AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Lambert Beauduin

Lambert Beauduin est un moine bĂ©nĂ©dictin belge (1873-1960), initiateur, en 1909, d'un mouvement liturgique qui, en se diversifiant, conduira Ă  la rĂ©forme liturgique du concile Vatican II. Il fut aussi et surtout pionnier de la dĂ©marche ƓcumĂ©nique au sein de l’Église catholique et fondateur, en 1925, du MonastĂšre de l'Union Ă  Amay-sur-Meuse (transplantĂ© depuis Ă  Chevetogne).

Lambert Beauduin
Portrait de Lambert beauduin
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  86 ans)
Ciney
Nationalité
Activités
Autres informations
Ordre religieux

Biographie

RepĂšres chronologiques

  • Naissance Ă  Rosoux (province de LiĂšge) : 4 aoĂ»t 1873
  • PrĂȘtre diocĂ©sain : 1897
  • AumĂŽnier du Travail : 1899
  • Moine Ă  l’abbaye bĂ©nĂ©dictine du Mont-CĂ©sar Ă  Louvain : 1906
  • Lancement du mouvement liturgique : 23 septembre 1909
  • ActivitĂ©s patriotiques clandestines : 1914-1917
  • Sous-prieur Ă  Edermine (Irlande) : 1917-1919
  • Professeur Ă  Rome : 1921-1925
  • Fondation du MonastĂšre de l’Union Ă  Amay-sur-Meuse : v. 25 novembre 1925 (transfĂ©rĂ© Ă  Chevetogne en 1939)
  • DĂ©missionnĂ© de sa fonction de prieur : 21 dĂ©cembre 1928
  • Exclu de l’ƒuvre de l’Union: 30 janvier 1931
  • ExilĂ© (1932-1951): En-Calcat (1932), Cormeilles-en-Parisis (1934), Chalivoy (1938), Chatou (1939)
  • HĂŽte au MonastĂšre de l’Union (Chevetogne) : 1951
  • DĂ©cĂšs Ă  Chevetogne : 11 janvier 1960.

Une vie toute tracée ?

Tant par son passĂ© scolaire que par son Ă©ducation au sein d’un milieu rural aux traditions sĂ©culaires, tout faisait penser que l’abbĂ© Octave Beauduin mĂšnerait une vie sans histoires, comme curĂ© d’un village de la rĂ©gion liĂ©geoise. Mais cet homme de foi — Ă  son insu sans doute — avait le charisme rare de saisir une idĂ©e au vol, d’en dĂ©crypter l’intĂ©rĂȘt et les implications, puis de l’inscrire dans les faits.

Il eut d’abord son attention Ă©veillĂ©e par les conditions de vie et le dĂ©laissement religieux que connaissait la classe ouvriĂšre : c’était l’époque de l’encyclique sociale «Rerum Novarum». En 1899, deux ans aprĂšs son ordination sacerdotale, il entra dans la congrĂ©gation des AumĂŽniers du Travail[1] et y assuma des responsabilitĂ©s significatives au sein de banlieues industrielles. Toutefois, n’ayant pas trouvĂ© la densitĂ© de vie religieuse Ă  laquelle il aspirait, il sollicita sept ans plus tard son admission dans la jeune abbaye bĂ©nĂ©dictine du Mont-CĂ©sar Ă  Louvain, oĂč il reçut le nom de Lambert. Il avait trente-trois ans. C’est lĂ  que commença une extraordinaire aventure.

Le mouvement liturgique

À cette Ă©poque, la liturgie se dĂ©roulait intĂ©gralement en latin, sans mĂȘme qu’on puisse proclamer l’évangile dans la langue du peuple. Qui plus est, l’assemblĂ©e n’était pas autorisĂ©e Ă  se joindre Ă  l’acolyte pour rĂ©pondre aux invitations que le cĂ©lĂ©brant lui adressait[2]. Les fidĂšles des paroisses restaient en fait largement Ă©trangers Ă  ce qui se cĂ©lĂ©brait devant eux. En revanche, dans certains milieux monastiques, des initiateurs cherchaient par leurs travaux Ă  retrouver le sens de la liturgie, vraie priĂšre de l’Église. C’est ainsi que dom Prosper GuĂ©ranger (1805-1875), premier abbĂ© de Solesmes et restaurateur de la vie bĂ©nĂ©dictine en France aprĂšs les suppressions de la RĂ©volution, donna une impulsion dĂ©cisive Ă  ce renouveau, notamment par la diffusion du chant grĂ©gorien comme priĂšre communautaire. D’autres pionniers suivront, en particulier plusieurs moines de l’abbaye de Maredsous dont l’apport sera dĂ©cisif[3].

Octave Beauduin, en entrant au Mont-CĂ©sar, recherchait un approfondissement de sa vie intĂ©rieure : il allait y trouver des ouvertures inattendues. Jusque-lĂ , comme quasiment tous les prĂȘtres de paroisse, il n’avait vu dans la liturgie qu’une « sĂ©rie de prescriptions minutieuses et arbitraires imposĂ©es, croirait-on, pour exercer la patience de ceux qui les Ă©tudient et les accomplissent »[4].

GrĂące Ă  un spirituel de grand format, dom Columba Marmion (1858-1923)[5], prieur du monastĂšre, le PĂšre Lambert dĂ©couvrit avec une certaine surprise[6] l’intĂ©rĂȘt des lectures de la messe pour le cheminement dans la foi. Jamais il n’y avait rĂ©ellement pensĂ©, tant la Bible restait encore en dehors des prĂ©occupations du peuple. Marmion l’initia Ă©galement Ă  la richesse des Ă©crits de saint Paul et de saint Jean ; il l’invita Ă  centrer sa vie sur le Christ, le Fils de Dieu, qui conduit les hommes au PĂšre. Il attira aussi son attention sur la place de l’office choral dans la vie monastique : Beauduin s’y investit Ă  fond et fit, Ă  travers cette priĂšre communautaire, une expĂ©rience de l’Église qui le marquera Ă  vie. Or, prĂ©cisĂ©ment, dĂšs la fin de son noviciat, Marmion lui confia la charge d’un cours sur l’Église. Sur le conseil du chanoine Laminne, un de ses anciens professeurs, il se plongea dans les travaux prĂ©paratoires du concile Vatican I (1869-1870) oĂč un chapitre, non retenu par l’assemblĂ©e, Ă©tait consacrĂ© Ă  la doctrine du Corps mystique du Christ. Ce fut pour lui une rĂ©vĂ©lation : s’il y a le cĂŽtĂ© institutionnel de l’Église avec sa hiĂ©rarchie, son clergĂ©, ses fidĂšles, il y a surtout la communion des baptisĂ©s dans la personne du Christ ressuscitĂ© qui, par-delĂ  le temps et l’espace, relie les hommes entre eux comme les membres d’un mĂȘme corps. Lambert dĂ©couvrait aussi que la thĂ©ologie est beaucoup plus qu’une spĂ©culation abstraite et qu’elle peut avoir un impact sur la vie de tous les jours[7]. Dans cette perspective, la pratique du culte pourrait devenir un puissant agent de formation chrĂ©tienne.

En 1909, trois ans Ă  peine aprĂšs sa rĂ©ception comme postulant, Beauduin prit la dĂ©cision de s’ingĂ©nier Ă  « restituer » la liturgie au peuple chrĂ©tien par une participation active Ă  la messe et aux autres cĂ©lĂ©brations, dĂ©marche ecclĂ©siale appelĂ©e Ă  s’exercer aussi en famille par la rĂ©citation de l’office des complies comme priĂšre du soir. La liturgie devrait ĂȘtre la source principale de la vie spirituelle des fidĂšles. AprĂšs avoir intĂ©ressĂ© Ă  son projet ses supĂ©rieurs bĂ©nĂ©dictins ainsi que le cardinal Mercier, archevĂȘque de Malines, aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© par une enquĂȘte la validitĂ© de ses vues et mobilisĂ© une Ă©quipe de jeunes moines du Mont-CĂ©sar, il lança le , au cours du CongrĂšs national des ƒuvres catholiques, un mouvement qui franchit d’emblĂ©e les frontiĂšres du pays grĂące Ă  la participation efficace de l’abbaye bĂ©nĂ©dictine de Maredsous et la collaboration, pour les rĂ©gions nĂ©erlandophones, de l’abbaye d’Affligem.

Dans cette entreprise, il se rĂ©vĂ©la Ă  la fois thĂ©ologien, par des recherches sĂ©rieuses, pasteur, par la prioritĂ© donnĂ©e Ă  la vie paroissiale, et homme d’action, par une convergence de moyens : un missel[8] en livrets mensuels avec les textes bilingues et une initiation progressive Ă  la liturgie (La Vie liturgique, bulletin qui obtint en deux mois 52 500 abonnĂ©s et prĂšs du double en 1912) ainsi qu’une Ă©dition nĂ©erlandaise (Het kerkelijk Leven), une revue substantielle destinĂ©e au clergĂ© (Les Questions liturgiques et son homologue nĂ©erlandais Liturgisch Tijdschrift), des opuscules (dont ce qui pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© a posteriori comme son ouvrage programmatique, La piĂ©tĂ© de l’Église[9]). Il entreprit aussi l’organisation de confĂ©rences, de semaines, de journĂ©es, de retraites liturgiques, l’ouverture d’un bureau de consultation
 Mais la crĂ©ation d’une Ă©cole supĂ©rieure de liturgie avec un programme bien Ă©laborĂ© se heurta Ă  un refus des autoritĂ©s.

Avec force, dom Lambert affirma la prioritĂ©, pour la vie intĂ©rieure, de la priĂšre communautaire de l’Église sur certaines mĂ©thodes de spiritualitĂ© individuelle, ce qui provoqua une brĂšve polĂ©mique.

Le travail liturgique, cantonnĂ© jusqu’alors dans les milieux intellectuels et monastiques, devenait ainsi une entreprise rĂ©solument pastorale visant Ă  toucher tous les genres de vie et toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Le succĂšs remportĂ© par l’entreprise rĂ©vĂšle la profondeur d’une aspiration restĂ©e longtemps latente dans le clergĂ©. Toutefois, les coups de frein ne manqueront pas et il faudra des gĂ©nĂ©rations pour transformer les mentalitĂ©s. Beauduin mettra d’ailleurs les pasteurs en garde contre une prĂ©cipitation des rĂ©formes qui les sĂ©parerait de la masse des fidĂšles. Pour adapter au monde d’aujourd’hui, dit-il, il faut d’abord bien connaĂźtre ce qu’il faut adapter et ensuite bien connaĂźtre le milieu auquel on s’adresse : une adaptation qui est une rĂ©volution n’aboutira qu’à la catastrophe[10].

Une trentaine d’annĂ©es aprĂšs l’initiative de Louvain, au cours de la seconde guerre mondiale, Beauduin prit une part active Ă  la fondation, par les dominicains de Paris, du Centre de Pastorale Liturgique.

Le mouvement, qui rallia un nombre croissant d’adeptes, devait crĂ©er peu Ă  peu un esprit et, conjointement Ă  d’autres initiatives, notamment en Allemagne[11] et aux États-Unis[12], rendre possibles les rĂ©formes liturgiques de Vatican II, un demi-siĂšcle plus tard.

L’intermùde de la guerre 1914-1918

Toujours Ă  l’affĂ»t des nĂ©cessitĂ©s du moment, dom Lambert intervint dans l’élaboration et la diffusion de la lettre pastorale «Patriotisme et Endurance» du cardinal Mercier, qui eut un impact considĂ©rable sur le moral de la population dans la Belgique occupĂ©e et valut Ă  son auteur une rĂ©putation internationale. Des activitĂ©s patriotiques clandestines auraient conduit Beauduin — alias Oscar Fraipont, reprĂ©sentant en vin de messe — au peloton d’exĂ©cution, si une Ă©vasion rocambolesque ne lui avait permis de passer, finalement, aux Pays-Bas, puis en Grande-Bretagne et en Irlande, oĂč il devint sous-prieur d’un monastĂšre dĂ©pendant de l’abbaye de Maredsous.

L’aventure ƓcumĂ©nique

Si dom Beauduin fut – selon l’historien Roger Aubert – le premier thĂ©ologien de la liturgie[13], il sera aussi le premier Ă  instituer une activitĂ© ƓcumĂ©nique permanente au sein de l’Église catholique.

En 1921, il est envoyĂ© Ă  Rome pour enseigner la thĂ©ologie fondamentale au collĂšge international bĂ©nĂ©dictin. Sur place, il ne put se satisfaire des traitĂ©s traditionnels, qui hypertrophiaient le cĂŽtĂ© sociologique et juridique de l’Église au point de nĂ©gliger sa dimension principale qui est divine et invisible[14].

Mis en contact par un de ses Ă©lĂšves, dom Olivier Rousseau, moine de Maredsous, avec le milieu des orientaux de Rome (CollĂšge grec) ainsi qu’avec l’émigration russe qui avait fui la rĂ©volution bolchĂ©vique, Beauduin dĂ©couvrit la richesse du monde orthodoxe, cette part orientale de l’Église du Christ, presque oubliĂ©e Ă  cette Ă©poque par les catholiques latins. Jusqu’alors dans ses cours, de son propre aveu, « schismatiques et hĂ©rĂ©tiques en compagnie des Juifs et des infidĂšles Ă©taient condamnĂ©s en bloc »[15]: ils sont dans l’erreur, un point c’est tout. En quelques mois, poussĂ© intĂ©rieurement par sa foi dans le lien invisible qui relie tous les baptisĂ©s au Christ ressuscitĂ©, il connut un retournement de ses idĂ©es et perçut avec acuitĂ© le scandale des divisions entre chrĂ©tiens. On ne pouvait continuer Ă  rester passif devant l’appel Ă  l’union formulĂ© par JĂ©sus au soir de la derniĂšre CĂšne[16].

Homme d’action, Beauduin se rend compte qu’un tel travail requiert une initiative structurĂ©e, compĂ©tente et permanente. Que trouver de plus adĂ©quat qu’un ordre monastique ? Les moines n’ont-ils pas Ă©tĂ© les agents de l’évangĂ©lisation du monde slave ? Ce fait lui Ă©tait rappelĂ© par un Ă©vĂȘque oriental – le mĂ©tropolite Andrzej Szeptycki – venu Ă  Rome pour recruter chez les bĂ©nĂ©dictins des formateurs : il voulait relancer le monachisme dans sa rĂ©gion.

Un projet Ă©laborĂ© par le P. Lambert[17], appuyĂ© par le cardinal Mercier et prĂ©sentĂ© Ă  Pie XI par un jĂ©suite influent, le P. Michel d'Herbigny, aboutit Ă  la publication en de la lettre apostolique Equidem Verba par laquelle le pape donne mission Ă  l’ensemble de l’Ordre bĂ©nĂ©dictin de travailler au rapprochement avec le monde orthodoxe[18]. Cet appel restera presque sans Ă©cho. Quant Ă  Beauduin, il ne veut pas se contenter d’une activitĂ© qui figurerait parmi d’autres au sein de l’abbaye du Mont-CĂ©sar : il a en vue une institution oĂč tout - Ă©tudes, spiritualitĂ©, cĂ©lĂ©brations, vie communautaire, relations avec l'extĂ©rieur - sera polarisĂ© par le travail ƓcumĂ©nique.

De nombreux contacts, des mois d’échanges quotidiens avec des Ă©tudiants, spĂ©cialement avec dom Olivier Rousseau et un bĂ©nĂ©dictin français de Farnborough dom Louis Gillet, aboutiront finalement Ă  un projet qui recevra en une approbation inespĂ©rĂ©e de la part des autoritĂ©s de l'abbaye du Mont-CĂ©sar : un essai de trois ans, avec pour assistant un moine de l’abbaye - un seul -, mais sans subsides ni bĂątiments. Une campagne de recrutement dans divers pays d’Europe se solde par un Ă©chec : les abbayes refusent de se dessaisir des moines qui voudraient le rejoindre[19]. Un accord d’association avec le mĂ©tropolite Szeptycki et une tentative de fondation d’une maison d’étudiants Ă  Rome se heurtent Ă  la rĂ©sistance de l'AbbĂ© Primat des bĂ©nĂ©dictins, qui veut conserver le contrĂŽle d’une entreprise qui lui paraĂźt Ă©trangĂšre Ă  l’idĂ©al de l’Ordre.

Approfondissant sa pensĂ©e, dom Beauduin publie au printemps 1925 un programme[20] qu’il voudrait voir reconnaĂźtre par Rome comme la charte de l’ƒuvre. Par ailleurs, Ă  la demande du cardinal Mercier, il vient d’élaborer un mĂ©moire auquel il donne le titre justement cĂ©lĂšbre : L’Église anglicane unie non absorbĂ©e[21]. L’archevĂȘque, dans le cadre de ce qu’on appellera « Les Conversations de Malines » entre des catholiques romains et certains membres de l’Église anglicane[22], avait demandĂ© Ă  Dom Lambert des suggestions quant Ă  une modalitĂ© possible d’union dans l’hypothĂšse d’un accord doctrinal, hypothĂšse, Ă  vrai dire, assez chimĂ©rique.

En septembre, le P. Lambert organise Ă  Bruxelles un congrĂšs rĂ©unissant des orateurs de rĂ©putation internationale pour sensibiliser le public au problĂšme de l’unitĂ©. Il accompagne aussi divers cercles d’étudiants dans une rĂ©flexion sur la juste dĂ©marche ƓcumĂ©nique. Il fonde non sans peine, avec l’aide de dom Constantin Bosschaerts, une aile flamande du monastĂšre Ă  Schotenhof au nord d’Anvers, tandis que ses frĂšres et sa sƓur se portent garants d'un emprunt bancaire pour l’achat d’un ancien carmel Ă  Amay-sur-Meuse. Enfin, vers le , le monastĂšre de l’Union ouvre ses portes : sur place, dom Ildefonse Dirkx[23] cĂ©dĂ© par le Mont-CĂ©sar, le PĂšre L. Gillet[24], qui assistera le fondateur pendant trois mois, et lui. D’autres moines, prĂȘtĂ©s par quelques abbayes, sont encore dispersĂ©s en divers pays : ce sont principalement des Ă©tudiants dĂ©pourvus encore de rĂ©elle expĂ©rience monastique. RĂ©ussir dans ces conditions est une vĂ©ritable gageure : elle sera tenue.

À cette Ă©poque, Ă©branlĂ© par la crise moderniste et sĂ»r de son bon droit, le monde catholique ne conçoit pas d’autre voie vers l’unitĂ© qu’une conversion pure et simple de l’autre Ă  soi par une abjuration de ses erreurs (Unionisme)[25]. Craignant de transiger avec la vĂ©ritĂ©, il reste en dehors des initiatives de rapprochement qui se font jour chez les autres chrĂ©tiens, notamment pour rĂ©pondre au problĂšme posĂ© en Afrique et en Asie lors de l’annonce du mĂȘme Évangile par des Églises sĂ©parĂ©es entre elles[26]. Par ailleurs, une politique missionnaire de la part des catholiques romains en vue d’obtenir des conversions individuelles engendre chez les autres chrĂ©tiens une mĂ©fiance qui empoisonne les relations. Elle est spĂ©cialement active d’une part Ă  l’égard de l’Église anglicane et d’autre part vis-Ă -vis des communautĂ©s orthodoxes tant en Europe orientale que parmi les Ă©migrĂ©s russes des pays occidentaux. En particulier, les catholiques de rite oriental implantĂ©s en terre orthodoxe (Uniates) sont perçus comme « des loups sous la peau de brebis »[27].

D’entrĂ©e de jeu, Beauduin met les choses au point: «Ni prosĂ©lytisme[28], ni bienfaisance, ni conception impĂ©rialiste»[29], lit-on en sous-titre dans un article-programme de la revue IrĂ©nikon, qu’il fonde trois mois aprĂšs l’ouverture d’Amay.

Le monastĂšre, qui se transplantera en 1939 Ă  Chevetogne (Ă  une quarantaine de kilomĂštres au sud-est de Namur), se consacrera intĂ©gralement Ă  la priĂšre pour l’unitĂ©, Ă  un trĂšs sĂ©rieux travail de recherche historique et thĂ©ologique, Ă  l’information du public catholique romain, aux contacts sans idĂ©e prĂ©conçue avec les chrĂ©tiens de toutes les confessions. Le fondateur a voulu aussi qu’il soit une mise en Ɠuvre, dans la communautĂ© elle-mĂȘme, de la dĂ©marche prĂ©conisĂ©e pour le rapprochement entre chrĂ©tiens[30]: on vivra deux spiritualitĂ©s Ă  travers la pratique conjointe d’une liturgie latine et d’une liturgie byzantine[31]; on affrontera dans le quotidien la difficile approche de l’autre et de sa diffĂ©rence au sein d’une communautĂ© pluriculturelle et plurinationale.

Tandis qu'un style nouveau de vie monastique inquiĂ©tait les autoritĂ©s bĂ©nĂ©dictines par son ouverture et la responsabilisation des moines (« Des individus parfaits, juxtaposĂ©s, dĂ©livrez-nous, Seigneur ! » Ă©crit Beauduin[32]), une opposition Ă  tout prosĂ©lytisme Ă  l’égard des autres chrĂ©tiens heurtait de plein fouet plusieurs Ă©piscopats catholiques europĂ©ens, qui ne pardonnaient pas Ă  Beauduin une baisse sensible des conversions individuelles Ă  la suite, notamment, des idĂ©es diffusĂ©es par la revue IrĂ©nikon. Au fil des mois, tandis que le fondateur multiplie les initiatives pour Ă©tendre le mouvement, Rome, de son cĂŽtĂ©, multiplie les mesures restrictives : interdiction d‘autres fondations, fermeture d’une cellule fĂ©minine, rejet de constitutions monastiques conçues en fonction du travail ƓcumĂ©nique, limitation des activitĂ©s Ă  la seule Russie (inaccessible!), obligation de prĂ©parer les moines Ă  des implantations missionnaires en terre orthodoxe... Le , Pie XI, par l’encyclique ''Mortalium Animos'' donne un coup de semonce aux artisans de l’UnitĂ© : « Il n’est pas permis, Ă©crit le Pape, de procurer l’union des chrĂ©tiens autrement qu’en favorisant le retour des dissidents Ă  la seule et vĂ©ritable Église qu’ils ont eu jadis le malheur d’abandonner ». Donc interdiction de s’associer aux rencontres ƓcumĂ©niques internationales. L’hiver sera long. Du jour au lendemain, la revue IrĂ©nikon perd prĂšs de 500 abonnĂ©s sur les 2000 qu’elle avait rĂ©unis. Cela ne suffisait pas. En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, trois ans aprĂšs la fondation, dom Lambert est amenĂ© Ă  dĂ©missionner de sa fonction de prieur; en 1931, il est exclu par Rome de son monastĂšre, car il refuse de s’engager dans le prosĂ©lytisme : il ne pourra plus s’occuper publiquement d’ƓcumĂ©nisme; enfin, en 1932, par dĂ©cision du SecrĂ©taire d’État du Vatican, il est « sĂ©questrĂ© » pour deux ans dans la rude Abbaye d'En-Calcat dans le dĂ©partement du Tarn (sud-ouest de la France) et complĂštement isolĂ© du monde extĂ©rieur, avant de poursuivre un exil hors de Belgique imposĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. Jamais il ne pourra s’expliquer. Il se soumettra et s’opposera mĂȘme toujours Ă  ce que l’on dise, Ă  propos des injustices subies, du mal de l’Église, « sa mĂšre ». De son cĂŽtĂ©, Amay-Chevetogne, menacĂ© de suppression, connaĂźtra de terribles bourrasques pendant prĂšs d'un quart de siĂšcle: il survivra parce que les moines l’auront voulu.

Pendant cette longue pĂ©riode, les idĂ©es feront peu Ă  peu leur chemin. Ainsi, Paul Couturier (1881-1953), prĂȘtre de Lyon, fait profession en 1933 comme oblat du MonastĂšre de l’Union. Il devient l’apĂŽtre de la semaine de priĂšre pour l’UnitĂ© et rĂ©unit, en 1937, une Ă©quipe ƓcumĂ©nique de thĂ©ologiens qui deviendra, en 1942, le « Groupe des Dombes ». L’ouvrage justement cĂ©lĂšbre « ChrĂ©tiens dĂ©sunis » (1937) du dominicain Yves Congar s’inspirera assez largement de confĂ©rences de dom ClĂ©ment Lialine, moine d’Amay. TrĂšs prudemment, la revue IrĂ©nikon continue Ă  nourrir la rĂ©flexion. Des apĂŽtres de l’UnitĂ© travaillent discrĂštement en bien des endroits Ă  faire Ă©voluer les mentalitĂ©s, tel le Centre d’Études Istina[33] tenu par les dominicains. Enfin, en 1950, l’objectif propre de Chevetogne en tant que « MonastĂšre de l’Union » sera reconnu par Rome[34]. Les moines joueront un rĂŽle important au Concile Vatican II qui, par le dĂ©cret ''Unitatis redintegratio'' (1964), ouvrira la porte aux rencontres interconfessionnelles[35].

La fĂ©conditĂ© d’un exil

On n’emprisonne pas l’Esprit Saint. Alors que le but rĂ©el de la condamnation Ă©tait d’étouffer l’influence qu’il exerçait dans son milieu[36], l’exil ouvrira au PĂšre Lambert un nouveau champ d’action. Dans le silence austĂšre de l’abbaye d’En-Calcat tout d’abord, oĂč il impressionnera ses confrĂšres par son enseignement et par le sĂ©rieux qu’il mettra Ă  pratiquer la vie monastique. Ensuite, pendant dix-sept ans, il sillonnera la France, diffusant une spiritualitĂ© pascale, trinitaire et ecclĂ©siale, perspectives insolites Ă  l’époque, portant ainsi Ă  maturitĂ© l’impulsion reçue de son maĂźtre dom Columba Marmion. Il envisagera aussi le rĂŽle que les monastĂšres pourraient exercer au service de la pastorale locale. Il se rendra Ă©galement plusieurs fois en Grande-Bretagne. Travailleur infatigable et grand Ă©pistolier, aumĂŽnier de communautĂ©s religieuses, prĂ©dicateur de retraites[37], homme de contacts, il Ă©tait tout Ă  son interlocuteur, Ă©veillant ce qu’il y a de meilleur en lui.

En 1951, Ă  l’ñge de 78 ans, Beauduin pourra prendre place discrĂštement Ă  l’hĂŽtellerie de son monastĂšre, qu’il avait dĂ» quitter prĂšs de vingt-trois ans plus tĂŽt. Il y dĂ©cĂ©dera le , entourĂ© des siens et officieusement rĂ©habilitĂ© par Rome.

Sa pensée

La liturgie

Selon les chrĂ©tiens, Dieu dĂ©sire ouvrir l'humanitĂ© au courant d'amour qui relie le PĂšre au Fils et le Fils au PĂšre par l'Esprit Saint[38]. Mais pour que ce projet se rĂ©alise, il faut le consentement de l'homme, aussi le PĂšre a-t-il envoyĂ© son Fils partager la condition humaine et combler ainsi le fossĂ© qui sĂ©pare la crĂ©ature du Dieu transcendant. La liturgie est l'acte rituel par lequel les croyants, unis Ă  JĂ©sus, donnent activement leur adhĂ©sion Ă  cet appel. Les baptisĂ©s participent dĂ©jĂ  dans la foi Ă  la liturgie de l'au-delĂ  telle que la dĂ©crit de maniĂšre imagĂ©e le livre de l'Apocalypse: sauf des modalitĂ©s provisoires, sur la terre comme au ciel, c'est le mĂȘme culte, rĂ©ponse de l'homme Ă  l'amour du PĂšre[39]. Il s'ensuit que, par nature, la liturgie n'est pas une forme de dĂ©votion parmi d'autres, c'est « la Â» priĂšre de l'Église.

Au long des Ăąges, les Églises locales ont intĂ©grĂ© leur priĂšre dans des livres liturgiques qui sont, dĂšs lors, comme la cristallisation de la foi vĂ©cue et priĂ©e par la communautĂ© au sein de laquelle ils ont pris naissance. La liturgie est donc, comme l'Écriture Sainte, une source pour l'Ă©tude du message chrĂ©tien: « c’est de la thĂ©ologie [
] Ă  l’état natif, en pĂ©pites Â»[40].

Sous des symboles divers, qui allient « sentiment, imagination, intelligence, volontĂ© »[41], la liturgie tend Ă  faire jaillir du moindre geste, toutes les richesses thĂ©ologiques qu'il contient[42]. « Tout est signe. [...] Nous devons nous rĂ©signer Ă  ne pas voir toute l'ampleur des choses que nous cĂ©lĂ©brons Â»[43]. Par le baptĂȘme, la victoire du Christ ressuscitĂ© sur la mort et les forces du mal s'inscrit dans une vie d'homme. Par l’eucharistie se dĂ©ploient toutes les virtualitĂ©s du baptĂȘme : « L’eucharistie est dans le baptĂȘme comme le fruit est dans la fleur »[44]. Elle rend prĂ©sent l’acte par lequel JĂ©sus entraĂźne ceux qui sont rĂ©unis en son nom dans le don qu’il a fait de lui-mĂȘme au PĂšre et aux hommes tout au long de sa vie et spĂ©cialement sur la croix. Tous les membres de l’assemblĂ©e sont appelĂ©s Ă  exercer activement le sacerdoce commun des baptisĂ©s[45] DĂšs lors, participer Ă  l’eucharistie implique de prendre l’engagement d’assumer tout ce que la fidĂ©litĂ© au Christ et Ă  son Ă©vangile « va exiger dans le cours de la journĂ©e »[46] et de « s’obliger Ă  une action de grĂąces quoi qu’il advienne »[47], tout en Ă©tant conscient que la source de cet agir ne peut venir que de Dieu[48].

À la diffĂ©rence d’une dĂ©marche de dĂ©votion individuelle, la messe est un repas fraternel qui a la vertu de produire « notre communion les uns avec les autres »[49]. Par ailleurs, jamais l’Église « ne rompt le pain de l’Eucharistie sans nous rompre en mĂȘme temps le pain de sa sainte Parole »[50]. Le Christ ressuscitĂ© transcende le temps et l'espace. Il rend le croyant prĂ©sent aux scĂšnes Ă©vangĂ©liques comme s’ils en Ă©taient contemporains : Ă  chacun de se laisser interpeller et engager dans la disponibilitĂ© d’une Ă©coute, ce qui fait passer le fidĂšle du statut d'observateur d'un rĂ©cit du passĂ© Ă  celui d'acteur, dont la responsabilitĂ© est engagĂ©e dans le concret de son aujourd'hui[51].

La liturgie est donc tout autre chose qu’un rite ascĂ©tique en marge de l’existence. Son sens:  Â« faire de toute la vie du Christ une rĂ©alitĂ© prĂ©sente, sensible et opĂ©rante Â»[52] : elle est « la vraie Ă©cole de vie chrĂ©tienne »[53].

L’Église

Les traitĂ©s en usage s’intĂ©ressaient presque exclusivement aux structures juridiques et hiĂ©rarchiques de l’Église, aux preuves de son institution par JĂ©sus sous l’autoritĂ© de Pierre et aux rapports avec le pouvoir civil. Un maĂźtre en la matiĂšre, saint Robert Bellarmin avait Ă©tĂ© jusqu’à Ă©crire en 1601 : « Pour que quelqu’un puisse ĂȘtre dĂ©clarĂ© membre de cette vĂ©ritable Église, dont parlent les Écritures, nous ne pensons pas qu’il lui faille aucune vertu intĂ©rieure. Il lui suffit de professer extĂ©rieurement la foi et la communion des sacrements »[54]. Le contraste est brutal avec cette pensĂ©e de dom Lambert Beauduin : « L'Église est la projection mystĂ©rieuse dans le temps de la vie intĂ©rieure de Dieu Â»[55].

De mĂȘme que le Christ a une double nature – humaine et divine -, ainsi son Ă©pouse, l’Église, prĂ©sente une face visible et une face invisible : elle est Ă  la fois rĂ©alitĂ© spirituelle et sociĂ©tĂ© terrestre provisoire avec ses limites et ses contraintes institutionnelles. Elle n'est pas le produit d'une dĂ©marche associative des hommes: son dynamisme de rassemblement trouve sa source dans la vie trinitaire, relation d'amour entre le PĂšre et le Fils dans la communion de l'Esprit. Dans sa dimension visible, elle est signe efficace – sacrement – d’une rĂ©alitĂ© transcendante, « prĂ©existant aux hommes qui s’y agrĂšgent »[56] ; elle rend le Christ prĂ©sent au sein du monde.

Une spiritualitĂ© individualiste est un contre-sens. En effet, la rĂ©surrection a fait de JĂ©sus le premier-nĂ© d’une multitude de frĂšres, la tĂȘte d’un grand corps – le Corps mystique – en continuel devenir jusqu’à la fin des temps. Un lien organique relie les membres entre eux en sorte que le comportement de chacun rejaillit sur l'ensemble. Au sein de ce corps, la cohĂ©sion est telle qu’on ne peut dĂ©sormais atteindre la personne du Christ — la tĂȘte — sans atteindre en mĂȘme temps le Christ total, tĂȘte et membres.

Dans sa partie visible, institutionnelle, des circonstances historiques ont progressivement conduit l'Église romaine Ă  une centralisation qui a fait quelque peu oublier que l'Église du Christ est une communion d'Églises locales et que l'Église universelle est intĂ©gralement prĂ©sente en chacune d'elles[57]. On perd trop souvent de vue que « l'insertion du chrĂ©tien au sein du Corps mystique ne se rĂ©alise que par l’appartenance Ă  une communautĂ© Ă©piscopale Â»[58]. À la diffĂ©rence d'une affiliation juridique, cette intĂ©gration est progressive, selon l'engagement de chacun dans la vie de foi : « nous ne serons pleinement de l’Église qu’au ciel »[59]. L’évĂȘque, successeur du collĂšge des apĂŽtres, est le centre de l’Église locale. Il doit ĂȘtre en communion avec l’évĂȘque de Rome, le pape, « mais il n’est pas son dĂ©lĂ©guĂ© »[60]. Par ailleurs, sa fonction ne se limite pas Ă  sa famille diocĂ©saine, « le Christ, en effet, n’a pas choisi un seul apĂŽtre, mais douze. Pierre sera leur chef, mais tous les douze participent au souverain magistĂšre »[61].

En conclusion, comme dans le cas de la liturgie, dom Lambert Beauduin se rĂ©vĂšle, par sa pensĂ©e sur l’Église, prĂ©curseur du concile Vatican II.

La dĂ©marche ƓcumĂ©nique : l’unitĂ© entre chrĂ©tiens

Quelques mois Ă  peine aprĂšs l’ouverture du MonastĂšre de l’Union, Beauduin publiait un article dont le titre rĂ©vĂšle d’emblĂ©e un esprit : « L’Occident [catholique] Ă  l’école de l’Orient [orthodoxe] »[62]. Mais deux ans plus tard, en 1928, Pie XI Ă©crit, dans l’encyclique Mortalium Animos, qu'on ne peut accorder de l' « autoritĂ© Ă  une fausse religion chrĂ©tienne, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  l’unique Église du Christ Â»[63]. Une seule voie vers l'unitĂ©: le retour pur et simple des hĂ©rĂ©tiques et schismatiques - les protestants, anglicans et orthodoxes - dans le giron de l’Église romaine. La seule approche : inviter l'autre Ă  se convertir. Or, dĂšs les toutes premiĂšres pages de la revue IrĂ©nikon, Beauduin avait affichĂ© la mĂ©thode d'Amay: « Pas de pĂȘche Ă  la ligne dans le vivier du voisin », mais pas davantage de « pĂȘche au filet »[64]. Pas de prosĂ©lytisme[65].

Le projet du monastĂšre de l'Union se trouve-t-il d'emblĂ©e compromis par l'intervention pontificale? Avec prudence, Beauduin invite Ă  prendre son temps, Ă  faire d'abord un travail sur soi-mĂȘme et Ă  entretenir des contacts qui agiront peu Ă  peu sur les mentalitĂ©s. Envisager des discussions dogmatiques ou des nĂ©gociations entre hiĂ©rarchies des diffĂ©rentes Églises est prĂ©maturĂ©: « L'histoire est lĂ , Ă©crira-t-il un jour, pour prouver combien ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres les essais tentĂ©s sans harmonie prĂ©alable des esprits et des cƓurs Â»[66]. Travailler aujourd'hui patiemment pour les gĂ©nĂ©rations futures et prendre d'abord le temps de se connaĂźtre mutuellement. Avec le gĂ©nie qui le caractĂ©rise, Beauduin pose les jalons successifs du long cheminement vers l’unitĂ© : « se connaĂźtre, se comprendre, s’estimer, s’aimer ». Ces quatre balises figurent telles quelles dans six Ɠuvres de Beauduin et en outre plusieurs fois ailleurs sous des formes Ă©quivalentes: c'est dire l'importance qu'il attribue Ă  cette mĂ©thode.

Il importe d'intĂ©grer l'esprit de la dĂ©marche ƓcumĂ©nique dans sa vie personnelle: vivre d'abord soi-mĂȘme le mystĂšre de l'Église. La doctrine du Corps mystique est le fondement de tout travail pour l'union. Ne pas nĂ©gliger le rĂŽle significatif jouĂ© par la liturgie: elle est le lieu oĂč, dans toutes les confessions chrĂ©tiennes, se vit une rĂ©ponse au don de Dieu. Si on perd de vue la dimension invisible de l'Église, on s'engage inĂ©vitablement dans un contexte de polĂ©mique.

ProcĂ©der Ă  une Ă©lucidation doctrinale qui conduise Ă  une comprĂ©hension plus adĂ©quate, plus exacte de la vraie doctrine[67]. « Tout rapprochement qui s'opĂ©rerait au prix de concessions doctrinales [...] serait pire que la division Â»[68]. Donc toute la vĂ©ritĂ© catholique, mais aussi - et c'est important - rien que la vĂ©ritĂ©[69].

Tout en affirmant clairement ses convictions, se mettre humblement Ă  l’écoute de l’autre dans des Ă©changes francs et cordiaux sans l'« obliger Ă  passer par nos catĂ©gories Â»[70] et nos systĂšmes de pensĂ©e. S’ouvrir Ă  la thĂ©ologie, aux institutions, Ă  la culture des autres chrĂ©tiens, dĂ©gager l’essentiel du christianisme d’apports, profitables peut-ĂȘtre, mais qui relĂšvent en fait de contingences historiques, car « l’Église du Christ n’est ni latine, ni grecque, ni slave »[71]. S’atteler Ă  de solides Ă©tudes thĂ©ologiques, bibliques, se pencher sur les Ă©crits des grands tĂ©moins des premiers siĂšcles qu’il est d’usage d’appeler « les PĂšres de l’Église ». Une recherche historique purifiera la mĂ©moire des jugements simplistes et erronĂ©s, tout en dĂ©gageant les vraies causes des ruptures du passĂ©, car « derriĂšre des prĂ©textes thĂ©ologiques » invoquĂ©s autrefois, se cachent parfois « des ambitions Ă  satisfaire, des orgueils froissĂ©s »[72]. Exposer en toute clartĂ© ce qui nous divise tout en se rappelant que « le langage humain est impuissant Ă  Ă©puiser le vrai »[73], que les dĂ©finitions dogmatiques conciliaires sont Ă  interprĂ©ter Ă  la lumiĂšre des dĂ©bats qui en furent les creusets. Quant Ă  la communion de l’ensemble des Églises avec le successeur de Pierre, si elle est essentielle, la maniĂšre dont peut s’exercer cette centralisation est susceptible de varier dans le temps et l’espace[74].

Le travail ƓcumĂ©nique n’est pas une spĂ©cialitĂ©, mĂȘme s’il requiert des spĂ©cialistes. Il n’est pas facultatif, car il rĂ©pond Ă  un appel de JĂ©sus Ă  la derniĂšre CĂšne. Tout chrĂ©tien est appelĂ© Ă  devenir, lĂ  oĂč il se trouve, « facteur d’unitĂ©. De l'effort combinĂ© de toutes ces Ă©nergies unificatrices surgira enfin, Ă  l'heure voulue par Dieu, cet Unum parfait, suprĂȘme souhait et suprĂȘme espĂ©rance »[75].

Le parcours vers l’union sera long et « demande des siĂšcles Â»[76]. Avoir le courage de renoncer Ă  des impatiences bien comprĂ©hensibles pour s’inscrire dans le temps de Dieu, de qui seul peut venir le don de l’unitĂ©.

Spiritualité

« Dites-moi comment vous priez, et je vous dirai en qui vous croyez Â»[77]. À l’époque, la pratique catholique s'adressait souvent Ă  un Dieu solitaire, dominant et moralisateur, proche du dĂ©isme, « monothĂ©isme impersonnel qui n'est plus qu'un trĂšs vague christianisme Â»[78]. MarquĂ© par son maĂźtre, dom Columba Marmion, le P. Lambert affirme que « le dogme [...] qui le plus de portĂ©e pratique, c'est celui de la Sainte TrinitĂ© Â»[79]. Il enseigne une vĂ©ritĂ© qu’il qualifie « d’explosive » : nous ne sommes plus serviteurs de Dieu, mais les fils du PĂšre dans le Fils[80]. Dieu n'a pas voulu que nous marchions vers Lui le front courbĂ©. JĂ©sus, en assumant la condition humaine, a fondĂ© la race de ceux qui diront « oui ! »: l'Esprit Saint, en les transformant, fera d'eux « les frĂšres du Verbe incarnĂ©. Et ainsi, tous nous retournons au PĂšre par le Fils dans l'unitĂ© du Saint-Esprit Â»[78]. D'oĂč l'importance de la vie liturgique, qui est une expression Ă©minente et la rĂ©alisation, dans le visible, de cette rĂ©alitĂ© transcendante. Chacun conserve le droit de refuser son adhĂ©sion: notre libertĂ© « confĂšre Ă  notre existence son caractĂšre tragique et sa formidable portĂ©e Â»[81].

L’Esprit Saint, rĂ©pandu par le Christ ressuscitĂ©, vient crĂ©er en l’homme « un nouveau mode d’ĂȘtre »[82], « comme le fer dans un brasier reste fer et devient feu »[83]. En se donnant, il rassemble les hommes en Église. Aussi le chrĂ©tien est-il appelĂ© Ă  « vivre dans l'Église, de l'Église et pour l'Église Â»[84]. « En vertu de la communion des saints, notre saintetĂ© personnelle rend au centuple Ă  cette mĂȘme Église ce qu'elle nous a apportĂ© Â»[85].

Prier pour avoir l'intelligence de la Bible[86]. Aborder l'Écriture Sainte, l'Ăąme pleine de respect Ă  l'instar du Russe qui se prĂ©pare, dans le jeĂ»ne et la priĂšre, Ă  peindre une icĂŽne. S'y enfoncer pour « en sortir catholique Â»[87].

La tentation est grande de s'Ă©vader dans le spirituel: c'est se couper du Verbe incarnĂ© « Dans la mesure mĂȘme oĂč nous diminuons le contact avec les choses visibles, dans la mĂȘme mesure nous diminuons notre participation Ă  la RĂ©demption »[88]. Quant Ă  la place de la priĂšre, action et contemplation ne font qu’un : « sans contemplation, pas de vraie activitĂ©, sans activitĂ©, pas de vraie contemplation »[89]. Dans la vie professionnelle, il y a lieu d’exceller, « ne fĂźt-on que des Ă©pingles »[90].

Dans notre dĂ©marche vers Dieu, il importe d'inverser les perspectives: passer d'un anthropocentrisme, qui nous est naturel, Ă  une attitude centrĂ©e sur Dieu: il s'agit moins de prĂ©tendre se hisser jusqu'Ă  Lui par un effort moral, que de rĂ©pondre, dans le concret, Ă  une initiative gratuite de sa part. « Voir les choses comme Dieu les voit, c'est les voir sous leur vrai point de vue Â»[91].

Avant de choisir les mortifications et pĂ©nitences conseillĂ©es par les manuels de l’époque, Beauduin recommande de commencer par accepter les contraintes de l’existence. La vĂ©ritable ascĂšse n’est pas une sorte de mort Ă  soi-mĂȘme : elle consiste Ă  Ă©vacuer en soi les germes de mort pour qu’émerge la vie; il faut cependant s'y adonner avec modĂ©ration: « gardons-nous de courir avant de savoir marcher »[92]. Par ailleurs, « il n'y a d'ascĂšse valable pour nous que celle qui nous associe pleinement Ă  la passion, Ă  la mort et Ă  la rĂ©surrection de JĂ©sus Christ Â»[93]. Il est important de cultiver la joie et d'aimer la beautĂ©.

La contemplation quasi exclusive de la souffrance du Christ sur la Croix avait, depuis longtemps, gĂ©nĂ©rĂ© en Occident un certain dolorisme. La rĂ©surrection de JĂ©sus se ramenait Ă  une sorte de « happy end » sans guĂšre de consĂ©quences pratiques pour la vie quotidienne des croyants. Beauduin, au contraire, Ă©tonnait par la lumiĂšre pascale qui Ă©manait de lui, mĂȘme dans les moments les plus dramatiques de sa vie[94], conscient qu'il Ă©tait de la victoire acquise par le Christ sur toutes les forces de mort. Croix et rĂ©surrection sont insĂ©parables, aussi avait-il dĂ©diĂ© le monastĂšre de l'Union Ă  la Croix glorieuse.

La vie est un pĂšlerinage. Au terme de notre existence terrestre, la rĂ©surrection du Christ produira pleinement ses effets en chacun. À ce moment, « ce n’est pas la joie qui entrera en nous, [
] mais c’est nous qui entrerons en elle »[95].

En résumé, Beauduin propose une spiritualité théocentrique, résolument trinitaire, ecclésiale, pascale, liturgique, solidement incarnée dans les réalités humaines, alliant priÚre et action, vécue comme une réponse joyeuse aux projets gratuits du PÚre de rassembler l'humanité en son sein[96].

Conclusion

Le charisme propre Ă  Dom Lambert Beauduin fut d'allier la perspicacitĂ© du regard Ă  la maĂźtrise de l'homme d'action[97]. LĂ  oĂč beaucoup se contentaient de l’ « Ă©vidence » des habitudes, son opiniĂątretĂ© rĂ©ussit Ă  ouvrir des brĂšches d’oĂč jaillirait la vie. Et cela parce qu’il Ă©tait un homme de foi.

Ainsi, il fallait briser la cloison qui emprisonnait le culte dans un rituel froid et tracassier pour dĂ©couvrir qu’il est, par nature, exultation d’une humanitĂ© qui consent Ă  se laisser introduire par le Christ ressuscitĂ© dans la vie mĂȘme de Dieu. Une participation active aux cĂ©lĂ©brations conduira les fidĂšles Ă  faire l’expĂ©rience de l’Église, communautĂ© de vie.

Hypertrophier, comme on le faisait, la dimension juridique de l’Église fait Ă©cran Ă  la vie qui relie organiquement entre eux les membres d’un grand corps, appelĂ© Corps mystique, dont le Christ est la tĂȘte. Prendre conscience de cette solidaritĂ© invisible et en assumer les consĂ©quences transforme l’existence de tous les jours.

Penser que l’on rĂ©pond Ă  l’appel de JĂ©sus Ă  l’unitĂ© entre les chrĂ©tiens en attendant que les autres viennent Ă  soi et renoncent Ă  leur diffĂ©rence, est une prĂ©tention arrogante et, de surcroĂźt, stĂ©rile car elle prive de l’enrichissement et du dynamisme qu’apporte l’écoute respectueuse de l’autre dans son vĂ©cu.

La contemplation des souffrances de JĂ©sus ne doit pas s’arrĂȘter Ă  l’humiliation de la croix, comme y conduit, depuis trop longtemps, un dolorisme faussement chrĂ©tien. C'est dans la lumiĂšre pascale qu'il nous faut traverser nos Ă©preuves avec le Christ.

Se rendre compte Ă©galement que la seule ascĂšse authentique ouvre Ă  la vie. Nous n’avons pas non plus Ă  aligner des mĂ©rites et Ă  tenter de nous soulever par un effort vertueux vers le TrĂšs-Haut : que nos efforts soient simplement une rĂ©ponse joyeuse Ă  l’amour prĂ©venant et gratuit de Dieu.

De telles intuitions, portĂ©es Ă  bout de bras, touchaient au cƓur mĂȘme du message chrĂ©tien.

Le gĂ©nie de Beauduin fut d’abord de traduire en entreprise pastorale les apports des travaux sur la liturgie effectuĂ©s par certains chercheurs au XIXe siĂšcle et de mettre son projet en Ɠuvre par un travail d'Ă©quipe et un ensemble d’initiatives convergentes. Le mĂȘme trait de gĂ©nie se manifesta lorsqu’il voulut inscrire son idĂ©al ƓcumĂ©nique dans une institution permanente alliant recherche approfondie, priĂšre et contacts : un monastĂšre entiĂšrement consacrĂ© Ă  l’Union. Pour appuyer le mouvement, de part et d’autre un organe alimenterait et diffuserait la pensĂ©e : Les Questions liturgiques et IrĂ©nikon. Les deux pĂ©riodiques poursuivent cette mission aujourd’hui encore.

Dom Lambert Ă©tait un grand travailleur et son action plongeait ses racines dans les ouvrages des meilleurs thĂ©ologiens, chez les tĂ©moins de la grande tradition et particuliĂšrement dans les travaux conciliaires[98]. Mais ce travail serait restĂ© celui d’un penseur isolĂ© si un groupe important de disciples, inspirĂ©s en profondeur et soutenus dans la durĂ©e, n’avait contribuĂ© Ă  faire Ă©voluer peu Ă  peu les mentalitĂ©s. Un souffle de vie avait entretemps Ă©largi les cloisons des idĂ©es reçues sur l’obĂ©issance monastique. Beauduin a conduit les moines de l’Union Ă  assumer leurs responsabilitĂ©s dans la poursuite de l’objectif commun. Quoi qu’on ait prĂ©tendu, il Ă©tait un moine, au vrai sens du terme. Il l’a montrĂ© Ă  En-Calcat, mais aussi tout au long de son exil, car il transportait sa cellule comme l’escargot sa coquille.

Pour lui, le Christ Ă©tait tout, ce qui l’entraĂźnait Ă  un amour profond de l’Église, car le Corps est insĂ©parable de la TĂȘte. Alors que depuis de longues annĂ©es, il ne pouvait plus gĂ©rer les mouvements dont il avait Ă©tĂ© l’initiateur, liturgie et union des chrĂ©tiens animaient plus que jamais une vie intĂ©rieure profondĂ©ment unifiĂ©e dans la louange du PĂšre. En tĂ©moignent ceux qu’il a cĂŽtoyĂ©s au long de son exil.

Bref, une Ɠuvre qui tombait Ă  point nommĂ©, car la dynamique une fois amorcĂ©e, ferait tache d’huile pour trouver sa consĂ©cration au concile Vatican II.

En rĂ©sumĂ©, Beauduin fut un prĂ©curseur parce que homme de foi. Sa frĂ©quentation ne laissait rien en place: celui qui adorait un Dieu solitaire dĂ©couvre un Dieu-TrinitĂ©, nƓud de relations plongeant au cƓur de l’humain ; la soumission Ă  un Dieu tout-puissant devient amour filial et partage de la vie du PĂšre; l’assistance passive Ă  des rites coupĂ©s de l’existence se mue en participation joyeuse dans le concret du quotidien au don que le Christ fait de lui-mĂȘme ; une piĂ©tĂ© individuelle devient ecclĂ©siale et solidaire; l’Écriture Sainte et les traitĂ©s de thĂ©ologie sont dĂ©sormais une nourriture substantielle ; la prĂ©tention du savoir et de dĂ©tenir toute la vĂ©ritĂ© fait place Ă  une Ă©coute respectueuse de ce qui conduit l’autre dans l'existence; une ascĂšse mortifiante se fait accueil rĂ©solu de la vie; les Ă©preuves les plus dĂ©sespĂ©rantes deviennent une traversĂ©e avec le Christ vers l’aube de PĂąques.

En dĂ©pit de l’injuste et longue persĂ©cution par laquelle les autoritĂ©s ecclĂ©siastique ont voulu le discrĂ©diter et le rĂ©duire au silence, son charisme principal, selon de nombreux tĂ©moins, a Ă©tĂ© de faire aimer l‘Église.

Bibliographie

Liturgie

  • La PiĂ©tĂ© de l’Église, Principes et faits, Louvain, Maredsous, 1914, 100 p.
  • Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 3, 1912-1913, p. 56-66, 143-148, 201-209, 271-280; t. 4, 1913-1914, p. 350-361; dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 5, 1920, p. 83-90, 217-228; t. 6, 1921, p. 45-56, 192-206
  • Normes pratiques pour les rĂ©formes liturgiques, dans La Maison-Dieu, 1, 1945, p. 9-22.
  • La Messe, sacrifice de louange, dans La Messe et sa catĂ©chĂšse (Vanves, -) (Lex Orandi, 7), Paris, Cerf, 1947, p. 138-153.
  • La Liturgie: DĂ©finition - HiĂ©rarchie - Tradition, dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 29, 1948, p. 123-144.

ƒcumĂ©nisme

  • Une ƒuvre Monastique pour l’Union des Églises, Mont-CĂ©sar, [1925].
  • De quoi s’agit-il? dans IrĂ©nikon, t. 1, 1926, p. 4-10.
  • Dans quel esprit nous voudrions travailler, dans IrĂ©nikon, t. 1, 1926, p. 117-119.
  • Le vrai travail pour l’Union, dans IrĂ©nikon, t. 3, 1927, p. 5-10.
  • Notre travail pour l’Union, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 385-401.
  • MĂ©moire sur l’ƒuvre d’Amay, PĂąques [24 mars] 1940 ,18 p. dactylographiĂ©es, Archives de Sint-Andriesabdij (Loppem), Brugge, Th. NĂšve, Chevetogne.
  • L’unitĂ© de l’Église et le Concile du Vatican, dans L. BEAUDUIN, A. CHAVASSE, P. MICHALON, M. VILLAIN, Église et UnitĂ©. RĂ©flexions sur quelques aspects fondamentaux de l’UnitĂ© chrĂ©tienne, (Ad unitatem, 5), Lille, 1948, p. 13-56.
  • JubilĂ© du MonastĂšre de l’Union (1925-1950), dans IrĂ©nikon, t. 23, 1950, p. 369-376 et t. 24, 1951, p. 28-36.
  • Lettre au professeur Hamilcar S. Alivisatos, Chevetogne, , copie, Archives d’Amay-Chevetogne, LB, 11.

Spiritualité

  • Notes sur l’ascĂšse, dans Revue Catholique des IdĂ©es et des Faits, 11e annĂ©e (1932), no 51, p. 1-4.
  • La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie Spirituelle, t. 71, 1944, p. 333-351.
  • Une liste des Ɠuvres publiĂ©es et des Ɠuvres inĂ©dites de Dom Lambert Beauduin figure dans Raymond LOONBEEK et Jacques MORTIAU, Un pionnier, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Liturgie et UnitĂ© des chrĂ©tiens, Louvain-la-Neuve, Chevetogne, 2001, p. 1547 Ă  1565. On y trouve aussi un relevĂ© des fonds d’archives le concernant aux pages 1565 Ă  1578.

SĂ©lection de travaux

  • Dom Lambert Beauduin (1873-1960). In Memoriam, Ă©ditions de Chevetogne [1960], 84 p.
  • O. ROUSSEAU, Un homme d’Église. Dom Lambert Beauduin, initiateur monastique, dans La Vie spirituelle, t. 104, 1961, p. 45-64.
  • L. BOUYER, Dom Lambert Beauduin. Un homme d’Église, [Paris, Tournai], Casterman, 1964, 185 p., rĂ©Ă©d. Paris, Cerf, 2009, 186 p
  • M. CAPPUYNS, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Quelques documents et souvenirs, dans Revue d’histoire ecclĂ©siastique, t. 61, 1966, p. 424-454 et 761-807.
  • A. HAQUIN, Dom Lambert Beauduin et le renouveau liturgique (Recherches et synthĂšses de sciences religieuses, section Histoire 1), Gembloux, Duculot, [1970], XVIII-254 p.
  • Sonya A. QUITSLUND, Beauduin. A Prophet Vindicated, New York, Paramus N.J., Toronto, Newman Press, [1973], XVIII-366 p.
  • J.J. VON ALLMEN et alii, Veilleur avant l’aurore. Colloque Lambert Beauduin, Chevetogne, 1978, 296 p.
  • A. HAQUIN, L’exil de Dom Lambert Beauduin au monastĂšre d’En-Calcat (1932-1934), dans Revue d’histoire ecclĂ©siastique, t. 80, 1985, p. 51-99 et 415-440.
  • Raymond LOONBEEK et Jacques MORTIAU, Un pionnier, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Liturgie et UnitĂ© des chrĂ©tiens, 2 vol., Louvain-la-Neuve, CollĂšge Érasme; Éditions de Chevetogne, 2001, XXX-1612 p., ill.
  • Jacques MORTIAU et Raymond LOONBEEK, Dom Lambert Beauduin, visionnaire et prĂ©curseur, Paris, Cerf, Chevetogne, 2005, 280 p., ill.
  • A. HAQUIN et alii, Le centenaire du mouvement liturgique de Louvain, CongrĂšs liturgique de Ciney, 2-3 oct. 2009, dans Questions Liturgiques, t. 91, 2010, p. 5-41
  • Florentin Adrian Crǎciun, La thĂ©ologie eucharistique au XXe siĂšcle - un apport des thĂ©ologiens catholiques et orthodoxes : similitudes, convergences et diffĂ©rences dans les oeuvres de Lambert Beauduin, Odon Casel, Alexandre Schmemann et Dumitru Stăniloae (thĂšse de doctorat), Fribourg, , 574 p. (lire en ligne).

Notes et références

  1. CongrĂ©gation fondĂ©e rĂ©cemment avec l’approbation de l’évĂȘque de LiĂšge, Mgr Doutreloux, par un prĂȘtre de la congrĂ©gation des Missionnaires du SacrĂ©-CƓur d'Issoudun, pour remĂ©dier Ă  la fracture qui s’était produite entre l’Église et le monde du travail.
  2. Ce n’est qu’en 1922, qu’un dĂ©cret de la S. C. des Rites confiera Ă  l’évĂȘque du lieu la responsabilitĂ© de dĂ©cider de l’opportunitĂ© d’autoriser la messe dialoguĂ©e.
  3. Spécialement Gérard van Caloen (1853-1932), Laurent Janssens (1855-1925), Maurice FestugiÚre (1870-1950), EugÚne Vandeur (1875-1967).
  4. [LB = Dom Lambert BEAUDUIN], dans La Vie liturgique, n. 2, 1909, p. 3.
  5. PrĂ©dicateur de retraites et conseiller spirituel, devenu abbĂ© de Maredsous aprĂšs avoir Ă©tĂ© prieur au Mont-CĂ©sar. Ses enseignements, rassemblĂ©s dans plusieurs ouvrages, ont connu une trĂšs large diffusion et furent traduits en une dizaine de langues. Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© « bienheureux » en l’an 2000 par Jean-Paul II.
  6. Voir le tĂ©moignage de dom C. Mohlberg Ă  dom F. Vandenbroucke, 28 janvier 1959, Archives de l’Abbaye du Mont-CĂ©sar, LB, JubilĂ© du mouvement liturgique 1909-1959.
  7. « Si l’on m’eĂ»t dit, raconte-t-il Ă  propos des traitĂ©s de thĂ©ologie qu'il avait Ă©tudiĂ©s au sĂ©minaire, “ce sont des phĂ©nomĂšnes qui se passent en vous”, j’aurais priĂ© pour mieux comprendre et tĂąchĂ© de comprendre pour mieux prier ; on Ă©tudiait cela comme un thĂ©orĂšme de gĂ©omĂ©trie ou d’algĂšbre » (LB, Retraite Ă  l’abbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 4e confĂ©rence, Archives de l’abbaye de Maredret).
  8. Dom GĂ©rard van Caloen avait dĂ©jĂ  publiĂ© en 1882 un « Missel des FidĂšles » ainsi qu’un « Petit Missel des FidĂšles ».
  9. L’Ɠuvre connaütra de multiples traductions.
  10. C’est ainsi que, plus tard, il se montrera rĂ©ticent quant Ă  la traduction pure et simple des textes liturgiques dans la langue du peuple.
  11. En particulier l’abbaye rhĂ©nane de Maria-Laach.
  12. Dom Ermin Vitry (1884-1960), moine de Maredsous et ami de dom Lambert, jouera un rÎle important comme animateur du mouvement liturgique américain.
  13. R. AUBERT, Dom Lambert Beauduin dans le monde et l’Église de son temps, dans UnitĂ© des ChrĂ©tiens, no 29, janvier 1978, p. 2.
  14. Ainsi le manuel classique Ad. TANQUEREY, Synopsis theologiae dogmaticae fundamentalis, Paris, Tournai, Rome, 21e Ă©d. 1925, sur les 282 pages de la partie sur l’Église, ne consacre que 6 pages aux relations entre le Christ et l’Église.
  15. LB, MĂ©moires de ma vie, AAC [= Archives d’Amay-Chevetogne], LB, 1, 7.
  16. « Que tous soient un comme toi, PĂšre, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyĂ© [
]. Qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi » (Jn 17, 21-23).
  17. [LB], Projet d’érection d’un institut monastique en vue de l’apostolat de l’union des Églises, AAC, M, 1.
  18. Un Ă©cart entre le texte d’Equidem Verba et le projet de Beauduin a pour origine l’intervention de d’Herbigny qui en a dĂ©formĂ© l’esprit et limitĂ© le champ d’action Ă  la seule Russie, alors que dom Lambert visait un rapprochement avec tous les chrĂ©tiens : orthodoxes, anglicans et protestants. Ce sera, plus tard, prĂ©texte Ă  d’interminables controverses entre Rome et le MonastĂšre de l’Union et au sein de la communautĂ© elle-mĂȘme.
  19. L’abbaye de Seckau de la congrĂ©gation allemande de Beuron et celle du Mont-CĂ©sar ont Ă©tĂ© les seules Ă  rĂ©agir de maniĂšre significative.
  20. [LB], Une ƒuvre Monastique pour l’Union des Églises, Louvain, Mont-CĂ©sar, s.d. [mai 1925]. La plaquette sera traduite en nĂ©erlandais, anglais et allemand.
  21. Dans Lord HALIFAX, The Conversations at Malines (1921-1925), Londres, 1930, p. 251-261. RĂ©Ă©dition Malines, 1977. Beauduin suggĂšre une formule d’autonomie relative apparentĂ©e aux patriarcats : idĂ©e gĂ©niale, mais on lui reprochera avec vĂ©hĂ©mence d'appuyer son argumentation sur une erreur historique. Il Ă©crira plus tard que Rome n’a pas Ă  imposer une formule et qu’il vaut mieux laisser aux autres confessions la libertĂ© de dĂ©couvrir, quand le temps viendra, la maniĂšre dont l’union pourrait ĂȘtre envisagĂ©e (Voir LB, Notre travail pour l’Union, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 392-393).
  22. Ces rencontres, qui s’échelonnĂšrent de 1921 Ă  1926, avaient Ă©tĂ© demandĂ©es Ă  l’ArchevĂȘque par lord Halifax, anglican trĂšs dĂ©sireux de travailler Ă  un rapprochement avec l’Église catholique et un prĂȘtre lazariste français, Fernand Portal qui, non sans de graves difficultĂ©s avec Rome, avait pris diverses initiatives pour ouvrir les catholiques aux autres confessions chrĂ©tiennes. DĂ©jĂ  Ă  la fin du XIXe siĂšcle, ils avaient formĂ© ensemble le projet de rĂ©unir une commission mixte de thĂ©ologiens et fondĂ©, en 1895, la Revue anglo-romaine dans la perspective d’un rapprochement exempt de polĂ©mique.
  23. Ildefonse Dirks (1874-1940), moine de Maredsous puis membre de l’équipe fondatrice de l’abbaye du Mont-CĂ©sar. Il y exerça la fonction d’économe avant d’ĂȘtre envoyĂ© au CollĂšge grec de Rome oĂč il connut Beauduin, Gillet et Rousseau. Dynamique et d’un grand dĂ©vouement, il sera un inconditionnel de dom Lambert, spĂ©cialement lors des dĂ©mĂȘlĂ©s de ce dernier avec les autoritĂ©s romaines.
  24. AprĂšs avoir inspirĂ© et assistĂ© efficacement dom Lambert Ă  la prĂ©paration et au lancement du MonastĂšre de l’Union, Louis (Lev) Gillet sera attirĂ© de plus en plus par la mystique orientale au point que, trois ans plus tard, dĂ©couragĂ© par l’opposition des autoritĂ©s romaines Ă  la dĂ©marche ƓcumĂ©nique, il passera Ă  l’orthodoxie tout en affirmant rester catholique romain. Voir E. BEHR-SIGEL, Lev Gillet. « Un moine de l’Église d’Orient ». Un libre croyant universaliste, Ă©vangĂ©lique et mystique, Paris, 1999.
  25. Parmi quelques exceptions remarquables, on notera, autour des années 1887-1894, les initiatives et interventions de dom Gérard van Caloen, moine de Maredsous, qui inspirera Beauduin.
  26. La ConfĂ©rence d’Edimbourg (1910) rassemble 1200 dĂ©lĂ©guĂ©s reprĂ©sentant les diverses Ɠuvres missionnaires. Un pas sera franchi lorsque la confĂ©rence Foi et Constitution rĂ©unira Ă  Lausanne (1927) les dĂ©lĂ©guĂ©s de 108 Églises en tant que telles.
  27. LB, lettre Ă  dom Bernard Capelle, JĂ©rusalem, 27 novembre 1929, AAC, Reynders.
  28. ProsĂ©lytisme : dĂ©marche qui tend Ă  faire des adeptes, quitte Ă  imposer Ă  l’autre ses propres convictions sans respecter suffisamment la vocation propre de celui-ci.
  29. [LB], Dans quel esprit nous voudrions travailler, dans Irénikon, t. 1, mai 1926, p. 117.
  30. « RĂ©alisons d’abord entre nous cette parfaite unitĂ© que nous voudrions rĂ©aliser entre tous les chrĂ©tiens » (LB, lettre Ă  l’abbĂ© LĂ©on de Ruyck, qui pense entrer Ă  Amay, 11 mars 1926, AAC, CR).
  31. . Pour dissiper toute Ă©quivoque et se dĂ©marquer des attitudes uniates, le fondateur dĂ©clare formellement que la cĂ©lĂ©bration de la liturgie en rite byzantin « a uniquement pour but de faciliter aux moines de l’Union la comprĂ©hension et l’amour de la foi et de la piĂ©tĂ© de leurs frĂšres d’Orient et d’éclairer Ă  l’occasion les fidĂšles d’Occident sur les beautĂ©s des rites orientaux » (Les Ɠuvres. DĂ©claration, dans IrĂ©nikon, t. 3, 1927, p. 312).
  32. LB, lettre Ă  un prieur, Rome, 14 mars 1924, AAC, O. Rousseau.
  33. Le Centre Istina fut fondĂ© en 1927. OrientĂ© au dĂ©but vers le monde slave et l’accueil des immigrĂ©s russes, il Ă©tendit ses activitĂ©s aprĂšs la seconde guerre mondiale Ă  l’ensemble de l’Europe orientale, puis aux protestants et aux chrĂ©tiens du Proche-Orient. Il joua un rĂŽle important au concile Vatican II. Il poursuit sa mission aujourd’hui.
  34. Voir Card. E. Tisserant, lettre à dom Théodore NÚve, Rome, 15 juin 1950, copie AAC,M, Corresp. Congr. Orientale.
  35. Il faudra cependant attendre 1995 pour que, par l’encyclique Ut unum sint Jean-Paul II prenne enfin le contre-pied de Mortalium Animos.
  36. « Attendu que sa permanence en Belgique et dans d’autres lieux trĂšs frĂ©quentĂ©s serait inopportune, non pour des raisons de mƓurs, mais pour son caractĂšre trop entreprenant
 » (Mgr M. d’Herbigny, lettre Ă  Mgr V. La Puma, secrĂ©taire de la CongrĂ©gation des Religieux, Rome, 29 mai 1931, AAC, FR, R, V/35. Traduction).
  37. Des allusions contenues dans les seules lettres conservĂ©es ont permis de dĂ©nombrer, sans compter les rĂ©collections, cent trente-six retraites, dont les trois-quarts au cours de son exil, mais il dut en prĂȘcher en fait sensiblement davantage.
  38. LB, Cours de liturgie [avant 1915], notes de dom Hildebrand (Zimmermann), AAC, LB, 23.
  39. « Ici-bas, nous sommes dans la crypte, [...] mais nous entendons dĂ©jĂ  quelque chose des chants de la nef par la liturgie de la terre, qui est l'Ă©cho de la liturgie du ciel Â» (LB, Retraite Ă  l'abbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 4e confĂ©rence, Archives de l'abbaye de Maredret).
  40. LB, La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie spirituelle, t. 71, 1944, p. 346.
  41. LB, La messe en Orient et en Occident, confĂ©r. Ă  l’Institut S. Serge, 1953, AAC, LB, 13/6.
  42. LB, La Vie liturgique, 1909, no 2. p. 4.
  43. LB, Cours de liturgie, Vanves, 1946, notes d'auditrice, AAC, LB, Liturgie, 3, CPL, dossier 31.
  44. LB, BaptĂȘme et Eucharistie, dans La Maison-Dieu, 6, 1946, p. 58.
  45. La doctrine du sacerdoce commun des baptisés sera remise en valeur par le concile Vatican II. Quant au ministÚre ordonné, sa fonction est de permettre, au cours d'une célébration, aux membres d'une communauté locale d'exercer leur sacerdoce de baptisés, participation à l'offrande sacerdotale de Jésus (Voir LB, Liturgie: Définition - Hiérarchie - Tradition, dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 29, 1948, p. 133-134).
  46. LB, La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie spirituelle, t. 71, 1944, p. 344.
  47. CitĂ© dans SƓur Marie-Anselme LUQUET, Quelques souvenirs des annĂ©es 1934-1938, 1976, AAC, LB, 19/3.
  48. Voir LB, Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 6, 1921, p. 201.
  49. LB, JubilĂ© du monastĂšre de l’Union (1925-1950), dans IrĂ©nikon, t. 23, 1950, p. 375.
  50. LB, retraite monastique à l’abbaye N.D. d’Orval, 1951, AAC, LB, 22/9.
  51. À travers les phrases de l'Ă©vangile dominical, « la personne divine et la personne humaine sont en tĂȘte Ă  tĂȘte: un courant passe qui relie l'esprit de l'homme Ă  l'esprit de Dieu, le cƓur de l'homme Ă  l'amour divin Â» (LB,Le culte des saints dans la liturgie, dans La Maison-Dieu, 21. 1950, p. 76).
  52. LB, L'Église, note manuscrite, AAC, LB, 23.
  53. LB, La Liturgie pascale, dans Les Questions liturgiques, t. 2, 1911-1912, p. 298.
  54. R. Bellarmin, citĂ© dans Br. Forte, L’Église, icĂŽne de la TrinitĂ©, [Paris, 1985], p. 14.
  55. LB, Plan de retraite. L'Église, AAC, LB, 23.
  56. LB, Les effets du baptĂȘme, ms., s.d., AAC, LB, 23.
  57. Cet aspect de l'ecclésiologie sera remis en évidence par le concile Vatican II.
  58. LB, L’unitĂ© de l’Église et le Concile du Vatican, dans L. Beauduin et alii, Église et UnitĂ©, Lille, 1948, p. 38.
  59. LB, La vie de l’Église, confĂ©rence, 1934, dans Bulletin mensuel des Oblates SĂ©culiĂšres et de l’Union Spirituelle des Veuves de France, janvier-fĂ©vrier 1935, p. 152.
  60. LB, L’infaillibilitĂ© du pape et l’Union, dans IrĂ©nikon, t. 5, 1928, p. 237.
  61. Ibidem.
  62. Dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 10-20 ; 65-73.
  63. Pie XI, relativement ouvert Ă  un rapprochement avec l'Orient orthodoxe, connaĂźt un revirement aprĂšs 1925, Ă  la suite d'interventions de certains Ă©vĂȘques et sous la pression de membres de la Curie romaine.
  64. [LB], De quoi s'agit-il?, dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 9.
  65. Beauduin ne suspecte pas la sincĂ©ritĂ© de ceux qui pratiquent le prosĂ©lytisme, mais cette poursuite de conquĂȘtes isolĂ©es est hautement prĂ©judiciable au rapprochement des Églises (LB, De quoi s'agit-il?, dans IrĂ©nikon, t. 1, 1926, p. 8). Newman, en 1841, soulignait dĂ©jĂ  que la politique de prosĂ©lytisme creuse un fossĂ© entre les Églises (Voir J.-H. Newman, Apologia.)
  66. LB, MĂ©moire sur l'Ɠuvre d'Amay, rapport Ă  dom ThĂ©odore NĂšve, PĂąques [24 mars] 1940, Archives de Sint Abdriesabdij, Th. NĂšve, Chevetogne, 3, 1940.
  67. LB, L'Infaillibilité du Pape et l'Union, dans Irénikon, t. 3, 1927, p. 450.
  68. LB, De quoi s'agit-il?, dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 6.
  69. Ibidem, p. 8.
  70. LB, lettre à l'abbé Jean Jadot, Mont-César, 4 novembre 1931, AAC, LB, 11.
  71. LB, Notre travail pour l’Union, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 395.
  72. LB, Parole pontificale, dans Irénikon, t. 1, 1927, p. 22.
  73. LB, notes de prĂ©paration d’une retraite, AAC, LB, 22/8.
  74. Voir LB, La Centralisation romaine, dans Irénikon, t. 6, 1929, p. 145-153.
  75. LB, Notre travail pour l'Union, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p.399. L'importance que Beauduin attribue Ă  la Communion des saints dans le cheminement vers l'UnitĂ© est manifeste: la citation est reprise de son premier article d'IrĂ©nikon ([LB], De quoi s'agit-il?, dans IrĂ©nikon, t. 1, [avril] 1926, p. 9); on la retrouve, presque identique, dans deux autres articles (L'Encyclique « Mortalium Animos Â» du 6 janvier 1928, dans IrĂ©nikon, t. 5, 1928, p. 91} ainsi que Union et Conversions, Ibidem, p.492).
  76. LB, lettre au professeur Hamilcar Alivisatos, Chevetogne, 24 mai 1954, copie; AAC, LB, 11.
  77. LB, Cours de liturgie, Vanves, 1946, notes d'Ă©tudiant, p. 39, AAC, LB, Liturgie, 3, CPL, dossier 31.
  78. LB, Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 4, 1913-1914, p. 361.
  79. LB, La vie au sein de la Trinité, idéal de vie chrétienne, conférence, 1948, dans Les Amis du Bec-Hellouin, no 124, 1998, p. 23.
  80. LB, Retraite monastique Ă  l'abbaye N.D. d'Orval, 1951, AAC, LB, 22/9.
  81. LB, Note manuscrite, AAC, LB, Fiches.
  82. LB, retraite à la communauté monastique du Mont-César, 1920, 6e confér., AAC, LB, 22/1.
  83. LB, retraite sacerdotale Ă  l’abbaye du Mont-CĂ©sar, 1931, Archives diocĂ©saines de Chartres, Muller.
  84. LB, lettre à dom Olivier Rousseau, Rome, 13 février 1924, AAC, OR, 2.
  85. LB, Retraite à l'abbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 8e conférence, Archives de l'abbaye de Maredret.
  86. LB, Conversation du 3 octobre 1937 avec l'abbé Roger Poelman.
  87. LB, lettre Ă  l'abbĂ© Édouard Beauduin, Chatou, 3 fĂ©vrier 1945, Archives de l'UniversitĂ© catholique de Louvain, FacultĂ© de thĂ©ologie, Ed. Beauduin.
  88. LB, retraite (Louvain ?), s.d., AAC LB, 22/10.
  89. LB, 15e confĂ©rence aux moines d’Amay, 1928, AAC, LB, 16/18.
  90. LB, retraite d’ordination, Liùge, 1946, AAC, LB, 22/8.
  91. LB, Retraite à l'abbaye SS Jean et Scholastique, 1914, 10e conférence, Archives de l'abbaye de Maredret.
  92. LB, Principes théologiques au point de vue ascétique, AAC, R. Poelman.
  93. LB, La PiĂ©tĂ© de l'Église. Principes et faits, Louvain, Maredsous, 1914, p. 54.
  94. Exclu rĂ©cemment par l'autoritĂ© romaine de son Ɠuvre ainsi que du MonastĂšre de l'Union avec deux de ses moines, Beauduin souligne, dans une lettre, que la situation actuelle d'eux trois leur permet de vivre plus rĂ©ellement les fĂȘtes pascales. Il ajoute: « Le Christ ressuscitĂ© nous suffit, n'est-ce pas? Â» (LB, lettre Ă  G. Laporta et Br. Reynders, Rome, 1er avril 1931, AAC, Br. Reynders.
  95. LB, retraite Ă  l’abbaye SS. Jean et Scholastique Ă  Maredret, 1920, 2e confĂ©rence, Archives de l’abbaye de Maredret.
  96. D'aucuns s'Ă©tonneront que, dans ses Ă©crits, Dom Beauduin n'Ă©voque guĂšre le prĂ©cepte de l'amour du prochain. En fait, plutĂŽt que d'adopter le point de vue d'un moraliste, il voit dans l'adhĂ©sion au projet du PĂšre de rassembler les hommes en Église, une exigence qui entraĂźne une rĂ©forme profonde des mƓurs. Participer Ă  l'eucharistie, on l'a vu, inclut l'obligation d'appliquer l'Ă©vangile au long de la journĂ©e. La dĂ©marche ƓcumĂ©niquqe est axĂ©e sur l'Ă©coute respectueuse de l'autre dans sa diffĂ©rence et chacun est appelĂ© Ă  contribuer Ă  l'unitĂ© de l'Église en devenant agent d'union dans son milieu de vie.
  97. On lui reprochera parfois une intransigeance dans la poursuite de ses objectifs et d'entretenir un certain esprit de clan entre ceux qui partageaient ses idées: défauts fréquents chez les fondateurs amenés à avoir raison de multiples obstacles, s'ils veulent réussir à atteindre leur objectif.
  98. On rapporte qu'Ă  l'instant mĂȘme de sa mort, Beauduin avait les yeux sur un volume ouvert de l'Histoire des Conciles de Hefele-Leclerc. C'est tout un symbole.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.