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Lucie Valore

Lucie Valore, pseudonyme de Lucie Veau, née à Angoulême le et morte à Paris le [1], est une artiste peintre et graveur (aquafortiste et lithographe) française.

Lucie Valore
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Genre artistique

Biographie

Lucie Valore, comédienne

Cimetière Saint-Vincent, tombe de Maurice Utrillo et Lucie Valore.

Lucie Veau naît à Angoulême en 1878 du mariage de Lucien Veau et de Catherine Pillorget. Sa rencontre de Joseph Bernaud, sculpteur parisien missionné à Angoulême pour la restauration de la façade d'une chapelle - elle est alors serveuse dans le bistrot où il prend ses repas quotidiens[2] - conduit à un mariage en 1901 à Paris où elle va vivre dorénavant (un enfant naît, Alice Fernande Bernaud, que Lucie Valore fait élever chez ses parents à Angoulême - beaucoup plus tard, Alice vivra quelque temps boulevard Flandrin avec sa mère), suivi d'un divorce en 1909. C'est à la Comédie-Française, où elle suit des cours d'art dramatique, que lui est suggéré le pseudonyme de Lucie Valore sous lequel elle est engagée par Paul Mounet[3].

Lucie Pauwels

Lucie Valore se remarie en 1915 avec Robert Pauwels, riche banquier belge issu d'une famille de mĂ©cènes et lui-mĂŞme collectionneur de tableaux[4], dont elle fit la connaissance au Théâtre royal du Parc de Bruxelles oĂą elle Ă©tait engagĂ©e comme actrice[5] tandis qu'il y Ă©tait abonnĂ©. C'est sous le nom de Lucie Pauwels qu'elle publiera en 1920, aux Éditions Oscar de Lamberty Ă  Bruxelles, son roman Françoise en Belgique - 1914-1918[6] que l'historienne Sophie De Schaepdrijver analyse comme autobiographique, Ă©voquant la vie de « Françoise d'AngoulĂŞme Â» en Belgique pendant les annĂ©es de guerre, avec les incessantes rĂ©quisitions des occupants allemands et un voyage de l'hĂ©roĂŻne en Hollande[7].

C'est après l'armistice de 1918 que Robert et Lucie Pauwels se partagent entre Bruxelles, le petit Domaine de la Doulce-France à Angoulême et leur appartement du boulevard Flandrin, dans le 16e arrondissement de Paris, fréquentant Montmartre où ils commencent à acheter des toiles à Suzanne Valadon et Maurice Utrillo, recevant ce dernier dans le cadre des après-midis littéraires qu'ils organisent dans leur salon du boulevard Flandrin[3]. C'est dans ce contexte que Maurice Utrillo se fait littérateur, versifiant ses hommages à la généreuse hôtesse, comme dans ce sonnet À Madame Lucie Pauwels daté du : « Combien de gratitude, ô je vous dois Madame – Pour vos dignes présents réconfortant mon âme, – Pour vos mille bontés, ineffables cadeaux, – Que pour me chérir peintre vous m'adressez à flots. »[8]

Madame Utrillo (Lucie Valore, peintre)

Les Valadon sont ainsi les plus chers amis du couple lorsque, emportĂ© par des crises d'urĂ©mie, Robert Pauwels meurt en 1933[9], offrant Ă  sa riche veuve de se faire encore plus Ă©troitement dame de compagnie et confidente de Suzanne Valadon. C'est devant les inquiĂ©tudes de cette dernière (« Qui s'occupera de mon fils après ma mort ? Â») que Lucie Valore lui dit ĂŞtre prĂŞte Ă  Ă©pouser Utrillo, perspective dont Suzanne Valadon s'amuse dans un premier temps pour ensuite l'encourager[10] : Jean-Paul Crespelle restitue que c'est bien plutĂ´t « pour empoisonner AndrĂ© Utter, qui la trompait et la nĂ©gligeait, que Suzanne Valadon avait favorisĂ© ce mariage. Elle savait qu'en acceptant le dĂ©part de Maurice, elle coupait la source des revenus de son mari »[11]. Le , Lucie Valore Ă©pouse Utrillo Ă  Paris 16e [12] (le mariage religieux est cĂ©lĂ©brĂ© le Ă  AngoulĂŞme par Monseigneur Palmer, aumĂ´nier de la famille royale d'Espagne, en l'Ă©glise Saint-Ausone[13]). Le couple demeure au Domaine de la Doulce-France Ă  AngoulĂŞme (situĂ© au 22, rue Basse-Montausier, aujourd'hui rue Maurice-Utrillo) durant les deux annĂ©es qui suivent le mariage, puis s'installe au VĂ©sinet, successivement au 27, route de la Plaine et au 18, route des Bouleaux (villa La bonne Lucie dont, lorsqu'elle commence Ă  peindre vers 1940 sur les conseils d'Utrillo, le mât constitue son atelier[14]).

Lucie joue alors un rôle dans la gestion des finances du couple et surveille son époux pour le faire travailler et éviter sa rechute dans l'alcoolisme. Elle s'initie à la peinture, encouragée par son mari et sa belle-mère, et peint des portraits, des paysages et des natures mortes, dans un style frais et relativement naïf, et vend une de ses propres toiles au marchand Paul Pétridès en même temps que chaque toile d'Utrillo : Fernand Mourlot, restituant une visite au Vésinet en compagnie de l'éditeur Joseph Forêt, confirme : « sa peinture était impossible, mais si vous désiriez acheter un Utrillo, il fallait que vous achetiez aussi un Lucie Valore »[15].

En 1963, huit ans après la mort de son mari, elle fonde l’Association Maurice-Utrillo qui gère un centre de documentation sur Utrillo, Suzanne Valadon, AndrĂ© Utter et Lucie Valore (correspondances, photographies, catalogues de ventes ...) et une bibliothèque de plus de 3 000 ouvrages d'histoire de l'art[16].

Lucie Valore meurt en 1965, laissant ses biens et ses droits sur les œuvres de Maurice Utrillo à Jean Fabris, ancien homme de radio devenu son secrétaire, et repose auprès de Maurice Utrillo au cimetière Saint-Vincent, seul un mur de pierre séparant leur sépulture de la rue des Saules et du Lapin Agile[17]. Une rue d'Angoulême porte aujourd'hui son nom.

Iconographie

  • Suzanne Valadon, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile 55x46 cm, 1937[18] - [19].
  • Maurice Utrillo, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile, 1939.
  • Kees van Dongen, Portrait de Lucie Valore, huile sur toile, 1947, collection particulière, Japon[20].

Contributions bibliophiliques

  • Jean Vertex, AmitiĂ©s de Montmartre, eaux-fortes originales de Bernard Lamotte, Pablo Picasso, Maurice Utrillo et Lucie Valore, quatre-vingt cinq exemplaires numĂ©rotĂ©s, typographie François Bernouard, Paris, 1949.
  • Jean Vertex (prĂ©face de Marcel AymĂ©), Le village inspirĂ© - Chronique de la Bohème de Montmartre (1920-1950), illustrĂ© de douze gouaches de Maurice Utrillo et de dessins de Lucie Valore, quatre cent quatre-vingt dix exemplaires numĂ©rotĂ©s dont quatre-vingt cinq exemplaires avec une suite en hors-texte de Suzanne Valadon, Max Jacob, Edmond HeuzĂ©, Marcel Leprin, Chas Laborde et Jules Pascin, Les Bibliophiles français, 1950.
  • AndrĂ© Maurois, Paris Capitale, dix lithographies originales de Maurice Utrillo avec culs-de-lampe de Lucie Valore, deux cent sept exemplaires numĂ©rotĂ©s, Éditions Joseph ForĂŞt, Paris, 1955.
  • Sacha Guitry, Pierre Benoit, AndrĂ© Maurois, Edmond HeuzĂ©, Fernand Crommelynck et Jean Cocteau, Maurice Utrillo V, lithographies originales de Maurice Utrillo, Suzanne Valadon et Lucie Valore (atelier Fernand Mourlot), deux cent-sept exemplaires numĂ©rotĂ©s, Joseph Foret, Paris, 1956.

Expositions

  • Lucie Valore, Galerie Bosc, Paris, .
  • Maurice Utrillo, Lucie Valore - Paysages, portraits, fleurs, Galerie d'art du Faubourg, Paris, 1946.
  • Maurice Utrillo - Lucie Valore, Galerie Paul PĂ©tridès, Paris, , janvier-[21].
  • Maurice Utrillo prĂ©sente les Ĺ“uvres de Lucie Valore, Galerie Paul PĂ©tridès, Paris, 1955.
  • Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, Lucie Valore - The personal collection of Mme Maurice Utrillo from the Utrillo home, « La bonne Lucie Â», Le VĂ©sinet, France, Hammer Galleries, New York, mai-.

RĂ©ception critique

  • « Probablement la dernière figure insolite de la Butte, Lucie Valore, crĂ©ature primitive, rusĂ©e et mĂ©galomane, durant vingt ans, "prolongea" la vie d'Utrillo, faisant de lui un petit bourgeois propret et parfaitement abruti, allant de son chevalet Ă  son prie-Dieu, peignant des rĂ©pliques de plus en plus indigentes des vues de la Butte auxquelles il devait sa gloire contre la promesse d'un verre de gros rouge coupĂ© d'eau. "Toute ma vie, durant vingt ans, n'a eu qu'un sens,dit-elle, garder Ă  la France l'un de ses fils les plus illustres". Robert Beachboard, AndrĂ© Warnod, Francis Carco ont racontĂ© les scènes tragi-comiques qui marquèrent les fiançailles et le mariage d'Utrillo, l'opposition d'AndrĂ© Utter furieux de voir s'envoler la poule aux Ĺ“ufs d'or, et l'enlèvement final du pauvre Maurice favorisĂ© par Suzanne Valadon ravie de jouer un bon tour Ă  son mari. Il faudra un jour Ă©crire l'histoire de Lucie Valore telle que la racontait Maurice de Vlaminck qui l'avait vu arriver Ă  Montmartre au temps de son mariage avec le financier belge Pauwels. » - Jean-Paul Crespelle[11]
  • « Natures mortes, portraits, paysages : des images en couleurs qui n'ont d'autres mĂ©rites que ceux attachĂ©s Ă  la personnalitĂ© complexe de la bonne Lucie qui Ă©pousa Utrillo en 1935. Des Ĺ“uvres qu'elle fit connaĂ®tre en imposant habilement leur prĂ©sence aux organisateurs des expositions Utrillo, habiletĂ© douteuse puisqu'une telle confrontation ne pouvait que souligner leurs faiblesses. » - GĂ©rald Schurr[22]

Collections publiques

France

États-Unis

Collections privées

  • Jean Fabris[25].
  • GĂ©rald Schurr, Portrait d'Utrillo, dessin de Lucie Valore Ă  la plume et au crayon, 1955[26].

Références

  1. Base LĂ©onore
  2. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
  3. Richard B. Brettel, Paul Hayes Tucker, Nathalie H. Lee, Nineteenth and Twentieth-Century paintings in the Robert Lehman Collection, Metropolitan Museum of Art/Princeton University Press, 2099
  4. Article Maurice Utrillo dans l'Encyclopédie Larousse.
  5. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001, page 1259.
  6. « Un roman qui Ă©tonne et dĂ©tonne : Françoise en Belgique -1914-1918 Â», 14-18, Archives et musĂ©e de la littĂ©rature, Bibliothèque royale de Belgique
  7. Sophie de Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Éditions P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles, 2004, page 248.
  8. Maurice Utrillo, « Ă€ Madame Lucie Pauwels, 14 avril 1925 Â», catalogue de livres, manuscrits anciens et modernes, Artcurial, 16 mai 2012
  9. Michel Peyramaure, Le temps des ivresses - tome 2 : Suzanne Valadon, Robert Laffont, 1998.
  10. Thérèse Diamand-Rosinsky, Suzanne Valadon, Flammarion, 2005.
  11. Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964.
  12. Mariage civil archives Paris (p. 28/31)
  13. Ville d'AngoulĂŞme, L'Ă©glise Saint-Auzone (sic)
  14. Société d'histoire du Vésinet, Lucie Valore
  15. Fernand Mourlot, GravĂ©s dans ma mĂ©moire, collection « VĂ©cu Â», Robert Laffont, 1979.
  16. Site officiel de Muarice Utrillo.
  17. « Maurice Utrillo, cimetière Saint-Vincent Â», Tombes et sĂ©pultures dans les cimetières de France et d'ailleurs
  18. Paul Pétridès, L'œuvre complet de Suzanne Valadon, Compagnie française des arts graphiques, Paris, 1971, tableau reproduit sous n°P465.
  19. Artcurial, Portrait de Lucie Valore par Suzanne Valadon, catalogue du 20 octobre 2007
  20. Jean Melas Kyriazi, Van Dongen après le fauvisme, Éditions Harmonies et Couleurs, Lausanne, 1976, tableau reproduit en page 81.
  21. Exposition Maurice Utrillo - Lucie Valore, Galerie Paul Pétridès, 1953, court-métrage. Source : YouTube ; durée 1'45"
  22. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  23. Centre Georges-Pompidou, La personne Lucie Valore
  24. Metropolitan Museum of Art, Lucie Valore dans les collections
  25. Marc-Arthur Kohn, commissaire-priseur, Catalogue de la collection Jean Fabris, cinquante-huit Ĺ“uvres de Lucie Valore, HĂ´tel Drouot, Paris, 1er juin 2016
  26. Exposition Visages d'artistes - Collection Gérald Schurr, Musée Courbet, Ornans, été 1984, n°60 du catalogue ; Exposition Portraits et autoportraits de la collection Gérald Schurr, centre culturel Arturo-Lopez, Neuilly-sur-Seine, avril-mai 1986, n°74 du catalogue ; Binoche, commissaire-priseur, Vente de la collection Gérald Schurr, Hôtel Drouot, Paris, 23 mai 2000, n°138 du catalogue.

Annexes

Bibliographie

  • Lucie Pauwels (Lucie Valore), Françoise en Belgique - 1914-1918, roman autobiographique, Oscar de Lamberty, Bruxelles, 1920.
  • Robert Coughlan, « The dark wine of genius - Maurice Utrillo Â», Life, (lire en ligne).
  • Jack Palmer White, Lucie Valore, Éditions Les GĂ©meaux, Paris, 1952.
  • Robert Beachboard, La TrinitĂ© maudite - Valadon, Utter, Utrillo, Amiot-Dumont, Paris, 1952.
  • Lucie Valore (prĂ©face de Paul Carrière), Maurice Utrillo, mon mari, Éditions Joseph ForĂŞt, Paris, 1956.
  • Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964.
  • Jean-Paul Crespelle, Utrillo, la bohème et l'ivresse Ă  Montmartre, Presses de la CitĂ©, 1970.
  • GĂ©rald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
  • Jean Fabris, Utrillo, sa vie, son Ĺ“uvre, Éditions FrĂ©dĂ©ric Birr, 1983.
  • Jean Fabris, Maurice Utrillo, folie ?, Éditions Galerie PĂ©tridès, 1992.
  • Michel Ragon, D'une berge Ă  l'autre - Pour mĂ©moire 1943-1953, Albin Michel, 1997.
  • Michel Peyramaure, Le temps des ivresses - tome 2 : Suzanne Valadon, Robert Laffont, 1998.
  • AndrĂ© Roussard, Dictionnaire des peintres Ă  Montmartre, Éditions AndrĂ© Roussard, 1999 (lire en ligne).
  • Emmanuel BĂ©nĂ©zit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, GrĂĽnd, 1999.
  • Micheline Dupray, Roland Dorgelès - Un siècle de vie littĂ©raire française, Albin Michel, 2000.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001 (lire en ligne).
  • Jeanne Champion, Suzanne Valadon, Librairie Arthème Fayard, 2004.
  • Sophie De Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Éditions P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles, 2004.
  • ThĂ©rèse Diamand-Rosinsky, Suzanne Valadon, Flammarion, 2005.
  • Richard R. Brettel, Paul Hayes Tucker, Nathalie H. Lee, Nineteenth and Twentieth-Century paintings in the Robert Lehman Collection, Metropolitan Museum of Art/Princeton University Press, 2009.
  • Laurence Berthon, Sylvie Carlier, Damien Chantrenne, Jean Fabris, Lucie Valore, Lucie Goujard, Sandra Martin et Cheryl Raman-Orthun, Valadon, Utrillo, Utter - La trinitĂ© maudite entre Paris et Saint-Bernard, Éditions du MusĂ©e Paul-Dini, Villefranche-sur-SaĂ´ne, 2011.

Filmographie

Liens externes

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