Marcel Suarès
Marcel Suarès (Bayonne, - dans la même ville) est un résistant français, Compagnon de la Libération. Engagé dans les forces françaises libres en 1943, il intègre le BCRA et s'illustre pendant toute la guerre en réalisant un grand nombre d'opérations de sabotage dans les usines participant à l'effort de guerre allemand. Après le conflit, il est conseiller municipal de la ville de Bayonne pendant plus de quarante ans.
Marcel Suarès | |
Naissance | Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) |
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Décès | Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) |
Origine | France |
Allégeance | République française Forces françaises libres |
Arme | Arme blindée et cavalerie |
Grade | Lieutenant |
Années de service | 1939 – 1945 |
Conflits | Seconde Guerre mondiale |
Distinctions | Commandeur de la Légion d'Honneur Compagnon de la Libération Médaille militaire Croix de guerre 1939-1945 |
Biographie
Jeunesse et engagement
Fils d'un cheminot et d'une commerçante, Marcel Suarès naît le à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques[1]. Après avoir obtenu un CAP de forgeron-serrurier, il occupe un poste d'ajusteur-outilleur[2]. En 1935, il est appelé pour son service militaire qu'il effectue jusqu'en 1937 au 502e régiment de chars de combat à Angoulême[3]. En bon Bayonnais, il pratique la pelote et le jeu à XIII dont il gagne la coupe de France en 1936 avec la sélection de la côte basque[1].
Seconde Guerre mondiale
Lorsque la Seconde Guerre mondiale est déclenchée en 1939, Marcel Suarès est mobilisé et retrouve les rangs du 502e RCC d'Angoulême qui est dissous pour donner naissance à plusieurs groupes de bataillon de chars (GBC)[2]. Affecté au 4e bataillon de chars du 503e GBC, il prend part à bord d'un FCM 36 à la bataille de France dans la région de Sedan[3]. Le , lors de l'offensive allemandes, il est blessé et doit être évacué vers un hôpital de Bordeaux[1]. À l'issue de sa convalescence, il rentre à Bayonne et, démobilisé, il reprend son ancien emploi d'ajusteur jusqu'en [1]. Fortement anti-allemand, il a une altercation avec un sous-officier allemand et jette celui-ci par-dessus la rambarde du pont où a lieu l'incident[1]. Peu de temps après, le port de l'étoile jaune est imposé aux juifs de la zone occupée. Suarès, dont les ascendants juifs portugais ont connu des persécutions antisémites dans leur pays, décide alors de passer en zone libre[3]. En , après l'invasion de la zone libre par les Allemands et en vue de l'instauration du STO que Pierre Laval officialisera le , Marcel Suarès cherche à quitter la France pour rejoindre l'Angleterre[1]. Le , avec l'un de ses cousins, il franchit la frontière espagnole et rejoint Lisbonne d'où il embarque pour la Grande-Bretagne qu'il atteint le [3].
Engagé dans les forces françaises libres, il est affecté au BCRA et est intégré à une formation de saboteur[3]. Il est alors sévèrement brûlé au cours d'un exercice en manipulant un produit incendiaire au mois de juillet[3]. Il reprend la formation après un mois d'hospitalisation. Prenant le pseudonyme de "Fléau", il est volontaire pour des missions spéciales en France et, le , il est parachuté dans les environs de Châtillon-sur-Chalaronne dans l'Ain en compagnie de Pierre Briout[2]. L'objectif de leur mission, baptisée "Patchouli", est de remonter vers la région parisienne pour y saboter des usines d'armement et de roulements à billes[2]. En , Marcel Suarès fait un passage en Normandie pour y récupérer des armes et des explosifs et donner des cours de sabotage, puis de retour en Île-de-France, il organise le sabotage de l'usine SKF d'Ivry-sur-Seine[3]. En déplacement à Arras en tant qu'instructeur en février, il se rend en mars à Courbevoie pour y faire exploser l'usine Bronzavia en compagnie de François Fouquat puis l'usine Timkem à Gennevilliers[2]. À la suite de ces opérations durant lesquelles il a abattu deux hommes de la Gestapo et un sous-officier, Marcel Suarès est activement recherché par la police allemande[3].
Poursuivant ses actions de sabotage, l'équipe de la mission Patchouli détruit plusieurs chars et le pont roulant des usines Renault de Boulogne-Billancourt le puis la fabrique Rossi à Levallois-Perret le 1er mai[3]. Le , ce sont les usines Malicet & Blin d'Aubervilliers qui sont touchées par Marcel Suarès et ses compagnons[2]. Le , ils reçoivent l'ordre de Londres d'intégrer le maquis de la Nièvre où ils rejoignent André Rondenay[1]. Le , le groupe détruit huit écluses du canal du Nivernais[3]. Le surlendemain, près de Lormes, Suarès et ses compagnons attaquent une unité ennemie et tuent douze allemands[3]. Au cours de ce mois de juin, Marcel Suarès se déplacent entre les départements de l'Aube, de la Nièvre et de l'Yonne pour y donner des cours de sabotage[1]. Le , ses camarades Pierre Briout et François Fouquat sont tués par les allemands après une embuscade au retour d'une opération de parachutage[3]. Continuant malgré tout sa mission, Suarès parvient à voler une automitrailleuse à Paris pour la ramener au maquis de la Nièvres[1]. Il retourne dans la capitale en et participe à la libération de Paris en contribuant à la défense de l'hôtel de ville[2]. Lors des combats il est capturé mais parvient à s'échapper quelques minutes plus tard en tuant le soldat allemand qui le garde[1]. Il est ensuite chargé d'assurer la protection du central téléphonique de l'opéra Garnier[2]. En septembre, il est affecté à la DGER jusqu'à la fin de la guerre[3].
Après-guerre
Le conflit terminé, Marcel Suarès retourne à Bayonne où il fonde une entreprise d'électricité[1]. Très impliqué dans la vie locale, il devient conseiller municipal et occupe ce poste pendant 42 ans[1]. Il est parallèlement président de l'Association des Évadés de France, de l'Association des Combattants Volontaires de la Résistance, président titulaire puis d'honneur de la 39e section des médaillés militaires et administrateur de la caisse d'allocations familiales de Bayonne[3]. Marcel Suarès meurt le dans sa ville natale où il est également inhumé[1].
DĂ©corations
Hommages
- Dans sa ville de Bayonne, une allée a été baptisée en son honneur[4].
Notes et références
- « Biographie - Ordre National de la Libération »
- Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2)
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 978-2-35639-033-2 et 2-35639-033-2)
- « Allée Marcel Suarès - Bayonne », sur Google Maps (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2).
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 978-2-35639-033-2 et 2-35639-033-2).