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Madame Breton

Madame Breton, aussi appelée Madame Le Breton (née à Vienne le - morte à Fontainebleau le ), est une photographe autrichienne, active dans les années 1850 et 1860 à Rouen et Paris. Elle est la deuxième femme membre de la Société française de photographie.

Madame Breton
Biographie
Naissance
Décès
(à 85 ans)
Fontainebleau
Autres noms
Mme Breton, S. Breton, Stéphanie Breton, Françoise Romaine Stéphanie Breton, Mme Le Breton
Domiciles
Vienne (à partir de ), Rouen (-), Paris (), Fontainebleau (-)
Activité
Période d'activité

Biographie

Madame Breton naît le , sous le nom de Franziska Romana Breton, dans la paroisse Sankt-Augustin à Vienne[1]. Elle est la fille de Jean Breton et de Catherine Steinbreckein[2]. En 1828, installée à Rouen comme couturière, elle met au monde une enfant naturelle, prénommée Françoise Alexandrine, qui meurt deux semaines plus tard[3]. Sur les actes d'état civil, elle déclare désormais s'appeler Françoise Romaine Stéphanie Breton.

Ce n’est qu’en 1857[4] - [5] qu’elle apparaît comme photographe, sous le nom de Madame Breton[Note 1] (ou parfois Le Breton[6]). Elle est alors la deuxième femme à adhérer à la Société française de photographie, après Louise Leghait en 1856[7] - [8], et avant Louise Laffon en 1864[9].

Elle est installée au 128, rue des Charrettes, à Rouen[10]. À cette adresse[Note 2] vit Pierre Prosper Alexandre Quibel, courtier d'assurances[11], qu'elle épousera plus tard, en 1869[2]. Avant cette date, on ne connaît pas la nature de leur relation. Pierre Quibel est un notable rouennais, adjoint au maire de la ville[12] et chevalier de la Légion d'honneur[13].

En 1861, Madame Breton participe à la troisième exposition de la SFP. Si la presse souligne « la délicatesse de son goût dans les Tombeaux des cardinaux d'Amboise », il lui est aussi conseillé de s'inspirer des photographes anglais et de « renoncer à ajouter des ciels sur les clichés »[14]. L'année suivante, elle est récompensée d'une mention honorable à l'issue de l'exposition universelle de Londres[15]. Dans le British Journal of Photography, ses travaux – des paysages et vues d'architecture, à Saint-Jean-de-Luz, Bilbao, ou encore dans les Pyrénées – sont jugés aptes « à rendre les hommes envieux (to make the men envious) », et sa maîtrise technique remarquée[16].

Vers 1864, son adresse professionnelle devient le 3, rue du Clos-Thirel[17] - [18] à Rouen. Sa participation à l'exposition universelle de Paris en 1867 lui vaut à nouveau une mention honorable[19]. Après quoi sa carrière de photographe semble s'arrêter. En janvier 1869, elle est néanmoins toujours membre de la SFP, à laquelle elle offre différentes épreuves sur papier[20]. En septembre, son mariage avec Pierre Quibel est célébré à Paris – où ils vivent respectivement rue Lepic et rue des Acacias – alors qu’elle a déjà soixante et un ans et lui soixante et onze. Le couple s’établit peu après à Fontainebleau[Note 3].

Lors de la séance du de la Société de géographie, la candidature de Madame Breton est présentée[Note 4] par les géographes Charles Maunoir et Victor Adolphe Malte-Brun, respectivement secrétaire général de la société et ancien secrétaire[21]. Elle est acceptée comme membre lors de la séance du [22].

Pierre Quibel meurt à Fontainebleau en 1886[23]. Madame Breton, son héritière[Note 5], y demeure jusqu’à sa mort, en août 1895[24]. Quelques mois plus tard, sa succession donne lieu à une bataille judiciaire auprès du tribunal civil de Fontainebleau, puis de la cour d'appel de Paris, de nombreux prétendants et prétendantes à l'héritage produisant des testaments olographes déposés chez différents notaires[25]. Ironie du sort, l'affaire aboutit à un arrêté autorisant la possibilité de faire photographier les pièces d'un dossier à des fins d'examen, dans une procédure civile[26] - [27].

Collections

Exposition

Notes et références

Notes

  1. Elle signe ses clichés « S. Breton », mais « F. R. Breton » au bas de son acte de mariage.
  2. Il apparaît à cette adresse dans l’Almanach de Rouen, éditions 1853 à 1869.
  3. Ils apparaissent rue Grande à Fontainebleau dans le recensement de 1872.
  4. Sous le nom de Mme F. R. Quibel.
  5. cf. les tables des successions de la ville de Fontainebleau
  6. Il s'agit de quatre vues du musée des Antiquités de Rouen, signées « S. Breton Â» et enregistrées sous le nom de Bretony.

Références

  1. « Taufbuch - 01-05, St. Augustin, Wien/Niederösterreich (Osten): Rk. Erzdiözese Wien, Österreich (page 86) », sur data.matricula-online.eu (consulté le )
  2. Acte de mariage no 1091 de Pierre Prosper Alexandre Quibel et Françoise Romaine Breton, 29 septembre 1869, Paris, 18e arrondissement, Archives de Paris
  3. Acte de naissance no 687, du 27 mars 1828, Rouen ; acte de décès no 13, 11 avril 1828, Fresne-le-Plan. Archives départementales de la Seine-Maritime
  4. Guy Pessiot (préf. Daniel Lavallée), Histoire de Rouen : 1850-1900 en 500 photographies avant l'apparition de la carte postale, Rouen, Éditions PTC, (ISBN 978-2-906258-85-3, lire en ligne), p. 5.
  5. Jean-Jacques Henry, Photographie : les débuts en Normandie, Le Havre, Maison de la culture du Havre, , 104 p. (ISBN 2-904836-23-3).
  6. Musée Despiau-Wlérick, La Femme artiste: d’Élisabeth Vigée-Lebrun à Rosa Bonheur : [exposition], Donjon Lacataye, Mont-de-Marsan, novembre 1981-février 1982, Musée Despiau-Wlérick, (lire en ligne)
  7. Hélène Bocard, « Louise Leghait », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 37.
  8. Bulletin de la Société française de photographie, Paris, Société française de photographie, (lire en ligne), p. 325.
  9. « Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1919 | Musée de l'Orangerie », sur www.musee-orangerie.fr (consulté le ).
  10. Catalogue de la cinquième exposition de la Société française de photographie, Paris, Imprimerie de Mallet-Bachelier, 1863, p. 12
  11. « Actes officiels », sur Gallica, Gazette de l'industrie et du commerce, (consulté le ), p. 2.
  12. Société libre d'émulation de la Seine-Maritime, « Séance publique du 6 juin 1854 », sur Gallica, Bulletin de la Société libre d'émulation de Rouen, (consulté le ), p. 8.
  13. « Cote LH/2249/3 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  14. Philippe Burty, « La photographie en 1861 », sur Gallica, Gazette des beaux-arts : courrier européen de l'art et de la curiosité, (consulté le ), p. 244
  15. « Mention honorable », sur Gallica, La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences, (consulté le ), p. 54
  16. (en) The British Journal of Photography, London, H. Greenwood, (lire en ligne), p. 232.
  17. Liste des œuvres de Madame Breton conservées à la SFP
  18. Henri de la Blanchère, Répertoire encyclopédique de photographie : comprenant par ordre alphabétique tout ce qui a paru et paraît en France et à l'étranger depuis la découverte par Niepce et Daguerre de l'art d'imprimer au moyen de la lumière… Année 1866, t. VI, 1862-1866 (lire en ligne)
    Non paginé. Vue 511 sur Gallica
  19. Société française de photographie, Bulletin de la Société française de photographie, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne), p. 194
  20. Société française de photographie, Bulletin de la Société française de photographie, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne), p. 6.
  21. Bulletin de la Société de géographie, sixième série, tome dix-neuvième, année 1880, janvier-juin, Paris, Delagrave, (lire en ligne), p. 479 ; 574.
  22. Société de géographie, Liste des membres : au , Paris, Société de géographie, (lire en ligne), p. 84
  23. Acte de décès no 256, du 15 novembre 1886, Fontainebleau, Archives de Seine-et-Marne
  24. Acte de décès no 193, du 11 août 1895, Fontainebleau, Archives de Seine-et-Marne
  25. « Cour d'appel de Paris (1re ch.) », sur Gallica, Le Droit : journal des tribunaux, (consulté le ), p. 1.
  26. « no 9545. Testament », sur Gallica, Revue du notariat et de l'enregistrement, Paris, Marchal et Billard, (consulté le ) : « Lorsque plusieurs testaments olographes d'une même personne, déposés pour minutes dans les études de divers notaires, sont attaqués comme n'émanant pas du testateur lui-même, cette action implique, par sa nature, une vérification et un examen comparatif autorisant l'apport par les notaires et le dépôt au greffe du tribunal de tous les testaments litigieux. En pareil cas, rien n'interdit au juge de permettre aux parties de faire photographier ces actes, pour en aider et faciliter l'examen préalable. », p. 215.
  27. « Art. 3293 », sur Gallica, Recueil périodique de législation, de doctrine et de jurisprudence en matière de procédure civile, commerciale, criminelle et administrative, Paris, A. Rousseau, (consulté le ), p. 503.

Annexes

Bibliographie

  • Guy Pessiot, Rouen photos inédites, t. 3, Rouen, éditions des Falaises, , 288 p. (ISBN 978-2-84811-484-2, présentation en ligne), « Du nouveau sur Madame Breton : une Rouennaise parmi les premières femmes photographes en France », p. 18-29
  • Guy Pessiot, « Découvertes sur Mme Breton, la première femme française photographe », Études normandes, no 16,‎ , p. 74-78 (ISSN 0014-2158)

Articles connexes

Liens externes

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