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Ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi

La ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi est une des deux lignes ferroviaires Ă  Ă©cartement mĂ©trique et Ă  voie unique du rĂ©seau des Chemins de fer de Corse. Elle se prĂ©sente comme une antenne de la ligne principale de Bastia Ă  Ajaccio. Elle se dĂ©tache de cette dernière au nord de la gare de Ponte-Leccia (commune de Morosaglia), Ă  45 kilomètres de Bastia et 100 kilomètres d'Ajaccio et rejoint la gare de Calvi en traversant la Balagne.

Ligne de
Ponte-Leccia Ă  Calvi
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Voir l'illustration.
Calvi - remorque pilote et autorail Renault ABH 8 en gare (2005) - Ancien matériel réformé
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Ponte-Leccia, Belgodère, L'Île-Rousse, Calvi
Historique
Mise en service 1889 – 1890
Concessionnaires CFD (1883 – 1945)
Ponts et Chaussées (Non concédée) (1945 – 1965)
SACFS (1965 – 1972)
CFTA (1972 – 1982)
SNCF (1983 – 2011)
Collectivité territoriale de Corse (Non concédée) (depuis 2012)
Caractéristiques techniques
NumĂ©ro officiel 996 000
Longueur 74 km
Écartement mĂ©trique (1,000 m)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique
Signalisation Cantonnement téléphonique
Trafic
Propriétaire Collectivité de Corse
Exploitant(s) Collectivité de Corse
Trafic Trains Grande ligne
Trains périurbain

- Cet article est consacré à l'histoire particulière de la ligne Ponte-Leccia - Calvi, à la description de ses caractéristiques géographiques et techniques ainsi qu'à sa desserte.

N.B. : Les sujets intéressant les Chemins de fer de Corse dans leur intégralité sont traités dans l'article principal : les exploitants, la Corse et la politique ferroviaire, la rénovation du réseau, son statut juridique, le matériel roulant et la maintenance, le personnel et la tarification.

Histoire

La construction

La loi du portant classement de 181 lignes de chemin de fer dans le rĂ©seau des chemins de fer d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral (plan Freycinet) retient en n° 144 une ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi (Corse)[1]. Deux tracĂ©s diffĂ©rents sont encore en discussion Ă  cette date. Pour relier les deux points extrĂŞmes de la ligne par l'itinĂ©raire le plus court, la première variante ne passait pas par L'ĂŽle-Rousse, ville qui devait ĂŞtre reliĂ©e au rĂ©seau par un embranchement depuis Calvi. La longueur totale de ces deux lignes n'aurait dĂ©passĂ© que de km la longueur de la deuxième variante, celle finalement retenue par dĂ©cision du car moitiĂ© moins chère. Ensuite, la dĂ©claration d'utilitĂ© publique intervient rapidement le [2] (presque simultanĂ©ment avec le premier tronçon de la ligne de la cĂ´te orientale corse).

Alors que l'État contracte et dirige directement les travaux de la construction de la ligne centrale de Bastia Ă  Ajaccio, il laisse le soin de construire la ligne de la Balagne Ă  la Compagnie de chemins de fer dĂ©partementaux (CFD), sur la base de la convention de concession du approuvĂ©e par une loi le suivant[3]. Le capital Ă  engager par la CFD pour la construction de la ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi est forfaitairement Ă©valuĂ© Ă  15 270 000 francs, somme que l'État s'engage Ă  rembourser soit en 90 annuitĂ©s avec un taux d'intĂ©rĂŞt de 5 %, amortissements compris, soit par une rente de 3 % amortissable. Les premiers ingĂ©nieurs de la CFD arrivent en Corse en 1884 et disposent de six mois pour effectuer les relevĂ©s sur le terrain et les Ă©tudes de dĂ©tails. Les plans de projet des ouvrages d'art reçoivent l'approbation ministĂ©rielle le seulement, ainsi les travaux ne peuvent ĂŞtre lancĂ©s que dĂ©but 1886. Le nombre d'ouvriers affectĂ©s au chantier de la Balagne n'est pas connu, mais l'on a Ă©valuĂ© le personnel total travaillant alors sur la construction du rĂ©seau ferrĂ© corse Ă  20 000, toutes catĂ©gories confondues.

Les travaux se déroulent globalement assez bien, mais deux difficultés inattendues retardent l'achèvement de la ligne. La friabilité de la roche est en cause. Près de Palasca, un tunnel doit être construit en lieu et place d'une tranchée ouverte dont les parois risqueraient de s'effondrer. Entre Novella et Palasca, la voûte du tunnel du Conculi (P.K. 69,0) s'effondre pendant l'hiver 1888/89 et obstrue la voie. Une reconstruction ne paraît pas opportune, et une modification du tracé avec un tunnel plus profond est décidée. Ces travaux étant susceptibles de prendre du temps, un tracé de déviation provisoire est construit. Afin de réduire les retards accumulés dans les travaux, la CFD fait venir deux autres locomotives pour le train de chantier.

L'inauguration de la ligne se fait en deux temps : le de Ponte-Leccia Ă  Palasca, et le de cette gare jusqu'au terminus de Calvi. La ligne atteint une longueur de 73,3 km. Pendant les premiers mois d'exploitation, les trains doivent franchir au pas le tracĂ© provisoire au Conculi, incluant un passage Ă  niveau avec le chemin de fer de chantier[4] - [5] - [6].

La desserte

Le schéma de la desserte est restée immuable pendant des décennies, tant sur le plan du nombre de trains par jour que sur les temps de parcours. Circulent donc deux trains par jour dans chaque sens, avec des départs de Calvi à 5 h 05 et 14 h 10, et des départs de Ponte-Leccia à 8 h 40 et 17 h 45 (été 1914). La CFD ne remplit donc pas son obligation de mettre en place trois aller-retours par ligne[7].

Le voyage dure trois heures pile dans les deux sens, soit une vitesse commerciale de 24,43 km/h. Il n'y a avec la traction Ă  vapeur, ni de trains origine / destination Bastia, ni de trains supplĂ©mentaires entre Calvi et L'ĂŽle-Rousse. Pendant la Première Guerre mondiale, un seul aller-retour quotidien circule, partant de Calvi Ă  7 h 20 et de Ponte-Leccia Ă  16 h 00. Pendant les annĂ©es 1920, le deuxième aller-retour revient, et il y a maintenant un train en mĂŞme temps dans chaque sens sur la ligne. Les trains du matin partent simultanĂ©ment de Calvi et Ponte-Leccia Ă  9 h 05, et ceux de l'après-midi respectivement Ă  13 h 35 et 14 h 05 Ă  l'Ă©tĂ© 1929. Puis le premier dĂ©part de Calvi redevient plus matinal. En 1933, un train ne met « que Â» 2 h 52 de Ponte-Leccia Ă  Calvi, alors que les trains mettent 3 h 05 dans le sens inverse[8] - [9].

L'introduction des autorails Billard A 150 D en 1938 apporte (en automne 1938 ou en 1939) deux aller-retours Calvi - Bastia sans changement à Ponte-Leccia, avec un temps de parcours de 3 h 05 pour la totalité du parcours et de 2 h 00 pour la section Calvi - Ponte-Leccia. C'est donc une amélioration dans un double sens. Ces autorails ne s'arrêtent qu'à Casamozza entre Ponte-Leccia et Bastia. Les départs se font à 6 h 45 et 14 h 00 de Calvi, et à 9 h 20 et 16 h 20 de Bastia. Un train à vapeur par sens est maintenu, ce qui apporte pour la première fois trois aller-retours quotidiens. L'omnibus à vapeur part de Calvi un quart d'heure après l'autorail matinal, la capacité de ce dernier n'étant que de 64 places assises s'il circule avec une remorque. Le retour depuis Ponte-Leccia s'effectue à 15 h 00, avec un temps de parcours de 3 h 20 permettant de supposer qu'il s'agit de trains marchandises-voyageurs. Cette période d'une desserte plus étoffée est de courte durée, car la Seconde Guerre mondiale provoque sa réduction de 50 % : restent un aller-retour par autorail, limité à Ponte-Leccia, et le train à vapeur devenu tri-hebdomadaire. L'aller-retour Ponte-Leccia - Calvi dans la journée n'est plus possible. Quatre ans après la Libération intervenue dès automne 1943 en Corse, ce même service réduit est toujours en place[8] - [9].

Vers 1950, les trains à vapeur disparaissent du service voyageurs. Bien que suffisamment d'autorails soient disponibles, la fréquence des trains reste d'un unique aller-retour quotidien au moins jusqu'à la fin du service d'hiver 1952/53. Puis il est de nouveau de deux aller-retours quotidiens, avec un troisième les dimanche soir uniquement. Les départs se font à 6 h 10 et 14 h 25 de Calvi, et à 8 h 20 et 16 h 10 de Bastia. Le temps de parcours est de 3 h 15 à 3 h 20, soit légèrement plus qu'avant-guerre, car les autorails desservent l'ensemble des gares. Pendant les soixante ans qui suivent, pratiquement plus rien ne change, sauf le matériel. D'une année sur l'autre, les horaires sont seulement légèrement ajustés. Ainsi, en 1998, les départs se font à 6 h 20 et 14 h 30 de Calvi, et à 8 h 45 et 16 h 35 de Bastia, avec des temps de parcours compris entre 3 h 05 et 3 h 20. Selon les années, le service est réduit à un unique aller-retour hors saison, de novembre à mars. Sous l'exploitation de la SACFS entre 1966 et 1971, un autorail de messageries circule les jours ouvrables, jumelé entre Ponte-Leccia et Bastia avec le service homologue en provenance et à destination d'Ajaccio. Pendant les étés de 1967 à 1971, deux rotations supplémentaires sont mises en place entre Calvi et Ponte-Leccia, bref épisode de fleurissement sans lendemain. En effet, les voyageurs-km augmentent à peine pendant cette période[8] - [9] - [10] - [11].

Dans l'après-guerre, la principale innovation est l'introduction des « trains-tramways de la Balagne Â» sur la section de 21,8 km entre Calvi et L'ĂŽle-Rousse, en Ă©tĂ© 1965. Il s'agit de la première desserte cadencĂ©e en France (hors ĂŽle-de-France). Treize arrĂŞts intermĂ©diaires sont desservis, dont onze sont des arrĂŞts facultatifs crĂ©Ă©s Ă  l'occasion, les seules gares d'origine Ă©tant Algajola, Sant'Ambroggio et Calenzana - Lumio. Au dĂ©but, les trains-tramways vont au-delĂ  de L'ĂŽle-Rousse jusqu'au point d'arrĂŞt d'ĂŽle-Rousse Plage, avec un temps de parcours de 37 min seulement. La mission de cette nouvelle desserte est touristique ; ainsi, la pĂ©riode de fonctionnement est-elle limitĂ©e Ă  la saison touristique de mai Ă  octobre. L'horaire est renforcĂ© en juillet et aoĂ»t et comporte alors entre huit et dix aller-retours. L'instauration des trains-tramways est gĂ©nĂ©ralement portĂ©e au crĂ©dit de la « SociĂ©tĂ© auxiliaire des Chemins de Fer Secondaires » (SACFS), mais Ă©tait en fait inscrite dans le cahier de charges contenu dans le dĂ©cret de concession[8]. Le succès commercial de cette offre est dĂ©cisif pour le remplacement des petits autorails Billard par des Renault ABH8 vers 1978, jusque-lĂ  jamais utilisĂ©s sur la ligne. Ce simple changement de matĂ©riel nĂ©cessite un renouvellement de la voie pour ces engins plus lourds, qui cependant ne peuvent rouler aussi vite que les lĂ©gers Billard. Afin de pouvoir maintenir le cadencement Ă  l'heure, ĂŽle-Rousse Plage n'est plus desservie, et un nouveau point de croisement est amĂ©nagĂ© Ă  Sant'Ambroggio. MalgrĂ© le raccourcissement du trajet, le temps de parcours augmente de 50 % et passe Ă  50 min[12].

La traction

Parmi les quarante locomotives à vapeur de l'époque, quatre seulement furent affectées à la ligne de Ponte-Leccia à Calvi. Il s'agit des locomotives-tender no 53 à 56, uniques locomotives Fives-Lille des chemins de fer de la Corse, construites en 1891. Cette date laisse supposer que le début du service se faisait provisoirement avec d'autres machines. Les locomotives étaient stationnées au petit dépôt de Calvi, disposant d'une remise en quart-de-cercle avec trois voies de remise, mais pouvaient également passer la nuit dans la remise de Ponte-Leccia, à deux voies. Devant ces deux remises, des plaques tournantes étaient installées, et il y avait également des réserves à charbon et des grues à eau. En cours de route, l'eau pouvait être prise uniquement aux gares de Palasca et du Regino [13]. Après la fin du service à vapeur en mars 1950 pour le service de voyageurs puis en 1954 pour le service des marchandises, ce dernier est repris par le locotracteur no 114 dit « la bête de Calvi » à partir du printemps de l'année suivante. Cette situation n'évoluera pas jusqu'à la suppression du trafic de marchandises entre Ponte-Leccia et Calvi une trentaine d'années plus-tard.

Les séries d'autorails des chemins de fer de la Corse n'ont pas toutes effectuées du service sur la ligne de la Balagne. De 1938 à 1975, la ligne est desservie par des autorails Billard A 150 D essentiellement, circulant avec remorque pendant la saison. Entre 1955 et 1957, un aller-retour est assuré par le locotracteur no 114 prénommé, remorquant un ancien autorail Billard A 210 D démotorisé transformé en remorque après l'avarie du moteur. À partir de 1966, les autorails Billard recarrossés par les Établissements Carde de Bordeaux sont introduits, dont les deux derniers (no 503 et 526) restent en service jusqu'en 1983 et 1985. Cependant, les cinq nouveaux autorails CFD X 2000 assurent une partie des dessertes à partir de 1976, puis la quasi-totalité à partir de 1982. Ces autorails légers offrant une vue panoramique aux voyageurs sont l'unique matériel affecté à la ligne jusqu'à sa rénovation intégrale en 2008/2011 : le mauvais état de l'infrastructure n'a pas permis d'avoir recours aux Renault ABH8, ni aux Soulé X 97050. Les trains-tramways constituent cependant une exception : depuis 1977, ils sont assurés par des ABH8, d'abord à côté des Billard, puis en exclusivité[14] - [9].

Le trafic

La ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi a toujours connu une frĂ©quentation très faible, il est difficile d'Ă©tablir si elle est la consĂ©quence ou la justification du faible niveau de desserte. Entre 1975 et 1999, le nombre de voyageurs varie entre 25 000 et 50 000 par an, record atteint en 1990. La frĂ©quentation habituelle est de 30 000 voyageurs annuels, sans tenir compte, bien entendu, des trains-tramways de la Balagne qui desservent les plages Ă  la belle saison. La tendance Ă  une croissance quasiment continue telle qu'elle a pu ĂŞtre observĂ©e sur la ligne de Bastia Ă  Ajaccio ne suit pas. Pendant les annĂ©es 1990, la ligne de la Balagne reprĂ©sente autour de 4 % des clients des chemins de fer de la Corse. Quant aux trains-tramways, ils connaissent une frĂ©quentation extrĂŞmement variable en fonction de la conjoncture du tourisme. Depuis 1983, ils dĂ©passent en nombre de voyageurs la ligne Bastia - Ajaccio et dĂ©doublent leur frĂ©quentation pendant les quatre annĂ©es qui suivent. En 1987, ils atteignent le record absolu de frĂ©quentation de 363 000 voyageurs. Puis un tiers du trafic est de nouveau perdu jusqu'en 1997. Selon les annĂ©es, les trains-tramways peuvent reprĂ©senter la moitiĂ© du trafic des chemins de fer de la Corse en nombre, mais la distance de parcours moyenne est Ă©videmment plus faible que la moyenne du rĂ©seau (40 km environ). Près de 60 % des voyageurs empruntent les trains-tramways en juillet et aoĂ»t[15].

Des chiffres sur le trafic de marchandises ne sont pas disponibles, mais il peut ĂŞtre intĂ©ressant de remarquer que le locotracteur no 114 qui en avait le monopole de 1955 Ă  la fin Ă©tait limitĂ© Ă  quatre wagons, soit 40 t de charge utile. La frĂ©quence du train de marchandises Ă©tait bi-hebdomadaire depuis les annĂ©es 1970.

Description

Tracé et profil

Gare de L'ĂŽle-Rousse.

De la gare de Ponte-Leccia situĂ©e Ă  190 m d'altitude, la ligne part en direction du nord-nord-ouest en remontant la vallĂ©e de la Tartagine, puis de son affluent le Lagani. Le tracĂ© est très sinueux, et la voie ferrĂ©e cĂ´toie un moment l'ancienne route nationale 197. Elle traverse une contrĂ©e sauvage et aride couverte de maquis, ponctuĂ©e de quelques bosquets. Mais le plus souvent, le paysage est dĂ©couvert. Sur les 52 km qui sĂ©parent Ponte-Leccia de L'ĂŽle-Rousse, l'on n'aperçoit que rarement des traces d'habitation, et aucun village n'est desservi directement.

Peu après son dĂ©part de Ponte-Leccia, la voie ferrĂ©e traverse la rivière Asco et entame l'ascension vers la gare de Pietralba, avec une pente constante de 20 â€°. En moins de 20 km, la ligne atteint 500 m d'altitude, ce qui reprĂ©sente une dĂ©clivitĂ© moyenne de 15 â€°. Elle franchit alors, en tunnel, la ligne de partage des eaux entre le bassin du Golo et celui de l'Ostriconi, qui se jette dans la MĂ©diterranĂ©e Ă  l'ouest du dĂ©sert des Agriates.

De Novella Ă  Belgodère, la ligne, toujours sinueuse, s'accroche Ă  la pente et au relief sauvage, et offre des points de vue impressionnants. A partir de la gare de Belgodère, situĂ©e Ă  mi-chemin entre Ponte-Leccia et Calvi, la mer devient visible par temps clair. Après une descente sĂ©vère, elle traverse Ă  basse altitude le vallon du Regino, puis doit contourner la colline de Monticello avant d'atteindre le bord de mer Ă  3 kilomètres Ă  l'ouest de L'ĂŽle-Rousse. La ligne se dirige ensuite vers le sud-ouest en suivant de près la cĂ´te de la Balagne, sauf Ă  la pointe de Spano, qu'elle coupe.

La voie ferrée traverse des pinèdes, se faufile entre des dunes et épouse la côte rocheuse, selon les endroits. Ce trajet, remarquable par la vue sur ses plages et la côte, est fortement touristique, et se termine par un large tour du golfe de Calvi où la voie ferrée longe le haut de la plage avant d'arriver en gare de Calvi.

Il n'y a pas de grands ouvrages d'art, mais sept ponts en pierre[16] et dix courts tunnels, totalisant respectivement 210 m et 1 765 m. La dĂ©clivitĂ© maximale est 20 â€° et le rayon de courbe minimal de 100 m, mais ce rayon est uniquement appliquĂ© sur les sections les plus difficiles. Le gabarit de la ligne permet une largeur du matĂ©riel de 2,6 m. La voie Ă©tait initialement armĂ©e en rails Ă  double champignon de 21 kg/m. La faiblesse de l'armature et le mauvais Ă©tat de la voie limitaient la charge Ă  l'essieu Ă  t depuis l'après-guerre[9] - [17] pour une longueur maximale de 19 m.

Les gares, haltes et arrĂŞts facultatifs

Bâtiments en ruines de l'ancienne gare désaffectée de Pietralba

Les gares ordinaires disposent à l'origine de la voie principale, d'une voie d'évitement et d'une voie de débords, prolongée à ses deux extrémités par des courtes voies en impasse, soit six aiguillages. Sont concernées les gares suivantes : Novella (P.K. 65,3), Palasca (P.K. 75,1), Belgodère (P.K. 82,8), Le Regino (P.K. 88,1), L'Île-Rousse (P.K. 98,1), Algajola (P.K. 106,3) et Camp-Raffalli GR 20 (P.K. 115,5). La catégorie en dessous des gares étaient les haltes, disposant au maximum d'une voie d'évitement pouvant également servir de voie de garage, et éventuellement d'une voie en impasse. Sont concernées les stations suivantes : Pietralba (P.K. 57,7) et Sant'Ambroggio (P.K. 108,6). Les plans de voies ont souvent été simplifiés pendant le dernier quart du XXe siècle[18]. Pour faciliter les croisements de trains, certaines stations ont été équipées d'aiguillages talonnables renversables, ce qui évite aux agents de train de se déplacer pour les manœuvrer et dispense de l'installation d'une commande à distance. Pour les trains-tramways de la Balagne (voir ci-dessus), des points d'arrêt supplémentaires ont été créés, se résumant à des quais construits avec des bordures de trottoir en légère surélévation et une petite plaque montée sur poteau avec le nom de la station et l'horaire. Ces points d'arrêt sont à desserte facultative, et seule une partie des trains Calvi - Ponte-Leccia - Bastia les desservent.

La gare de Calvi a toujours été un terminus bien modeste, avec un petit dépôt mais sans séparation des gares de voyageurs et de marchandises, comme à Bastia et Ajaccio. Le bâtiment-voyageurs comporte un corps central à étage de trois travées, flanqué de deux pavillons latéraux sans étage à une seule travée construits lors d'agrandissements. Il y a deux voies à quai et une troisième voie pour le retour des machines. Ces voies ont été raccourcies, et les branchements intermédiaires ont été supprimés. La halle à marchandises est construite dans le même alignement que le bâtiment-voyageurs, à droite à quelque distance. Deux voies en impasse et une rampe pour le chargement des wagons étaient disponibles pour le trafic de marchandises. Le dépôt avec sa remise en quart-de-cercle et plaque tournante ne disposait que de sa voie d'accès, le long de laquelle était situé le parc à charbons[19].

Signalisation

À la base, la signalisation est celle en vigueur sur tous les réseaux d'intérêt général à voie métrique et ne comporte de signaux mobiles qu'à l'entrée des gares. Deux sortes de signaux commandées à distance sont utilisés. Il s'agit du damier annonciateur d'une obligation d'arrêt devant les principales gares, et du disque de ralentissement devant les autres stations comportant des aiguillages[20]. L'espacement des rames repose sur le cantonnement télégraphique, puis téléphonique. Le non-respect des signaux n'entraîne aucun freinage automatique, et les convois se situant entre deux gares ne peuvent être localisés. La sécurité de l'exploitation repose donc essentiellement sur le cantonnement et le respect de l'horaire de service et des consignes.

Desserte

La ligne de Ponte-Leccia Ă  Calvi est parcourue de bout en bout par 2 ou 3 aller-retours quotidiens. Les trains desservent Ă  la demande tous les arrĂŞts du parcours.

Sur la section de ligne L'Île Rousse à Calvi, jusqu'à 6 aller-retours supplémentaires sont assurés en juillet-août constituant ce qu'il est convenu d'appeler le « tramway de la Balagne », ou encore le « train des plages ».

Matériel roulant

Les deux matériels utilisés sur cette ligne sont les plus anciens :

  • entre Ponte-Leccia et Calvi, les CFD X 2000 rĂ©novĂ©s avec remorques Ă  bagages XRD rĂ©novĂ©es, jusqu'en Nov 2012.

suivie par des rames X 97050 - 2 éléments, une motrice et une remorque ou Jumelées 4 éléments, une motrice deux remorques et une motrice.

Notes et références

  1. « No 8168 — Loi qui classe 181 lignes de Chemins de fer dans le réseau des Chemins de fer d’intérêt général : 17 juillet 1879 », Bulletin des lois de la République Française, xII, vol. 19, no 456,‎ , p. 6 - 12 (lire en ligne).
  2. « No 12332 — Loi qui déclare d'utilité publique l'établissement du chemin de fer de Ponte-Leccia à Calvi : 21 août 1882 », Bulletin des lois de la République Française, xII, vol. 25, no 729,‎ , p. 865 - 866 (lire en ligne).
  3. « No 14034 — Loi qui approuve une convention passée entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie de chemins de fer départementaux, pour la construction et l'exploitation provisoire des chemins de fer de la Corse : 19 décembre 1883 », Bulletin des lois de la République Française, xII, vol. 27, no 823,‎ , p. 1401 - 1422 (lire en ligne).
  4. Paul Carenco, « Les Chemins de fer de la Corse », Chemins de fer régionaux et urbains, Paris, FACS-UNECTO, no 270 « Numéro spécial : les chemins de fer de la Corse »,‎ , p. 4-37 (ISSN 1141-7447) ; p. 5-8.
  5. (en) W.J.K. Davies, A Contrast in Islands : The narrow gauge railways of Corsica and Sardinia, East Harling, Norfolk, Royaume-Uni, Plateway Press, , 276 p. (ISBN 1-871980-50-X) ; p. 5-9 et 211.
  6. Pascal Bejui, Les chemins de fer de la Corse, Nice, La Regordane, , 1re Ă©d., 162 p. (ISBN 2-906984-00-0), p. 14-15, 19-20 et 23
  7. Pascal Bejui, Les chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 26.
  8. Paul Carenco, Les chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 13-18 ; et W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit. ; p. 13 et 19.
  9. Henri Domengie, Les petits trains de jadis : Sud-est de la France, Breil-sur-Roya, Les Ă©ditions du Cabri, , 274 p. (ISBN 2-903310-34-3), p. 252-260. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  10. Pascal Bejui, Les chemins de fer de la Corse, Nice, La Regordane, , 1re Ă©d., 162 p. (ISBN 2-906984-00-0), p. 56
  11. Pascal Bejui, Les chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 66-68.
  12. Pascal Bejui, Les Chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 66-67 et 78-79.
  13. W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit., p. 187-188, 192-193, 200-201 et 211.
  14. Paul Carenco, Les Chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 26-33.
  15. Pierre-Henri Émangard, Bernard Collardey et Pierre Zembri, Des omnibus aux TER (1949-2002), Paris, La Vie du Rail, , 466 p. (ISBN 2-902808-83-6) ; p. 430-431.
  16. Ainsi que 3 ponts métalliques au niveau du Camp-Raffalli et du camping Dolce Vita.
  17. Paul Carenco, Les Chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 25-26 ; Pascal Bejui, Les Chemins de fer de la Corse, op. cit., p. 87 et W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit., p. 35-39.
  18. W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit., p. 160-161 et 210-211.
  19. W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit., p. 187-188.
  20. W.J.K. Davies, A Contrast in Islands, op. cit., p. 172.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pascal Bejui, Les chemins de fer de la Corse, Chanac, La Regordane, , 2e Ă©d., 175 p. (ISBN 978-2-906984-39-4)
  • Paul Carenco, « Les Chemins de fer de la Corse », Chemins de fer rĂ©gionaux et urbains, Paris, FACS-UNECTO, no 270 « NumĂ©ro spĂ©cial : les chemins de fer de la Corse »,‎ , p. 4-37 (ISSN 1141-7447)
  • (en) W.J.K. Davies, A Contrast in Islands : The narrow gauge railways of Corsica and Sardinia, East Harling, Norfolk, Royaume-Uni, Plateway Press, , 276 p. (ISBN 1-871980-50-X)
  • Henri Domengie, Les petits trains de jadis : Sud-est de la France, Breil-sur-Roya, Les Ă©ditions du Cabri, , 274 p. (ISBN 2-903310-34-3) ; p. 252-260.
  • FĂ©lix FĂ©nino, Images de trains : Vol. XIII : Un tour de Corse en images, Paris, La Vie du Rail, , 128 p. (ISBN 978-2-915034-51-6)
  • Jean-Claude Riffaud, « Les Chemins de fer de la Corse », Magazine des tramways Ă  vapeur et des secondaires (MTVS), Gan, Éditions MTVS, no 32 « Les Chemins de fer de la Corse »,‎ , p. 3-80

Articles connexes

Liens externes

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