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Les Vignerons libres

Les Vignerons libres est la première cave coopérative viticole de France située à Maraussan[2].

Cave coopérative Les Vignerons libres
Façade de la cave coopérative
Présentation
Destination initiale
Cave coopérative
Construction
1905
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
311 avenue Jean-Jaurès
Coordonnées
43° 21′ 58″ N, 3° 09′ 16″ E
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Cette cave est célèbre grâce à la visite de Jean Jaurès et elle est inscrite aux monuments historiques.

Histoire

La situation économique à la fin du XIXe siècle

Vers 1800, au lendemain de la Révolution, les terres de Maraussan, commune de l’Hérault non loin de Béziers appartiennent principalement à quatre familles nobles : le comte de Perdiguier, monsieur de Rouvignac, monsieur d'Ulm possédant le tènement de la Treille et le comte de Nant vraisemblablement propriétaire du domaine de Lézigno. Le cépage dominant est le muscat. Des gens descendus de la montagne et travaillant au mois, d'où le terme de mesadiers, vivent alors dans les dépendances des châteaux et effectuent les travaux de la vigne et du domaine. Mais vers 1840-1850, la création des compagnies de chemin de fer attire une main d'œuvre désireuse d'obtenir des salaires plus élevés. Parallèlement survient la crise du phylloxéra entraînant la disparition des cépages nobles et incitant les quatre propriétaires Maraussanais à vendre pour investir dans les grandes compagnies ferroviaires. Une nouvelle situation économique et sociale apparaît. Les plants américains sont introduits sur le marché et les terrains inondables des bords de l'Orb ayant résisté au phylloxéra, fournissent en quantité un vin issu du cépage aramon qui est loin d'égaler la finesse et le goût du muscat.

Les quatre nobles vendent à une dizaine de gros propriétaires venus des villes voisines, mais les ouvriers agricoles des Domaines achètent aussi de petites parcelles qu'ils agrandissent par la suite. Ces derniers s'occupent de leurs terres après avoir effectué leur journée chez le patron et deviennent familiers des techniques de la taille et du greffage afin d'arrondir leur fin de mois. C'est avec l'apparition de ces propriétaires ouvriers que le projet coopératif allait apparaître au tournant du XIXe siècle.

1901 : La première coopérative vinicole de vente

Dès 1901, 128 viticulteurs de Maraussan (qui en compte officiellement 280) se regroupent. Le se crée ainsi la première coopérative viticole de France[3] avec pour devise la consigne Dumasienne de ralliement, « Tous pour un, un pour tous ».

Aussitôt les moyens nécessaires pour constituer un réseau de vente indépendant des négociants sont recherchés. Un magasin est loué à un coopérateur, cinq foudres et une pompe prêtés par des administrateurs et, aux premières réunions du conseil d'administration, la table est empruntée à un voisin, chacun amenant sa propre chaise.

Le projet est porté par deux personnes, Élie Cathala et Maurice Blayac. Ce dernier, épris de justice sociale, est président de la coopérative de sa création jusqu'en 1944[4]. Élie Cathala, militant syndicaliste de Béziers, socialiste et républicain devient la clé de voûte du système en intervenant comme « agent commercial ». Rémunéré à la commission, il démarche et multiplie les contacts. La presse parisienne et régionale intéresse ses lecteurs à cette expérience. Parallèlement, les efforts publicitaires sous forme de prospectus, circulaires, buvards, cartes postales abondamment diffusés aident à sortir la Cave de l'anonymat. Une commission de dégustation définit les classes de qualités et fixe le prix de vente pour chacune d'entre elles. Elle classe les échantillons proposés d'après un vin « type », compte tenu des degrés, couleur, « bonté » et qualité de la vinification.

Les Vignerons Libres de Maraussan trouvent leur premier client important à Bercy et signent un engagement de représentation et de vente exclusive de ses produits avec un négociant, Mr Collet. Ce dernier est très introduit dans les coopératives de consommation parisiennes et parmi celles-ci auprès de La Bellevilloise. Il propose frauduleusement par la suite d'autres produits vinicoles sous le couvert de ce même contrat.

Confondu par plusieurs membres du conseil de la Cave au cours d'un congrès, il voit son contrat résilié. Dès lors La Bellevilloise s'engage à traiter directement avec la Cave Coopérative de Maraussan, et en assure même la promotion auprès de la Fédération Coopérative de Paris qui regroupe 32 sociétés qui deviennent clientes à leur tour. Des dépôts sont créés à Charenton, La Rochelle et Toulouse. Ce réseau est étoffé par des coopératives de consommation en province, auxquelles s'ajoutent des clients particuliers.

Grâce au chemin de fer qui leur permet d'accéder au marché parisien, les viticulteurs de Maraussan vendent dès 1905, huit fois plus à Paris que dans le reste de la France. Plus tard, en 1906 ils achètent des wagons-foudres[4] et installent la Cave de vinification près de la gare de Maraussan, aujourd'hui disparue.

Le mouvement coopératif ouvrier se développe alors en France et les Vignerons Libres s'y inscrivent naturellement. Ils privilégient la recherche de leurs clients dans ce milieu. La cave coopérative adhère en 1902 à la Bourse des Coopératives Socialistes qui regroupe déjà les coopératives de consommation et de production de produits autres que le vin (lait, fromage, etc.).

1901-1905 : Premiers résultats encourageants

Les vignes de Maraussan et ses environs ont été dévastées pendant les années 1870 et en particulier en 1877. Depuis, elles ont été replantées avec des cépages très productifs, greffés sur plants américains. On produisait alors un vin issu des cépages Aramon, Carignan, Alicante-Bouschet pour les vins rouges, et Terret Bourret pour les vins blancs. A la crise du phylloxéra, dont la conséquence essentielle est la disparition des vignobles du Nord de la France, succède l'organisation d'une surproduction massive du Sud de la France, afin de répondre à la demande du marché national. Mais cela se fait au détriment des vins de qualité.

Chez Les Vignerons Libres l'arrivée de nouveaux coopérateurs chaque année et la confirmation des débouchés économiques, assurent une croissance soutenue. De 1902 à 1905, le nombre d'adhérents passe de 118 à 245, et les quantités expédiées de 5.520 hl à 36.781 hl[4]. Les consommateurs-coopérateurs, outre le droit de regard qu'ils ont sur la comptabilité, se voient ristourner 25 % des bénéfices et leurs représentants sont invités à une fête annuelle organisée par la cave coopérative. 20 % de ces bénéfices sont réservés à la promotion du mouvement coopératif.

1905-1907 : La construction de la cave de vinification

L'activité se développant, les chais loués deviennent insuffisants. Les coopérateurs construisent les bâtiments de la cave de 2 500 m2 [4] inaugurée en présence de Édouard Anseele, député belge et dirigeant de la Fédération des Coopératives de Belgique.

Au fronton du bâtiment utilisé pour les vendanges, les coopérateurs affichent leur projet économique. L'ancienne devise historique des mousquetaires est transformée pour mieux rendre compte de l'idée d'engagement de l'individu dans une entreprise collective : « Tous pour chacun, chacun pour tous ».

Le projet est alors compatible avec la conjoncture favorable aux vins de grande consommation du Sud de la France. En outre la crĂ©ation de la cave doit permettre une qualitĂ© suivie d'une rĂ©colte Ă  l'autre. En effet, la vinification collective de la production de chaque coopĂ©rateur permet d'obtenir une production homogène et de qualitĂ© qui Ă©chappe aux critiques frĂ©quentes Ă  l'Ă©poque de sucrage. Garantir la qualitĂ© exige de vinifier sur place une partie de la production et de possĂ©der ses propres moyens de stockage. La Cave possède une capacitĂ© de stockage de 15 000 hl mais ne permet de vinifier que 5 000 hl par an. Ă€ l'Ă©poque la majoritĂ© des adhĂ©rents vinifient leur vin chez eux. La vinification coopĂ©rative intervient en fait pour rĂ©guler la qualitĂ© produite, en aidant les petits propriĂ©taires. Ceux-ci peuvent alors porter tout ou partie de leurs raisins Ă  la cave. Ainsi un seuil maximum est fixĂ© : environ 70 coopĂ©rateurs peuvent amener 70 hl chacun, soit l'Ă©quivalent d'un hectare de vigne environ. Le stockage est rĂ©alisĂ© grâce Ă  10 000 hl de cuves en bĂ©ton et 5 000 hl de foudres en bois. Mais plus de 60 % du stockage s'effectue toujours chez le propriĂ©taire. En 1906 la coopĂ©rative commercialise 49 220 hl, et plus de 50 000 hl les trois annĂ©es suivantes[4]. La volontĂ© de privilĂ©gier les modes de commercialisation moderne influence directement le choix du lieu d'implantation de la Cave. Celle-ci a Ă©tĂ© construite Ă  30 mètres de la voie ferrĂ©e en surplomb de façon Ă  pouvoir remplir les wagons par gravitation sans pompage. Toute proche de la gare, une voie ferrĂ©e spĂ©ciale de livraison a Ă©tĂ© construite sur 90 mètres. Dès 1906, la Cave achète cinq wagons foudres et commercialise 80 % de son vin en rĂ©gion parisienne. Progressivement l'expĂ©dition en province augmente : dès 1908 elle reprĂ©sente 50 % des ventes. La nĂ©cessitĂ© de laisser reposer le vin après un long transport oblige la coopĂ©rative Ă  s'Ă©quiper sur le dĂ©pĂ´t de Charenton de 10 foudres de 200 hl. C'est de ce point de rĂ©ception que s'effectue la rĂ©partition vers les autres points de vente de la rĂ©gion parisienne. L'annĂ©e 1906 verra l'acquisition d'un nouvel entrepĂ´t situĂ© au Mans. La Cave constitue Ă©galement son stock de futailles complĂ©mentaires et sa propre cavalerie composĂ©e de chevaux de trait et d'un âne, la traction animale Ă©tant la seule source d'Ă©nergie accessible aux petits propriĂ©taires.

Retour Ă  l'individualisme Ă  partir de 1907

Les vignerons reçoivent a la cave les délégations des sociétés Coopératives de Consommation.

1907 est l'annĂ©e des grandes manifestations viticoles dans la rĂ©gion en rĂ©action Ă  une nouvelle crise de surproduction et Ă  des chutes de prix importantes. L'autorisation de sucrage donnĂ©e au vin du Nord est sĂ©vèrement condamnĂ©e par les manifestants du midi. La cave coopĂ©rative des Vignerons Libres partage ce jugement. La campagne de 1908 enregistre tout de mĂŞme une augmentation des ventes en volume : 1 500 hl.

Cependant le mécontentement existe au sein même des coopérateurs. Certains contestent le principe fondateur du prix fixé à l'année. Ce mécanisme avait permis jusqu'à présent de sceller la communauté d'intérêt des Vignerons Libres. Mais il présente aussi ses inconvénients. Lorsque les cours montent pendant l'année et deviennent supérieurs au prix fixé, les vignerons estiment qu'il y a pour eux un manque à gagner. Ils sont alors tentés de vendre directement aux négociants puisqu'ils n'ont pas l'obligation d'apporter la totalité de la récolte à la cave[4]. Lorsque les cours baissent influencés par la sur production, la Cave ne peut plus vendre aussi facilement, même à ses clients les plus fidèles, qui réclament une ristourne et décident parfois de se fournir ailleurs. Ce fut le cas en 1907. La crise interne à la Coopérative éclate au printemps 1907. Des critiques se manifestent dans ce sens et le Conseil d'Administration est obligé de solliciter un vote de confiance qu'il obtient à l'unanimité. L'activité de la Cave peut alors continuer, toutefois les tonnages vendus stagnent[4]. En 1908 est créé le journal Le Vigneron Libre pour promouvoir la structure coopérative encore peu répandue à cette époque, en expliquant son fonctionnement et en tenant au courant les lecteurs des évolutions. De nouveaux dépôts sont encore créés à Saint Junien, Chalus, Sainte Florine et Lagny.

Le développement du mouvement coopératif vinicole dans le sillage des Vignerons libres de Maraussan

Les Vignerons libres ont créé la première coopérative vinicole de France. Mais en 1908 ils ne sont plus seuls : le mouvement coopératif s'est développé et structuré. Dans les quinze années qui suivent la fondation de la Cave de Maraussan, 79 caves coopératives vinicoles voient le jour, dont 27 en Languedoc-Roussillon. Entre 1920 et 1939, 750 coopératives vinicoles sont créées dont 350 en Languedoc-Roussillon. La structuration du mouvement coopératif se poursuit à l'échelle nationale, portée par la Fédération des Caves qui est créée en 1905. On privilégie le niveau départemental : les départements qui possédaient un nombre important de Caves Coopératives s'organisent en Fédération Départementale. En 1932, les Fédérations Départementales s'unissent dans la Confédération Nationale des Coopératives Vinicoles de France. L'objectif est de resserrer les liens entre les coopératives tout en défendant leurs intérêts économiques, sociaux et moraux. La Confédération Nationale des Caves Coopératives devient l'interlocuteur privilégié des gouvernements successifs. Elle est également en mesure de fournir les renseignements d'ordre technique et juridique à ses adhérents.

1908-1914 Adaptations commerciales et organisatrices

Les Foudres centenaires

Il faut en prioritĂ© s'adapter Ă  l'accentuation de la concurrence : en 1908, huit coopĂ©ratives mĂ©ridionales de production Ă©taient adhĂ©rentes de la bourse des coopĂ©ratives. Le magasin de gros parvint Ă  dĂ©tacher deux d'entre elles de la fĂ©dĂ©ration des sociĂ©tĂ©s vinicoles du midi. Il obtint de ces deux dernières de meilleurs prix et crĂ©a une concurrence et une tension entre les coopĂ©ratives. Un redĂ©ploiement commercial s'opère alors. Le relais parisien du dĂ©pĂ´t de Charenton existe toujours mais dĂ©sormais un contrat lie la Cave et les « Magasins de gros » qui s'engagent Ă  Ă©couler 30 000 hl par an sur Paris et sa rĂ©gion. La distribution parisienne est en baisse avec 28 393 en 1908 (face Ă  36 273 hl en 1907), mais l'expansion de la commercialisation en province permet une croissance continue des ventes. On exporte mĂŞme vers la Suisse (750 hl). Les Vignerons Libres vendent dĂ©sormais autant en province qu'Ă  Paris.

Les modes de distribution se diversifient. L'essentiel reste la vente en vrac mais on s'attache une clientèle bourgeoise en province grâce à la « vente à la barrique ». La vente directe en bouteilles capsulées et estampillées au nom des Vignerons Libres commence. Enfin, trois nouveaux dépôts sont créés : « la Prolétarienne » à Romans, « L'Espérance » à Biarritz, « L'Aurore » à Oyonnax. Ces dispositions permettent le maintien des prix et sont conformes au caractère originel de la coopérative de vente. Une réforme interne vise alors à privilégier l'entrée des petits coopérateurs dont les vignes produisent moins de 125 hl (soit environ < 2 ha). Cette mesure s'ajoute aux dispositions qui depuis 1905 permettent aux adhérents de vinifier à la cave.

En 1909 alors que la capacité de la cuverie ne progresse pas, l'augmentation du nombre d'adhérents oblige à une nouvelle réduction de l'apport individuel de vendanges fraîches. À la création de la coopérative cet apport était de 70 hl. Il sera ramené à 60 hl, puis à 50 hl, pour être fixé alors à 40 hl. De plus, les nouveaux adhérents ne sont admis que s'ils récoltent moins de 125 hl. Cette dernière disposition va dans le sens de ce que souhaitent les coopératives de consommation. Ces limitations ont pour effet l'augmentation du nombre de « coopérateurs partiels ».

Cette même année la hausse des cours ne va pas sans créer de nouveaux problèmes. Contre l'accord avec les clients avec qui avait été déterminé le prix de la campagne et qui refusent toute augmentation, certains adhérents passent outre leurs engagements moraux : oubliant les services rendus par la Cave, ils traitent directement avec les négociants. Dans le Midi, la multiplication des caves coopératives se fait souvent sans grande préparation. Mais l'expérience et la qualité des produits de la Cave de Maraussan permettent de maintenir les prix à un niveau supérieur à celui du commerce en général. De nouveaux dépôts sont créés à Wignehies (Nord) et Guise. Les Vignerons Libres possèdent alors 32 entrepôts ou dépôts.

1914-1918 : La guerre

Jusqu'au début de la Grande Guerre, la Cave des Vignerons Libres de Maraussan maintient son activité. Cela lui permet de faire face aux aléas des crises externes (surproduction, concurrence déloyale d'autres exploitants) et internes (variation intempestive des cours, non-respect des règlements).

Lorsque survient la guerre de 1914-1918 la situation est donc satisfaisante. La rĂ©colte de 1914 est abondante et les vignerons du Midi font don de plus de 200 000 hectolitres de vin Ă  l'armĂ©e pour « soutenir le moral de la troupe ». Avec ce don, les vignerons font un « coup-marketing » avant la lettre, sans doute plus efficace qu'une coĂ»teuse campagne publicitaire. Alexandre Millerand, alors ministre de la Guerre, prend peu après la dĂ©cision d'en distribuer rĂ©gulièrement aux soldats. Pour de nombreux militaires venus de rĂ©gions non viticoles, c'est l'apprentissage d'une nouvelle boisson qui va vite remplacer le cidre ou la bière du repas ordinaire. Dès lors, la consommation de l'armĂ©e devient très importante : plus de 12 millions d'hectolitres. La mobilisation gĂ©nĂ©rale crĂ©e de nombreux vides dans les foyers de Maraussan et notamment parmi les adhĂ©rents de la Cave. Les dĂ©pĂ´ts dans les zones de combat doivent fermer et les wagons-foudres sont rĂ©quisitionnĂ©s pour faire face aux besoins de transport civil et militaire.

Après la Grande Guerre : la normalisation progressive du projet coopératif

MalgrĂ© les pertes subies dans divers entrepĂ´ts et les conditions de travail toujours plus difficiles, la poignĂ©e de coopĂ©rateurs restants Ă©tait parvenue pendant cette guerre Ă  Ă©quilibrer les comptes. Mais une fois le conflit mondial terminĂ©, la rĂ©organisation du fonctionnement de la Cave intervient dans des conditions très diffĂ©rentes de celles qui prĂ©sident au projet pionnier de 1901. Les Vignerons Libres font dĂ©sormais partie du mouvement national des Caves CoopĂ©ratives. La Cave doit s'identifier Ă  ce mouvement, avec sa particularitĂ© d'ĂŞtre avant tout une coopĂ©rative de vente plutĂ´t qu'une coopĂ©rative de vinification. De fait sa capacitĂ© initiale de vinification -5 000 hl/an- est restĂ©e inchangĂ©e. La mise en conformitĂ© des statuts avec les dispositions de la loi sur les coopĂ©ratives s'impose.

Dans le climat fervent de l'immédiate après-guerre, il est décidé que tout français ou étranger ayant eu un fils combattant, pourra adhérer à la Cave sans tenir compte de critères particuliers ou confessionnels. Le droit d'entrée est fixé à 1 franc l'hectolitre pendant cinq ans, sur la totalité de la récolte pour tous les nouveaux adhérents. Ces droits sont acquis par la coopérative et donc perdus pour les adhérents, et portés sur un compte de réserves. Les aménagements matériels se font par la suite en fonction des évolutions de conjoncture du marché viticole.

En 1920 on installe une distillerie coopĂ©rative ouverte Ă  tous, adhĂ©rents ou non de la cave coopĂ©rative. Elle s'avère non rentable et sera fermĂ©e en 1941. En 1937 la « cavalerie », dont le coĂ»t de revient est trop Ă©levĂ©, est supprimĂ©e. Les transports de vins sont depuis confiĂ©s Ă  un camionneur rĂ©munĂ©rĂ© au forfait. Les bâtiments sont agrandis Ă  plusieurs reprises : 1951 pour permettre une capacitĂ© de stockage de 13 000 hl ; en 1959 pour installer une cuverie nouvelle, un Ă©gouttoir et un pressoir continu.

Avec les années qui passent, le nombre d'adhérents augmente malgré l'évolution en dents de scie du cours du vin. Depuis 1959 la décision est prise de ne plus accepter d' adhérents partiels suspects de ne pas apporter à la coopérative la meilleure qualité de leur production. Tous les coopérateurs doivent désormais amener la totalité de leurs vendanges[4].

Ainsi, avec l'extension de l'activité par le développement de la capacité de stockage, la Cave devient une coopérative moyenne. Cette normalisation progressive fait que l'histoire de la Cave des Vignerons Libres se conjugue désormais avec celle des coopératives languedociennes. Il y aura des moments de doute : l'apparition de surplus liés au développement du vignoble algérien dans les années 30 ; la montée en puissance de la production d'autres pays sud européens à partir de la fin des années 60 ; la mise en application des mesures d'arrachage promues dans le cadre de la Politique Agricole Communautaire. Mais aussi des épisodes de lutte (1954,1975), et des initiatives de renouveau. Ainsi à partir de la seconde moitié des années 70, la Cave se lance dans plusieurs opérations d'amélioration de sa capacité de production : rénovation des quais avec l'installation de systèmes électroniques de pesage et de mesure du degré des apports ; création d'un atelier de vinification des vins rouges avec des cuves autovidantes ; encouragement à la plantation de cépages teinturiers (Alicante Henri Bouchet) et améliorateurs (Syrah), par l'attribution de primes. Ces initiatives sont le résultat de la création en 1973 de l’Union des Caves Coopératives du Haut Biterrois, CEPRO (Centre d'Expansion et de Promotion des Vins du Haut Biterrois)

1973 : Le CEPRO

L'Union coopérative CEPRO a été créée par les caves coopératives de Cazouls-lès-Béziers et de Maureilhan. Celles de Capestang, Lespignan, Maraussan, Montady, Nissan et Poilhes rejoignent le groupe fondateur entre 1977 et 1979. La reconnaissance en tant que «groupement de producteurs» date du .

Le rôle premier de l'Union a été de restructurer le vignoble et de moderniser l'équipement des caves coopératives.

Au cours de la campagne 1984-1985, le CEPRO décide de vendre en commun la totalité des vins produits par ses caves. De 1985 à 1992 la commercialisation permet de consolider le travail entrepris en commun sur tous les secteurs : amélioration du vignoble, vinification, procédures administratives et comptables. Au cours de l'exercice 1992-1993, l'ensemble des caves est fusionné au sein du CEPRO.

2001 : Les Vignerons du Pays d'Ensérune adhèrent aux Vignobles de Foncalieu

Les vignes de la ville de Cazouls-lès-Béziers

En 1995, les « Vignerons libres » sont devenus les « Vignerons du Pays d’EnsĂ©rune » avec l’adhĂ©sion de onze villages sur un vignoble de plus de 3 500 hectares : Cazouls-lès-BĂ©ziers, Maureilhan, Cazedarnes, Montady, Capestang, Colombiers, Poilhes, Nissan-lez-EnsĂ©rune, Lespignan, Puisserguier.

En 2001, les Vignerons du pays d’EnsĂ©rune adhèrent Ă  l’Union coopĂ©rative des Vignobles de Foncalieu afin de valoriser leur patrimoine viticole. Ils sont associĂ©s dans cette dĂ©marche Ă  d’autres caves du Grand Sud, des Corbières, du Minervois et des Cotes du RhĂ´ne. Les vignobles de Foncalieu sont reprĂ©sentĂ©s par 1 200 familles de propriĂ©taires rĂ©coltants sur le Grand Sud.

En 2005, la gamme Enséduna est créée.

Notes et références

  1. Notice no PA34000029, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. L’EncyclopĂ©die socialiste (cf. bibliographie), en 1913, la cite comme un « exemple encore unique dans la viticulture, mĂŞme internationale Â»
  3. Jean Jaurès, Œuvres tome 11: Voici le XXe siècle ! (1905-1907), Fayard, , 688 p. (ISBN 978-2213713113), Chapitre 3, note 189
  4. Stéphane Le Bras, « Le mouvement coopératif au XXe siècle. Un levier pour préserver l’économie viticole du Sud de la France », sur /halshs.archives-ouvertes.fr,

Voir aussi

Bibliographie

  • P. Brizon & E. Poisson, La CoopĂ©ration, 3e part.: Les types coopĂ©ratifs, chap. XV, § 1 : Les Vignerons libres de Maraussan, dans l’EncyclopĂ©die socialiste, syndicale et coopĂ©rative de l'Internationale ouvrière, sous la direction technique de Compère-Morel, directeur-propagateur Jean-Lorris, Paris : Éditions Aristide Quillet, 1913, pp.436-443
  • Richard Lauraire, Maraussan, production et producteurs d'un patrimoine social : de la cĂ©lĂ©bration historiographique au rite d'initiation, dans le cadre de la mission Production, producteurs et enjeux contemporains de l'histoire locale - 1996, A.R.C.E., 1998, 163 p.
  • Richard Lauraire, Les vignerons et la coopĂ©rative languedocienne : entre littĂ©ratures, patrimoines et traçabilitĂ© !, dans la revue « Études HĂ©raultaises » no 30/32, 2001, pp.287-296

Articles connexes

Liens externes

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