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Ligne Chauvineau

La ligne Chauvineau est un ensemble de fortifications dont la construction a débuté juste avant la Seconde Guerre mondiale, destiné à la défense de Paris et de sa région.

Ligne Chauvineau
Image illustrative de l’article Ligne Chauvineau
Tracé de la ligne Chauvineau

Lieu France (nord de Paris)
Type d’ouvrage Défense antichars
Construction 1939-1940
Matériaux utilisés Béton de ciment
Longueur 130 km
Utilisation 1940
Contrôlé par Drapeau français République française
Commandant historique Général Chauvineau
Guerres et batailles Seconde Guerre mondiale

Cette ligne se dĂ©ploie en arc de cercle autour de Paris, sur une longueur de 130 km. ÉtudiĂ©e dès 1931 mais commencĂ©e seulement en 1939, sa rĂ©alisation fut trop tardive et trop sommaire pour avoir un quelconque rĂ´le en 1940.

Histoire

Conception et construction

On retrouve dès le les premières préoccupations de la Commission d'Études de la Défense Nationale pour la constitution d'une ligne de défense pour protéger la capitale. Ce sujet est immédiatement pris en compte par le général Gamelin qui, le , donne l'ordre d'étudier une ligne de défense de la région de Paris.

Rien ne se fera pendant plusieurs annĂ©es : la ligne Maginot capte l'essentiel des crĂ©dits et de l'attention. Cependant, en 1938, le gĂ©nĂ©ral Billotte, alors gouverneur de la place de Paris, rĂ©vise les plans Ă©tablis en 1931 pour recommander une ligne plus courte (sa longueur passe de 250 Ă  150 km) et plus proche de la capitale, ce qui permettra de limiter les forces nĂ©cessaires Ă  sa dĂ©fense.

À la déclaration de guerre, pris de doutes, l'état-major s'inquiète en effet de la vulnérabilité des défenses du nord de la France et une note du du même général Billotte précise le rôle et l'urgence des travaux. Si celui-ci avait bien compris l’efficacité de la Blitzkrieg pendant la campagne de Pologne, il ne pouvait que recommander la construction d'une ligne défensive en espérant avoir les divisions mécanisées qui manquaient à l'armée française[1].

Durant le mois de , les études sont reprises et les travaux démarrent sous la direction du général Louis Chauvineau. Les travaux sont découpés suivant trois niveaux d'urgence[2] :

  1. Amorcer la position en organisant des môles de résistance aux trouées les plus exposées (trouées de Crépy-en-Valois et de Betz, plateaux entre le Grand Morin et le bois Sud de Nangis ainsi qu'entre le Grand Morin et la Marne, vallées de l'Oise et de l'Ourcq)
  2. Réaliser un obstacle antichar continu sur tout le front, en privilégiant la position au sud de l’Oise puis celle au nord de l’Oise.
  3. Assurer la continuité de la défense et donner de la profondeur.

L'approche des Allemands au début du mois de stoppe définitivement les travaux.

Caractéristiques

Bouclier de la ligne Chauvineau, Ă  la sortie sud du village de Mont-l'ÉvĂŞque, rue d'Ermenonville (ancienne RN 330) ; curieusement, la meurtrière est orientĂ©e vers le village. Il s'agit d'un blockhaus de type 3 « bouclier » pour canon antichar de 25 mm.

La ligne Ă©tait essentiellement vue comme une ligne de dĂ©fense antichar susceptible d'arrĂŞter des engins motorisĂ©s et de couvrir Paris (Ă  l'instar de la ligne Maginot). Se dĂ©ployant finalement sur une longueur de 130 km suivant un demi-cercle protĂ©geant le Nord de Paris, elle ne devait ĂŞtre Ă©difiĂ©e qu'au dernier moment, suivant les recommandations du gĂ©nĂ©ral Gamelin :

« Aucun commencement de réalisation en temps de paix. Il ne sera constitué, d’autre part, aucun stock de matériel. (…) Les travaux de défense devront commencer aussitôt que possible après l’ordre de mobilisation. Les études à faire en temps de paix porteront sur le tracé de la position, les travaux d’organisation, l’ordre d’urgence des travaux. »

— Maurice Gamelin, note du 17 mars 1931 au général gouverneur de Paris[2]

Cette fortification Ă©tait assez lĂ©gère (les dispositifs Ă©quivalents de la ligne Maginot n'Ă©taient d'ailleurs appelĂ©s que « ligne dĂ©fensive »), essentiellement constituĂ©e de petites casemates ou de places de tir pour l'artillerie. Il n'Ă©tait pas prĂ©vu de doter cette position d'armes spĂ©cifiques mais elle devait ĂŞtre Ă©quipĂ©e, le moment venu, avec l'armement organique des troupes chargĂ©es de la dĂ©fense de la position[2] : mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 et canon lĂ©ger de 25 antichar SA-L modèle 1934. Cet armement fut complĂ©tĂ© Ă  partir de 1940 par des emplacements pour des pièces de marine de 47 mm et de 65 mm.

Il n’était pas envisagé de construire une organisation défensive complète[2] telle qu’elle est prévue dans les règlements généraux avec ses trois lignes décalées (ligne d’avant-postes, ligne principale de résistance et ligne d’arrêt), mais de ne réaliser qu'une unique ligne principale de résistance.

Sur la courte pĂ©riode de neuf mois que dura sa construction, l'activitĂ© fut intense : près de 300 casemates et 14 km de fossĂ©s antichars furent construits. Les zones inondables le long de la Nonette et de la Grivette furent organisĂ©es. Des barrages antichar de tĂ©traèdres furent mis en place, en complĂ©ment du minage des ponts. Le matĂ©riel Ă©tant en prioritĂ© rĂ©servĂ© aux frontières du nord et de l'est, très peu de rĂ©seaux de fil de fer barbelĂ© purent ĂŞtre posĂ©s.

Pour l'ensemble de ces travaux, un crĂ©dit prĂ©visionnel de dix millions de francs français avait Ă©tĂ© ouvert sur 1939. Six millions furent utilisĂ©s en 1939, quatre reportĂ©s sur 1940[2]. Un crĂ©dit supplĂ©mentaire de six millions pour 1940 sera demandĂ©. Le planning avait Ă©galement Ă©tĂ© très optimiste : un dĂ©lai de rĂ©alisation de quatre mois avait Ă©tĂ© planifiĂ©[2], alors que les Ă©tudes d'avant-guerre devaient ĂŞtre recommencĂ©es Ă  cause des changements tardifs du tracĂ© de la Ligne.

Combats de 1940

En , le général Chauvineau peut dresser un tableau satisfaisant de l'avancement des travaux : la totalité des casemates sont coulées et les fossés antichar quasiment finis[2]. Les engins de terrassements ont été tous rendus.

Le , la ligne de défense est occupée, mais beaucoup de troupes ont perdu leur matériel et sont désorganisées. La destruction des différents ponts eut lieu le au matin, parfois sous le feu des avant-gardes allemandes.

Dès le , la position était en cours d'enfoncement, notamment sur son flanc ouest, dans le secteur de L'Isle-Adam, où la 13e DI cède sous la violente offensive de la 7e armée allemande.

Le , la pression est maintenue sur les troupes défendant la Ligne. Une forte pression sur le flanc est, concentrée autour d'Ormoy-Villers et à Rosières, qui est reprise aux Allemands après un bref combat, menace d'encerclement l'ensemble du dispositif.

Le lendemain matin, une tentative de traversée de l'Oise en direction de L'Isle-Adam bute sur l'artillerie française et échoue. Les positions françaises s'étant dévoilées, des bombardements sont réalisés et une nouvelle tentative de traversée de la rivière est entreprise vers midi. Cette deuxième attaque est également repoussée. Une troisième traversée un peu plus loin, derrière un écran de fumigène, échoue encore. Le soir, une dernière traversée permet aux troupes de choc allemandes d'établir une tête de pont. Malgré de furieux combats, les renforts peuvent alors traverser la rivière et les défenses françaises cèdent une à une.

Le au soir, le général Weygand donne l'ordre de retrait aux troupes, également attaquées au nord et menacées d'encerclement.

Vestiges actuels

Cette ligne est la dernière fortification permanente française[3] - [4]. Très éloignée des standards établis par la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF) lors de l'édification de la ligne Maginot, elle est peu visible.

Cependant, l'ensemble des casemates a été peu dégradé et leur inventaire est en constante amélioration[5]. Sur le groupe Ouest, secteur 1 de Conflans-Sainte-Honorine et la proche commune de Neuville-sur-Oise, un recensement le plus complet possible a été effectué avec prise de photographies. Un résumé de ce travail de recherche doit être publié dans la revue Passeur d'Histoire de l'association « Conflans à travers les âges » (novembre-décembre 2020).

Un autre travail de recensement et de nettoyage est mené chaque année depuis au moins 2007 autour de Betz par des élèves de troisième du collège Marcel Pagnol[6].

Notes et références

  1. The republic in Danger, General Maurice Gamelin and the Politics of French Defence, 1933–1940 de Martin S. Alexander, Université de Southanptom, novembre 2003, (ISBN 9780521524292).
  2. « La Ligne Chauvigneau », (consulté le ).
  3. Site collectiffrance40.fr, page "Histoire de la dernière fortification permanente Française" par Philippe Beuscart, consulté le 30 octobre 2021.
  4. Site inventaire.hautsdefrance.fr, Page sur la ligne Chauvineau", consulté le 30 octobre 2021.
  5. « La Ligne Chauvineau sur fortiff.be », (consulté le ).
  6. Equipe d'histoire géographie, « Le chantier de rénovation des blockhaus 2019 est ouvert », sur over-blog.net, Le blog de l'AEC"Archéo-Blockhaus" du collège de Betz, (consulté le ).

Bibliographie

  • Philippe Beuscart, La Ligne Chauvineau : Histoire de la dernière fortification permanente française, .

Annexes

Articles connexes

Lien externe

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