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Loi de mouvement

En génie mécanique, le fonctionnement d'une machine comprend des mouvements dont l'étude peut globalement se résumer aux contraintes suivantes :

Amener une piÚce d'un point A à un point B en une durée T.

Il peut s'agir du trajet d'un outil, d'un capteur ou bien d'une manutention (déplacement d'un objet).

À ce trajet s'ajoutent des contraintes :

  • de rĂ©sistance : les mĂ©canismes doivent ĂȘtre sollicitĂ©s le moins possible afin d'avoir la durĂ©e de vie la plus longue ;
  • de consommation : l'Ă©nergie dĂ©pensĂ©e pour ce trajet doit ĂȘtre la plus basse possible.

D'un point de vue mathématiques, il s'agit d'un problÚme d'optimisation.

Une loi de mouvement est une équation décrivant la maniÚre dont doit se faire le mouvement.

D'un point de vue formel, la position et l'orientation d'une piÚce dans l'espace est décrite par un vecteur X de dimension 6 ; dans un repÚre cartésien, les six composantes sont les trois coordonnées d'un point de la piÚce et les trois angles d'Euler. La loi de mouvement est donc de la forme

X = ƒ(t).

le paramĂštre t Ă©tant le temps. Il peut s'agir d'un fonction analytique ou bien d'une suite discrĂšte de valeurs ((X0, t0), (X1, t1)
, (Xn, tn)), un automate Ă©tant chargĂ© de s'assurer que la piĂšce « soit au rendez-vous Â» des diffĂ©rents points.

La dĂ©rivation, analytique ou numĂ©rique, de cette fonction donne accĂšs aux fonctions vecteurs vitesse et vitesse angulaire, accĂ©lĂ©ration et accĂ©lĂ©ration angulaire, Ă -coup et Ă -coup angulaire. À l'inverse, cette fonction X Ă©tant la primitive des fonctions prĂ©cĂ©dentes, on peut l'obtenir par intĂ©gration d'une fonction vitesse ou accĂ©lĂ©ration ou Ă -coup choisie a priori.

Par la suite, pour des raisons de simplification et sauf mention contraire, nous considérons que le mouvement est une translation rectiligne selon un axe x.

Limites physiques

La piÚce à déplacer a une inertie ; les différentes piÚces du mécanisme également. Outre l'inertie, les différents mouvements rencontrent des oppositions : résistance au glissement (frottement), résistance au roulement, travail mécanique utile (ce pourquoi on utilise l'outil). Le mécanisme doit donc fournir des efforts (principe fondamental de la dynamique, vaincre les résistances) et toutes les piÚces doivent résister à ces efforts.

Les paramĂštres principaux sont :

  • les vitesses : les frottements gĂ©nĂšrent une chaleur d'autant plus importante que la vitesse est Ă©levĂ©e ; il s'agit d'une perte d'Ă©nergie d'une part, et d'autre part l'Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature peut modifier le comportement de la matiĂšre et endommager des piĂšces ; par ailleurs, l'Ă©nergie cinĂ©tique Ă  fournir au systĂšme est fonction du carrĂ© de la vitesse, celle-ci dĂ©termine donc la consommation Ă©nergĂ©tique du systĂšme ;
  • les accĂ©lĂ©rations : selon le principe fondamental de la dynamique, les efforts sont proportionnels Ă  l'accĂ©lĂ©ration ; plus l'accĂ©lĂ©ration est Ă©levĂ©e, plus les piĂšces doivent ĂȘtre robustes et plus l'actionneur (moteur, vĂ©rin
) doit dĂ©velopper de puissance ;
  • les Ă -coup : ils sont gĂ©nĂ©rateurs de vibrations et donc de bruit (nuisance sonore) mais peuvent aussi provoquer le desserrement de vis d'assemblage et un endommagement par fatigue vibrationnelle.

Lorsque les accĂ©lĂ©rations sont importantes, on ne peut plus nĂ©gliger la dĂ©formation Ă©lastique des piĂšces et les jeux dans les liaisons : cela introduit un dĂ©calage entre les deux bouts de la chaĂźne cinĂ©matique, ce qui d'une part rend difficile la maĂźtrise du mouvement et d'autre part peut gĂ©nĂ©rer des efforts imprĂ©vus de type « coup de fouet Â».

Outre les limites physiques, la conception est Ă©galement soumise Ă  des « limites mathĂ©matiques Â» : si l'on dĂ©sire avoir des fonctions analytiques pour pouvoir travailler sur les lois de mouvement et les reproduire, il faut si possible avoir des lois simples. On utilise en gĂ©nĂ©ral des lois polynomiales — dont des fonctions constantes et affines — et des lois trigonomĂ©triques — sinus, cosinus, tangente. La loi finale est en gĂ©nĂ©ral un assemblage de plusieurs lois (dĂ©finition par partie).

Phases du mouvement

Le mouvement comprend au moins deux phases : une phase de dĂ©marrage et une phase de freinage. Il nĂ©cessite parfois une phase de vitesse constante : soit l'amplitude du mouvement est suffisamment importante pour que la vitesse maximale admissible soit atteinte, soit le travail effectuĂ© nĂ©cessite d'avoir une vitesse constante, comme un usinage (l'outil de coupe doit se dĂ©placer Ă  vitesse constante). Bien sĂ»r, un mouvement peut ĂȘtre plus complexe et nĂ©cessiter de multiples phases.

Pilotage du mouvement

Habituellement, le mouvement peut ĂȘtre pilotĂ© de deux maniĂšres :

  • par une came (pilotage mĂ©canique) ;
  • par un automate pneumatique ou, plus probablement, Ă©lectronique.

Dans le cas d'une came, la loi de mouvement détermine le profil de la came.

Dans le cas d'un automate électronique associé à des actionneurs électriques (moteur électrique, vérin électrique), la loi de mouvement détermine la puissance envoyée dans l'actionneur en fonction du temps.

Notons que ce qui nous intĂ©resse, c'est le mouvement de la piĂšce en question, de l'effecteur (partie de la machine qui effectue la tĂąche, la fonction). Mais ce que l'on pilote, c'est l'actionneur (partie de la machine qui produit le mouvement). Il peut y avoir des piĂšces intermĂ©diaires entre l'actionneur et l'effecteur qui transforment le mouvement, l'effecteur ne suit donc pas nĂ©cessairement la mĂȘme loi de mouvement que l'actionneur.

On peut donc prendre le problĂšme sous deux angles :

  • soit on dĂ©finit la loi de mouvement de l'actionneur, parce que c'est ce qui est le plus simple et que les possibilitĂ©s sont limitĂ©es par la technologie ; on dĂ©termine ensuite la loi de mouvement suivie par l'effecteur et on vĂ©rifie qu'elle est compatible avec le cahier des charges ;
  • soit on dĂ©finit la loi de mouvement de l'effecteur, puisque c'est ce pour quoi la machine est conçue ; la loi servant Ă  piloter l'actionneur est alors dĂ©duite de la loi de mouvement de l'effecteur et on vĂ©rifie qu'elle est compatible avec le dispositif.

Approche élémentaire

Chronogrammes d'un mouvement ayant un profil de vitesse trapézoïdal.

Supposons que l'on doit effectuer un mouvement rectiligne : la piÚce en question doit se déplacer d'une abscisse x0 = 0 à une abscisse xf en une durée T, les vitesses initiales et finales étant nulles :

v(0) = v(T) = 0.

La piÚce a donc une vitesse moyenne vmoy = xf/T. Cependant, le mouvement doit avoir une phase d'accélération, la mise en mouvement, puis une phase de freinage.

La premiĂšre solution qui vient Ă  l'esprit est d'avoir une accĂ©lĂ©ration constante pour amener la piĂšce jusqu'Ă  une « vitesse de croisiĂšre Â» puis d'avoir une accĂ©lĂ©ration constante pour freiner la piĂšce jusqu'Ă  l'arrĂȘt. On a donc une loi d'accĂ©lĂ©ration en « marche d'escalier Â» et une loi de vitesse trapĂ©zoĂŻdale. La loi de position est constituĂ©e d'un arc de parabole (dĂ©marrage) suivi d'une droite (fonction affine) puis d'un arc de parabole (freinage).

Une telle loi n'est pas possible au sens strict : en effet, la discontinuité de l'accélération génÚre un à-coup infini. L'élasticité du mécanisme va donc limiter la variation de l'accélération d'une part, le mouvement réel aura donc du retard par rapport au mouvement planifié. D'autre part, ce fonctionnement va générer des vibrations importantes.

La loi de mouvement réelle est nécessairement continue en accélération

c'est-à-dire que la courbe décrivant l'accélération en fonction du temps, a(t), est une fonction continue.

Toutefois, une loi ayant une accélération discontinue n'est pas nécessairement un problÚme lorsque les vitesses sont faibles. Un automate pneumatique élémentaire fonctionne souvent sur le mode suivant :

  1. Le distributeur laisse passer l'air jusqu'au vérin.
  2. Le distributeur se ferme et le circuit se purge.

Lorsque le distributeur s'ouvre, la pression de l'air monte brusquement et provoque une accĂ©lĂ©ration (poussĂ©e constante) jusqu'Ă  ce que la vitesse du vĂ©rin corresponde au dĂ©bit de l'air. Lorsque le distributeur de ferme et que le circuit se purge, le vĂ©rin arrĂȘte de pousser, le systĂšme est freinĂ© par frottement et/ou arrĂȘtĂ© brusquement par une butĂ©e, un amortisseur Ă©tant chargĂ© d'amortir le choc.

ÉlĂ©vateur de manĂšge.

Prenons le cas d'un manĂšge dont certains Ă©lĂ©ments peuvent monter avec un Ă©lĂ©vateur pneumatique. Lorsque l'enfant appuie sur le bouton, le sujet s'Ă©lĂšve en se mettant en route de maniĂšre « brusque Â» ; cependant, la vitesse de montĂ©e Ă©tant faible, l'Ă©lasticitĂ© du support et la compressibilitĂ© de l'air font que l'Ă -coup ressenti ne provoque pas d'inconfort notable.

Le cas du sujet de manÚge présente par ailleurs deux différences par rapport à notre cas initial :

  1. L'actionneur ne se contente pas de mettre une charge en mouvement (donc de vaincre l'inertie), il doit aussi monter une charge (travail utile) ; une fois en position haute, le vérin reste sous pression pour maintenir la charge.
  2. Si la tige du vĂ©rin a un mouvement rectiligne par rapport au corps du vĂ©rin, le sujet de manĂšge a lui un mouvement de translation circulaire ; la loi de mouvement que suit l'effecteur (le sujet) n'est donc pas la mĂȘme que celle de l'actionneur (le vĂ©rin).
Profils de cames simples

Profils de cames simples pour effectuer un mouvement vertical :

  • haut : ce profil n'est pas fonctionnel, le galet suiveur subit des chocs ;
  • milieu : le raccordement de segments de droite par des arcs de cercle gĂ©nĂšre un Ă -coup infini ;
  • bas : la courbure est continue, l'Ă -coup est donc maĂźtrisĂ© ; en revanche, la vitesse maximale est plus Ă©levĂ©e.

Si maintenant un mouvement est piloté par une came alors le profil de la came (en noir dans la figure ci-contre) représente la loi de mouvement et sa pente représente la vitesse. Plus précisément, le profil de la came est similaire à la trajectoire du centre du galet (en rouge) et l'abscisse horizontale est proportionnelle au temps si l'on suppose une vitesse de translation vh constante.

Le galet doit donc passer d'une altitude y0 Ă  une altitude yf en une durĂ©e T, c'est-Ă -dire que le galet doit parcourir une distance horizontale vh × T. La premiĂšre idĂ©e consiste donc Ă  tirer une droite entre les points (0 ; 0) et (yf ; vh × T), voir la figure du haut — notez que les angles sont nĂ©cessairement lĂ©gĂšrement arrondi en raison des mĂ©thodes de fabrication.

Avec une telle came :

  • le galet subit un choc Ă  l'entrĂ©e de la pente, il se prend un mur inclinĂ© ;
  • Ă  la fin de la pente, il risque de dĂ©coller (effet tremplin) ou bien, si l'effort presseur est suffisant, d'ĂȘtre poinçonnĂ© par l'arĂȘte vive.

Une telle came n'est donc pas utilisable.

Une premiÚre solution consisterait à raccorder les segments de droite par des arcs de cercle dont le rayon est supérieur à celui du galet (figure du milieu). Si le systÚme ne subit plus de choc, en revanche il subit des à-coups important en entrée et en sortie des raccordements circulaires. Par exemple à l'entrée du premier raccord, l'accélération verticale est nulle à gauche ; à droite, le galet est sur une trajectoire circulaire avec une vitesse circonférentielle vh, il subit donc une accélération radiale vh2/R. L'accélération passe donc instantanément de 0 à une valeur non-nulle. Autre maniÚre de voir, c'est comme si le conducteur d'une voiture, pour aborder un virage, tournait brusquement le volant pour passer instantanément d'une trajectoire en ligne droite à un virage de rayon donné.

Cette solution n'est donc possible que pour les faibles vitesses. Ce cas nous permet cependant de relever un point important : la pente au centre (donc la vitesse de montée) est supérieure au cas précédent : lorsque l'on veut limiter l'accélération, cela impose d'augmenter la vitesse maximale.

Pour limiter l'à-coup, il faut que la courbure du profil soit continue ; en effet, la courbure est à peu prÚs égale à la dérivée seconde de la position donc est proportionnelle à l'accélération verticale, une courbure continue implique donc une accélération continue donc un à-coup maßtrisé.

La troisiÚme solution (figure du bas) a un profil en S dont la dérivée seconde est continue. Plusieurs possibilités sont présentées ci-aprÚs. Là encore, nous remarquons que pour limiter l'à-coup, nous sommes obligés d'augmenter encore la pente au milieu donc la vitesse maximale.

Fonctionnement d'une croix de Malte.

Considérons maintenant la croix de Malte équipant un projecteur de cinéma analogique. Il s'agit là d'avoir un mouvement de rotation intermittent. L'actionneur est un moteur mettant en mouvement la roue menante munie d'une manivelle (en rouge sur l'image ci-contre) ; l'effecteur, la piÚce qui entraßne la pellicule, est reliée à la croix de Malte (en bleu).

La croix de Malte gĂ©nĂšre un Ă -coup « infini Â» en dĂ©but et en fin de mouvement : il y a un saut d'accĂ©lĂ©ration angulaire. Cependant, la vitesse Ă©tant faible (24 images par seconde soit une vitesse moyenne de dĂ©filement de 0,576 m/s ≃ 2 km/h et une vitesse de dĂ©filement maximale de 1,39 m/s ≃ 5 km/h) et la pellicule Ă©tant extrĂȘmement souple, cela ne pose aucun problĂšme si ce n'est le bruit du projecteur qui impose d'isoler phoniquement la cabine de projection de la salle (mais une simple vitre suffit).

La croix de malte est donc un dispositif mĂ©canique conçu pour assurer une fonction — avoir un dĂ©filement intermittent alors que l'entraĂźnement du moteur est continu — avec des moyens simples et robustes — pas d'Ă©lectronique — mais qui impose une loi de mouvement que l'on ne peut pas modifier et qui gĂ©nĂšre des saccades.

Lois de mouvement couramment utilisées

Pour ĂȘtre sĂ»r d'avoir un Ă -coup fini (sans pic de Dirac), il faut s'assurer que l'accĂ©lĂ©ration soit continue. Il faut donc avoir une loi en position qui soit dĂ©rivable trois fois ; on peut aussi dĂ©finir la loi Ă  partir d'un profil d'accĂ©lĂ©ration continu (mais pas nĂ©cessairement dĂ©rivable), puis l'intĂ©grer pour avoir le profil de vitesse puis enfin le profil de dĂ©placement. Dans la conception d'une came, cela revient Ă  s'assurer de la continuitĂ© de la courbure : une courbure continue permet d'avoir une accĂ©lĂ©ration radiale continue, sans variation brusque.

Pour l'accélération, on prend en général des lois simples par partie, par exemple :

  • linĂ©aire ;
  • sinusoĂŻdale ;
  • polynomiale.

Le choix de la loi de mouvement est en général un compromis entre avoir une vitesse modérée, pour limiter les frottements et l'énergie dépensée, une accélération modérée, pour limiter les efforts des actionneurs et la puissance nécessaire, et un à-coup modéré, pour éviter les vibrations.

Loi ayant un Ă -coup infini

Les lois ayant un Ă -coup thĂ©orique infini peuvent ĂȘtre utilisĂ©es aux vitesses faibles et pour les systĂšmes souples, les vibrations gĂ©nĂ©rĂ©es Ă©tant alors modĂ©rĂ©es. On a recours Ă  de telles lois parce qu'elles sont simples Ă  mettre en Ɠuvre d'un point de vue technologique.

Commutation tout-ou-rien

Lois de mouvement trapézoïdale (en vert) et triangulaire (en bleu) en vitesse.

La maniÚre la plus simple de générer un mouvement consiste à mettre en marche l'actionneur, par un préactionneur (interrupteur, distributeur), puis à le couper lorsque le mouvement arrive en fin de course. La puissance, et donc l'accélération, est en escalier. C'est la loi présentée ci-dessus dans la section Approche élémentaire. Elle est donc trapézoïdale en vitesse et présente des à-coups infinis aux transitions entre les phases.

Si l'on considĂšre une loi en trois phases d'une durĂ©e de T/3 — 1/3 du mouvement en accĂ©lĂ©ration, 1/3 du mouvement Ă  vitesse constante et 1/3 du mouvement en freinage —, on a :

  • amax = 9/2⋅xf/T2 = 4,5xf/T2 ;
  • vmax = 3/2⋅xf/T = 1,5⋅xf/T.

Considérons maintenant un profil de vitesse triangulaire symétrique : on passe d'une phase d'accélération à une phase de freinage sans phase à vitesse constante. On a alors :

  • amax = 4⋅xf/T2 ;
  • vmax = 2⋅xf/T.

Mouvement harmonique simple

Came excentrique circulaire et galet suiveur.
Loi de mouvement sinusoĂŻdale en position, par exemple obtenue avec un excentrique.

ConsidĂ©rons un excentrique, une came ayant un profil circulaire de rayon R mais dont l'axe de rotation est Ă  une distance r du centre du disque. La distance entre le galet suiveur et l'axe de rotation varie entre deux valeurs x1 = R – r et x2 = R + r.

Si l'on appelle Ξ l'angle de rotation de la came, l'altitude x est de la forme

x = R – r⋅cos ξ

Si la vitesse de rotation ω est constante, nous avons Ξ = ωt et donc :

  • x = R – r⋅cos ωt ;
  • v = +rω⋅sin ωt ;
  • a = +rω2⋅cos ωt ;
  • j = –rω3⋅sin ωt.

Dans le cas d'un mouvement continu, l'Ă -coup est limitĂ©. Si maintenant on considĂšre une came linĂ©aire dont le profil en S est une sinusoĂŻde de type « altitude = A – B⋅cos(abscisse) » (donc avec une vitesse nulle pour t < 0 et t > T), la situation est similaire Ă  un excentrique qui se met en rotation et s'arrĂȘte brusquement (commutation tout-ou-rien) et l'on a donc un Ă -coup infini au dĂ©marrage et Ă  l'arrĂȘt.

La course du systĂšme est xf = 2r. Nous avons donc r = xf/2 et ω = π/T soit

  • vmax = πxf/2T ≃ 1,57⋅xf/T ;
  • amax = π2⋅xf/2T2 ≃ 4,93⋅xf/T2 ;
  • jmax = π3⋅xf/2T3 ≃ 15,5⋅xf/T3 (excentrique Ă  fonctionnement continu) ou ∞ (came linĂ©aire).

Cette loi de mouvement est appelĂ©e mouvement harmonique simple — MHS ou SHM (anglais : simple harmonic motion).

Loi trapézoïdale en accélération

Loi de mouvement trapézoïdale en accélération

Lois de mouvement trapézoïdales en accélération :

  • vert : deux phases (dĂ©marrage et freinage) ;
  • bleu : trois phases (dĂ©marrage, vitesse constante, freinage).

Une loi trapĂ©zoĂŻdale en accĂ©lĂ©ration revient Ă  avoir des valeurs discrĂštes d'Ă -coup, typiquement {–j0 ; 0 ; +j0}, la grandeur j0 Ă©tant constante.

Habituellement, on considĂšre deux phases symĂ©triques (donc d'une durĂ©e T/2) : une phase de dĂ©marrage (a ≄ 0) et une phase de freinage (a ≀ 0). Pour chaque phase, la sous-phase d'accĂ©lĂ©ration constante (j = 0) occupe la moitiĂ© de la phase (donc une durĂ©e T/4) et les sous-phases oĂč l'accĂ©lĂ©ration varie (j ≠ 0) occupent un quart de la phase (donc T/8). On obtient les courbes vertes ci-contre.

Nous avons en valeur absolue :

  • ;
  • ;
  • .

Concevons maintenant un mouvement avec une phase de vitesse constante (a = 0), nous avons donc :

  • un mouvement globalement en trois parties d'une durĂ©e T/3 chacune : a ≄ 0 (dĂ©marrage), a = 0 (mouvement uniforme) et a ≀ 0 (freinage) ;
  • le dĂ©marrage et le freinage sont Ă©galement en trois parties d'une durĂ©e de T/9 chacune, formant une loi trapĂ©zoĂŻdale.

Ce sont les courbes bleues ci-contre. Nous avons en valeur absolue :

  • ;
  • ;
  • .

Voir les Ă©quations sur la page de description de l'image.

Par rapport Ă  une loi trapĂ©zoĂŻdale en vitesse, une loi trapĂ©zoĂŻdale en accĂ©lĂ©ration permet de limiter l'Ă -coup au prix d'une augmentation de l'accĂ©lĂ©ration d'un tiers environ, donc la puissance et l'effort dĂ©veloppĂ© sont d'autant plus importants. Par contre, la vitesse maximale reste la mĂȘme.

Bien sĂ»r, nous ne sommes pas obligĂ© de considĂ©rer des fragments tous identiques, les phases d'accĂ©lĂ©ration ou de vitesse constante peuvent ĂȘtre de durĂ©es diffĂ©rentes et la loi n'est pas nĂ©cessairement symĂ©trique.

Loi trapézoïdale modifiée en accélération

Loi de mouvement trapézoïdale modifiée (trap-mod) en accélération.

Une loi trapĂ©zoĂŻdale modifiĂ©e — trap-mod, ou mod-trap (anglais : modified trapezoid) — est une loi trapĂ©zoĂŻdale en deux phases dont les sommets des trapĂšzes sont « arrondis ». ConcrĂštement, les pentes des trapĂšzes sont remplacĂ©es par des lois sinusoĂŻdales.

On a en valeur absolue :

  • ;
  • ;
  • .

Loi sinusoïdale par parties en vitesse et accélération

Loi de mouvement sinusoĂŻdale en vitesse.

La fonction cosinus possĂšde deux tangentes horizontales sur une pĂ©riode. Ainsi, on peut s'en servir pour faire un raccordement entre deux phases Ă  vitesse constante. On a ainsi une phase d'accĂ©lĂ©ration oĂč la vitesse est de la forme

,

une phase de vitesse constante

v = v0

et une phase de freinage oĂč la vitesse est de la forme

.

Dans l'exemple ci-contre, nous imposons, comme précédemment, d'avoir trois phases de durées égales T/3. On trouve les valeurs maximales :

  • jmax = 27π2xf/(4T3) ≃ 66,6 × xf/T3 ;
  • amax = 9πxf/(4T2) ≃ 7,07 × xf/T2 ;
  • vmax = v0 = 3xf/(2T) = 1,5 × xf/T.

Voir les Ă©quations sur la page de description de l'image.

Nous voyons donc que cette solution est moins favorable que la prĂ©cĂ©dente tant du point de vue de l'accĂ©lĂ©ration (+ 5 %), donc des efforts mis en Ɠuvre, que de l'Ă -coup (+ 10 %). En revanche, les vitesses maximales sont Ă©gales, la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique est donc similaire.

Loi cycloĂŻde

Loi de mouvement cycloĂŻde en position.

La loi cycloĂŻde est sinusoĂŻdale en vitesse et accĂ©lĂ©ration. Dans l'exemple prĂ©cĂ©dent, si nous supprimons la partie centrale oĂč la vitesse est constante, alors les courbes de vitesse et d'accĂ©lĂ©ration sont des sinusoĂŻdes du dĂ©but Ă  la fin :

soit

La loi x = ƒ(t ) est donc bien une cycloĂŻde (ou plus prĂ©cisĂ©ment une trochoĂŻde).

On a alors :

  • jmax = 4π2xf/T3 ≃ 39,5 × xf/T3 ;
  • amax = 2πxf/T2 ≃ 6,28 × xf/T2 ;
  • vmax = v0 = 2 × xf/T.

Loi sinusoïdale modifiée en accélération

Loi de mouvement sinusoïdal modifié en accélération (sin-mod).

Une loi sinusoĂŻdale modifiĂ©e — sin-mod, ou mod-sin (anglais : modified sinusoid) — est une loi composĂ©e de trois fonctions sinusoĂŻdales :

  • la premiĂšre phase (j ≄ 0) est une fonction sinus entre l'instant initial (t = 0) et T/8 ;
  • la deuxiĂšme phase (j ≀ 0) est une fonction sinus entre T/8 et 7T/8 ;
  • la derniĂšre phase (j ≄ 0) est une fonction sinus entre 7T/8 et T.

Nous avons donc une phase de démarrage en deux parties : un démarrage rapide (0-T/8) suivi d'une accélération « douce » (T/8-T/2), puis une décélération « douce » (T/2-7T/8) suivie d'un freinage rapide (7T/8-T).

Nous avons en valeur absolue :

  • ;
  • ;
  • .

Loi polynomiale

Loi de mouvement polynomiale 3-4-5 en position.

Les conditions initiales et finales imposent six conditions : x(0) = 0, v(0) = 0, a(0) = 0, x(T) = xf, v(T) = 0, a(T) = 0. La fonction x(T) est donc au minimum d'un polynÎme de degré cinq :

x(t ) = c0 + c1t + c2t2 + c3t3 + c4t4 + c5t5.

La solution est unique et vaut :

cette loi est en général appelée « polynÎme 3-4-5 ».

Nous avons donc :

et ainsi en valeur absolue :

jmax = j(0) = j(T) = 60⋅xf/T3 ;
amax = 10/√3⋅xf/T2 ≃ 5,77⋅xf/T2 ;
vmax = 15/8⋅xf/T ≃ 1,88⋅xf/T.
Loi de mouvement en polynÎme 4-5-6-7 en déplacement.

Si l'on impose de plus que l'à-coup soit nul au début et à la fin, on obtient huit conditions et donc un polynÎme de degré sept appelé « polynÎme 4-5-6-7 ». Nous obtenons :

Nous avons en valeur absolue :

jmax = j(T/2) = -52.5⋅xf/T3 ;
amax ≃ 7.513⋅xf/T2 ;
vmax = 35/16⋅xf/T2 ≃ 2,19⋅xf/T.

Lois de mouvement harmoniques

Trois exemples de loi de mouvement en série de Fourier d'ordre 3, dites « lois harmoniques triples ».

Nous avons vu plus haut la loi de « mouvement harmonique simple ». Le terme « harmonique » fait rĂ©fĂ©rence Ă  la dĂ©composition en sĂ©rie de Fourier d'un mouvement pĂ©riodique ; on un mouvement de pĂ©riode 2T (en considĂ©rant qu'un pĂ©riode est un aller-retour pour que le mouvement soit cyclique) et on le dĂ©crit par une somme de fonction sinusoĂŻdales de pulsation k⋅ω. La loi cycloĂŻde est un autre exemple de loi harmonique, une harmonique d'ordre 2.

On peut ainsi concevoir un mouvement Ă  deux harmoniques, de type :

a(t ) = cm⋅cos(mωt ) + cn⋅cos(nωt )

avec ω = π/T. Mais quoi qu'il en soit, si l'on n'effectue qu'une demie pĂ©riode (un aller simple, le mouvement n'est alors pas pĂ©riodique), l'Ă -coup n'est fini au dĂ©but et Ă  la fin que dans certaines circonstances : il faut que l'accĂ©lĂ©ration soit nulle au dĂ©but et Ă  la fin. Par exemple, si l'on prend

a(t ) = a0⋅(cos(ωt ) – cos(2ωt ))

on a

j(0) = 0 puisque a(0) = 0 (car cos(0) = 1)

mais

j(T) = ∞ puisque a(T) ≠ 0 (car cos(π) = –cos(2π) = –1).

Seules certaines lois harmoniques sont donc adaptées aux vitesses élevées, par exemple

a(t ) = a0⋅(cos(ωt ) – cos(3ωt )),
a(t ) = a0⋅(6⋅sin(2ωt ) – sin(6ωt ))

ou bien

a(t ) = a0⋅(8⋅sin(2⋅ωt) + sin(6⋅ωt)).

Si le comportement mĂ©canique du systĂšme pilotĂ© peut ĂȘtre modĂ©lisĂ© comme un oscillateur harmonique, comme le balancement d'une charge levĂ©e par une grue ou un pont roulant ou bien un ensemble rigide que l'on peut modĂ©liser comme un systĂšme masse-ressort, alors une loi de mouvement harmonique permet de prĂ©dire facilement la rĂ©ponse du systĂšme Ă  la loi de commande.

ConcrÚtement, les lois précédentes donnent :

Courbe bleue
a = a0⋅(cos(ωt ) – cos(3ωt ))
  • vmax ≃ 2,36⋅xf/T
  • amax ≃ 8,55⋅xf/T2
  • jmax ≃ 69,8⋅xf/T3
Courbe verte
a(t ) = a0⋅(6⋅sin(2ωt ) – sin(6ωt ))
  • vmax ≃ 2⋅xf/T
  • amax ≃ 7,76⋅xf/T2
  • jmax ≃ 45,0⋅xf/T3
Courbe rouge
a(t ) = a0⋅(8⋅sin(2⋅ωt) + sin(6⋅ωt))
  • vmax ≃ 2⋅xf/T
  • amax ≃ 5,29⋅xf/T2
  • jmax ≃ 52,1⋅xf/T3

Ces lois sont dites « harmoniques triples » car il y a un facteur trois entre les fréquences (l'harmonique 2 est nulle).

Loi de mouvement en sinusoïde modifiée (bleu) et son développement du troisiÚme ordre en série de Fourier (vert).

Une telle loi peut ĂȘtre obtenue par dĂ©veloppement en sĂ©rie de Fourier ou bien par rĂ©gression non-linĂ©aire d'une autre loi comme une trap-mod, une sin-mod ou une loi polynomiale. Ainsi, les trois premiĂšres harmoniques pour une loi sin-mod donne :

et

Notons que la régression des moindres carrés donne un résultat proche :

Bilan

Valeurs maximale pour les lois de mouvements courantes
Loi vmax/(xf/T) amax/(xf/T2) jmax/(xf/T3)
Triangulaire en vitesse
(tout ou rien en accélération)
24∞
Trapézoïdale en vitesse 1/3-1/3-1/3
(tout ou rien en accélération)
1,54,5∞
Mouvement harmonique simple 1,574,9315,5 ou ∞
Trapézoïdale en accélération
deux phases1/2-1/2
25,3342,7
Trapézoïdale en accélération
trois phases 1/3-1/3-1/3
1,56,7560,8
Trapézoïdale modifiée en accélération
(trap-mod)
44,8961,4
SinusoĂŻdale avec vitesse constante
1/3-1/3-1/3
1,57,0766,6
CycloĂŻde 26,2839,5
Sinusoïdale modifiée en accélération
(sin-mod)
1,765,5269,5
PolynĂŽme 3-4-5 1,885,7760
PolynĂŽme 4-5-6-7 2,197,513-52.5

Voir aussi

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