Louis de Courrèges d'Ustou
Louis de Courrèges d'Ustou, né le à Toulouse dans la Haute-Garonne, est un évêque catholique français, évêque auxiliaire de Toulouse puis évêque de Montauban. Il est mort le à Toulouse dans la Haute-Garonne et est inhumé en la cathédrale de Montauban.
Louis de Courrèges d'Ustou | ||
Biographie | ||
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Nom de naissance | Louis Marie Joseph de Courrèges d'Ustou | |
Naissance | Toulouse (France) |
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Ordination sacerdotale | ||
Décès | Toulouse (France) |
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Évêque de l'Église catholique | ||
Ordination épiscopale | par le cardinal Jules Saliège | |
Dernier titre ou fonction | Évêque émérite de Montauban | |
Montauban | ||
Auxiliaire Ă Toulouse (titulaire de Chrysopolis) | ||
Autres fonctions | ||
Fonction religieuse | ||
Recteur de Saint-Louis des français à Rome | ||
« In Christo Jesu » | ||
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||
Biographie
Formation
Il entre au séminaire de l'Esquille en où il ne restera que trois mois (séparation de l'Église et de l'État) puis poursuit ses études au Caousou. Il entreprend ses études de théologie au séminaire Saint-Sulpice à Paris. Celles-ci sont interrompues par la guerre. En il est appelé. Il sera blessé et recevra la croix de guerre. Il est ordonné prêtre en la cathédrale de Toulouse le .
Principaux ministères
De 1924 à 1928, il est vicaire à Notre-Dame de la Daurade à Toulouse puis à la cathédrale Saint-Étienne. En 1929, Jules Saliège le choisit comme secrétaire puis le nomme directeur des œuvres diocésaines. Nommé évêque auxiliaire de Toulouse le , il est sacré le suivant en la cathédrale de Toulouse (au siège de Chrysopolis en Macédoine).
En remplacement de Saliège, infirme, il fut convoqué le à la préfecture par le préfet, Léopold Chéneaux de Leyritz, pour s'entendre dire d'annuler la diffusion de la célèbre lettre du cardinal (la première d'un évêque de France) sur les Juifs qui condamnait leur déportation. Il refusa. Le lendemain, la lettre du cardinal fut lue en chaire par la quasi-totalité des curés du diocèse[1].
En relation avec Georges Garel et le RĂ©seau Garel (Lyon, 1942-1944), il fut un des moteurs de l'OSE (Ĺ’uvre de secours aux enfants) dans la Haute-Garonne, ce qui permit de sauver un grand nombre d'enfants juifs dans les centres de la colonie Sainte-Germaine, en particulier Ă Vendine, dans le Lauragais. Ce qui lui vaudra la reconnaissance de Juste parmi les nations[2].
De 1945 à 1947, il est recteur de Église Saint-Louis-des-Français de Rome. Il est décoré de la légion d'honneur par Jacques Maritain, alors ambassadeur de France près le Vatican.
Nommé évêque de Montauban en 1947 (évêque émérite de Cuma), il y restera jusqu'en 1970 avant de revenir à Toulouse ou il exercera un ministère jusqu'à sa mort en 1979.
Courrèges et le concile Vatican II
Durant toute la période du concile, d' à , Courrèges eut à cœur d'informer les fidèles dont il avait la charge par une correspondance régulière qui paraissait dans les numéros du Bulletin catholique de Montauban[3].
Le but de ces lettres était, pour Courrèges, de partager ses impressions et observations sur le concile: il veut parler du concile tel qu'il le voit et qu'il le vit. Que ses observations soient sur des détails, ou bien sur les moments importants du concile, tout est ordonné à l'édification des fidèles en les associant à ce grand événement de l’Église.
But du concile
Ce concile se présente selon lui comme la continuité logique du premier concile du Vatican, notamment sur la question de la collégialité[4]. En effet, le premier concile du Vatican a remis en lumière la doctrine de la primauté pontificale, fidèlement à la doctrine du Christ; le deuxième concile du Vatican doit donc compléter l'enseignement sur le gouvernement de l’Église en insistant sur la collégialité épiscopale, dans la même fidélité à la doctrine du Christ[5]. La conséquence de ce concile doit être un renouveau chrétien et le moyen en est une mise à jour (aggiornamento) de la doctrine immuable de l’Église dans ses applications pratiques et sur certains problèmes[6]. Il faut proposer la vérité éternelle de la façon qu'exige les temps présents, ce qui entraîne pour les Pères du concile une découverte, dans son étendue, de la mission reçue de Dieu, une connaissance nouvelle de l’Église. Un but important, qui fut d'ailleurs dans l'intention de Jean XXIII, est l'union des églises chrétienne, ce qui sous-entend que toutes les décisions, directives pastorales, conseils pratiques, etc. devront prendre en compte cette dimension œcuménique du concile[7].
Nature du Concile
Étant une réunion du Corps Épiscopal sous l'autorité du chef de l’église, c'est-à -dire un concile œcuménique, il jouit d'un privilège extraordinaire qui est l'assistance du Saint Esprit jusque dans les propositions innovatrices tel que le mouvement œcuménique[8]. Cette assistance de l'Esprit de Sagesse préserve le concile de toute erreur. Ceci cependant n'est valable que pour les documents qui sont promulgués et non de toutes les interventions des Pères durant les Assemblées générales, car le Collège Apostolique (Pape et Évêques) est assuré de l'infaillibilité par ces paroles : "L'Esprit Saint leur rappellera tout ce que le Seigneur a dit et il les guidera vers la vérité totale". Voilà pourquoi, toujours selon Courrèges, on ne doit pas aller au-delà des directives du concile (aucune innovation dans la liturgie par exemple) ou bien même les anticiper.
DĂ©roulement du concile
Courrèges fera part à ses fidèles diocésains de l'action du Saint-Esprit durant le concile, notamment dans le cœur des Pères eux-mêmes. Cette assistance ne pourra pas empêcher cependant de vives tensions dans l'aula conciliaire (entre les évêques plutôt progressistes, dont fait partie le groupe des évêques français, et les évêques plutôt conservateurs, incarnés par le Coetus Internationalis Patrum) surtout à propos de la collégialité[9]. Ces tensions seront enflées, et déformées par les médias de masse: la presse, la télévision donnent une mauvaise image de l'assemblée des Pères, et ne renvoient qu'une image déformée de ce qui se passe à Saint Pierre, ce qui constitue un danger pour les lecteurs. C'est la raison pour laquelle Courrèges recommandera à ses fidèles la lecture de certains journaux, en particulier La Croix, pour qu'ils aient une chronique fiable du concile. Ces oppositions manifestent la grande liberté des interventions des Pères et leur grande variété. Courrèges les explique par divers facteurs: la passion y tient une large part, ainsi que la différence de langage entre pasteurs et juristes, qui peut entrainer des imprécisions, des ambiguïtés, et donc des malentendus. L'exemple qu'il donne est celui de la collégialité: notion non clairement définie qui, au début, explique la vivacité des débats[9]. Il n'hésite pas également à fustiger la mauvaise organisation qui a ralenti la marche du concile dans ses débuts. Devant toutes ces difficultés, l'attitude de l'évêque de Montauban est de faire prier son diocèse et d'appeler à une réforme des mœurs pour une vie toute tournée vers le Christ.
La contribution de Courrèges
Sur la liberté religieuse
Selon Courrèges la liberté religieuse fait partie des problèmes nouveaux, nés des progrès de la conscience publique, de la culture, de la technique et qui demandent de nouvelles exigences de la morale chrétienne dans le contexte de la civilisation contemporaine. Il semble émettre quelque réserve du fait de la diversité des applications, parfois même dangereuses, que peut avoir cette doctrine (notamment en URSS)[10]. Cependant il le considère comme indispensable dans l’évangélisation du monde moderne.
Sur la collégialité
Courrèges, pasteur du diocèse de Montauban, et de ce fait très intéressé par tout ce qui touche à la charge pastorale des Évêques, apportera surtout sa contribution sur ce sujet: il fera partie, parmi les groupes d'étude de l’épiscopat français, d'un atelier sur le gouvernement des diocèses, et il sera également membre d'un groupe international d'étude sur la charge Épiscopale[11].
Son intérêt pour la notion de collégialité est très marqué: selon lui le Collège Épiscopal prolonge le Collège Apostolique dans le sens où comme les apôtres étaient unis à Pierre, les Évêques sont associés au Souverain Pontife dans le gouvernement de l’Église de par la volonté du Christ[12]. Cette doctrine de la collégialité a été gardée par les orthodoxes (au détriment de la primauté), et elle doit être remise en lumière dans l’Église catholique, qui a gardé la primauté (au détriment de la collégialité). L’évêque est intégré dans ce collège par le sacre épiscopal qui lui donne le pouvoir de paître le troupeau du Christ[4]. Cette notion de la collégialité fut vécue au cours des siècles de façon différente et doit être affirmée plus nettement et réalisée dans des structures nouvelles par le concile.
Sur la liturgie
Courrèges voudrait une modification de la liturgie dans le sens d'une plus grande participation des fidèles, pour qu'elle devienne un signe manifeste de l'union des chrétiens. La concélébration est donc une heureuse modification pour laquelle il ne tarit pas de louanges et qui met en lumière l'unité du sacerdoce dans la dispensation des mystères du Christ. L'unité de l'action des prêtres qui concélèbrent manifeste l'union du sacerdoce lui-même: un Christ, un Sacerdoce unique[12]. Il prône également une plus grande simplification des rites, bien qu'il soit en admiration pour les rites orientaux, surtout dans le faste et la pompe qui accompagnent la charge pétrinienne. C'est pourquoi il critique les messe à la Chapelle Sixtine qui se transforment en audition de chant. Il veut une liturgie qui porte à la prière et au silence, et c'est justement le sens des réformes du concile.
Sur l’œcuménisme
L’œcuménisme est une question très pertinente pour l'évêque d'une ville où une grande partie des habitants est protestante. Courrèges s'attache à considérer la dimension œcuménique de chaque sujet touchant la vie de l’Église comme la liturgie, la collégialité (qui peut rapprocher des orthodoxes)… En effet, selon lui, il faut établir un dialogue avec les religions chrétiennes (orthodoxes, protestants) en mettant d'abord ce que nous avons de commun (le baptême, la confession du Christ et le Salut par Lui, la sainte Trinité, la vénération de l’Écriture Sainte, la célébration de la Cène), ce qui est le fondement du dialogue, puis en précisant avec lucidité ce qui nous divise, le but étant, l'illumination des intelligences, la découverte et l'acceptation de la doctrine tout entière[13]. C'est un appel au pardon et à l'humilité que fait Courrèges, envers les "frères séparés". Cependant, même si c'est la volonté de l'Esprit Saint, il n'omet pas de signaler les dangers que comportent de telles discussions, et il est conscient des grandes divergences que comportent les religions chrétiennes avec la religion catholique (comme le mariage orthodoxe fait après un premier divorce, qu'il qualifie de directement contraire à la doctrine catholique)[14]. Il considère la lutte avec les protestants comme révolue, et la période du pardon arrivée.
Influence et entourage
Courrèges, du fait qu'il participait à un groupe d'étude de l’Épiscopat français, était soumis à l'influence de cet épiscopat, qualifié d'un des plus progressistes, avec l'épiscopat allemand, par Ralph Wiltgen. Tous les mercredis, cet Épiscopat se réunissait à Saint Louis des Français, pour étudier les schémas soumis aux Pères, et écouter les conférences des experts. Il semble avoir été influencé sur le sujet de la collégialité et de la nature de l’Épiscopat par deux experts: l'abbé Colson (sur la collégialité) et le père Lécuyer (sur la sacramentalité de l’Épiscopat)[15]. Admirant le pape dans sa simplicité et sa proximité avec les évêques et les prêtres, il fut beaucoup influencé dans ces orientations par la position personnelle du Souverain Pontife, inspiré par l'Esprit Saint. Extrait d'une allocution aux évêques français: " Depuis des siècles, la France est le plus puissant phare du monde occidental. Les idées germées sur votre sol se répandent partout...Continuez à veiller attentivement aux courants de pensée qui seront l'orientation du monde de demain pour les étudiants étrangers, les Prêtres et des séminaristes et donc pour les fidèles de demain...Veillez aux courants de pensée, à une culture large et profonde, juste et droite[16]." Courrèges ne semble pas avoir été influencé par la presse, et met en garde contre les exagérations des médias en mal de sensations.
Devise Ă©piscopale
« In Christo Jesu ».
Distinctions
- Reconnu Juste parmi les nations[2] par l'Institut Yad Vashem
- Son nom est gravé sur une stèle à l'entrée du Jardin des plantes de Toulouse
- Son nom est gravé sur une plaque dans le narthex de la Basilique Saint-Pierre de Rome
- Son nom est gravé sur une plaque au couvent Notre-Dame de Massip (Capdenac-Gare)
DĂ©corations
Intitulés
Notes et références
- « Noé. «Passant souviens-toi» », La dépêche du midi,‎ (lire en ligne)
- Comité Français pour Yad Vashem
- Site du diocèse de Montauban
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- « ** page non trouvée ** », sur catholique-montauban.cef.fr (consulté le )
- « ** page non trouvée ** », sur catholique-montauban.cef.fr (consulté le )
- « ** page non trouvée ** », sur catholique-montauban.cef.fr (consulté le )
- « ** page non trouvée ** », sur catholique-montauban.cef.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Claude Meyer, Deux destins toulousains. Cardinal Jules Géraud Saliège. Mgr Louis de Courrèges d’Ustou, Les Plans-sur-Bex, Parole et silence, 2017, 191 pages. [Michel Ostenc, « Jean Claude Meyer, Deux destins toulousains. Cardinal Jules Géraud Saliège. Mgr Louis de Courrèges d’Ustou », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 188 | octobre-décembre 2019, mis en ligne le 08 janvier 2022, consulté le 28 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/assr/49309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/assr.49309]