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Luqman (sourate)

Luqman (arabe : Ù„Ù‚Ù…Ű§Ù†, français : Luqman (parfois orthographiĂ© Loqman) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 31e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 34 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.

31e sourate du Coran
Luqman
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original Ù„Ù‚Ù…Ű§Ù†, Luqman
Titre français Luqman
Ordre traditionnel 31e sourate
Ordre chronologique 57e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 34
Nombre de subdivisions (rukus) 0
Nombre de prosternations 0
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă  cette sourate Loqman[2], nom d'un sage dont parle cette sourate et citĂ© pour la premiĂšre fois au verset 12 : « 12. Nous avons effectivement donnĂ© Ă  Luqman la sagesse : “Sois reconnaissant Ă  Allah, car quiconque est reconnaissant, n’est reconnaissant que pour soi-mĂȘme ; quant Ă  celui qui est ingrat... En vĂ©ritĂ©, Allah se dispense de tout, et Il est digne de louange”. ». Le titre provient donc de la pĂ©ricope centrale de cette sourate (v.12-19)[3].

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[4] - [5], cette sourate occupe la 57e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[8] - [9], pour qui cette sourate est la 82e.

Cette sourate est marquĂ©e par son hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©. Pour Angelika Neuwirth[Note 1], elle appartiendrait Ă  la derniĂšre pĂ©riode mecquoise. Pour Bell, cette sourate est composĂ©e d’élĂ©ments sĂ©parĂ©s rassemblĂ©s et il y voit de nombreux ajouts mĂ©dinois. Ce pourrait ĂȘtre le cas de l’histoire centrale de la sourate, celle du sage Luqman. Pour Jan Van Reeth, ce pourrait plutĂŽt ĂȘtre l’inverse avec une histoire de Luqman originelle, englobĂ©e par une sĂ©rie de textes plus petits[3].

Interprétations

Cette sourate appartient au groupe des sourates 27 Ă  36 qui se trouvent presque au milieu du Coran. HĂ©tĂ©rogĂšne, en particulier en raison de leur style concis et allusif, cet ensemble se compose principalement d’histoire de prophĂštes et de prescription en lien avec les fins derniĂšres. Elles ne sont pourtant qu’allusives, ce qui appuie l’hypothĂšse selon laquelle le Coran est construit comme un commentaire midrashiques de textes bibliques connus de la communautĂ© recevant cet enseignement[10].

Versets 12-19 : La sagesse de Luqman

Ce personnage lĂ©gendaire est impossible Ă  situer historiquement. Des hypothĂšses faibles associaient ce personnage Ă  Balaam et Ă  Elchasai. Il pourrait provenir de la littĂ©rature sapientiale proche-orientale, mĂ©sopotamien, probablement lakhmide. Cette histoire est formĂ©e de la fusion de traditions arabes et syriaques. La tradition musulmane post-coranique y adjoindra mĂȘme des Ă©lĂ©ments de rĂ©cit Ă©trusque[3].

Luqman pourrait ainsi ĂȘtre identifiĂ© au philosophe AlcmĂ©on de Crotone. Comme dans le Coran, dans le Peri physeĂŽs, AlcmĂ©on s’adresse Ă  un disciple par « O mon fils ». L’unicitĂ© divine et le fait que Dieu se suffise Ă  lui-mĂȘme auraient Ă©tĂ© dĂ©fendus, selon les PĂšres de l’Église, par les philosophes grecs comme AlcmĂ©on. Plusieurs Ă©chos aux enseignements d’AlcmĂ©on se trouvent dans cet extrait du Coran[3].

Au centre du passage se retrouve une Ă©vocation de la parabole Ă©vangĂ©lique du grain de sĂ©nĂ©vĂ©. Elle a subi des influences des apocryphes et probablement du Diatessaron. Il est possible de conclure que l’histoire de Luqman dans le Coran provient de sources chrĂ©tiennes. Elle est donc un amalgame de rĂ©cits juifs, chrĂ©tiens et grecs, peut-ĂȘtre existant dĂšs l’époque prĂ©islamique[3].


  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • J. Van Reeth, "Sourate 31", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1097 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. (en) « Le Coran/Sourate 31 : Luqman - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  3. J. Van Reeth, "Sourate 31", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1097 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  5. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
  6. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  10. J. Van Reeth, « Introduction aux sourates 27-36 », Le Coran des historiens, 2019, p. 976.
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