Lucien Jacob (résistant)
Lucien Jacob, né le à Bisping et guillotiné le à la prison Roter Ochse de Halle-an-der-Saale , est le chef d'un groupe de résistants français bateliers du Rhin.
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(Ă 40 ans) Halle-sur-Saale |
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Biographie
Lucien Jacob est le fil d'un batelier d'Offendorf.
Il commence sa scolarité à l'école communale d'Offedorf jusqu'à la mort de sa mère en 1909 . Puis il est scolarisé à Strasbourg. À partir de 1915, il apprend la batelerie avec son père[1] - [2].
Le , il commence son service militaire au 10e régiment du génie à Toul. Le , lors d'une mission avec les troupes d'occupation de la Sarre, il déserte[1].
Il travaille en Allemagne de 1923 à 1928. Puis il rentre en France où il se présente aux autorités militaires. Le tribunal militaire de Nancy le condamne à 6 mois de prison avec sursis. Il est libéré de ses obligations militaires le [1] - [2].
À sa libération, il travaille, jusqu'en 1938, pour la compagnie de navigation suisse, le Comptoir rhénan qui lui confit la responsabilité d'un remorqueur[3].
Après l'armistice du 22 juin 1940 et l'annexion de fait de l'Alsace, sa compagnie lui confie la responsabilité de la péniche Mont Blanc III. À partir de , il est autorisé, par les autorités allemandes, à effectuer des trajets sur le Rhin[3].
RĂ©sistance
Au cours de ses voyages, régulièrement, il pénètre de quelques centaines de mètres en territoire suisse pour décharger sa cargaison pendant que son épouse fait des courses à Bâle au grand magasin Rheinhafen (« Au Port-du-Rhin »). En , par l'intermédiaire de son épouse, la propriétaire de ce commerce, madame Schneider, lui demande de passer au magasin pour récupérer une lettre de son cousin batelier, Otto Fortran, évadé d'Alsace et réfugié en zone non-occupée où il travaille pour des services de renseignement. Le soir même, Lucien Jacob contacte madame Schneider qui lui demande de lui communiquer ce qui se passe en Allemagne et en Alsace. Elle le met en contact avec un agent anglais qu'il rencontre à plusieurs reprises[2].
Lucien Jacob surveille les installations allemandes le long du Rhin et transmet les informations à madame Schneider. Il porte une attention particulière aux installations du port du Rhin à Strasbourg et aux effets des bombardements sur Sarrebruck.
En , il recrute Emile Wendling, lui-même batelier, pour l'aider dans cette activité clandestine. Ce dernier se rend régulièrement à Volklingen près de Sarrebruck pour effectuer des livraisons. Il peut donc réunir tous les renseignements sur les effets des bombardements alliés sur la région (nombre de maisons détruites, impact psychologique, moyens de défense antiaériennes…). À la mi-septembre, il remet un rapport détaillé à Lucien Jacob[2].
Lucien Jacob entre aussi en contact avec le chauffagiste Joseph-Louis Metzger à qui il demande des renseignements sur les flux ferroviaires de la région de Saint-Louis.
Il recrute aussi Charles Lieby, lui aussi batelier. Durant la deuxième quinzaine du mois d', ce dernier est chargé de transmettre les renseignements à madame Schneider en Suisse. Parmi les documents se trouve des listes d'espions allemands envoyés en zone libre. Elles sont fournis par Georgette Schenck la nièce de Lucien Jacob. Elle travaille comme sténo-dactylo au service des laissez-passer. À son retour en Alsace, Charles Lieby rapporte une dizaine de revues intitulées Neptune, La France libre et Le Courrier de l'air[1] - [2].
Arrestation, jugement
Le , à la suite d'une dénonciation, Lucien Jacob est arrêté au Port du Rhin à Strasbourg en même temps que Charles Lieby, Joseph-Louis Metzger, Emile Wendling, Berthe Schenck, sa sœur, et Georgette Schenck. Il est incarcéré à la prison d'Offenburg puis transféré à la prison de Alt Moabit de Berlin[1].
Les 26 et , le groupe comparait, pour espionnage, devant le 4e Sénat du Reichskriegsgericht, présidé par le juge Biron. Lucien Jacob, comme les trois autres bateliers, est condamné à la peine de mort pour « intelligence avec l'ennemi et haute trahison »[4], ainsi qu'au paiement de 800 Reichsmarks et 40 Francs suisses devant servir à récompenser le ou les dénonciateurs. Le , le recours en grâce est rejeté[1] - [2] - [3].
Le , il est guillotiné par le bourreau Ernst Reindel, à la prison Roter Ochse (de) de Halle-an-der-Saale en même temps que ses trois camarades[3].
Il est incinéré le . Le , l'urne est déposée au cimetière Sainte-Gertrude. Elle est détruite lors d'un bombardement[1] - [2] - [3].
Notes et références
- Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés : résistants et héros inconnus, 1940-1945, (ISBN 978-2-7491-2009-6 et 2-7491-2009-8, OCLC 896816152, lire en ligne)
- Léon Strauss et Eric Le Normand et Christophe Clavel, Association pour l'Etude de la Résistance en Alsace (AERIA) (ill. Christophe Merle), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne)
- « JACOB Lucien - Maitron », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le )
- Pour les nazis, les Alsaciens sont considérés comme étant Allemands. Leur région est annexée de fait au début de la guerre et les résistants alsaciens sont considérés comme des traitres.
Voir aussi
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
- Léon Strauss et Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Lucien Jacob », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9).
- Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés: Résistants et héros inconnus 1939-1945, Le Cherche midi, (ISBN 9782749120676, lire en ligne), « Jacob Lucien ».
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Léon Strauss, « Jacob Lucien », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le ).