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Lewis Goldsmith

Lewis Goldsmith, né vers 1763, probablement à Richmond (Surrey), décédé le à Paris, est un homme de lettres et espion anglo-français d'origine juive portugaise.

Lewis Goldsmith
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Un radical partisan de la Révolution française

Lié aux radicaux à la fin des années 1780, Goldsmith établit des contacts avec les cercles maçonniques et les Illuminati à Francfort-sur-le-Main en 1792. Durant les guerres de la Révolution, il voyage à travers l'Allemagne, la Pologne (1794) et les Provinces-Unies[1]. En 1795, il écrit la préface de la deuxième partie de l'ouvrage de son ami Joel Barlow, Advice to the Privileged Ordres, qui exhorte les rois et les aristocrates à renoncer à leurs privilèges indus[2]. De retour à Londres en 1797, il fonde un journal pro-français, Albion, en 1799[1].

En 1800, Talleyrand, alors ministre des Relations extĂ©rieures, le charge de la presse et de la propagande Ă  Londres. Soutenu par la caisse noire du ministère, il monte une officine de propagande contre la politique de Pitt[3]. En 1801, Goldsmith publie The Crimes of Cabinets, or a Review of the Plans and Aggressions for Annihilating the Liberties of France and the Dismemberment of her Territories, une attaque contre la politique militaire de Pitt. En 1802, menacĂ© de poursuites juridiques, il obtient d'Otto, commissaire pour l'Ă©change des prisonniers de guerre, une lettre de recommandation pour SĂ©monville, alors ministre plĂ©nipotentiaire Ă  La Haye[4]. Celui-ci lui remet un passeport, et il passe avec son Ă©pouse Rebecca Ă  Paris[2], oĂą Talleyrand l'introduit auprès de NapolĂ©on. Avec l'aide de ce dernier, Goldsmith crĂ©e en octobre un nouveau journal, Argus, ou Londres vu de Paris, une publication bi-hebdomadaire anglaise sur les affaires anglaises d'un point de vue français, chargĂ©e « de propager vraies et fausses nouvelles Â»[3]. PressĂ© par Talleyrand de modĂ©rer le ton de son journal[1], il est remplacĂ© en par Thomas Dutton, ancien directeur du Dramatic Censor. Dans le besoin, Goldsmith demande une compensation de 7 000 francs[2] et propose ses services Ă  l'ambassadeur britannique au printemps suivant. Les services secrets parviennent rapidement Ă  le retourner et Ă  en faire un agent double[1].

En 1803, selon les dires de Goldsmith lui-même, il se voit confier une mission, celle d'obtenir du comte de Provence, le chef de la famille royale française et le prétendant au trône Louis XVIII, une renonciation au trône de France en échange du trône de Pologne. Celui-ci décline l'offre. Goldsmith affirme qu'il a alors reçu pour instruction d'enlever Louis, ou de le tuer s'il résiste. Il est également chargé de suborner des hommes d'État allemands[5]. Jusqu'en 1807, Goldsmith remplit des missions d'espionnage pour le compte de Napoléon.

En 1804-1805, il publie avec Bertrand Barère le Memorial Anti-Britannique. Par ailleurs, il traduit les Commentaries on the Laws of England de William Blackstone en français[2].

Un adversaire de Napoléon

Goldsmith retourne en Angleterre en 1809 avec un passeport de Dunkerque pour l'Amérique. Arrêté et emprisonné dans un premier temps à la prison de Tothill Fields Bridewell[2], il est bientôt relâché, et il s'installe comme solliciteur à Londres. En 1811, devenu entre-temps violemment anti-républicain, il fonde l'Anti-Gallican Monitor and Anti-Corsican Chronicle (connu par la suite sous le titre : British Monitor), dans lequel il dénonce à présent la Révolution française. Il propose ainsi qu'un prix soit mis sur la tête de Napoléon par souscription publique, mais se voit lui-même condamné par le gouvernement britannique.

Il publie Ă©galement Secret History of the Cabinet of Bonaparte et Recueil des manifestes, or a Collection of the Decrees of Napoleon Bonaparte en 1811, une Secret History of Bonaparte's Diplomacy — dans lequel il affirme que NapolĂ©on lui avait offert 200 000 [francs?] pour cesser ses attaques contre lui — en 1812 et An Appeal to the Governments of Europe on the Necessity of Bringing Napoleon Bonaparte to a Public Trial en 1815.

Dernières années

Goldsmith fait des séjours prolongés à Paris en et en [1].
Lorsqu'il apprend la mort de Napoléon, en 1821, il n'hésite pas à retourner sa veste dans un article Un mot sur la tombe de Napoléon Bonaparte : "Il n'est pas un seul homme en Angleterre qui ait dû être aussi frappé de la nouvelle de sa mort autant que moi. Toutes les haines expirent aux portes du tombeau"[6].
En 1825, il retourne dĂ©finitivement dans la capitale française, oĂą il devient en 1832 avocat conseil (solicitor) de l'ambassade britannique[7] - [2] et publie des Statistics of France quelques annĂ©es plus tard. Sa fille unique, Georgiana, nĂ©e en 1807 Ă  Paris[2], devient le la seconde Ă©pouse de John Copley, Lord Lyndhurst, trois fois Lord Chancelier du Royaume-Uni, dĂ©cĂ©dĂ© le [8], qui a jouĂ© un rĂ´le dans l'Ă©mancipation des Juifs du Royaume-Uni en 1858[9]. Il meurt « de paralysie Â» après des mois de maladie, dans sa maison, rue de la Paix, Ă  Paris, le [10].

Notes et références

  1. Darius Alexander Spieth, p. 149-150.
  2. John Goldworth Alger, p. 104-108.
  3. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le prince immobile, Fayard, 2003, p. 222
  4. Frédéric Masson, p. 490.
  5. Edgar Roy Samuel, « Anglo-jewish notaries and scriveners » (p. 113-159), Transactions of the Jewish Historical Society of England, tome 17, 1953, p. 148.
  6. Cité par Thierry Lentz, Bonaparte n'est plus, Perrin, 2019. Texte de Goldsmith en ligne sur gallica, p. 64
  7. Paul Morand, « Un journal napolĂ©onien de propagande imprimĂ© Ă  Londres Â» (p. 780 Ă  810), Revue des deux Mondes, tome 46, 15 aoĂ»t 1938, p. 787.
  8. Ernest Philip Alphonse Law, The History of Hampton Court Palace : Orange and Guelph times, G. Bell and sons, 1891, p. 448.
  9. Abraham Gilam, The Emancipation of the Jews in England, 1830-1860, Garland, 1982, 193 pages; p. 93.
  10. Oxford Dictionary of National Biography

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Lewis Goldsmith » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Oxford Dictionary of National Biography
  • (en) « Lewis Goldsmith », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [Goldsmith (en) Lire en ligne sur Wikisource].
  • (en) John Goldworth Alger, Napoleon's British Visitors and Captives: 1801-1815, Westminster, A. Constable & Co. ; New York, James Pott & Co., 1904 (rĂ©Ă©d. Read Books, 2008, 348 pages, p. 104-108).
  • (en) Samuel Austin Allibone, A critical dictionary of English literature: and British and American authors, living and deceased, from the earliest accounts to the middle of the nineteenth century. Containing thirty thousand biographies and literary notices, with forty indexes of subjects, J. B. Lippincott & co., 1858, tome 1, p. 687.
  • GĂ©rald Arboit, « Introduction Ă  l'histoire du renseignement sous le Premier Empire Â», Renseignement et OpĂ©rations spĂ©ciales, L'Harmattan, n° 4, , 195 pages, p. 39-79.
  • FrĂ©dĂ©ric Masson, Le DĂ©partement des affaires Ă©trangères pendant la rĂ©volution, 1787-1804, E. Plon et cie, 1877, 570 pages, p. 490.
  • Gilbert Martineau, La Vie quotidienne Ă  Sainte-HĂ©lène au temps de NapolĂ©on, Hachette, 1966, 271 pages, p. 249.
  • (en) Samuel Maunder, The biographical treasury, a dictionary of universal biography, Londres, Longman, Orme, Brown, Green & Longmans, 1838, p. 338-339.
  • (en) Darius Alexander Spieth, Napoleon's sorcerers: the Sophisians, Associated University Presse, 2007 - 215 pages, p. 149-150
  • (en) Robert Watt, Bibliotheca Britannica: A General Index of British and Foreign Literature, Routledge, 1996, 3002 pages, p. 423
  • « Goldsmith (Lewis) Â», Biographie nouvelle des contemporains: ou Dictionnaire historique et raisonnĂ© de tous les hommes qui, depuis la rĂ©volution française, ont acquis de la cĂ©lĂ©britĂ© par leurs actions, leurs Ă©crits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays Ă©trangers; prĂ©cĂ©dĂ©e d'un tableau par ordre chronologique des Ă©poques cĂ©lèbres et des Ă©vĂ©nemens remarquables, tant en France qu'Ă  l'Ă©tranger, depuis 1787 jusqu'Ă  ce jour, et d'une table alphabĂ©tique des assemblĂ©es lĂ©gislatives, Ă  partir de l'assemblĂ©e constituante jusqu'aux dernières chambres des pairs et des dĂ©putĂ©s d'Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy, Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, Librairie historique, 1820-1825, 20 volumes, tome 8, 1822, p. 222-223.
  • « Les vĂ©tĂ©rans de la presse militante en Angleterre: biographies anecdotiques des journalistes et publicistes anglais (III) Â», Revue britannique: Choix d'articles traduits des meilleurs Ă©crits pĂ©riodiques de la Grande-Bretagne d'AmĂ©dĂ©e Pichot, Bruxelles, MĂ©line, 1863, tome 2, p. 46-49 (reprenant « Editors and newspapers and periodical writers of the last generation, by an old apprentice of the law, third and concluding article Â», Fraser's magazine for town and country de James Fraser, Londres, Parker, Son & Bourn, tome 66, juillet-, p. 39-44).
  • « Goldsmith (Lewis) », La France littĂ©raire, ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littĂ©rateurs Ă©trangers qui ont Ă©crit en français, plus particulièrement pendant les XVIIIe et XIXe siècles de Joseph-Marie QuĂ©rard, Firmin Didot père et fils, 1829, tome 3, p. 404-405.

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