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Les Vacances de monsieur Hulot

Les Vacances de monsieur Hulot est un film français réalisé par Jacques Tati, tourné en 1951 et 1952 et sorti en 1953.

Les Vacances de monsieur Hulot
Description de l'image Les Vacances de Monsieur Hulot title.jpg.
RĂ©alisation Jacques Tati
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Genre comédie
Durée 114 min / 89 min
Sortie 1953

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Monsieur Hulot passe les vacances d'été au bord de la mer, dans un paisible hôtel familial. Mais sa maladresse lui fait commettre de nombreuses bévues. À la fin du séjour, les vacanciers repartent sans que rien d'important ne se soit passé…

À travers différentes anecdotes, le film présente une galerie de types de vacanciers à une époque où les vacances à la mer deviennent le rite annuel sous l'impulsion des congés payés.

Le film se moque aussi doucement de la confiance de la société occidentale d'après-guerre, dans la croyance optimiste en la production capitaliste, mais aussi de la valeur de la technologie complexe par rapport aux plaisirs simples, des thèmes qui reviendront dans les films ultérieurs de Jacques Tati.

Fiche technique

Distribution

Acteurs non crédités

  • Georges Adlin : le sud-amĂ©ricain
  • Michèle Brabo : l'estivante excentrique
  • Henri Marquet : le client du restaurant au tee shirt rayĂ© / un homme aux funĂ©railles qui aide Hulot Ă  sortir sa Salmson du cimetière / le dĂ©panneur qui remorque la Salmson de Hulot sur le port
  • Pierre Aubert[2] : le jeune intellectuel
  • AndrĂ© Dino : le client de l'hĂ´tel qui pose pour la photo
  • Bernard Maurice : le client de l'hĂ´tel coincĂ© dans sa voiture Ă  la suite d'une ruade du cheval de Mr Hulot
  • Jacques Cottin, AndrĂ© Pierdel, Pierre Clauzel : des vacanciers faisant des exercices physiques sur la plage
  • CĂ©sar Baldaccini : un campeur barbu dans le chalet
  • Madame Cottin : une cliente de l'hĂ´tel
  • Marcel Girard : le palefrenier amenant les deux chevaux
  • Daniel Marquet : l'enfant avec les deux cornets de glace

Le tournage et les différentes versions

L'« Hôtel de la Plage » à Saint-Marc-sur-Mer (Saint-Nazaire), le lieu de tournage des extérieurs du film.

Avant la guerre, lors d'une visite chez des amis de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), M. et Mme Lemoine, installés près de la plage de Port Charlotte, Tati est séduit par la plage de Saint-Marc-sur-Mer, station balnéaire nazairienne située à km au sud-ouest du Centre ville. Il décide d'y revenir un jour pour tourner un film.

Une autre version indique que le synopsis du film indiquait qu'il fallait trouver « une petite localité fréquentée surtout par des estivants modestes, des familles nombreuses et des habitués ». Jacques Tati accumule alors pendant sept mois de nombreuses cartes postales du littoral français pour faire son choix. Il aurait par ailleurs envoyé un émissaire pour dénicher le décor idéal parmi trente stations balnéaires[3].

Le tournage des extérieurs a lieu à partir de la fin à Saint-Marc-sur-Mer (à cause du temps exécrable, l'équipe du film étant pourtant présente depuis mai[3]) et s'y poursuivit jusqu'au 22 octobre de la même année. Tati loge alors dans une villa de Saint-Marc dite « Le Château » avec son équipe et dans laquelle a été tournée la scène de la partie de tennis[4]. Tati a utilisé divers lieux de la station : la plage, avec son « Hôtel de la plage » (équipé d'une fausse entrée pour les besoins du film car le bâtiment n'était à l'époque pas encore repeint à la chaux), le port. Les scènes intérieures ont été tournées dans les studios de Boulogne, à Boulogne-Billancourt au cours de l'année 1952 ; il réutilise notamment les décors du film Il est minuit, docteur Schweitzer[3].

Pour le tournage, la chaussée longeant la corniche est goudronnée, des arbres sont abattus et une maison en piteux état est restaurée et maquillée en boutique. Le phare au bout de la jetée, les cabines, la façade de la villa où pose Martine sont eux factices, réalisés avec le bois récupéré par Jacques Lagrange sur le paquebot Marrakech, désossé à l'époque sur les chantiers de Saint-Nazaire[3].

Tati se blesse à la main pendant le tournage de la scène du feu d'artifice et des grains de sable détériorent les premières bobines. De nouveaux plans sont donc tournés entre septembre et [3].

Les premiers plans du film ont été tournés à la gare d'Argentan et de Dol de Bretagne (passage de la gifle du petit garçon).

La population de Saint-Marc a participé au film[3], mais dans une moindre mesure que celle de Sainte-Sévère-sur-Indre pour Jour de fête.

Le film ne cite pas le nom de Saint-Marc-sur-Mer (sauf sur le plan final, grâce à un tampon de la poste en incrustation), contrairement à celui de Sainte-Sévère qui apparaît explicitement dans un plan de Jour de fête.

En 1963, Jacques Tati a réalisé un nouveau montage du film afin d'apporter un peu plus de rythme et une nouvelle bande-son a été enregistrée. Les musiques ont été réorchestrées à cette occasion mais conservent le célèbre thème principal composé par Alain Romans. En 1968 dans Les Cahiers du cinéma, Tati regrette la disparition de certaines scènes, comme celle du cimetière, qui se terminait par exemple à l'aube sur la grève ; il accuse alors la production d'avoir jeté les négatifs mais il n'est pas non plus impossible que le cinéaste a pu lui-même les faire disparaître lors de ses montages. Dans l'article, il regrette également de ne pas avoir pu tourner en couleur, faute de budget suffisant[3]. En 1978, Tati est revenu à Saint-Marc-sur-Mer pour tourner une scène inspirée du film Les Dents de la mer de Steven Spielberg.

La dernière édition vidéo est sortie en . L'édition DVD propose la dernière version de 1978, dernière version souhaitée par Jacques Tati, entièrement restaurée en 2009, image et son. L'édition Blu-Ray est accompagnée de la version 1953, image remastérisée et son restauré.

Monsieur Hulot

Monsieur Hulot est un personnage échappé du cinéma muet dans le monde du parlant. Il se heurte à la technologie, à un monde impersonnel et gadgétisé. Jacques Tati s'est servi de ses capacités de mime pour le confronter aux dérèglements, aux rites et au ridicule d'un monde en mutation.

Inspiration

Nicolas Hulot a indiqué que c'est son grand-père qui a inspiré à Jacques Tati le nom de son personnage :

« Enfant, je l'avais entendu dire par mes parents. Pour en avoir le cœur net, j'ai appelé la fille du cinéaste et j'ai pu reconstituer toute l'histoire. Mon grand-père était l'architecte de l'immeuble dans lequel habitait Jacques Tati. Chaque fois qu'il y avait un problème, la gardienne lui disait : "Il faut appeler Monsieur Hulot !" Cela revenait comme un leitmotiv. Il semble que mon grand-père avait une silhouette particulière, qui a frappé Tati. Aussi, lorsqu'il a créé son célèbre personnage, il s'est souvenu du nom et a demandé l'autorisation de l'utiliser[5] - [6]. »

La voiture de Monsieur Hulot

Par son expressivité et son omniprésence, l'étique guimbarde de Monsieur Hulot est un personnage à part entière des Vacances. Cette voiture est à l'origine une « Voiturette André Lombard » de type 3 (VAL 3) et de marque Salmson qu'André Pierdel, chargé des effets spéciaux, avait modifiée pour les besoins du film, ainsi que le rapporte Stéphane Pajot : « Normalement, explique Pierdel, la vraie voiture avait les ailes arrondies. Je les ai coupées droites, puis on a rajouté une roue de secours sur le côté avec une corne à poire. Tati voulait qu'elle soit plus marrante et qu'elle pétarade. En fait, j'étais planqué dans le coffre avec un tuyau et du talc. Un moment, un paquet de talc est tombé sur la route mais on ne s'en aperçoit pas. Pour qu'elle ait un côté encore plus ridicule, on a rajouté le filet, la canne à pêche… »[7]

D'après Jean-Philippe Guérand, la VAL3 ainsi mutilée pour les besoins comiques du film avait en réalité connu son heure de gloire : elle aurait en effet gagné en 1927 le Bol d'or automobile de Saint-Germain-en-Laye en atteignant la vitesse de quatre-vingts kilomètres à l'heure[8].

RĂ©compenses

  • 1953 : Prix Louis-Delluc, Paris[3]
  • 1953 : Prix de la critique internationale, Festival de Cannes[3]
  • 1953 : Prix Femina, Bruxelles
  • 1955 : Golden Laurel award, Édimbourg
  • 1956 : Meilleur film de l'annĂ©e, Cuba
  • 1990 : Prix Delluc-des-Delluc, remis Ă  l'occasion du centenaire de la naissance de Louis Delluc parmi les 47 laurĂ©ats primĂ©s depuis la crĂ©ation du Prix Louis-Delluc en dĂ©cembre 1936.
  • Ă€ sa sortie, le film est un succès en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Dans Les Cahiers du cinĂ©ma, un critique Ă©crit : « Heureux M. Hulot qui rĂ©ussit cet exploit de transformer un sinistre Trou-sur-Mer quelconque en un havre de grâce, tout baignĂ© de poĂ©tique humour et oĂą nous dĂ©sirons plus qu'aller passer nos prochaines vacances »[3].
  • Ce film fait partie de la Liste du BFI des 50 films Ă  voir avant d'avoir 14 ans Ă©tablie en 2005 par le British Film Institute.
  • Woody Allen, qui l'a vu adolescent, le considère comme le film comique le plus abouti de son Ă©poque[3].

Notes et références

  1. Valentine Camax sur le site Wikimanche.fr
  2. (en) Pierre Aubert sur l’Internet Movie Database
  3. François Aubel, « Hôtel de la plage. Jours de fête », Le Figaro, vendredi 22 août 2011, page 20.
  4. Chroniques de Saint-Nazaire - Le château de Saint-Marc
  5. « Les voyages de Monsieur Hulot » (archive web), Jérôme Dupuis, l'Express.fr, 7 février 2005.
  6. Jean-Louis Beaucarnot, Le Tout-Politique, Ă©ditions de l'Archipel, .
  7. Stéphane Pajot, Les vacances de Monsieur Tati : Hulot à Saint-Marc-sur-Mer, éditions D'Orbestier, 2003, p. 76.
  8. Jean-Philippe Guérand, Jacques Tati, Gallimard, 2007, p. 123

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Kermabon, Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati, Yellow Now, CrisnĂ©e, Belgique, 1988, rĂ©Ă©dition actualisĂ©e 2009
  • StĂ©phane Pajot, Les Vacances de Monsieur Tati, Hulot Ă  Saint-Marc-sur-Mer, Éditions d'Orbestier, Le Château d'Olonne, 2003, 125 pages (ISBN 2842380576 et 9782842380571)
  • Jean-Claude Chemin, Et Tati crĂ©a Monsieur Hulot, Locus Solus, 2019.

Articles connexes

Liens externes

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