  4. (en) Douglass W Bailey, Interview with Meg Conkey, Studii de Preistorie, , 9 p. (lire en ligne)
  5. (en) Douglass W. Bailey, Interview with Meg Conkey, Studii de Preistorie, , 18 p. (lire en ligne)
  6. (en) Pringle, Heather (2011) "Smithsonian Shipwreck Exhibit Draws Fire From Archaeologists", Science, 10 mars 2011, retrieved 2011-07-12
  7. (en) Don St. John, « Margaret Conkey '65 : Painting a New Picture of Ancient Life », sur College Street Journal, Mount Holyoke College, (consulté le )
  8. (en) « Feminist Anthropology », sur Anthropology, (consulté le )
  9. [White 2002] Randall White, « Une nouvelle statuette phallo-féminine paléolithique : « la vénus des Milandes » (commune de Castelnaud-la-Chapelle, Dordogne) », Paléo, no 14,‎ , p. 177-198 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté le ), p. 178.
  10. Cris Campbell, « Places of Many Generations. »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Genealogy of Religion : Explorations in Evolution, Anthropology and History (consulté le )
  11. (en) Douglass W. Bailey, Interview with Meg Conkey, Studii de Preistorie, , 14 p. (lire en ligne)
  12. (en) Jude Isabella, « The Caveman’s Home Was Not a Cave », sur Nautilus, (consulté le )
  13. (en) Douglass W. Bailey, Interview with Meg Conkey, Studii de Preistorie, , 20 p. (lire en ligne)
  14. (en) Kate Ellenberger, « Margaret Conkey - Feminist Archaeology Pioneer », sur TrowelBlazers, (consulté le )
  15. (en) Margaret W Conkey et Janet D. Spector, « Archaeology and the Study of Gender », sur Advances in Archaeological Method and Theory, Springer, (JSTOR 20170176)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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