Accueil🇫🇷Chercher

Manipulations articulaires

Les manipulations articulaires sont l'acte thérapeutique qui consiste à remanier le positionnement d'une structure osseuse en regard d'une autre, typiquement dans le cadre d'une diarthrose. L'opération a pour but de redonner mobilité et fonctionnement optimaux à l'articulation. Un craquement est parfois audible lors de l'acte, signe qu'une libération gazeuse est survenue au sein de la capsule ligamentaire de l'articulation.

Manipulations en campagne bretonne dans les années 1900.

L’International Federation of Orthopaedic Manipulative Physical Therapists[1] décrit une manipulation comme : « une poussée passive, de haute vélocité et petite amplitude, appliquée à une articulation dans les limites anatomiques, dans le but de restaurer un mouvement et une fonction optimale et/ou réduire une douleur ».

Un nombre croissant de praticiens de santé dans le monde utilisent aujourd'hui les manipulations ou mobilisations des articulations du rachis ou des membres périphériques en tant qu'acte thérapeutique. Ostéopathes, chiropracteurs, étiopathes, et depuis plus récemment médecins généralistes, kinésithérapeutes, rhumatologues.

Origines

Depuis toujours, rebouteux et guérisseurs issus de diverses cultures et civilisations ont eu recours à cette forme de thérapie consistant à redonner une mobilité aux membres ou au rachis, que ce soit pour la nuque, le dos, ou même la région lombaire du corps, et ce pour des maux divers.

Les grecs, d'après un bas relief conservé au musée archéologique du Pirée décrivent déjà au IVe siècle av. J.-C. le Dieu Asclépios ou Aesculape prodiguant des soins sur les vertèbres hautes du corps.

Les habitants du sous-continent indien, 1 000 ans avant notre ère, rapportent une manipulation cervicale non spĂ©cifique et bilatĂ©rale « par rotation du crâne », encore pratiquĂ©e de nos jours dans certains salons de coiffure indiens.

La tradition britannique des « bone-setters Â» remonte au Moyen Ă‚ge, tout comme dans le sud de l'Europe oĂą les paysans s'improvisaient souvent thĂ©rapeutes pour remanier un pied, une Ă©paule ou bien la colonne vertĂ©brale de leurs congĂ©nères, avec des mouvements soudain, parfois non spĂ©cifiques sur le rachis, visant Ă  faire craquer l'ensemble du dos.

Principes préalables aux manipulations

Signes cliniques

On imagine aisĂ©ment dans des temps reculĂ©s que le besoin d'ĂŞtre « remaniĂ© Â» au niveau d'un membre luxĂ© ou subluxĂ© vint naturellement lorsqu'un paysan, par exemple, ayant fait une lourde chute observait soudainement une articulation manifestement dĂ©saxĂ©e ou ayant perdu de sa mobilitĂ©.

De même, les manipulations vertébrales apparurent lorsque, de manière aigüe ou chronique toute personne ressentant une forme de fixation du rachis par exemple exprimait le souhait d'être "redressé" ou "corrigé" par son praticien.

Douleurs localisées

Un signe flagrant relatif aux manipulations est la présence d'une douleur soudaine sur la zone incriminée, accompagnée de spasmes musculaires évidents sur la zone en question, voire sur une zone distante.

Névralgies résultantes

L'apparition d'une névralgie soudaine ou insidieuse directement ou indirectement lié à la zone vertébrale ou périphérique défaillante : selon le parcours du nerf avoisinant les vertèbres ou l'articulation en question. Des signes tels paresthésies, dystonies musculaires, atonies musculaires, endormissants ou fourmillements au voisinage de la zone incriminée.

Aberrations posturales

Un changement soudain de la posture générale du corps sera également un signe distinct de la nécessité à recourir aux manipulations du rachis ou des membres.

Principes biomécaniques et physiologiques

La luxation articulaire est définie comme un déplacement "évident" entre deux os. La subluxation est un processus plus discret de déplacement entre deux articulations, pas nécessairement décelé sur une radiographie ou une imagerie à résonance magnétique.

D'après le Journal of Manipulative and Physio Therapy[2], les manipulations vertébrales auraient un effet significatif sur la neurologie du corps humain, et ce par le biais des nerfs rachidiens et les dysfonctionnements neurologiques inhérents à une perturbation mécanique d'une articulation entre deux vertèbres, appelée subluxation vertébrale. La subluxation vertébrale est susceptible de survenir entre n'importe quels segments jointifs de la colonne vertébrale, du Coccyx aux hautes cervicales, impactant alors la « libre circulation de l'influx nerveux » au niveau du trou de conjugaison inter-vertébral.

Les articulations périphériques, lors d'un déplacement minime ou important ont elles aussi un impact sur les nerfs au voisinage de la zone en question : que ce soit directement en exerçant une pression sur un nerf, ou indirectement si le déplacement osseux induit une hypertonicité musculaire susceptible de comprimé un nerf proche de la zone hypertonique.

Le Concept initial de subluxation vertébrale du rachis

En bleu, le nerf rachidien susceptible d'être neurologiquement perturbé lors d'une compression due au déplacement de la vertèbre adjacente.

Physiologiquement et biomécaniquement parlant, une fixation entre deux segments vertébraux ou un déplacement de l'un des deux en rapport à l'autre est associée à:

  • une kinĂ©siopathologie vertĂ©brale[3], c'est-Ă -dire une diminution des amplitudes de mouvement entre deux segments vertĂ©braux adjacents, ou une aberration de la mobilitĂ© de ces deux vertèbres. Une mobilitĂ© non fluide et saccadĂ©e Ă  ce niveau lors de la flexion axiale du rachis par exemple.
  • une neuropathophysiologie, soit un Ă©tat non optimal voire pathologique des fonctions neurologiques associĂ©es Ă  l'articulation en Ă©tat de subluxation : les nerfs se trouvant "comprimĂ©s" Ă  hauteur du trou de conjugaison ;
  • une myopathologie, c'est-Ă -dire une aberration des tonicitĂ©s musculaires (hypo ou hyper-tonicitĂ© des muscles) adjacentes aux segments vertĂ©braux en question : les muscles profonds par exemple, notamment les muscles transversaires Ă©pineux ;
  • une physiopathologie, les tissus tels ligaments, tendons et tissus conjonctifs qui environnent la zone de subluxation vont se trouver modifier physiologiquement, avec notamment :
    • des Ĺ“dèmes sur les ligaments et/ou tendons immĂ©diatement adjacents
    • une inflammation de ces derniers ;
    • un tissu scareux, type cicatrice qui va s'installer dans le trou de conjugaison après une certaine pĂ©riode d'inflammation, impactant alors le bon dĂ©roulement neurologique des nerfs qui Ă©manent de la zone ;
  • une pathophysiologie, c'est-Ă -dire les consĂ©quences pour l'organisme de la subluxation, qui seront de deux ordres :
    • directs : lorsque le mouvement articulaire se trouve modifiĂ© Ă  long terme, la qualitĂ© histologique de l'articulation peut s'en trouver affectĂ©e, avec des consĂ©quences telles arthrose, ostĂ©ophytes, discopathies[4] etc..
    • indirects : les fonctions neurologiques Ă©tant dès lors modifiĂ©es ou diminuĂ©es, toute structure de l'organisme irriguĂ©e par ce nerf en aval de la zone subluxĂ©e serait dès lors affectĂ©e. De ce fait, Ă  long terme, un muscle par exemple pourrait s'atrophier dĂ» Ă  un influx nerveux aberrant venant l'irriguer.

Le cas particulier de la charnière atlanto-occipitale

Cette zone de la colonne, lorsqu'une subluxation vertébrale survient, constitue un cas particulier:

Outre les effets sur les trous de conjugaisons précédemment décrit, l'impact d'une perturbation articulaire de la zone Occiput-Atlas-Axis (noté CO-C1-C2) va également influencer la moelle épinière, par le truchement des méninges (enveloppe rigide entourant cerveau et moelle épinière) ayant des attaches fixes sur les trois segments vertébraux pré-cités. Lors d'un déplacement articulaire sur cette zone, une torsion ou compression des méninges aura très souvent un impact sur le positionnement de la moelle épinière, modifiant dès lors la physiologie neurologique de ce tissu. Les conséquences sont rarement prédictibles et souvent globale sur l'organisme dans son entier.

Cette région vertébrale a fait l'objet de travaux important, notamment en chiropractie, par bon nombre de praticiens spécialisés sur la région des hautes cervicales, pour qui les manipulations vertébrales spécifiques et de faible intensité normalisent les articulations en question, rétablissant par là même la neurophysiologie du système nerveux central ayant été affecté.

Les subluxations des membres périphériques

on voit ici nettement une phalange distale en Ă©tat de subluxation respectivement Ă  sa phalange proximale correspondante.

Celles-ci suivent également la règle pré-citée de subluxation articulaire avec des conséquences neurologiques dans certains cas. Néanmoins, les conséquences de déplacements osseux sur les parties périphériques du corps sont souvent beaucoup plus prévisibles en termes de conséquences sur les fonctions nerveuses, tant au niveau moteur qu'au niveau sensoriel, ou encore pour ce qui est des fonctions végétatives (épidermiques et circulatoires notamment)

Manipulations et effets physiologiques

L'Université des sciences de Lyon 1[5] décrit les manipulations comme un mouvement rapide porté sur des structures articulaires afin d'augmenter leurs amplitudes de mouvements fonctionnels à un instant donné, sans dépasser leurs amplitudes propres anatomiques. Les manipulations vertébrales ou périphériques sont prodiguées afin de soulager une zone localement douloureuse, mais aussi parfois afin d'éradiquer 'un symptôme anatomiquement distant, et en apparence non relié à une structure articulaire fonctionnellement défaillante.

La manipulation de toute structure articulaire du corps humain s'accompagne souvent d'un phénomène de cavitation, une accumulation de gaz au sein de l'articulation qui, par effet de surpression, produira un craquement audible lors de l'acte manipulatif, lorsque le gaz s'échappera de son confinement local.

Acte thérapeutique local

L'approche strictement localisée des manipulations du rachis ou des membres supérieur ou inférieur fut, de tout temps la réponse logique à un déplacement articulaire manifeste chez tout patient, puis dans une moindre mesure lors de l'avènement des anti-inflammatoires en médecine contemporaine. L'acte dit local sera administré lors d'une symptomatologie simplement sur la zone incriminée. Une douleur à un coude, par exemple, associée à une diminution de l'amplitude de mouvement de ce dernier pourra inciter le praticien à prodiguer une manipulation de l'articulation en question.

Il est à noter que lors d'une manipulation articulaire, vertébrale notamment, on observe une émission d'hormone telle le cortisol, cet anti-douleur naturel qui va contribuer à un ressenti de bien-être après un traitement en thérapie manuelle. Observation faite à mainte reprise, notamment dans cette étude récente parue en 2017[6].

Acte thérapeutique de causalité

Phénomène d'échappement gazeux au sein d'une articulation synoviale standard : la cavitation articulaire.

L'approche vitaliste ou holistique d'un symptôme consistera à étudier toute structure articulaire de l'organisme (dans ce cas présent) sans se préoccuper de la pathologie ou de l'ensemble des symptômes présentés par le patient. La chiropractie entre autres enseigna dès ses débuts ces relations de causes à effets. Il en va de même pour l'ostéopathie. Le fait est qu'il s'avère anatomiquement vrai qu'une compression nerveuse sur une zone vertébrale donnée aura potentiellement un impact sur des fonctions neurovégétatives, par exemple. Ainsi, la compression d'un nerf dorsal irriguant les intestins pourrait engendrer un dérèglement des fonctions digestives, dans ce cas précis.

Les manipulations sont aussi possibles sur des articulations en apparence immobiles, telles les symphyses, comme le suggère cette étude américaine sur la symphyse pubienne[7] avec des effets bénéfiques sur le plan viscéral, notamment ici sur le fonctionnement de la vessie.

Tout aussi immobile en apparence, l'articulation sacro-iliaque semble affecter l'ensemble de la colonne vertébrale dans le cas où l'alignement de l'os coxal en regard du sacrum s'avère légèrement décalé, tel les fondations d'un édifice ayant des inégalités d'appuis de part et d'autre, impactant alors l'intégrité de la structure.

Manipulations et neurologie

Tout comme décrit en début d'article, les articulations — notamment vertébrales — et le système nerveux sont souvent intimement liés.

Une étude sur l'acte thérapeutique des manipulations parue en 2001[8], suggère des effets positifs sur la normalisation des influx nerveux, corrélant le bon positionnement des articulations vertébrales et une information neurologique adaptée et conforme à une activité normalisée. Dans leur livre paru en 1985[9], les Prs Burn et Paterson relèvent l'impact sur la neurologie que peut engendrer les manipulations du rachis, sous certaines conditions. Un très grand nombre de publications virent le jour sur ce sujet dès le début du XXe siècle.

Manipulations et posturologie

Bon nombre de praticiens de santé, tels les masseurs-kinésithérapeutes ou bien même les ostéopathes connaissent les liens qui unissent un dérèglement articulaire et la posture globale du corps. Des formations sont d'ailleurs strictement accès sur l'étude de la posture du corps avant et après une manipulation vertébrale entre autres. Une articulation du pied, tel une charnière tarso-métatarsienne peut, si sa mobilité ou son alignement sont aberrants affecter durablement la colonne vertébrale ou le bassin notamment.

Manipulation des os crâniens

Une étude[10] de l'institut américain de craniopathie[11] chiropratique prouve l'existence d'un micro-mouvement quasi imperceptible visuellement au niveau des sutures crâniennes, induit par un mouvement propre au liquide cérébrospinal (LCR) nommé Mouvement Respiratoire Primaire, sorte de rythme de l'ordre de 6 à 8 phases par minute modifiant de façon cyclique la pression du LCR sur la boîte crânienne.

Ce mouvement est normalement répercuté sur les sutures crâniennes, créant un mouvement de va-et-vient sur ces sutures. Lors d'un blocage de ces dernières, le mouvement cyclique du LCR va s'en trouver notoirement modifié, changement qu'un praticien averti ressentira lors d'un examen du crâne. Ainsi, une légère correction des sutures redonnera un mouvement crânien normalisé, impactant par là même la physiologie du système nerveux central.

Les manipulations cervicales

En plus d'avoir des applications locales et neurologiques comme pré-citées, les manipulations sur la zone cervicale auront parfois une incidence sur le bon flux sanguin afférent au cerveau, par les biais des artères vertébrobasilaires, ou artères vertébrales. Ces dernières, si leur débit sanguin est diminué dû à un mauvais positionnement d'une ou plusieurs articulations vertébrales à ce niveau, affecteront certainement la physiologie du cerveau et l'ensemble de la boîte crânienne.

Pour le rachis

D'après Scott Haldemann dans son étude comparative parue en 2000[12] observe, peu de temps après la manipulation d'un segment vertébral une modification de la qualité et de la quantité des influx nerveux provenant du système nerveux central (efférent) et allant vers celui-ci (afférent). Une sorte de "normalisation" de ces influx semble se restaurer. Ceci s'explique par la simple compression, directe (articulation contre nerf) ou indirecte (muscles adjacent hypertoniques contre nerf) ayant subi un changement mécanique rapide. Une fois décomprimé, le tissu nerveux est à nouveau pleinement fonctionnel, la configuration des tissus adjacent au nerf ayant été modifiée. On parle principalement ici de la zone d'émanation du nerf entre les vertèbres, nommée foramen inter-vertébral.

Pour les membres supérieurs et inférieurs

De même, lorsqu'une structure comme l'articulation ulno-radial (coude) se retrouve partiellement déplacée ou réduite en mobilité, le nerf radial peut subir une compression induite par le radius lui-même ou induite par l'hyper-tonicité des muscles environnants, réduisant ainsi ses fonctions sensorielles ou motrices. Une manipulation spécifique sur le radius aura l'effet de décomprimer le nerf incriminé, les effets sensoriels ou moteurs seront alors modifiés, soit instantanément soit sur une période allant jusqu'à 76 heures.

Un chiropracteur prodiguant un ajustement de vertèbre thoracique D8 selon un vecteur postéro-antérieur.

Manipulations spécifiques

Le Pr Maigne, vertébrothérapeute français a consacré en 2003 un ouvrage[13] sur les différents modes de traitements manipulatifs catalogués sur plusieurs décennies.Pour les membres supérieurs et inférieurs, les techniques sont souvent très proches les unes des autres et consistent généralement à mobiliser la zone articulaire en question. Néanmoins, le diagnostic préalable peut différer d'une profession à l'autre, avec une palpation dans la plupart des cas corroborée par des tests musculaires tels que prodigués en kinésiologie appliquée, ou à l'aide de micro mobilisations du tissu conjonctif adjacent comme en Rolfing ou bien en fasciathérapie.

Un grand nombre de manipulations (rachis, bassin ou membres périphériques confondus) s'opèrent par contact manuel direct de la part du praticien sur l'articulation à traiter puis, en infligeant un vecteur spécifique de mouvement, celui-ci exerce un mouvement bref et rapide de la main ou du coude sur la zone contactée.

Manipulations générales du rachis

Pour les manipulations des structures axiales, différentes approches existent dans les diverses professions de santé aujourd'hui. En ostéopathie notamment, certains mouvements correctifs visent à porter au rachis une manipulation généralisée sur l'ensemble de la colonne[14].

Instruments et outils d'ajustements articulaires

Bon nombre d'outils correctifs ont vu le jour dès le début du XXe siècle, notamment par le biais de la chiropractie :

MĂ©thode Thompson

Les années 1950 virent apparaître aux États-Unis une table d'examen munie de drops, sorte de pièce intégrée à la table conçue pour s'abaisser soudainement lors d'un vecteur de force exercé sur la colonne du patient. Le Dr Thompson[15], chiropracteur du Minnesota en fut le concepteur, aidant ainsi à opérer une manipulation sans force, avec des résultats équivalents.

Microajustements des hautes cervicales

De nombreuses techniques, toujours en chiropractie apparurent au milieu du XXe siècle parmi lesquelles Atlas Orthogonal[16], un outil à vecteur spécifique délivrant une force mécanique très faible sur le processus transverse de l'Atlas, une impulsion mécanique spécifique censée modifier la perception de l'organisme en regard de la structure percutée.

Les outils impulsionnels

L'outil Activator (en) fut, dès les années 1980 l'un des plus populaires tant en ostéopathie qu'en chiropraxie. Ce dernier partant du principe qu'une impulsion rapide d'une vibration mécanique pourrait modifier une perception neuro-sensorielle des articulations à remanier, changeant alors les tonicités des muscles environnants et favorisant ainsi le bon rétablissement articulaire de la zone en question.

La structure gouverne la fonction

Daniel David Palmer, fondateur de la chiropractie, eu dès 1895 cette vision très vitaliste de la santé en énonçant : « La structure gouverne la fonction » : cette généralisation des causes des pathologies est univoque et prédit que si les structures (articulaires notamment) ne sont pas en plein état de mobilité, des conséquences et des déséquilibres peuvent survenir dans l'organisme, conduisant à toute forme de maladies ou désordres vitaux.

Les symptômes traités par les manipulations

Troubles musculosqueletiques

Comme précédemment évoqués, les traitements manipulatoires sont prodigués et souvent indiqués dans les cas de sciatalgies, douleurs lombaires, cervicalgies, névralgies cervicobrachiales, dorsalgies, déplacements costaux, doulerus articulaires périphériques, etc.

Désordres et pathologies viscérales

Outre les problèmes musculosqueletiques, et souvent dans une moindre mesure, certains praticiens revendiquent des bienfaits pour des problèmes cliniques dits "systémiques", qui ont attrait à des symptômes d'ordre viscéral comme : troubles digestifs, colites, gastrites, troubles hormonaux, troubles respiratoires.

Une étude de 1999[17] portant sur une cohorte de 1500 patients rapporta 25% d'amélioration sur un problème systémique (tout type de conditions cliniques viscérales confondues) après l'intervention d'un chiropracteur la semaine précédente l'évaluation de l'étude.

DĂ©pression, audition, et autres organes sensoriels

Le fondateur de la chiropractie fit sa première manipulation sur un patient souffrant d'une surdité aigüe, survenue après un effort physique brusque. Plusieurs séances correctives de divers segments vertébraux firent recouvrer l'audition à ce jeune patient dont le cas rendit célèbre la profession.

Des cas cliniques de troubles visuels, de changements d'état de santé mentale ont été rapportés tout au long du siècle dernier, comme l'atteste une étude psychiatrique américaine de 2002[18]

La carte méric

Propre à la chiropractie, une "carte géographique" a été établie mettant en correspondance segments vertébraux et pathologies diverses (musculo squeletiques ou viscérales) pouvant survenir lorsqu'une subluxation ou un dysfonctionnement articulaire sur les vertèbres en question serait avéré. Cette carte Méric[19] a longtemps fait office de vérité clinique, mais les réalités physiologiques sont parfois plus complexes, et un nerf comprimé près d’une vertèbre D4, par exemple, n'induit pas automatiquement un dysfonctionnement de la vésicule biliaire, dans ce cas précis.

Les manipulations chez les animaux

  • Les chevaux sont les premiers animaux Ă  bĂ©nĂ©ficier des manipulations ostĂ©opathiques dans le monde. Souvent pour des problèmes de positionnement de bassin, mais aussi de vertèbres dorsales, les corrections articulaires dans le milieu Ă©questre peut parfois reprĂ©senter des enjeux financiers certains, notamment dans le cadre des courses hippiques.
  • Les chiens Ă©galement font partie des animaux pouvant bĂ©nĂ©ficier de traitements manipulatoires.

Les Ă©tudes scientifiques sur le sujet

Études corroborantes

Les études abondant dans le sens des changements bénéfiques pour l'organisme à la suite des manipulations sont nombreuses. On pourrait citer encore ici une étude parue en 1987[20] sur les effets positifs des corrections articulaires sur des lombalgies aigües.

Études critiques

Nombreuses études ont été menées au cours des 50 dernières années sur les effets indésirables des manipulations. Parfois menées par des universités liées de près ou de loin à l'industrie pharmaceutique, américaine notamment, des études comme celle menée en 1995[21] par la revue spécialisée Neurology montrent les effets secondaires suivant un ajustement chiropratique tels que : myélopathies, névralgies ou encore AVC.

Les AVC sont souvent évoqués dans le cas des manipulations cervicales en général, comme le rapporte cette autre étude de 1999[22] parue dans Journal of Neurology

Dangers et contre-indications

Le risque d' AVC

Considéré depuis longtemps comme le risque clinique majeur des manipulations articulaires en général, l'AVC survient en de très rares occasions. Des études comme celle produite par l' International Journal of Clinical Practice aux Etats-Unis en 2012[23] révèle le caractère véloce des manipulations de la nuque pour qu'un risque d'ischémie cérébrale puisse survenir.

Risque d'AVC due à l'anatomie des vertèbres

De par la structure même des vertèbres cervicales, un risque non nul est présent quant à la possibilité d'un déchirement du tissu artériel passant au travers des vertèbres: les artères vertébrales passent en effet au travers du processus transverse de chaque vertèbre, jusqu'à l'axis inclus. Une torsion ou extension soudaine de celles-ci lors d'une manipulation pourrait endommager l'artère de façon irréversible, engendrant alors une ischémie cérébrale.

Une étude datant de 1992 et relevée par certains sites internet américains spécialisés note le caractère non exceptionnel, mais néanmoins peu fréquent des problèmes circulatoires survenus après des manipulations vertébrales, allant d'un accident ischémique transitoire à un AVC à proprement parler.

Les hernies discales

Les manipulations lombaires ou cervicales peuvent être à risque si une hernie discale est présente sur l’étage vertébral traité : en pratiquant une rotation ou une flexion latérale soudaine, l'état discal peut se retrouver soudainement aggravé.

L'auto-manipulation vertébrale

Il n'est pas rare de voir des personnes procéder à des craquements articulaires, sur les extrémités (mains, pieds) ou même sur les cervicales (flexions latéral forcées). Ces actes auto-produits ne sont pas sans conséquence sur le long terme :

Arthrose

Dans des cas chroniques d'auto-manipulations, lorsque les manœuvres sont répétées quotidiennement, peut s'installer une forme d'arthrose sur les articulations mobilisées. Les mains et la nuque sont les zones où les articulations sont principalement touchées.

Hyperlaxité

Dans les mêmes cas de mobilisations répétées voire quotidiennes, les ligaments censés maintenir la solidarité articulaire peuvent se retrouver élongués, voire partiellement détruits. Le tissu articulaire devient alors hyperlaxe, favorisant ainsi les luxations, dans les cas les plus avérés.

Praticiens habilités ou non

En médecine

Tout médecin est, d'après l'ordre national des médecins, de facto habilité à procéder à des manipulations articulaires sur l'intégralité de l'organisme. Cependant les formations à cette pratique sont très peu dispensées dans les facultés médicales françaises.

Masseurs-kinésithérapeutes

Tout professionnel de santé appartenant à l'ordre des MKDE est autorisé à procéder à des manipulations, à condition que celles-ci soit administrées de manière non forcées[24]. Ainsi, suivant la définition décrite dans l'introduction de cet article, toute manipulation constituée de mouvements de rotation appuyés et prolongés sur les articulations est légalement proscrite dans le cadre de l'exercice normal des Masseurs-kinésithérapeutes.

Chiropracteurs, Ostéopathes

À la suite du décret n°2011-32 du relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie[25], tout chiropracteur est habilité à exercer de plein droit les actes de manipulations, sur le rachis notamment, sans que leur soit imposé une indication médicale préalable.

Les ostéopathes en revanche doivent légalement être en mesure de justifier médicalement la nécessité de manipulations pour ce qui est de la zone cervicale uniquement. Le reste du rachis étant légalement autorisé en tant qu'acte thérapeutique de première instance. Le décret les concernant, publié en 2007 reste applicable jusqu'à aujourd'hui[26].

Autres praticiens

Tout autre praticien de santé non conventionnelle ne bénéficie pas de cadre légal pour la pratique des manipulations, et s'exposent à des sanctions civiles, voire parfois pénales pour exercice illégal de la médecine.

Notes et références

  1. (en) « Manipulation- definition »
  2. (en) Wania A. Partata, Adriane Belló-Klein, Jessica A. Souza et Ana Paula K. Riffel, « Spinal Manipulation Therapy Improves Tactile Allodynia and Peripheral Nerve Functionality and Modulates Blood Oxidative Stress Markers in Rats Exposed to Knee-Joint Immobilization », Journal of Manipulative & Physiological Therapeutics, vol. 0, no 0,‎ (ISSN 0161-4754 et 1532-6586, PMID 31371096, DOI 10.1016/j.jmpt.2018.11.023, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) « Physical Therapists are Movement Specialists: Let's Start Acting Like It », sur The Student Physical Therapist (consulté le )
  4. Éditions Larousse, « Définitions : discopathie - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le )
  5. « Manipulations vertébrales », sur spiralconnect.univ-lyon1.fr (consulté le )
  6. (en) « (PDF) Neuro-Endocrine Response Following a Thoracic Spinal Manipulation in Healthy Men », sur ResearchGate (consulté le )
  7. Robert Cooperstein, Anthony Lisi et Andrew Burd, « Chiropractic Management of Pubic Symphysis Shear Dysfunction in a Patient With Overactive Bladder », Journal of Chiropractic Medicine, vol. 13, no 2,‎ , p. 81–89 (ISSN 1556-3707, PMID 25685115, PMCID 4322015, DOI 10.1016/j.jcm.2014.06.003, lire en ligne, consulté le )
  8. Philippe Vautravers, Jehan Lecocq, Jean-Louis Garcia et Jean-Yves Maigne, « Manipulations du rachis (ostéopathie) », /data/traites/ki/26-28976/ (ISSN 1283-0887, consulté le ).
  9. (en) J. K. Paterson et L. Burn, An Introduction to Medical Manipulation, Springer Science & Business Media, , 198 p. (ISBN 978-94-011-7840-2, lire en ligne).
  10. (en) Leon Chaitow, Cranial Manipulation : Theory and Practice : Osseous and Soft Tissue Approaches, Elsevier Health Sciences, , 421 p. (ISBN 978-0-443-07449-3, lire en ligne)
  11. « craniopathy », dans The Free Dictionary (lire en ligne)
  12. (en) « Neurologic Effects of the Adjustment »
  13. VAUTRAVERS P, MAIGNE JY, Mode d'action des manipulations vertébrales, Paris, Rev Rhum, , 719 p. (Gaston Tissandier), Rev
  14. « Ostéopathie structurelle : lift lombo-sacré avec patient debout » (consulté le )
  15. (en-US) « Thompson Technique - Chiropractic Techniques », sur Chiropractic Economics, (consulté le )
  16. (en) « Why it works », sur Atlas Orthogonal (consulté le )
  17. Charlotte Leboeuf-Yde, Iben Axén, Gregers Ahlefeldt et Per Lidefelt, « The types and frequencies of improved nonmuskuloskeletal symptoms reported after chiropractic spinal manipulative therapy », Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, vol. 22, no 9,‎ , p. 559–564 (ISSN 0161-4754, DOI 10.1016/S0161-4754(99)70014-X, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Ravinder Mamtani et Andrea Cimino, « A Primer of Complementary and Alternative Medicine and Its Relevance in the Treatment of Mental Health Problems », Psychiatric Quarterly, vol. 73, no 4,‎ , p. 367–381 (ISSN 1573-6709, DOI 10.1023/A:1020472218839, lire en ligne, consulté le )
  19. « La chiropractie c'est quoi? - R. PEISSEL, DC - chiropracteur à Toulouse », sur Chiropractie Toulouse (consulté le )
  20. S. Stinnett, D. B. Gillings, P. Curtis et N. M. Hadler, « A benefit of spinal manipulation as adjunctive therapy for acute low-back pain: a stratified controlled trial. », Spine, vol. 12, no 7,‎ , p. 702–706 (ISSN 0362-2436, PMID 2961085, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Gregory W. Albers, Georges F. McCormick, Walter G. Cslini et K. Philip Lee, « Neurologic complications following chiropractic manipulation: A survey of California neurologists », Neurology, vol. 45, no 6,‎ , p. 1213–1215 (ISSN 0028-3878 et 1526-632X, PMID 7783892, DOI 10.1212/WNL.45.6.1213, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) A. Hufnagel, Alexander Hammers, Paul-Walter Schönle et Klaus-Dieter Böhm, « Stroke following chiropractic manipulation of the cervical spine », Journal of Neurology, vol. 246, no 8,‎ , p. 683–688 (ISSN 1432-1459, DOI 10.1007/s004150050432, lire en ligne, consulté le )
  23. M J Haynes, K Vincent, C Fischhoff et A P Bremner, « Assessing the risk of stroke from neck manipulation: a systematic review », International Journal of Clinical Practice, vol. 66, no 10,‎ , p. 940–947 (ISSN 1368-5031, PMID 22994328, PMCID 3506737, DOI 10.1111/j.1742-1241.2012.03004.x, lire en ligne, consulté le )
  24. « LES KINESITHERAPEUTES SONT AUTORISES A PRATIQUER LES MANIPULATIONS, MAIS PAS LES MANŒUVRES DE FORCE », sur http://rhone.ordremk.fr
  25. Décret n° 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie, (lire en ligne)
  26. Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de l'ostéopathie (lire en ligne)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.