Accueil🇫🇷Chercher

Lily Mathé

Lily Mathé (née Lily Markstein), née le à Eger, Autriche-Hongrie et morte le à Edgware, Royaume-Uni, est une violoniste, chef d'orchestre, déportée, et membre de l’orchestre des femmes d'Auschwitz.

Lily Mathé
Biographie
Naissance

Eger, Autriche-Hongrie
Décès
(Ă  75 ans)
Edgware, Royaume-Uni
Nom de naissance
Lily Markstein
Surnom
Lily Mathé
Autres informations
Religion
Juive
Instrument
Violoniste
Lieu de détention
Auschwitz, Bergen Belsen

Biographie

Famille et enfance

Lily Mathé est née dans la ville d'Eger en Autriche-Hongrie, le [1] sous le nom de Lily Markstein. Ses parents, Alexandre (Sándor) Markstein et Petronella Markstein (née Frank) s'établissent à Ujpest, qui devient le 4ieme arrondissement de Budapest en 1950, et ont 2 autres enfants : Imré/Eméric (né en 1908) qui s'engagera dans la Légion Etrangère[2] - [3] et Férencz (né en 1914) qui émigre en Israël après la Seconde Guerre mondiale.

Lily fréquente une école juive puis abandonne sa scolarité et part à Budapest pour étudier le violon et la direction d'orchestre[4].

En 1932, elle adopte le nom de scène Lily Mathé et monte un groupe tzigane « the 35 Gypsy Boys of Budapest »[5].

Musicienne et chef d'orchestre

Elle joue en Hongrie avec son groupe, à qui elle apprend à lire et composer de la musique, puis s'installe à Paris pour quelques années. Ils s'y produisent au restaurant Hungaria sur les Champs Elysées, au Cirque Medrano et à la radio.

Le groupe effectue des tournées en Allemagne, en Belgique, en France, au Royaume Uni, aux Pays-Bas et en Scandinavie.

  • 1932:
    • AcadĂ©mie royale de musique Ă  Berlin
  • 1935:
    • 14 au 26 novembre 1935 : spectacle de deux semaines au Radius Ă  Budapest.
    • 5 dĂ©cembre 1935 : concert Ă  Berne en Suisse
    • 31 dĂ©cembre 1935 au 3 janvier 1936 : l'HĂ´tel de Fribourg, tĂŞte d'affiche du Gala du Nouvel An ; le groupe complète son tour avec 3 autres spectacles.
  • 1936:
  • 1937:
    • Lily MathĂ© Ă  la Brasserie Hungaria, Paris, 11 avril 1937
      Lily Mathé à la Brasserie Hungaria, Paris, 11 avril 1937
      30 janvier au 20 février: "Brasserie Hungaria" de Michel Badalo puis au Cirque Medrano à Paris.
    • 18 au 30 mars puis 8-21 avril: "Brasserie Hungaria" de Michel Badalo Ă  Paris.
    • 5 au 21 mai: l'A.B.C. Ă  Paris
    • 19 juin au 31 juillet: tournĂ©e aux Pays-Bas, Pavillon du Rhin Ă  Arnhem
    • juin: cĂ©lĂ©bration du premier anniversaire du prince Bernhard
    • 1er au 20 aoĂ»t: CafĂ© Limburgia Ă  Heerlen, aux Pays-bas
    • 18 aoĂ»t: en prĂ©sence du consul hongrois, concert pour les malades Ă  l'hĂ´pital St. Joseph de Heerlen.
  • 1938:
    • 4 au 29 fĂ©vrier: Grand HĂ´tel Central de La Haye, Pays-Bas.
    • 1er au 16 mars: retour au CafĂ© Hungaria Ă  Amsterdam, deux spectacles par jour pendant 2 semaines.
    • 7 avril: Au Luxor Ă  Leyde.
    • 13 au 20 mai: Cabaret au Grand HĂ´tel Frigge Ă  Groningue, Pays-Bas.
    • 11 au 26 juin: Concert de deux semaines au Casino de la station balnĂ©aire de Zandvoort .
    • 1er juillet: Lily MathĂ© et ses 14 Magyars ouvrent un stand d'une semaine au Pavillon de la Princesse, dans la station balnĂ©aire de Scheveningen.
    • Octobre: Lily et ses Gypsy Boys enregistrent le premier de nombreux engagements qu'ils feront avec le restaurant de Heck.
    • 31 octobre: DĂ©part du Heck's Ă  Amsterdam.
    • 15 dĂ©cembre 1938 - 12 janvier 1939: retour Ă  Paris, 3 spectacles par jour Ă  la "Brasserie Hungaria".
  • 1939:
    • 1er au 18 aoĂ»t: retour aux Pays-Bas.
    • 18 aoĂ»t: grande soirĂ©e hongro-nĂ©erlandaise : La soirĂ©e de cabaret ouvert au CafĂ© Limburgia.
    • 30 septembre: Lily dĂ©cide de rester aux Pays-Bas et est Ă  nouveau accueillie par "Heck's Lunchroom" dans leur salle de Leyde.
    • 4 dĂ©cembre: Lily MathĂ© et ses "Gypsy Boys" ouvrent un stand Ă  l'hotel Savoy d'Amsterdam.
  • 1940:
    • 1er mars: Ă  Rotterdam Ă  l'hĂ´tel Atlanta
    • 1er au 30 avril: retour Ă  Amsterdam pour un autre concert prolongĂ© au "Heck's Lunchroom"
    • 14 mai: la Luftwaffe allemande lance un bombardement sans merci sur la ville nĂ©erlandaise de Rotterdam. L'armĂ©e allemande envahit ce petit pays le 15 mai : le piège se referme sur les juifs qui avaient dĂ©jĂ  fuit l'Allemagne ou la Pologne. DĂ©tenant un passeport hongrois, qui trahit son statut de juive, Lily Ă©chappe une première fois Ă  la Gestapo: Quand ils exigent de voir ses papiers, dans sa loge, Lily promet de leur montrer son passeport le jour suivant : elle s'Ă©clipse ensuite de la ville.
    • 1er aoĂ»t: Restant obstinĂ©ment aux Pays-Bas avec ses 9 "Gypsy Boys" Lily ouvre un autre stand avec Heck's - dans leur salle Ă  La Haye

DĂ©portation

En 1939, Lily déménage aux Pays-Bas après le début de la Seconde Guerre mondiale, pour retourner vivre avec sa famille à Budapest deux ans plus tard.

Après l'occupation allemande de Budapest au printemps 1944, Lily est arrêtée avec ses parents et d'autres membres de sa famille et déportée au camp de concentration d'Auschwitz[9] - [10]. Ses parents sont gazés peu après leur arrivée. Lily échappe à l'extermination après avoir été recrutée dans l’orchestre des femmes d’Auschwitz en tant que violoniste. Là, elle travaille dans l'usine de tissage et doit jouer de la musique pour le commandant du camp, Josef Kramer. En , Lily apparaît dans un film d'ITV sur Eichmann et Bergen-Belsen[11] - [12], où elle déclare que lorsque Josef Kramer la rencontre, il fredonne un air et lui demande de le jouer sur un violon qu'il lui donne. Il lui dit : « Si tu n'y arrives pas, tu vas mourir ». Elle fait un effort qui semblait lui plaire et il lui dit : « Tu as sauvé ta vie ». On l'a emmené chez Adolf Eichmann, alors en visite au camp, qui lui dit : « Tu dirigeras un orchestre du camp pour accueillir les nouveaux détenus et tu joueras tous les soirs au mess des officiers ».

A l'automne 1944, elle est transférée au camp de concentration de Bergen-Belsen. Gravement malade, elle est libérée le par l'armée britannique lorsqu'elle libère Bergen-Belsen[13].

Après la guerre

Peu après avoir émigré en Grande-Bretagne en février 1947, elle épouse le 8 mars 1947 à Londres[10], Edward Bernstein, d'origine viennoise, membre de l'armée britannique qui avait participé à la libération du camp. Edward et Lily vivent au n°3 de Douglas Road à Kilburn (près de Willesden Lane) au Royaume-Uni.

Dans les années 1950 et 1960, Lily travaille comme chef d'un groupe de musiciens gitans dans le restaurant "Aldwych Brasserie" de la cité de Westminster à Londres. Elle utilise toujours son violon donné par Kramer dans les camps.

Lily témoigne lors du procès d'Adolf Eichmann en Israël en 1961, sur la participation directe de celui-ci lors de la sélection à l'arrivée des déportés[10].

Mort

Lily meurt le au 17 Kenilworth Road Ă  Edgware, Royaume-Uni.

Notes et références

  1. « Archives Nationales de France, Fond de Moscou » (Reference code : 19940462/224 ; Dossier 22284), sur https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr
  2. « Base des engagés volontaires étrangers entre le 1er septembre 1939 et le 25 juin 1940 », sur https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/
  3. « Base des engagés volontaires étrangers entre le 1er septembre 1939 et le 25 juin 1940, 1er régiment de marche de volontaires étrangers (1er RMVE) », sur https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  4. Sophie Fetthauer : Lily Mathé, dans : Lexique des musiciens persécutés de l'ère nazie, Claudia Maurer Zenck, Peter Petersen (eds.), Hambourg : Universität Hamburg, 2011, « Lexique des musiciens persécutés de l'ère nazie »
  5. « Gipsy girl has Belsen tattoo », The Singapore Free Press,‎ 27 septembre1951, p. 4 (lire en ligne)
  6. « Lily Mathe "Casino-Czardas " 1936 » [audio]
  7. « Lily Mathé et ses 32 Juvénil Tziganes »
  8. Anthologies ; Orchestre tzigane Berèny ; Kiss Lajos ; Rozsi Rethy ; Sacha Petroff ; Petrika Marin ; Lily Mathé ; Georges Boulanger ; Magyari Imre ; Jean Gulesco ; Grigoras Dinicu ; Kazanova (La), « Tziganes Paris/Berlin/Budapest 1910-1935 : toute la magie musicale des cabarets tziganes de l'entre-deux guerres avec les enregistrements historiques des légendaires virtuoses du genre »
  9. « Document des Archives d'Arolsen ITS (Ferenc et Lily Markstein) », sur https://collections.arolsen-archives.org/
  10. K. Ronau, « K Ronau: Letters and Adolf Eichmann testimony », sur Wiener Holocaust Librairy,
  11. (en) Comer Klarke, Eichmann, The Man And His Crimes, Normanby Press, (ISBN 9781786254900, lire en ligne)
  12. Réalisateur : Simon Broughton • Écrit par Jonathan Dimbleby, Simon Broughton, « Return to Belsen » [Royaume-Uni • 2020 • 48 minutes • HD • Couleur],
  13. Bruno Giner, Survivre et mourir en musique dans les camps nazis, Paris, Berg International Editeurs (ISBN 9782823816075, lire en ligne)

Pour approfondir

Bibliographie

  • (en) Richard Newman, Alma Rose : Vienna to Auschwitz, Karen Kirtley, coll. « Hal Leonard Corporation », (ISBN 1-5746-7085-9 et 978-1-574-67085-1)
  • (en) Helena Dunicz NiwiĹ„ska, Ones of the Girls in the Band : Museum Auschwitz Birkenau, Karen Kirtley, 102 p. (ISBN 8-3770-4057-3 et 978-8-377-04057-7)
  • Anita Lasker-Wallfisch, La VĂ©ritĂ© en hĂ©ritage : La Violoncelliste d'Auschwitz, Albin Michel, (ISBN 2-2261-0462-3 et 978-2-226-10462-5)
  • Jean Jacques Felstein, Dans l'orchestre d'Auschwitz : Le secret de ma mère, Imago editions, (ISBN 2-8495-2094-2 et 978-2-849-52094-9)
  • Fania FĂ©nelon, Sursis pour l'orchestre : tĂ©moignage recueilli par Marcelle Routier, Stock, (ISBN 2-2340-0497-7 et 978-2-849-52094-9)
  • (en) Susan Eischeid, The Truth about Fania FĂ©nelon and the Women’s Orchestra of Auschwitz-Birkenau, Stock, (ISBN 9-783-319-31038-1)
  • Bruno Giner, Survivre et mourir en musique dans les camps nazis, Berg International Editeurs, , 190 p. (ISBN 9-782-823-8160-75 et 2-8238-1607-0)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.