Lambert Beauduin
Lambert Beauduin est un moine bĂ©nĂ©dictin belge (1873-1960), initiateur, en 1909, d'un mouvement liturgique qui, en se diversifiant, conduira Ă la rĂ©forme liturgique du concile Vatican II. Il fut aussi et surtout pionnier de la dĂ©marche ĆcumĂ©nique au sein de lâĂglise catholique et fondateur, en 1925, du MonastĂšre de l'Union Ă Amay-sur-Meuse (transplantĂ© depuis Ă Chevetogne).
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DĂ©cĂšs |
(Ă 86 ans) Ciney |
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Activités |
PrĂȘtre catholique, ecumenist, liturgiste |
Ordre religieux |
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Biographie
RepĂšres chronologiques
- Naissance à Rosoux (province de LiÚge) : 4 août 1873
- PrĂȘtre diocĂ©sain : 1897
- AumĂŽnier du Travail : 1899
- Moine Ă lâabbaye bĂ©nĂ©dictine du Mont-CĂ©sar Ă Louvain : 1906
- Lancement du mouvement liturgique : 23 septembre 1909
- Activités patriotiques clandestines : 1914-1917
- Sous-prieur Ă Edermine (Irlande) : 1917-1919
- Professeur Ă Rome : 1921-1925
- Fondation du MonastĂšre de lâUnion Ă Amay-sur-Meuse : v. 25 novembre 1925 (transfĂ©rĂ© Ă Chevetogne en 1939)
- Démissionné de sa fonction de prieur : 21 décembre 1928
- Exclu de lâĆuvre de lâUnion: 30 janvier 1931
- Exilé (1932-1951): En-Calcat (1932), Cormeilles-en-Parisis (1934), Chalivoy (1938), Chatou (1939)
- HĂŽte au MonastĂšre de lâUnion (Chevetogne) : 1951
- DĂ©cĂšs Ă Chevetogne : 11 janvier 1960.
Une vie toute tracée ?
Tant par son passĂ© scolaire que par son Ă©ducation au sein dâun milieu rural aux traditions sĂ©culaires, tout faisait penser que lâabbĂ© Octave Beauduin mĂšnerait une vie sans histoires, comme curĂ© dâun village de la rĂ©gion liĂ©geoise. Mais cet homme de foi â Ă son insu sans doute â avait le charisme rare de saisir une idĂ©e au vol, dâen dĂ©crypter lâintĂ©rĂȘt et les implications, puis de lâinscrire dans les faits.
Il eut dâabord son attention Ă©veillĂ©e par les conditions de vie et le dĂ©laissement religieux que connaissait la classe ouvriĂšre : câĂ©tait lâĂ©poque de lâencyclique sociale «Rerum Novarum». En 1899, deux ans aprĂšs son ordination sacerdotale, il entra dans la congrĂ©gation des AumĂŽniers du Travail[1] et y assuma des responsabilitĂ©s significatives au sein de banlieues industrielles. Toutefois, nâayant pas trouvĂ© la densitĂ© de vie religieuse Ă laquelle il aspirait, il sollicita sept ans plus tard son admission dans la jeune abbaye bĂ©nĂ©dictine du Mont-CĂ©sar Ă Louvain, oĂč il reçut le nom de Lambert. Il avait trente-trois ans. Câest lĂ que commença une extraordinaire aventure.
Le mouvement liturgique
Ă cette Ă©poque, la liturgie se dĂ©roulait intĂ©gralement en latin, sans mĂȘme quâon puisse proclamer lâĂ©vangile dans la langue du peuple. Qui plus est, lâassemblĂ©e nâĂ©tait pas autorisĂ©e Ă se joindre Ă lâacolyte pour rĂ©pondre aux invitations que le cĂ©lĂ©brant lui adressait[2]. Les fidĂšles des paroisses restaient en fait largement Ă©trangers Ă ce qui se cĂ©lĂ©brait devant eux. En revanche, dans certains milieux monastiques, des initiateurs cherchaient par leurs travaux Ă retrouver le sens de la liturgie, vraie priĂšre de lâĂglise. Câest ainsi que dom Prosper GuĂ©ranger (1805-1875), premier abbĂ© de Solesmes et restaurateur de la vie bĂ©nĂ©dictine en France aprĂšs les suppressions de la RĂ©volution, donna une impulsion dĂ©cisive Ă ce renouveau, notamment par la diffusion du chant grĂ©gorien comme priĂšre communautaire. Dâautres pionniers suivront, en particulier plusieurs moines de lâabbaye de Maredsous dont lâapport sera dĂ©cisif[3].
Octave Beauduin, en entrant au Mont-CĂ©sar, recherchait un approfondissement de sa vie intĂ©rieure : il allait y trouver des ouvertures inattendues. Jusque-lĂ , comme quasiment tous les prĂȘtres de paroisse, il nâavait vu dans la liturgie quâune « sĂ©rie de prescriptions minutieuses et arbitraires imposĂ©es, croirait-on, pour exercer la patience de ceux qui les Ă©tudient et les accomplissent »[4].
GrĂące Ă un spirituel de grand format, dom Columba Marmion (1858-1923)[5], prieur du monastĂšre, le PĂšre Lambert dĂ©couvrit avec une certaine surprise[6] lâintĂ©rĂȘt des lectures de la messe pour le cheminement dans la foi. Jamais il nây avait rĂ©ellement pensĂ©, tant la Bible restait encore en dehors des prĂ©occupations du peuple. Marmion lâinitia Ă©galement Ă la richesse des Ă©crits de saint Paul et de saint Jean ; il lâinvita Ă centrer sa vie sur le Christ, le Fils de Dieu, qui conduit les hommes au PĂšre. Il attira aussi son attention sur la place de lâoffice choral dans la vie monastique : Beauduin sây investit Ă fond et fit, Ă travers cette priĂšre communautaire, une expĂ©rience de lâĂglise qui le marquera Ă vie. Or, prĂ©cisĂ©ment, dĂšs la fin de son noviciat, Marmion lui confia la charge dâun cours sur lâĂglise. Sur le conseil du chanoine Laminne, un de ses anciens professeurs, il se plongea dans les travaux prĂ©paratoires du concile Vatican I (1869-1870) oĂč un chapitre, non retenu par lâassemblĂ©e, Ă©tait consacrĂ© Ă la doctrine du Corps mystique du Christ. Ce fut pour lui une rĂ©vĂ©lation : sâil y a le cĂŽtĂ© institutionnel de lâĂglise avec sa hiĂ©rarchie, son clergĂ©, ses fidĂšles, il y a surtout la communion des baptisĂ©s dans la personne du Christ ressuscitĂ© qui, par-delĂ le temps et lâespace, relie les hommes entre eux comme les membres dâun mĂȘme corps. Lambert dĂ©couvrait aussi que la thĂ©ologie est beaucoup plus quâune spĂ©culation abstraite et quâelle peut avoir un impact sur la vie de tous les jours[7]. Dans cette perspective, la pratique du culte pourrait devenir un puissant agent de formation chrĂ©tienne.
En 1909, trois ans Ă peine aprĂšs sa rĂ©ception comme postulant, Beauduin prit la dĂ©cision de sâingĂ©nier à « restituer » la liturgie au peuple chrĂ©tien par une participation active Ă la messe et aux autres cĂ©lĂ©brations, dĂ©marche ecclĂ©siale appelĂ©e Ă sâexercer aussi en famille par la rĂ©citation de lâoffice des complies comme priĂšre du soir. La liturgie devrait ĂȘtre la source principale de la vie spirituelle des fidĂšles. AprĂšs avoir intĂ©ressĂ© Ă son projet ses supĂ©rieurs bĂ©nĂ©dictins ainsi que le cardinal Mercier, archevĂȘque de Malines, aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© par une enquĂȘte la validitĂ© de ses vues et mobilisĂ© une Ă©quipe de jeunes moines du Mont-CĂ©sar, il lança le , au cours du CongrĂšs national des Ćuvres catholiques, un mouvement qui franchit dâemblĂ©e les frontiĂšres du pays grĂące Ă la participation efficace de lâabbaye bĂ©nĂ©dictine de Maredsous et la collaboration, pour les rĂ©gions nĂ©erlandophones, de lâabbaye dâAffligem.
Dans cette entreprise, il se rĂ©vĂ©la Ă la fois thĂ©ologien, par des recherches sĂ©rieuses, pasteur, par la prioritĂ© donnĂ©e Ă la vie paroissiale, et homme dâaction, par une convergence de moyens : un missel[8] en livrets mensuels avec les textes bilingues et une initiation progressive Ă la liturgie (La Vie liturgique, bulletin qui obtint en deux mois 52 500 abonnĂ©s et prĂšs du double en 1912) ainsi quâune Ă©dition nĂ©erlandaise (Het kerkelijk Leven), une revue substantielle destinĂ©e au clergĂ© (Les Questions liturgiques et son homologue nĂ©erlandais Liturgisch Tijdschrift), des opuscules (dont ce qui pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© a posteriori comme son ouvrage programmatique, La piĂ©tĂ© de lâĂglise[9]). Il entreprit aussi lâorganisation de confĂ©rences, de semaines, de journĂ©es, de retraites liturgiques, lâouverture dâun bureau de consultation⊠Mais la crĂ©ation dâune Ă©cole supĂ©rieure de liturgie avec un programme bien Ă©laborĂ© se heurta Ă un refus des autoritĂ©s.
Avec force, dom Lambert affirma la prioritĂ©, pour la vie intĂ©rieure, de la priĂšre communautaire de lâĂglise sur certaines mĂ©thodes de spiritualitĂ© individuelle, ce qui provoqua une brĂšve polĂ©mique.
Le travail liturgique, cantonnĂ© jusquâalors dans les milieux intellectuels et monastiques, devenait ainsi une entreprise rĂ©solument pastorale visant Ă toucher tous les genres de vie et toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Le succĂšs remportĂ© par lâentreprise rĂ©vĂšle la profondeur dâune aspiration restĂ©e longtemps latente dans le clergĂ©. Toutefois, les coups de frein ne manqueront pas et il faudra des gĂ©nĂ©rations pour transformer les mentalitĂ©s. Beauduin mettra dâailleurs les pasteurs en garde contre une prĂ©cipitation des rĂ©formes qui les sĂ©parerait de la masse des fidĂšles. Pour adapter au monde dâaujourdâhui, dit-il, il faut dâabord bien connaĂźtre ce quâil faut adapter et ensuite bien connaĂźtre le milieu auquel on sâadresse : une adaptation qui est une rĂ©volution nâaboutira quâĂ la catastrophe[10].
Une trentaine dâannĂ©es aprĂšs lâinitiative de Louvain, au cours de la seconde guerre mondiale, Beauduin prit une part active Ă la fondation, par les dominicains de Paris, du Centre de Pastorale Liturgique.
Le mouvement, qui rallia un nombre croissant dâadeptes, devait crĂ©er peu Ă peu un esprit et, conjointement Ă dâautres initiatives, notamment en Allemagne[11] et aux Ătats-Unis[12], rendre possibles les rĂ©formes liturgiques de Vatican II, un demi-siĂšcle plus tard.
LâintermĂšde de la guerre 1914-1918
Toujours Ă lâaffĂ»t des nĂ©cessitĂ©s du moment, dom Lambert intervint dans lâĂ©laboration et la diffusion de la lettre pastorale «Patriotisme et Endurance» du cardinal Mercier, qui eut un impact considĂ©rable sur le moral de la population dans la Belgique occupĂ©e et valut Ă son auteur une rĂ©putation internationale. Des activitĂ©s patriotiques clandestines auraient conduit Beauduin â alias Oscar Fraipont, reprĂ©sentant en vin de messe â au peloton dâexĂ©cution, si une Ă©vasion rocambolesque ne lui avait permis de passer, finalement, aux Pays-Bas, puis en Grande-Bretagne et en Irlande, oĂč il devint sous-prieur dâun monastĂšre dĂ©pendant de lâabbaye de Maredsous.
Lâaventure ĆcumĂ©nique
Si dom Beauduin fut â selon lâhistorien Roger Aubert â le premier thĂ©ologien de la liturgie[13], il sera aussi le premier Ă instituer une activitĂ© ĆcumĂ©nique permanente au sein de lâĂglise catholique.
En 1921, il est envoyĂ© Ă Rome pour enseigner la thĂ©ologie fondamentale au collĂšge international bĂ©nĂ©dictin. Sur place, il ne put se satisfaire des traitĂ©s traditionnels, qui hypertrophiaient le cĂŽtĂ© sociologique et juridique de lâĂglise au point de nĂ©gliger sa dimension principale qui est divine et invisible[14].
Mis en contact par un de ses Ă©lĂšves, dom Olivier Rousseau, moine de Maredsous, avec le milieu des orientaux de Rome (CollĂšge grec) ainsi quâavec lâĂ©migration russe qui avait fui la rĂ©volution bolchĂ©vique, Beauduin dĂ©couvrit la richesse du monde orthodoxe, cette part orientale de lâĂglise du Christ, presque oubliĂ©e Ă cette Ă©poque par les catholiques latins. Jusquâalors dans ses cours, de son propre aveu, « schismatiques et hĂ©rĂ©tiques en compagnie des Juifs et des infidĂšles Ă©taient condamnĂ©s en bloc »[15]: ils sont dans lâerreur, un point câest tout. En quelques mois, poussĂ© intĂ©rieurement par sa foi dans le lien invisible qui relie tous les baptisĂ©s au Christ ressuscitĂ©, il connut un retournement de ses idĂ©es et perçut avec acuitĂ© le scandale des divisions entre chrĂ©tiens. On ne pouvait continuer Ă rester passif devant lâappel Ă lâunion formulĂ© par JĂ©sus au soir de la derniĂšre CĂšne[16].
Homme dâaction, Beauduin se rend compte quâun tel travail requiert une initiative structurĂ©e, compĂ©tente et permanente. Que trouver de plus adĂ©quat quâun ordre monastique ? Les moines nâont-ils pas Ă©tĂ© les agents de lâĂ©vangĂ©lisation du monde slave ? Ce fait lui Ă©tait rappelĂ© par un Ă©vĂȘque oriental â le mĂ©tropolite Andrzej Szeptycki â venu Ă Rome pour recruter chez les bĂ©nĂ©dictins des formateurs : il voulait relancer le monachisme dans sa rĂ©gion.
Un projet Ă©laborĂ© par le P. Lambert[17], appuyĂ© par le cardinal Mercier et prĂ©sentĂ© Ă Pie XI par un jĂ©suite influent, le P. Michel d'Herbigny, aboutit Ă la publication en de la lettre apostolique Equidem Verba par laquelle le pape donne mission Ă lâensemble de lâOrdre bĂ©nĂ©dictin de travailler au rapprochement avec le monde orthodoxe[18]. Cet appel restera presque sans Ă©cho. Quant Ă Beauduin, il ne veut pas se contenter dâune activitĂ© qui figurerait parmi dâautres au sein de lâabbaye du Mont-CĂ©sar : il a en vue une institution oĂč tout - Ă©tudes, spiritualitĂ©, cĂ©lĂ©brations, vie communautaire, relations avec l'extĂ©rieur - sera polarisĂ© par le travail ĆcumĂ©nique.
De nombreux contacts, des mois dâĂ©changes quotidiens avec des Ă©tudiants, spĂ©cialement avec dom Olivier Rousseau et un bĂ©nĂ©dictin français de Farnborough dom Louis Gillet, aboutiront finalement Ă un projet qui recevra en une approbation inespĂ©rĂ©e de la part des autoritĂ©s de l'abbaye du Mont-CĂ©sar : un essai de trois ans, avec pour assistant un moine de lâabbaye - un seul -, mais sans subsides ni bĂątiments. Une campagne de recrutement dans divers pays dâEurope se solde par un Ă©chec : les abbayes refusent de se dessaisir des moines qui voudraient le rejoindre[19]. Un accord dâassociation avec le mĂ©tropolite Szeptycki et une tentative de fondation dâune maison dâĂ©tudiants Ă Rome se heurtent Ă la rĂ©sistance de l'AbbĂ© Primat des bĂ©nĂ©dictins, qui veut conserver le contrĂŽle dâune entreprise qui lui paraĂźt Ă©trangĂšre Ă lâidĂ©al de lâOrdre.
Approfondissant sa pensĂ©e, dom Beauduin publie au printemps 1925 un programme[20] quâil voudrait voir reconnaĂźtre par Rome comme la charte de lâĆuvre. Par ailleurs, Ă la demande du cardinal Mercier, il vient dâĂ©laborer un mĂ©moire auquel il donne le titre justement cĂ©lĂšbre : LâĂglise anglicane unie non absorbĂ©e[21]. LâarchevĂȘque, dans le cadre de ce quâon appellera « Les Conversations de Malines » entre des catholiques romains et certains membres de lâĂglise anglicane[22], avait demandĂ© Ă Dom Lambert des suggestions quant Ă une modalitĂ© possible dâunion dans lâhypothĂšse dâun accord doctrinal, hypothĂšse, Ă vrai dire, assez chimĂ©rique.
En septembre, le P. Lambert organise Ă Bruxelles un congrĂšs rĂ©unissant des orateurs de rĂ©putation internationale pour sensibiliser le public au problĂšme de lâunitĂ©. Il accompagne aussi divers cercles dâĂ©tudiants dans une rĂ©flexion sur la juste dĂ©marche ĆcumĂ©nique. Il fonde non sans peine, avec lâaide de dom Constantin Bosschaerts, une aile flamande du monastĂšre Ă Schotenhof au nord dâAnvers, tandis que ses frĂšres et sa sĆur se portent garants d'un emprunt bancaire pour lâachat dâun ancien carmel Ă Amay-sur-Meuse. Enfin, vers le , le monastĂšre de lâUnion ouvre ses portes : sur place, dom Ildefonse Dirkx[23] cĂ©dĂ© par le Mont-CĂ©sar, le PĂšre L. Gillet[24], qui assistera le fondateur pendant trois mois, et lui. Dâautres moines, prĂȘtĂ©s par quelques abbayes, sont encore dispersĂ©s en divers pays : ce sont principalement des Ă©tudiants dĂ©pourvus encore de rĂ©elle expĂ©rience monastique. RĂ©ussir dans ces conditions est une vĂ©ritable gageure : elle sera tenue.
Ă cette Ă©poque, Ă©branlĂ© par la crise moderniste et sĂ»r de son bon droit, le monde catholique ne conçoit pas dâautre voie vers lâunitĂ© quâune conversion pure et simple de lâautre Ă soi par une abjuration de ses erreurs (Unionisme)[25]. Craignant de transiger avec la vĂ©ritĂ©, il reste en dehors des initiatives de rapprochement qui se font jour chez les autres chrĂ©tiens, notamment pour rĂ©pondre au problĂšme posĂ© en Afrique et en Asie lors de lâannonce du mĂȘme Ăvangile par des Ăglises sĂ©parĂ©es entre elles[26]. Par ailleurs, une politique missionnaire de la part des catholiques romains en vue dâobtenir des conversions individuelles engendre chez les autres chrĂ©tiens une mĂ©fiance qui empoisonne les relations. Elle est spĂ©cialement active dâune part Ă lâĂ©gard de lâĂglise anglicane et dâautre part vis-Ă -vis des communautĂ©s orthodoxes tant en Europe orientale que parmi les Ă©migrĂ©s russes des pays occidentaux. En particulier, les catholiques de rite oriental implantĂ©s en terre orthodoxe (Uniates) sont perçus comme « des loups sous la peau de brebis »[27].
DâentrĂ©e de jeu, Beauduin met les choses au point: «Ni prosĂ©lytisme[28], ni bienfaisance, ni conception impĂ©rialiste»[29], lit-on en sous-titre dans un article-programme de la revue IrĂ©nikon, quâil fonde trois mois aprĂšs lâouverture dâAmay.
Le monastĂšre, qui se transplantera en 1939 Ă Chevetogne (Ă une quarantaine de kilomĂštres au sud-est de Namur), se consacrera intĂ©gralement Ă la priĂšre pour lâunitĂ©, Ă un trĂšs sĂ©rieux travail de recherche historique et thĂ©ologique, Ă lâinformation du public catholique romain, aux contacts sans idĂ©e prĂ©conçue avec les chrĂ©tiens de toutes les confessions. Le fondateur a voulu aussi quâil soit une mise en Ćuvre, dans la communautĂ© elle-mĂȘme, de la dĂ©marche prĂ©conisĂ©e pour le rapprochement entre chrĂ©tiens[30]: on vivra deux spiritualitĂ©s Ă travers la pratique conjointe dâune liturgie latine et dâune liturgie byzantine[31]; on affrontera dans le quotidien la difficile approche de lâautre et de sa diffĂ©rence au sein dâune communautĂ© pluriculturelle et plurinationale.
Tandis qu'un style nouveau de vie monastique inquiĂ©tait les autoritĂ©s bĂ©nĂ©dictines par son ouverture et la responsabilisation des moines (« Des individus parfaits, juxtaposĂ©s, dĂ©livrez-nous, Seigneur ! » Ă©crit Beauduin[32]), une opposition Ă tout prosĂ©lytisme Ă lâĂ©gard des autres chrĂ©tiens heurtait de plein fouet plusieurs Ă©piscopats catholiques europĂ©ens, qui ne pardonnaient pas Ă Beauduin une baisse sensible des conversions individuelles Ă la suite, notamment, des idĂ©es diffusĂ©es par la revue IrĂ©nikon. Au fil des mois, tandis que le fondateur multiplie les initiatives pour Ă©tendre le mouvement, Rome, de son cĂŽtĂ©, multiplie les mesures restrictives : interdiction dâautres fondations, fermeture dâune cellule fĂ©minine, rejet de constitutions monastiques conçues en fonction du travail ĆcumĂ©nique, limitation des activitĂ©s Ă la seule Russie (inaccessible!), obligation de prĂ©parer les moines Ă des implantations missionnaires en terre orthodoxe... Le , Pie XI, par lâencyclique ''Mortalium Animos'' donne un coup de semonce aux artisans de lâUnitĂ© : « Il nâest pas permis, Ă©crit le Pape, de procurer lâunion des chrĂ©tiens autrement quâen favorisant le retour des dissidents Ă la seule et vĂ©ritable Ăglise quâils ont eu jadis le malheur dâabandonner ». Donc interdiction de sâassocier aux rencontres ĆcumĂ©niques internationales. Lâhiver sera long. Du jour au lendemain, la revue IrĂ©nikon perd prĂšs de 500 abonnĂ©s sur les 2000 quâelle avait rĂ©unis. Cela ne suffisait pas. En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, trois ans aprĂšs la fondation, dom Lambert est amenĂ© Ă dĂ©missionner de sa fonction de prieur; en 1931, il est exclu par Rome de son monastĂšre, car il refuse de sâengager dans le prosĂ©lytisme : il ne pourra plus sâoccuper publiquement dâĆcumĂ©nisme; enfin, en 1932, par dĂ©cision du SecrĂ©taire dâĂtat du Vatican, il est « sĂ©questrĂ© » pour deux ans dans la rude Abbaye d'En-Calcat dans le dĂ©partement du Tarn (sud-ouest de la France) et complĂštement isolĂ© du monde extĂ©rieur, avant de poursuivre un exil hors de Belgique imposĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. Jamais il ne pourra sâexpliquer. Il se soumettra et sâopposera mĂȘme toujours Ă ce que lâon dise, Ă propos des injustices subies, du mal de lâĂglise, « sa mĂšre ». De son cĂŽtĂ©, Amay-Chevetogne, menacĂ© de suppression, connaĂźtra de terribles bourrasques pendant prĂšs d'un quart de siĂšcle: il survivra parce que les moines lâauront voulu.
Pendant cette longue pĂ©riode, les idĂ©es feront peu Ă peu leur chemin. Ainsi, Paul Couturier (1881-1953), prĂȘtre de Lyon, fait profession en 1933 comme oblat du MonastĂšre de lâUnion. Il devient lâapĂŽtre de la semaine de priĂšre pour lâUnitĂ© et rĂ©unit, en 1937, une Ă©quipe ĆcumĂ©nique de thĂ©ologiens qui deviendra, en 1942, le « Groupe des Dombes ». Lâouvrage justement cĂ©lĂšbre « ChrĂ©tiens dĂ©sunis » (1937) du dominicain Yves Congar sâinspirera assez largement de confĂ©rences de dom ClĂ©ment Lialine, moine dâAmay. TrĂšs prudemment, la revue IrĂ©nikon continue Ă nourrir la rĂ©flexion. Des apĂŽtres de lâUnitĂ© travaillent discrĂštement en bien des endroits Ă faire Ă©voluer les mentalitĂ©s, tel le Centre dâĂtudes Istina[33] tenu par les dominicains. Enfin, en 1950, lâobjectif propre de Chevetogne en tant que « MonastĂšre de lâUnion » sera reconnu par Rome[34]. Les moines joueront un rĂŽle important au Concile Vatican II qui, par le dĂ©cret ''Unitatis redintegratio'' (1964), ouvrira la porte aux rencontres interconfessionnelles[35].
La fĂ©conditĂ© dâun exil
On nâemprisonne pas lâEsprit Saint. Alors que le but rĂ©el de la condamnation Ă©tait dâĂ©touffer lâinfluence quâil exerçait dans son milieu[36], lâexil ouvrira au PĂšre Lambert un nouveau champ dâaction. Dans le silence austĂšre de lâabbaye dâEn-Calcat tout dâabord, oĂč il impressionnera ses confrĂšres par son enseignement et par le sĂ©rieux quâil mettra Ă pratiquer la vie monastique. Ensuite, pendant dix-sept ans, il sillonnera la France, diffusant une spiritualitĂ© pascale, trinitaire et ecclĂ©siale, perspectives insolites Ă lâĂ©poque, portant ainsi Ă maturitĂ© lâimpulsion reçue de son maĂźtre dom Columba Marmion. Il envisagera aussi le rĂŽle que les monastĂšres pourraient exercer au service de la pastorale locale. Il se rendra Ă©galement plusieurs fois en Grande-Bretagne. Travailleur infatigable et grand Ă©pistolier, aumĂŽnier de communautĂ©s religieuses, prĂ©dicateur de retraites[37], homme de contacts, il Ă©tait tout Ă son interlocuteur, Ă©veillant ce quâil y a de meilleur en lui.
En 1951, Ă lâĂąge de 78 ans, Beauduin pourra prendre place discrĂštement Ă lâhĂŽtellerie de son monastĂšre, quâil avait dĂ» quitter prĂšs de vingt-trois ans plus tĂŽt. Il y dĂ©cĂ©dera le , entourĂ© des siens et officieusement rĂ©habilitĂ© par Rome.
Sa pensée
La liturgie
Selon les chrĂ©tiens, Dieu dĂ©sire ouvrir l'humanitĂ© au courant d'amour qui relie le PĂšre au Fils et le Fils au PĂšre par l'Esprit Saint[38]. Mais pour que ce projet se rĂ©alise, il faut le consentement de l'homme, aussi le PĂšre a-t-il envoyĂ© son Fils partager la condition humaine et combler ainsi le fossĂ© qui sĂ©pare la crĂ©ature du Dieu transcendant. La liturgie est l'acte rituel par lequel les croyants, unis Ă JĂ©sus, donnent activement leur adhĂ©sion Ă cet appel. Les baptisĂ©s participent dĂ©jĂ dans la foi Ă la liturgie de l'au-delĂ telle que la dĂ©crit de maniĂšre imagĂ©e le livre de l'Apocalypse: sauf des modalitĂ©s provisoires, sur la terre comme au ciel, c'est le mĂȘme culte, rĂ©ponse de l'homme Ă l'amour du PĂšre[39]. Il s'ensuit que, par nature, la liturgie n'est pas une forme de dĂ©votion parmi d'autres, c'est « la » priĂšre de l'Ăglise.
Au long des Ăąges, les Ăglises locales ont intĂ©grĂ© leur priĂšre dans des livres liturgiques qui sont, dĂšs lors, comme la cristallisation de la foi vĂ©cue et priĂ©e par la communautĂ© au sein de laquelle ils ont pris naissance. La liturgie est donc, comme l'Ăcriture Sainte, une source pour l'Ă©tude du message chrĂ©tien: « câest de la thĂ©ologie [âŠ] Ă lâĂ©tat natif, en pĂ©pites »[40].
Sous des symboles divers, qui allient « sentiment, imagination, intelligence, volontĂ© »[41], la liturgie tend Ă faire jaillir du moindre geste, toutes les richesses thĂ©ologiques qu'il contient[42]. « Tout est signe. [...] Nous devons nous rĂ©signer Ă ne pas voir toute l'ampleur des choses que nous cĂ©lĂ©brons »[43]. Par le baptĂȘme, la victoire du Christ ressuscitĂ© sur la mort et les forces du mal s'inscrit dans une vie d'homme. Par lâeucharistie se dĂ©ploient toutes les virtualitĂ©s du baptĂȘme : « Lâeucharistie est dans le baptĂȘme comme le fruit est dans la fleur »[44]. Elle rend prĂ©sent lâacte par lequel JĂ©sus entraĂźne ceux qui sont rĂ©unis en son nom dans le don quâil a fait de lui-mĂȘme au PĂšre et aux hommes tout au long de sa vie et spĂ©cialement sur la croix. Tous les membres de lâassemblĂ©e sont appelĂ©s Ă exercer activement le sacerdoce commun des baptisĂ©s[45] DĂšs lors, participer Ă lâeucharistie implique de prendre lâengagement dâassumer tout ce que la fidĂ©litĂ© au Christ et Ă son Ă©vangile « va exiger dans le cours de la journĂ©e »[46] et de « sâobliger Ă une action de grĂąces quoi quâil advienne »[47], tout en Ă©tant conscient que la source de cet agir ne peut venir que de Dieu[48].
Ă la diffĂ©rence dâune dĂ©marche de dĂ©votion individuelle, la messe est un repas fraternel qui a la vertu de produire « notre communion les uns avec les autres »[49]. Par ailleurs, jamais lâĂglise « ne rompt le pain de lâEucharistie sans nous rompre en mĂȘme temps le pain de sa sainte Parole »[50]. Le Christ ressuscitĂ© transcende le temps et l'espace. Il rend le croyant prĂ©sent aux scĂšnes Ă©vangĂ©liques comme sâils en Ă©taient contemporains : Ă chacun de se laisser interpeller et engager dans la disponibilitĂ© dâune Ă©coute, ce qui fait passer le fidĂšle du statut d'observateur d'un rĂ©cit du passĂ© Ă celui d'acteur, dont la responsabilitĂ© est engagĂ©e dans le concret de son aujourd'hui[51].
La liturgie est donc tout autre chose quâun rite ascĂ©tique en marge de lâexistence. Son sens: « faire de toute la vie du Christ une rĂ©alitĂ© prĂ©sente, sensible et opĂ©rante »[52] : elle est « la vraie Ă©cole de vie chrĂ©tienne »[53].
LâĂglise
Les traitĂ©s en usage sâintĂ©ressaient presque exclusivement aux structures juridiques et hiĂ©rarchiques de lâĂglise, aux preuves de son institution par JĂ©sus sous lâautoritĂ© de Pierre et aux rapports avec le pouvoir civil. Un maĂźtre en la matiĂšre, saint Robert Bellarmin avait Ă©tĂ© jusquâĂ Ă©crire en 1601 : « Pour que quelquâun puisse ĂȘtre dĂ©clarĂ© membre de cette vĂ©ritable Ăglise, dont parlent les Ăcritures, nous ne pensons pas quâil lui faille aucune vertu intĂ©rieure. Il lui suffit de professer extĂ©rieurement la foi et la communion des sacrements »[54]. Le contraste est brutal avec cette pensĂ©e de dom Lambert Beauduin : « L'Ăglise est la projection mystĂ©rieuse dans le temps de la vie intĂ©rieure de Dieu »[55].
De mĂȘme que le Christ a une double nature â humaine et divine -, ainsi son Ă©pouse, lâĂglise, prĂ©sente une face visible et une face invisible : elle est Ă la fois rĂ©alitĂ© spirituelle et sociĂ©tĂ© terrestre provisoire avec ses limites et ses contraintes institutionnelles. Elle n'est pas le produit d'une dĂ©marche associative des hommes: son dynamisme de rassemblement trouve sa source dans la vie trinitaire, relation d'amour entre le PĂšre et le Fils dans la communion de l'Esprit. Dans sa dimension visible, elle est signe efficace â sacrement â dâune rĂ©alitĂ© transcendante, « prĂ©existant aux hommes qui sây agrĂšgent »[56] ; elle rend le Christ prĂ©sent au sein du monde.
Une spiritualitĂ© individualiste est un contre-sens. En effet, la rĂ©surrection a fait de JĂ©sus le premier-nĂ© dâune multitude de frĂšres, la tĂȘte dâun grand corps â le Corps mystique â en continuel devenir jusquâĂ la fin des temps. Un lien organique relie les membres entre eux en sorte que le comportement de chacun rejaillit sur l'ensemble. Au sein de ce corps, la cohĂ©sion est telle quâon ne peut dĂ©sormais atteindre la personne du Christ â la tĂȘte â sans atteindre en mĂȘme temps le Christ total, tĂȘte et membres.
Dans sa partie visible, institutionnelle, des circonstances historiques ont progressivement conduit l'Ăglise romaine Ă une centralisation qui a fait quelque peu oublier que l'Ăglise du Christ est une communion d'Ăglises locales et que l'Ăglise universelle est intĂ©gralement prĂ©sente en chacune d'elles[57]. On perd trop souvent de vue que « l'insertion du chrĂ©tien au sein du Corps mystique ne se rĂ©alise que par lâappartenance Ă une communautĂ© Ă©piscopale »[58]. Ă la diffĂ©rence d'une affiliation juridique, cette intĂ©gration est progressive, selon l'engagement de chacun dans la vie de foi : « nous ne serons pleinement de lâĂglise quâau ciel »[59]. LâĂ©vĂȘque, successeur du collĂšge des apĂŽtres, est le centre de lâĂglise locale. Il doit ĂȘtre en communion avec lâĂ©vĂȘque de Rome, le pape, « mais il nâest pas son dĂ©lĂ©guĂ© »[60]. Par ailleurs, sa fonction ne se limite pas Ă sa famille diocĂ©saine, « le Christ, en effet, nâa pas choisi un seul apĂŽtre, mais douze. Pierre sera leur chef, mais tous les douze participent au souverain magistĂšre »[61].
En conclusion, comme dans le cas de la liturgie, dom Lambert Beauduin se rĂ©vĂšle, par sa pensĂ©e sur lâĂglise, prĂ©curseur du concile Vatican II.
La dĂ©marche ĆcumĂ©nique : lâunitĂ© entre chrĂ©tiens
Quelques mois Ă peine aprĂšs lâouverture du MonastĂšre de lâUnion, Beauduin publiait un article dont le titre rĂ©vĂšle dâemblĂ©e un esprit : « LâOccident [catholique] Ă lâĂ©cole de lâOrient [orthodoxe] »[62]. Mais deux ans plus tard, en 1928, Pie XI Ă©crit, dans lâencyclique Mortalium Animos, qu'on ne peut accorder de l' « autoritĂ© Ă une fausse religion chrĂ©tienne, tout Ă fait Ă©trangĂšre Ă lâunique Ăglise du Christ »[63]. Une seule voie vers l'unitĂ©: le retour pur et simple des hĂ©rĂ©tiques et schismatiques - les protestants, anglicans et orthodoxes - dans le giron de lâĂglise romaine. La seule approche : inviter l'autre Ă se convertir. Or, dĂšs les toutes premiĂšres pages de la revue IrĂ©nikon, Beauduin avait affichĂ© la mĂ©thode d'Amay: « Pas de pĂȘche Ă la ligne dans le vivier du voisin », mais pas davantage de « pĂȘche au filet »[64]. Pas de prosĂ©lytisme[65].
Le projet du monastĂšre de l'Union se trouve-t-il d'emblĂ©e compromis par l'intervention pontificale? Avec prudence, Beauduin invite Ă prendre son temps, Ă faire d'abord un travail sur soi-mĂȘme et Ă entretenir des contacts qui agiront peu Ă peu sur les mentalitĂ©s. Envisager des discussions dogmatiques ou des nĂ©gociations entre hiĂ©rarchies des diffĂ©rentes Ăglises est prĂ©maturĂ©: « L'histoire est lĂ , Ă©crira-t-il un jour, pour prouver combien ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres les essais tentĂ©s sans harmonie prĂ©alable des esprits et des cĆurs »[66]. Travailler aujourd'hui patiemment pour les gĂ©nĂ©rations futures et prendre d'abord le temps de se connaĂźtre mutuellement. Avec le gĂ©nie qui le caractĂ©rise, Beauduin pose les jalons successifs du long cheminement vers lâunitĂ© : « se connaĂźtre, se comprendre, sâestimer, sâaimer ». Ces quatre balises figurent telles quelles dans six Ćuvres de Beauduin et en outre plusieurs fois ailleurs sous des formes Ă©quivalentes: c'est dire l'importance qu'il attribue Ă cette mĂ©thode.
Il importe d'intĂ©grer l'esprit de la dĂ©marche ĆcumĂ©nique dans sa vie personnelle: vivre d'abord soi-mĂȘme le mystĂšre de l'Ăglise. La doctrine du Corps mystique est le fondement de tout travail pour l'union. Ne pas nĂ©gliger le rĂŽle significatif jouĂ© par la liturgie: elle est le lieu oĂč, dans toutes les confessions chrĂ©tiennes, se vit une rĂ©ponse au don de Dieu. Si on perd de vue la dimension invisible de l'Ăglise, on s'engage inĂ©vitablement dans un contexte de polĂ©mique.
Procéder à une élucidation doctrinale qui conduise à une compréhension plus adéquate, plus exacte de la vraie doctrine[67]. « Tout rapprochement qui s'opérerait au prix de concessions doctrinales [...] serait pire que la division »[68]. Donc toute la vérité catholique, mais aussi - et c'est important - rien que la vérité[69].
Tout en affirmant clairement ses convictions, se mettre humblement Ă lâĂ©coute de lâautre dans des Ă©changes francs et cordiaux sans l'« obliger Ă passer par nos catĂ©gories »[70] et nos systĂšmes de pensĂ©e. Sâouvrir Ă la thĂ©ologie, aux institutions, Ă la culture des autres chrĂ©tiens, dĂ©gager lâessentiel du christianisme dâapports, profitables peut-ĂȘtre, mais qui relĂšvent en fait de contingences historiques, car « lâĂglise du Christ nâest ni latine, ni grecque, ni slave »[71]. Sâatteler Ă de solides Ă©tudes thĂ©ologiques, bibliques, se pencher sur les Ă©crits des grands tĂ©moins des premiers siĂšcles quâil est dâusage dâappeler « les PĂšres de lâĂglise ». Une recherche historique purifiera la mĂ©moire des jugements simplistes et erronĂ©s, tout en dĂ©gageant les vraies causes des ruptures du passĂ©, car « derriĂšre des prĂ©textes thĂ©ologiques » invoquĂ©s autrefois, se cachent parfois « des ambitions Ă satisfaire, des orgueils froissĂ©s »[72]. Exposer en toute clartĂ© ce qui nous divise tout en se rappelant que « le langage humain est impuissant Ă Ă©puiser le vrai »[73], que les dĂ©finitions dogmatiques conciliaires sont Ă interprĂ©ter Ă la lumiĂšre des dĂ©bats qui en furent les creusets. Quant Ă la communion de lâensemble des Ăglises avec le successeur de Pierre, si elle est essentielle, la maniĂšre dont peut sâexercer cette centralisation est susceptible de varier dans le temps et lâespace[74].
Le travail ĆcumĂ©nique nâest pas une spĂ©cialitĂ©, mĂȘme sâil requiert des spĂ©cialistes. Il nâest pas facultatif, car il rĂ©pond Ă un appel de JĂ©sus Ă la derniĂšre CĂšne. Tout chrĂ©tien est appelĂ© Ă devenir, lĂ oĂč il se trouve, « facteur dâunitĂ©. De l'effort combinĂ© de toutes ces Ă©nergies unificatrices surgira enfin, Ă l'heure voulue par Dieu, cet Unum parfait, suprĂȘme souhait et suprĂȘme espĂ©rance »[75].
Le parcours vers lâunion sera long et « demande des siĂšcles »[76]. Avoir le courage de renoncer Ă des impatiences bien comprĂ©hensibles pour sâinscrire dans le temps de Dieu, de qui seul peut venir le don de lâunitĂ©.
Spiritualité
« Dites-moi comment vous priez, et je vous dirai en qui vous croyez »[77]. Ă lâĂ©poque, la pratique catholique s'adressait souvent Ă un Dieu solitaire, dominant et moralisateur, proche du dĂ©isme, « monothĂ©isme impersonnel qui n'est plus qu'un trĂšs vague christianisme »[78]. MarquĂ© par son maĂźtre, dom Columba Marmion, le P. Lambert affirme que « le dogme [...] qui le plus de portĂ©e pratique, c'est celui de la Sainte TrinitĂ© »[79]. Il enseigne une vĂ©ritĂ© quâil qualifie « dâexplosive » : nous ne sommes plus serviteurs de Dieu, mais les fils du PĂšre dans le Fils[80]. Dieu n'a pas voulu que nous marchions vers Lui le front courbĂ©. JĂ©sus, en assumant la condition humaine, a fondĂ© la race de ceux qui diront « oui ! »: l'Esprit Saint, en les transformant, fera d'eux « les frĂšres du Verbe incarnĂ©. Et ainsi, tous nous retournons au PĂšre par le Fils dans l'unitĂ© du Saint-Esprit »[78]. D'oĂč l'importance de la vie liturgique, qui est une expression Ă©minente et la rĂ©alisation, dans le visible, de cette rĂ©alitĂ© transcendante. Chacun conserve le droit de refuser son adhĂ©sion: notre libertĂ© « confĂšre Ă notre existence son caractĂšre tragique et sa formidable portĂ©e »[81].
LâEsprit Saint, rĂ©pandu par le Christ ressuscitĂ©, vient crĂ©er en lâhomme « un nouveau mode dâĂȘtre »[82], « comme le fer dans un brasier reste fer et devient feu »[83]. En se donnant, il rassemble les hommes en Ăglise. Aussi le chrĂ©tien est-il appelĂ© à « vivre dans l'Ăglise, de l'Ăglise et pour l'Ăglise »[84]. « En vertu de la communion des saints, notre saintetĂ© personnelle rend au centuple Ă cette mĂȘme Ăglise ce qu'elle nous a apportĂ© »[85].
Prier pour avoir l'intelligence de la Bible[86]. Aborder l'Ăcriture Sainte, l'Ăąme pleine de respect Ă l'instar du Russe qui se prĂ©pare, dans le jeĂ»ne et la priĂšre, Ă peindre une icĂŽne. S'y enfoncer pour « en sortir catholique »[87].
La tentation est grande de s'Ă©vader dans le spirituel: c'est se couper du Verbe incarnĂ© « Dans la mesure mĂȘme oĂč nous diminuons le contact avec les choses visibles, dans la mĂȘme mesure nous diminuons notre participation Ă la RĂ©demption »[88]. Quant Ă la place de la priĂšre, action et contemplation ne font quâun : « sans contemplation, pas de vraie activitĂ©, sans activitĂ©, pas de vraie contemplation »[89]. Dans la vie professionnelle, il y a lieu dâexceller, « ne fĂźt-on que des Ă©pingles »[90].
Dans notre démarche vers Dieu, il importe d'inverser les perspectives: passer d'un anthropocentrisme, qui nous est naturel, à une attitude centrée sur Dieu: il s'agit moins de prétendre se hisser jusqu'à Lui par un effort moral, que de répondre, dans le concret, à une initiative gratuite de sa part. « Voir les choses comme Dieu les voit, c'est les voir sous leur vrai point de vue »[91].
Avant de choisir les mortifications et pĂ©nitences conseillĂ©es par les manuels de lâĂ©poque, Beauduin recommande de commencer par accepter les contraintes de lâexistence. La vĂ©ritable ascĂšse nâest pas une sorte de mort Ă soi-mĂȘme : elle consiste Ă Ă©vacuer en soi les germes de mort pour quâĂ©merge la vie; il faut cependant s'y adonner avec modĂ©ration: « gardons-nous de courir avant de savoir marcher »[92]. Par ailleurs, « il n'y a d'ascĂšse valable pour nous que celle qui nous associe pleinement Ă la passion, Ă la mort et Ă la rĂ©surrection de JĂ©sus Christ »[93]. Il est important de cultiver la joie et d'aimer la beautĂ©.
La contemplation quasi exclusive de la souffrance du Christ sur la Croix avait, depuis longtemps, gĂ©nĂ©rĂ© en Occident un certain dolorisme. La rĂ©surrection de JĂ©sus se ramenait Ă une sorte de « happy end » sans guĂšre de consĂ©quences pratiques pour la vie quotidienne des croyants. Beauduin, au contraire, Ă©tonnait par la lumiĂšre pascale qui Ă©manait de lui, mĂȘme dans les moments les plus dramatiques de sa vie[94], conscient qu'il Ă©tait de la victoire acquise par le Christ sur toutes les forces de mort. Croix et rĂ©surrection sont insĂ©parables, aussi avait-il dĂ©diĂ© le monastĂšre de l'Union Ă la Croix glorieuse.
La vie est un pĂšlerinage. Au terme de notre existence terrestre, la rĂ©surrection du Christ produira pleinement ses effets en chacun. Ă ce moment, « ce nâest pas la joie qui entrera en nous, [âŠ] mais câest nous qui entrerons en elle »[95].
En résumé, Beauduin propose une spiritualité théocentrique, résolument trinitaire, ecclésiale, pascale, liturgique, solidement incarnée dans les réalités humaines, alliant priÚre et action, vécue comme une réponse joyeuse aux projets gratuits du PÚre de rassembler l'humanité en son sein[96].
Conclusion
Le charisme propre Ă Dom Lambert Beauduin fut d'allier la perspicacitĂ© du regard Ă la maĂźtrise de l'homme d'action[97]. LĂ oĂč beaucoup se contentaient de lâ « Ă©vidence » des habitudes, son opiniĂątretĂ© rĂ©ussit Ă ouvrir des brĂšches dâoĂč jaillirait la vie. Et cela parce quâil Ă©tait un homme de foi.
Ainsi, il fallait briser la cloison qui emprisonnait le culte dans un rituel froid et tracassier pour dĂ©couvrir quâil est, par nature, exultation dâune humanitĂ© qui consent Ă se laisser introduire par le Christ ressuscitĂ© dans la vie mĂȘme de Dieu. Une participation active aux cĂ©lĂ©brations conduira les fidĂšles Ă faire lâexpĂ©rience de lâĂglise, communautĂ© de vie.
Hypertrophier, comme on le faisait, la dimension juridique de lâĂglise fait Ă©cran Ă la vie qui relie organiquement entre eux les membres dâun grand corps, appelĂ© Corps mystique, dont le Christ est la tĂȘte. Prendre conscience de cette solidaritĂ© invisible et en assumer les consĂ©quences transforme lâexistence de tous les jours.
Penser que lâon rĂ©pond Ă lâappel de JĂ©sus Ă lâunitĂ© entre les chrĂ©tiens en attendant que les autres viennent Ă soi et renoncent Ă leur diffĂ©rence, est une prĂ©tention arrogante et, de surcroĂźt, stĂ©rile car elle prive de lâenrichissement et du dynamisme quâapporte lâĂ©coute respectueuse de lâautre dans son vĂ©cu.
La contemplation des souffrances de JĂ©sus ne doit pas sâarrĂȘter Ă lâhumiliation de la croix, comme y conduit, depuis trop longtemps, un dolorisme faussement chrĂ©tien. C'est dans la lumiĂšre pascale qu'il nous faut traverser nos Ă©preuves avec le Christ.
Se rendre compte Ă©galement que la seule ascĂšse authentique ouvre Ă la vie. Nous nâavons pas non plus Ă aligner des mĂ©rites et Ă tenter de nous soulever par un effort vertueux vers le TrĂšs-Haut : que nos efforts soient simplement une rĂ©ponse joyeuse Ă lâamour prĂ©venant et gratuit de Dieu.
De telles intuitions, portĂ©es Ă bout de bras, touchaient au cĆur mĂȘme du message chrĂ©tien.
Le gĂ©nie de Beauduin fut dâabord de traduire en entreprise pastorale les apports des travaux sur la liturgie effectuĂ©s par certains chercheurs au XIXe siĂšcle et de mettre son projet en Ćuvre par un travail d'Ă©quipe et un ensemble dâinitiatives convergentes. Le mĂȘme trait de gĂ©nie se manifesta lorsquâil voulut inscrire son idĂ©al ĆcumĂ©nique dans une institution permanente alliant recherche approfondie, priĂšre et contacts : un monastĂšre entiĂšrement consacrĂ© Ă lâUnion. Pour appuyer le mouvement, de part et dâautre un organe alimenterait et diffuserait la pensĂ©e : Les Questions liturgiques et IrĂ©nikon. Les deux pĂ©riodiques poursuivent cette mission aujourdâhui encore.
Dom Lambert Ă©tait un grand travailleur et son action plongeait ses racines dans les ouvrages des meilleurs thĂ©ologiens, chez les tĂ©moins de la grande tradition et particuliĂšrement dans les travaux conciliaires[98]. Mais ce travail serait restĂ© celui dâun penseur isolĂ© si un groupe important de disciples, inspirĂ©s en profondeur et soutenus dans la durĂ©e, nâavait contribuĂ© Ă faire Ă©voluer peu Ă peu les mentalitĂ©s. Un souffle de vie avait entretemps Ă©largi les cloisons des idĂ©es reçues sur lâobĂ©issance monastique. Beauduin a conduit les moines de lâUnion Ă assumer leurs responsabilitĂ©s dans la poursuite de lâobjectif commun. Quoi quâon ait prĂ©tendu, il Ă©tait un moine, au vrai sens du terme. Il lâa montrĂ© Ă En-Calcat, mais aussi tout au long de son exil, car il transportait sa cellule comme lâescargot sa coquille.
Pour lui, le Christ Ă©tait tout, ce qui lâentraĂźnait Ă un amour profond de lâĂglise, car le Corps est insĂ©parable de la TĂȘte. Alors que depuis de longues annĂ©es, il ne pouvait plus gĂ©rer les mouvements dont il avait Ă©tĂ© lâinitiateur, liturgie et union des chrĂ©tiens animaient plus que jamais une vie intĂ©rieure profondĂ©ment unifiĂ©e dans la louange du PĂšre. En tĂ©moignent ceux quâil a cĂŽtoyĂ©s au long de son exil.
Bref, une Ćuvre qui tombait Ă point nommĂ©, car la dynamique une fois amorcĂ©e, ferait tache dâhuile pour trouver sa consĂ©cration au concile Vatican II.
En rĂ©sumĂ©, Beauduin fut un prĂ©curseur parce que homme de foi. Sa frĂ©quentation ne laissait rien en place: celui qui adorait un Dieu solitaire dĂ©couvre un Dieu-TrinitĂ©, nĆud de relations plongeant au cĆur de lâhumain ; la soumission Ă un Dieu tout-puissant devient amour filial et partage de la vie du PĂšre; lâassistance passive Ă des rites coupĂ©s de lâexistence se mue en participation joyeuse dans le concret du quotidien au don que le Christ fait de lui-mĂȘme ; une piĂ©tĂ© individuelle devient ecclĂ©siale et solidaire; lâĂcriture Sainte et les traitĂ©s de thĂ©ologie sont dĂ©sormais une nourriture substantielle ; la prĂ©tention du savoir et de dĂ©tenir toute la vĂ©ritĂ© fait place Ă une Ă©coute respectueuse de ce qui conduit lâautre dans l'existence; une ascĂšse mortifiante se fait accueil rĂ©solu de la vie; les Ă©preuves les plus dĂ©sespĂ©rantes deviennent une traversĂ©e avec le Christ vers lâaube de PĂąques.
En dĂ©pit de lâinjuste et longue persĂ©cution par laquelle les autoritĂ©s ecclĂ©siastique ont voulu le discrĂ©diter et le rĂ©duire au silence, son charisme principal, selon de nombreux tĂ©moins, a Ă©tĂ© de faire aimer lâĂglise.
Bibliographie
Liturgie
- La PiĂ©tĂ© de lâĂglise, Principes et faits, Louvain, Maredsous, 1914, 100 p.
- Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 3, 1912-1913, p. 56-66, 143-148, 201-209, 271-280; t. 4, 1913-1914, p. 350-361; dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 5, 1920, p. 83-90, 217-228; t. 6, 1921, p. 45-56, 192-206
- Normes pratiques pour les réformes liturgiques, dans La Maison-Dieu, 1, 1945, p. 9-22.
- La Messe, sacrifice de louange, dans La Messe et sa catéchÚse (Vanves, -) (Lex Orandi, 7), Paris, Cerf, 1947, p. 138-153.
- La Liturgie: Définition - Hiérarchie - Tradition, dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 29, 1948, p. 123-144.
ĆcumĂ©nisme
- Une Ćuvre Monastique pour lâUnion des Ăglises, Mont-CĂ©sar, [1925].
- De quoi sâagit-il? dans IrĂ©nikon, t. 1, 1926, p. 4-10.
- Dans quel esprit nous voudrions travailler, dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 117-119.
- Le vrai travail pour lâUnion, dans IrĂ©nikon, t. 3, 1927, p. 5-10.
- Notre travail pour lâUnion, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 385-401.
- MĂ©moire sur lâĆuvre dâAmay, PĂąques [24 mars] 1940 ,18 p. dactylographiĂ©es, Archives de Sint-Andriesabdij (Loppem), Brugge, Th. NĂšve, Chevetogne.
- LâunitĂ© de lâĂglise et le Concile du Vatican, dans L. BEAUDUIN, A. CHAVASSE, P. MICHALON, M. VILLAIN, Ăglise et UnitĂ©. RĂ©flexions sur quelques aspects fondamentaux de lâUnitĂ© chrĂ©tienne, (Ad unitatem, 5), Lille, 1948, p. 13-56.
- JubilĂ© du MonastĂšre de lâUnion (1925-1950), dans IrĂ©nikon, t. 23, 1950, p. 369-376 et t. 24, 1951, p. 28-36.
- Lettre au professeur Hamilcar S. Alivisatos, Chevetogne, , copie, Archives dâAmay-Chevetogne, LB, 11.
Spiritualité
- Notes sur lâascĂšse, dans Revue Catholique des IdĂ©es et des Faits, 11e annĂ©e (1932), no 51, p. 1-4.
- La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie Spirituelle, t. 71, 1944, p. 333-351.
- Une liste des Ćuvres publiĂ©es et des Ćuvres inĂ©dites de Dom Lambert Beauduin figure dans Raymond LOONBEEK et Jacques MORTIAU, Un pionnier, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Liturgie et UnitĂ© des chrĂ©tiens, Louvain-la-Neuve, Chevetogne, 2001, p. 1547 Ă 1565. On y trouve aussi un relevĂ© des fonds dâarchives le concernant aux pages 1565 Ă 1578.
SĂ©lection de travaux
- Dom Lambert Beauduin (1873-1960). In Memoriam, Ă©ditions de Chevetogne [1960], 84 p.
- O. ROUSSEAU, Un homme dâĂglise. Dom Lambert Beauduin, initiateur monastique, dans La Vie spirituelle, t. 104, 1961, p. 45-64.
- L. BOUYER, Dom Lambert Beauduin. Un homme dâĂglise, [Paris, Tournai], Casterman, 1964, 185 p., rĂ©Ă©d. Paris, Cerf, 2009, 186 p
- M. CAPPUYNS, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Quelques documents et souvenirs, dans Revue dâhistoire ecclĂ©siastique, t. 61, 1966, p. 424-454 et 761-807.
- A. HAQUIN, Dom Lambert Beauduin et le renouveau liturgique (Recherches et synthĂšses de sciences religieuses, section Histoire 1), Gembloux, Duculot, [1970], XVIII-254 p.
- Sonya A. QUITSLUND, Beauduin. A Prophet Vindicated, New York, Paramus N.J., Toronto, Newman Press, [1973], XVIII-366 p.
- J.J. VON ALLMEN et alii, Veilleur avant lâaurore. Colloque Lambert Beauduin, Chevetogne, 1978, 296 p.
- A. HAQUIN, Lâexil de Dom Lambert Beauduin au monastĂšre dâEn-Calcat (1932-1934), dans Revue dâhistoire ecclĂ©siastique, t. 80, 1985, p. 51-99 et 415-440.
- Raymond LOONBEEK et Jacques MORTIAU, Un pionnier, Dom Lambert Beauduin (1873-1960). Liturgie et UnitĂ© des chrĂ©tiens, 2 vol., Louvain-la-Neuve, CollĂšge Ărasme; Ăditions de Chevetogne, 2001, XXX-1612 p., ill.
- Jacques MORTIAU et Raymond LOONBEEK, Dom Lambert Beauduin, visionnaire et précurseur, Paris, Cerf, Chevetogne, 2005, 280 p., ill.
- A. HAQUIN et alii, Le centenaire du mouvement liturgique de Louvain, CongrĂšs liturgique de Ciney, 2-3 oct. 2009, dans Questions Liturgiques, t. 91, 2010, p. 5-41
- Florentin Adrian CrÇciun, La thĂ©ologie eucharistique au XXe siĂšcle - un apport des thĂ©ologiens catholiques et orthodoxes : similitudes, convergences et diffĂ©rences dans les oeuvres de Lambert Beauduin, Odon Casel, Alexandre Schmemann et Dumitru StÄniloae (thĂšse de doctorat), Fribourg, , 574 p. (lire en ligne).
Notes et références
- CongrĂ©gation fondĂ©e rĂ©cemment avec lâapprobation de lâĂ©vĂȘque de LiĂšge, Mgr Doutreloux, par un prĂȘtre de la congrĂ©gation des Missionnaires du SacrĂ©-CĆur d'Issoudun, pour remĂ©dier Ă la fracture qui sâĂ©tait produite entre lâĂglise et le monde du travail.
- Ce nâest quâen 1922, quâun dĂ©cret de la S. C. des Rites confiera Ă lâĂ©vĂȘque du lieu la responsabilitĂ© de dĂ©cider de lâopportunitĂ© dâautoriser la messe dialoguĂ©e.
- Spécialement Gérard van Caloen (1853-1932), Laurent Janssens (1855-1925), Maurice FestugiÚre (1870-1950), EugÚne Vandeur (1875-1967).
- [LB = Dom Lambert BEAUDUIN], dans La Vie liturgique, n. 2, 1909, p. 3.
- PrĂ©dicateur de retraites et conseiller spirituel, devenu abbĂ© de Maredsous aprĂšs avoir Ă©tĂ© prieur au Mont-CĂ©sar. Ses enseignements, rassemblĂ©s dans plusieurs ouvrages, ont connu une trĂšs large diffusion et furent traduits en une dizaine de langues. Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© « bienheureux » en lâan 2000 par Jean-Paul II.
- Voir le tĂ©moignage de dom C. Mohlberg Ă dom F. Vandenbroucke, 28 janvier 1959, Archives de lâAbbaye du Mont-CĂ©sar, LB, JubilĂ© du mouvement liturgique 1909-1959.
- « Si lâon mâeĂ»t dit, raconte-t-il Ă propos des traitĂ©s de thĂ©ologie qu'il avait Ă©tudiĂ©s au sĂ©minaire, âce sont des phĂ©nomĂšnes qui se passent en vousâ, jâaurais priĂ© pour mieux comprendre et tĂąchĂ© de comprendre pour mieux prier ; on Ă©tudiait cela comme un thĂ©orĂšme de gĂ©omĂ©trie ou dâalgĂšbre » (LB, Retraite Ă lâabbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 4e confĂ©rence, Archives de lâabbaye de Maredret).
- Dom GĂ©rard van Caloen avait dĂ©jĂ publiĂ© en 1882 un « Missel des FidĂšles » ainsi quâun « Petit Missel des FidĂšles ».
- LâĆuvre connaĂźtra de multiples traductions.
- Câest ainsi que, plus tard, il se montrera rĂ©ticent quant Ă la traduction pure et simple des textes liturgiques dans la langue du peuple.
- En particulier lâabbaye rhĂ©nane de Maria-Laach.
- Dom Ermin Vitry (1884-1960), moine de Maredsous et ami de dom Lambert, jouera un rÎle important comme animateur du mouvement liturgique américain.
- R. AUBERT, Dom Lambert Beauduin dans le monde et lâĂglise de son temps, dans UnitĂ© des ChrĂ©tiens, no 29, janvier 1978, p. 2.
- Ainsi le manuel classique Ad. TANQUEREY, Synopsis theologiae dogmaticae fundamentalis, Paris, Tournai, Rome, 21e Ă©d. 1925, sur les 282 pages de la partie sur lâĂglise, ne consacre que 6 pages aux relations entre le Christ et lâĂglise.
- LB, MĂ©moires de ma vie, AAC [= Archives dâAmay-Chevetogne], LB, 1, 7.
- « Que tous soient un comme toi, PĂšre, tu es en moi et que je suis en toi, quâils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu mâas envoyĂ© [âŠ]. Quâils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi » (Jn 17, 21-23).
- [LB], Projet dâĂ©rection dâun institut monastique en vue de lâapostolat de lâunion des Ăglises, AAC, M, 1.
- Un Ă©cart entre le texte dâEquidem Verba et le projet de Beauduin a pour origine lâintervention de dâHerbigny qui en a dĂ©formĂ© lâesprit et limitĂ© le champ dâaction Ă la seule Russie, alors que dom Lambert visait un rapprochement avec tous les chrĂ©tiens : orthodoxes, anglicans et protestants. Ce sera, plus tard, prĂ©texte Ă dâinterminables controverses entre Rome et le MonastĂšre de lâUnion et au sein de la communautĂ© elle-mĂȘme.
- Lâabbaye de Seckau de la congrĂ©gation allemande de Beuron et celle du Mont-CĂ©sar ont Ă©tĂ© les seules Ă rĂ©agir de maniĂšre significative.
- [LB], Une Ćuvre Monastique pour lâUnion des Ăglises, Louvain, Mont-CĂ©sar, s.d. [mai 1925]. La plaquette sera traduite en nĂ©erlandais, anglais et allemand.
- Dans Lord HALIFAX, The Conversations at Malines (1921-1925), Londres, 1930, p. 251-261. RĂ©Ă©dition Malines, 1977. Beauduin suggĂšre une formule dâautonomie relative apparentĂ©e aux patriarcats : idĂ©e gĂ©niale, mais on lui reprochera avec vĂ©hĂ©mence d'appuyer son argumentation sur une erreur historique. Il Ă©crira plus tard que Rome nâa pas Ă imposer une formule et quâil vaut mieux laisser aux autres confessions la libertĂ© de dĂ©couvrir, quand le temps viendra, la maniĂšre dont lâunion pourrait ĂȘtre envisagĂ©e (Voir LB, Notre travail pour lâUnion, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 392-393).
- Ces rencontres, qui sâĂ©chelonnĂšrent de 1921 Ă 1926, avaient Ă©tĂ© demandĂ©es Ă lâArchevĂȘque par lord Halifax, anglican trĂšs dĂ©sireux de travailler Ă un rapprochement avec lâĂglise catholique et un prĂȘtre lazariste français, Fernand Portal qui, non sans de graves difficultĂ©s avec Rome, avait pris diverses initiatives pour ouvrir les catholiques aux autres confessions chrĂ©tiennes. DĂ©jĂ Ă la fin du XIXe siĂšcle, ils avaient formĂ© ensemble le projet de rĂ©unir une commission mixte de thĂ©ologiens et fondĂ©, en 1895, la Revue anglo-romaine dans la perspective dâun rapprochement exempt de polĂ©mique.
- Ildefonse Dirks (1874-1940), moine de Maredsous puis membre de lâĂ©quipe fondatrice de lâabbaye du Mont-CĂ©sar. Il y exerça la fonction dâĂ©conome avant dâĂȘtre envoyĂ© au CollĂšge grec de Rome oĂč il connut Beauduin, Gillet et Rousseau. Dynamique et dâun grand dĂ©vouement, il sera un inconditionnel de dom Lambert, spĂ©cialement lors des dĂ©mĂȘlĂ©s de ce dernier avec les autoritĂ©s romaines.
- AprĂšs avoir inspirĂ© et assistĂ© efficacement dom Lambert Ă la prĂ©paration et au lancement du MonastĂšre de lâUnion, Louis (Lev) Gillet sera attirĂ© de plus en plus par la mystique orientale au point que, trois ans plus tard, dĂ©couragĂ© par lâopposition des autoritĂ©s romaines Ă la dĂ©marche ĆcumĂ©nique, il passera Ă lâorthodoxie tout en affirmant rester catholique romain. Voir E. BEHR-SIGEL, Lev Gillet. « Un moine de lâĂglise dâOrient ». Un libre croyant universaliste, Ă©vangĂ©lique et mystique, Paris, 1999.
- Parmi quelques exceptions remarquables, on notera, autour des années 1887-1894, les initiatives et interventions de dom Gérard van Caloen, moine de Maredsous, qui inspirera Beauduin.
- La ConfĂ©rence dâEdimbourg (1910) rassemble 1200 dĂ©lĂ©guĂ©s reprĂ©sentant les diverses Ćuvres missionnaires. Un pas sera franchi lorsque la confĂ©rence Foi et Constitution rĂ©unira Ă Lausanne (1927) les dĂ©lĂ©guĂ©s de 108 Ăglises en tant que telles.
- LB, lettre Ă dom Bernard Capelle, JĂ©rusalem, 27 novembre 1929, AAC, Reynders.
- ProsĂ©lytisme : dĂ©marche qui tend Ă faire des adeptes, quitte Ă imposer Ă lâautre ses propres convictions sans respecter suffisamment la vocation propre de celui-ci.
- [LB], Dans quel esprit nous voudrions travailler, dans Irénikon, t. 1, mai 1926, p. 117.
- « RĂ©alisons dâabord entre nous cette parfaite unitĂ© que nous voudrions rĂ©aliser entre tous les chrĂ©tiens » (LB, lettre Ă lâabbĂ© LĂ©on de Ruyck, qui pense entrer Ă Amay, 11 mars 1926, AAC, CR).
- . Pour dissiper toute Ă©quivoque et se dĂ©marquer des attitudes uniates, le fondateur dĂ©clare formellement que la cĂ©lĂ©bration de la liturgie en rite byzantin « a uniquement pour but de faciliter aux moines de lâUnion la comprĂ©hension et lâamour de la foi et de la piĂ©tĂ© de leurs frĂšres dâOrient et dâĂ©clairer Ă lâoccasion les fidĂšles dâOccident sur les beautĂ©s des rites orientaux » (Les Ćuvres. DĂ©claration, dans IrĂ©nikon, t. 3, 1927, p. 312).
- LB, lettre Ă un prieur, Rome, 14 mars 1924, AAC, O. Rousseau.
- Le Centre Istina fut fondĂ© en 1927. OrientĂ© au dĂ©but vers le monde slave et lâaccueil des immigrĂ©s russes, il Ă©tendit ses activitĂ©s aprĂšs la seconde guerre mondiale Ă lâensemble de lâEurope orientale, puis aux protestants et aux chrĂ©tiens du Proche-Orient. Il joua un rĂŽle important au concile Vatican II. Il poursuit sa mission aujourdâhui.
- Voir Card. E. Tisserant, lettre à dom Théodore NÚve, Rome, 15 juin 1950, copie AAC,M, Corresp. Congr. Orientale.
- Il faudra cependant attendre 1995 pour que, par lâencyclique Ut unum sint Jean-Paul II prenne enfin le contre-pied de Mortalium Animos.
- « Attendu que sa permanence en Belgique et dans dâautres lieux trĂšs frĂ©quentĂ©s serait inopportune, non pour des raisons de mĆurs, mais pour son caractĂšre trop entreprenant⊠» (Mgr M. dâHerbigny, lettre Ă Mgr V. La Puma, secrĂ©taire de la CongrĂ©gation des Religieux, Rome, 29 mai 1931, AAC, FR, R, V/35. Traduction).
- Des allusions contenues dans les seules lettres conservĂ©es ont permis de dĂ©nombrer, sans compter les rĂ©collections, cent trente-six retraites, dont les trois-quarts au cours de son exil, mais il dut en prĂȘcher en fait sensiblement davantage.
- LB, Cours de liturgie [avant 1915], notes de dom Hildebrand (Zimmermann), AAC, LB, 23.
- « Ici-bas, nous sommes dans la crypte, [...] mais nous entendons déjà quelque chose des chants de la nef par la liturgie de la terre, qui est l'écho de la liturgie du ciel » (LB, Retraite à l'abbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 4e conférence, Archives de l'abbaye de Maredret).
- LB, La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie spirituelle, t. 71, 1944, p. 346.
- LB, La messe en Orient et en Occident, confĂ©r. Ă lâInstitut S. Serge, 1953, AAC, LB, 13/6.
- LB, La Vie liturgique, 1909, no 2. p. 4.
- LB, Cours de liturgie, Vanves, 1946, notes d'auditrice, AAC, LB, Liturgie, 3, CPL, dossier 31.
- LB, BaptĂȘme et Eucharistie, dans La Maison-Dieu, 6, 1946, p. 58.
- La doctrine du sacerdoce commun des baptisés sera remise en valeur par le concile Vatican II. Quant au ministÚre ordonné, sa fonction est de permettre, au cours d'une célébration, aux membres d'une communauté locale d'exercer leur sacerdoce de baptisés, participation à l'offrande sacerdotale de Jésus (Voir LB, Liturgie: Définition - Hiérarchie - Tradition, dans Les Questions liturgiques et paroissiales, t. 29, 1948, p. 133-134).
- LB, La liturgie, source de vie spirituelle, dans La Vie spirituelle, t. 71, 1944, p. 344.
- CitĂ© dans SĆur Marie-Anselme LUQUET, Quelques souvenirs des annĂ©es 1934-1938, 1976, AAC, LB, 19/3.
- Voir LB, Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 6, 1921, p. 201.
- LB, JubilĂ© du monastĂšre de lâUnion (1925-1950), dans IrĂ©nikon, t. 23, 1950, p. 375.
- LB, retraite monastique Ă lâabbaye N.D. dâOrval, 1951, AAC, LB, 22/9.
- Ă travers les phrases de l'Ă©vangile dominical, « la personne divine et la personne humaine sont en tĂȘte Ă tĂȘte: un courant passe qui relie l'esprit de l'homme Ă l'esprit de Dieu, le cĆur de l'homme Ă l'amour divin » (LB,Le culte des saints dans la liturgie, dans La Maison-Dieu, 21. 1950, p. 76).
- LB, L'Ăglise, note manuscrite, AAC, LB, 23.
- LB, La Liturgie pascale, dans Les Questions liturgiques, t. 2, 1911-1912, p. 298.
- R. Bellarmin, citĂ© dans Br. Forte, LâĂglise, icĂŽne de la TrinitĂ©, [Paris, 1985], p. 14.
- LB, Plan de retraite. L'Ăglise, AAC, LB, 23.
- LB, Les effets du baptĂȘme, ms., s.d., AAC, LB, 23.
- Cet aspect de l'ecclésiologie sera remis en évidence par le concile Vatican II.
- LB, LâunitĂ© de lâĂglise et le Concile du Vatican, dans L. Beauduin et alii, Ăglise et UnitĂ©, Lille, 1948, p. 38.
- LB, La vie de lâĂglise, confĂ©rence, 1934, dans Bulletin mensuel des Oblates SĂ©culiĂšres et de lâUnion Spirituelle des Veuves de France, janvier-fĂ©vrier 1935, p. 152.
- LB, LâinfaillibilitĂ© du pape et lâUnion, dans IrĂ©nikon, t. 5, 1928, p. 237.
- Ibidem.
- Dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 10-20 ; 65-73.
- Pie XI, relativement ouvert Ă un rapprochement avec l'Orient orthodoxe, connaĂźt un revirement aprĂšs 1925, Ă la suite d'interventions de certains Ă©vĂȘques et sous la pression de membres de la Curie romaine.
- [LB], De quoi s'agit-il?, dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 9.
- Beauduin ne suspecte pas la sincĂ©ritĂ© de ceux qui pratiquent le prosĂ©lytisme, mais cette poursuite de conquĂȘtes isolĂ©es est hautement prĂ©judiciable au rapprochement des Ăglises (LB, De quoi s'agit-il?, dans IrĂ©nikon, t. 1, 1926, p. 8). Newman, en 1841, soulignait dĂ©jĂ que la politique de prosĂ©lytisme creuse un fossĂ© entre les Ăglises (Voir J.-H. Newman, Apologia.)
- LB, MĂ©moire sur l'Ćuvre d'Amay, rapport Ă dom ThĂ©odore NĂšve, PĂąques [24 mars] 1940, Archives de Sint Abdriesabdij, Th. NĂšve, Chevetogne, 3, 1940.
- LB, L'Infaillibilité du Pape et l'Union, dans Irénikon, t. 3, 1927, p. 450.
- LB, De quoi s'agit-il?, dans Irénikon, t. 1, 1926, p. 6.
- Ibidem, p. 8.
- LB, lettre à l'abbé Jean Jadot, Mont-César, 4 novembre 1931, AAC, LB, 11.
- LB, Notre travail pour lâUnion, dans IrĂ©nikon, t. 7, 1930, p. 395.
- LB, Parole pontificale, dans Irénikon, t. 1, 1927, p. 22.
- LB, notes de prĂ©paration dâune retraite, AAC, LB, 22/8.
- Voir LB, La Centralisation romaine, dans Irénikon, t. 6, 1929, p. 145-153.
- LB, Notre travail pour l'Union, dans Irénikon, t. 7, 1930, p.399. L'importance que Beauduin attribue à la Communion des saints dans le cheminement vers l'Unité est manifeste: la citation est reprise de son premier article d'Irénikon ([LB], De quoi s'agit-il?, dans Irénikon, t. 1, [avril] 1926, p. 9); on la retrouve, presque identique, dans deux autres articles (L'Encyclique « Mortalium Animos » du 6 janvier 1928, dans Irénikon, t. 5, 1928, p. 91} ainsi que Union et Conversions, Ibidem, p.492).
- LB, lettre au professeur Hamilcar Alivisatos, Chevetogne, 24 mai 1954, copie; AAC, LB, 11.
- LB, Cours de liturgie, Vanves, 1946, notes d'Ă©tudiant, p. 39, AAC, LB, Liturgie, 3, CPL, dossier 31.
- LB, Essai de manuel fondamental de liturgie, dans Les Questions liturgiques, t. 4, 1913-1914, p. 361.
- LB, La vie au sein de la Trinité, idéal de vie chrétienne, conférence, 1948, dans Les Amis du Bec-Hellouin, no 124, 1998, p. 23.
- LB, Retraite monastique Ă l'abbaye N.D. d'Orval, 1951, AAC, LB, 22/9.
- LB, Note manuscrite, AAC, LB, Fiches.
- LB, retraite à la communauté monastique du Mont-César, 1920, 6e confér., AAC, LB, 22/1.
- LB, retraite sacerdotale Ă lâabbaye du Mont-CĂ©sar, 1931, Archives diocĂ©saines de Chartres, Muller.
- LB, lettre à dom Olivier Rousseau, Rome, 13 février 1924, AAC, OR, 2.
- LB, Retraite à l'abbaye SS. Jean et Scholastique, 1914, 8e conférence, Archives de l'abbaye de Maredret.
- LB, Conversation du 3 octobre 1937 avec l'abbé Roger Poelman.
- LB, lettre Ă l'abbĂ© Ădouard Beauduin, Chatou, 3 fĂ©vrier 1945, Archives de l'UniversitĂ© catholique de Louvain, FacultĂ© de thĂ©ologie, Ed. Beauduin.
- LB, retraite (Louvain ?), s.d., AAC LB, 22/10.
- LB, 15e confĂ©rence aux moines dâAmay, 1928, AAC, LB, 16/18.
- LB, retraite dâordination, LiĂšge, 1946, AAC, LB, 22/8.
- LB, Retraite à l'abbaye SS Jean et Scholastique, 1914, 10e conférence, Archives de l'abbaye de Maredret.
- LB, Principes théologiques au point de vue ascétique, AAC, R. Poelman.
- LB, La PiĂ©tĂ© de l'Ăglise. Principes et faits, Louvain, Maredsous, 1914, p. 54.
- Exclu rĂ©cemment par l'autoritĂ© romaine de son Ćuvre ainsi que du MonastĂšre de l'Union avec deux de ses moines, Beauduin souligne, dans une lettre, que la situation actuelle d'eux trois leur permet de vivre plus rĂ©ellement les fĂȘtes pascales. Il ajoute: « Le Christ ressuscitĂ© nous suffit, n'est-ce pas? » (LB, lettre Ă G. Laporta et Br. Reynders, Rome, 1er avril 1931, AAC, Br. Reynders.
- LB, retraite Ă lâabbaye SS. Jean et Scholastique Ă Maredret, 1920, 2e confĂ©rence, Archives de lâabbaye de Maredret.
- D'aucuns s'Ă©tonneront que, dans ses Ă©crits, Dom Beauduin n'Ă©voque guĂšre le prĂ©cepte de l'amour du prochain. En fait, plutĂŽt que d'adopter le point de vue d'un moraliste, il voit dans l'adhĂ©sion au projet du PĂšre de rassembler les hommes en Ăglise, une exigence qui entraĂźne une rĂ©forme profonde des mĆurs. Participer Ă l'eucharistie, on l'a vu, inclut l'obligation d'appliquer l'Ă©vangile au long de la journĂ©e. La dĂ©marche ĆcumĂ©niquqe est axĂ©e sur l'Ă©coute respectueuse de l'autre dans sa diffĂ©rence et chacun est appelĂ© Ă contribuer Ă l'unitĂ© de l'Ăglise en devenant agent d'union dans son milieu de vie.
- On lui reprochera parfois une intransigeance dans la poursuite de ses objectifs et d'entretenir un certain esprit de clan entre ceux qui partageaient ses idées: défauts fréquents chez les fondateurs amenés à avoir raison de multiples obstacles, s'ils veulent réussir à atteindre leur objectif.
- On rapporte qu'Ă l'instant mĂȘme de sa mort, Beauduin avait les yeux sur un volume ouvert de l'Histoire des Conciles de Hefele-Leclerc. C'est tout un symbole.
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