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Lac d'Ourmia

Le lac d'Oroumieh[1] (en persan ŰŻŰ±ÛŒŰ§Ú†Ù‡ Ű§Ű±ÙˆÙ…ÛŒÙ‡ - Daryācheh-ye Oroumieh ; en armĂ©nien ÔżŐĄŐșŐžÖ‚ŐżŐĄŐ¶ ŐŹŐ«Őł / Kapoutan litch ; en azĂ©ri Ű§ÙˆŰ±Ù…ÛŒÙ‡ ïź”ïș†ï»Ÿï»ź Urmu gölĂŒ) est un lac salĂ© dans le nord-ouest de l’Iran, dans l’AzerbaĂŻdjan iranien (entre les provinces d’AzerbaĂŻdjan oriental et d’AzerbaĂŻdjan occidental). Plus grand lac d’Iran et d'Asie de l'Ouest, il fait partie du parc national du mĂȘme nom.

Lac d'Ourmia
Image illustrative de l’article Lac d'Ourmia
Le lac vu de l'espace en octobre 1984 (la surface a depuis fortement diminué).
Administration
Pays Drapeau de l'Iran Iran
Subdivision AzerbaĂŻdjan occidental et AzerbaĂŻdjan oriental
Statut Site Ramsar
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 37° 42â€Č 00″ N, 45° 19â€Č 00″ E
Type Lac salé
Superficie
· Maximale
5 200 km2
7 700 km2
Longueur 140 km
Largeur 55 km
Altitude 1 270 m
Profondeur
· Maximale

16 m
Volume 45 km3
Hydrographie
Bassin versant 50 000 km2
Alimentation Zarrineh, Simineh, Aji Chay, Barabduchai (en), Zola River (en), Bārāndƫz Chāy (d), Gadar River (en) et Sufi Chay (en)
Îles
Nombre d’üles 102 (voir liste)
GĂ©olocalisation sur la carte : Iran
(Voir situation sur carte : Iran)
Lac d'Ourmia

Une des particularitĂ©s du lac d’Ourmia est l’absence d’émissaire (cours d’eau artificiel ou naturel constituant le dĂ©versoir d’un lac), absence qui lui confĂšre le statut gĂ©ographique d’étendue d'eau endorĂ©ique, parfois assimilĂ© Ă  celui de « petite mer intĂ©rieure Â». Son bassin hydrographique et son rĂ©seau de drainage (Ă©coulement de l’eau dans le sol) atteignent environ 5 200 kilomĂštres carrĂ©s. Les principaux affluents du lac sont la riviĂšre iranienne Aji Chay (ou Talkheh Rud), s’écoulant au nord-est de l’AzerbaĂŻdjan iranien et charriant les neiges fondues des massifs du SabalĂąn et du Sahand, et les riviĂšres jumelles Zarineh (Jagatu) et Simineh (Tatavi), venant du sud[2].

Noms

Le lac est nommĂ© d'aprĂšs le nom de la ville d'Ourmia, un nom d'origine syriaque signifiant « citĂ© de l'eau ». Il fut renommĂ© en « lac de Reza » (en persan : ŰŻŰ±ÛŒŰ§Ú†Ù‡ Ű±Ű¶Ű§ŰŠÛŒÙ‡, Daryātcheh-ye RezaĂŻeh) au dĂ©but des annĂ©es 1930 d'aprĂšs le nom de Reza Pahlavi, alors chah d'Iran, puis renommĂ© « lac d'Ourmia » au milieu des annĂ©es 1970. Son ancien nom persan Ă©tait Shishast.

Avec le lac de Van et le lac Sevan, le lac d'Ourmia, connu des ArmĂ©niens en tant que Kapoutan litch (en armĂ©nien ÔżŐĄŐșŐžÖ‚ŐżŐĄŐ¶ ŐŹŐ«Őł)[3], Ă©tait l'une des « trois mers » de l'antique royaume d'ArmĂ©nie.

Les régions lacustres en Iran

Le lac d’Ourmia, situĂ© dans la rĂ©gion historique d’ArmĂ©nie (plus vaste que l’actuel État de ce nom) prĂšs de la frontiĂšre turque, occupe l’un des bassins intĂ©rieurs de l’Iran, qui ensemble occupant la plus grande part de la superficie du pays. En effet, l’Iran abrite un large Ă©ventail de cuvettes fermĂ©s, salĂ©es pour la plupart, vestiges de l’ancienne mer TĂ©thys. Les bassins iraniens sont trĂšs riches en sel, gypse et diverses autres Ă©vaporites, qui rendent ces zones peu propices Ă  l’agriculture. La prĂ©sence de deux importantes chaĂźnes de montagnes, l’Elbourz-Kopet Dagh et le Zagros-Mekran, isole ces bassins des rĂ©gions plus fertiles situĂ©es au nord ou au sud[4]. PrĂ©cisĂ©ment, le bassin du lac d’Ourmia est occupĂ© par un lac permanent, dont le taux de salinitĂ© est trĂšs Ă©levĂ©.

Dimensions et assĂšchement

La surface maximale du lac est d'environ 5 200 km2. Dans ses plus grandes dimensions, il mesure environ 140 km de long et 55 km de large. Sa profondeur maximale est d'environ 16 m.

Bien qu'encore classé en 2012 parmi les plus grands lacs hypersalés permanents du monde, et plus grand lac du Moyen-Orient[5], le lac d'Ourmia rétrécit fortement, avec une évaporation annuelle de 0,6 à m qui en augmente la salinité. En 2014, il est estimé que sa surface s'est réduite d'environ 90 % en 45 ans, soit par rapport au début des années 1970[6]. Plusieurs facteurs expliquent ce rétrécissement :

La photographe documentaire iranienne Solmaz Daryani a documenté cette catastrophe écologique dans son projet : The Eyes of Earth[10].

  • Évolution de la superficie du lac, 1984-2014.
    Évolution de la superficie du lac, 1984-2014.
  • Surface du lac d'origine (en jaune clair) et en octobre 2014 (en bleu)
    Surface du lac d'origine (en jaune clair) et en (en bleu)
  • L'assĂšchement du lac d'Ourmia d'aprĂšs des images satellites.

Enjeux actuels de la catastrophe Ă©cologique

Si le lac d’Ourmia Ă©tait l’un des plus grands lacs d’eau salĂ©e au monde, son dessĂšchement rapide appelle Ă  rĂ©Ă©valuer sa place et Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  sa sauvegarde. Les terres environnant le lac deviennent stĂ©riles, le rĂ©trĂ©cissement du bassin depuis les annĂ©es 1980 met en lumiĂšre l’esquisse d’une catastrophe Ă©cologique de grande ampleur. D’aprĂšs l’UNESCO, le lac a perdu 70 Ă  80 % de sa surface originelle depuis les annĂ©es 1970, de seize mĂštres de profondeur il est passĂ© aujourd’hui Ă  deux mĂštres au maximum[11].

Une cause de la crise : la modernisation industrielle

C’est d’abord le gouvernement du chah d’Iran qui, Ă  partir des annĂ©es 1970, entame la construction de barrages pour pourvoir aux besoins en Ă©lectricitĂ© de la population et des industries, tout en permettant de dĂ©velopper la rĂ©gion du nord-ouest. La guerre entre Iran et Irak en 1980 marque une rupture dans la conduite des projets d’amĂ©nagement. Une nouvelle impulsion est ensuite donnĂ©e en 1990, avec un intĂ©rĂȘt particulier portĂ© Ă  l’agriculture[12].

En effet, en vue de moderniser le pays aprĂšs la rĂ©volution islamique de 1979, des grands programmes de construction ont Ă©tĂ© produits, d’abord sous la prĂ©sidence de Mohammad Khatami puis sous celle de Mahmoud Ahmadinejad. L’impact de ces politiques est visible au niveau des productions : les paysans dĂ©laissent les cultures peu gourmandes en eau, par exemple le raisin, au profit de la betterave qui demande des apports considĂ©rables. Certaines cultures sont traditionnellement tournĂ©es vers l’exportation cependant, et restent trĂšs friandes en eau. Par exemple, la production de la pistache en Iran reprĂ©sente un tiers de la production mondiales. De ce fait, on note une expansion de la surface occupĂ©e par les vergers. Entre 1994 et 2006 leur part en superficie passe de 16 % Ă  30 %. Les riviĂšres affluentes du lac ont vu se dĂ©velopper de multiples barrages, 70 au total, afin de nourrir le dĂ©veloppement de l’industrie agricole en Iran. AjoutĂ©s Ă  ces barrages, plus de 24 000 puits furent creusĂ©s illĂ©galement dans la rĂ©gion du nord-ouest par les villageois eux-mĂȘmes, prĂ©cipitant l’assĂšchement du bassin. En 2012, on en dĂ©nombre 107 000, et des agriculteurs vont mĂȘme plus loin en disposant des pompes directement dans les riviĂšres, amoindrissant le dĂ©bit en eau douce vers le lac. Les rendements de ces mesures semblent moindres par rapport aux investissements rĂ©alisĂ©s : l’agriculture consomme aux alentours de 89 % des ressources de la rĂ©gion, avec des pertes considĂ©rables au niveau des canaux d’acheminement vĂ©tustes, alors qu’elle ne fournit que 15 % du PIB[12].

Une cause environnementale : le cycle accéléré de la désertification

La rapide dĂ©gradation du lac rĂ©sulte Ă©galement de facteurs extĂ©rieurs Ă  l’action humaine. Par exemple, la multiplication et l’intensification de tempĂȘtes de sel et de poussiĂšres nocives dĂ©truisent les cultures qui se dĂ©veloppaient aux environs, et favorisent la baisse des rĂ©coltes. L’enclenchement d’un cycle irrĂ©versible est soulignĂ© lorsqu’on aborde la disparition du lac d’Ourmia. L’assĂšchement complet de son eau mĂšnerait Ă  l’exposition d’environ 8 milliards de tonnes de sel Ă  l’air libre, qui finirait par infiltrer rapidement les nappes phrĂ©atiques de la rĂ©gion. Ce processus de salinisation serait alors vecteur de la propagation de maladie au sein de la population, parmi lesquelles les cancers, l’hypertension artĂ©rielle et les pathologies respiratoires. AssociĂ©e Ă  ces dynamiques, la dĂ©sertification du nord-ouest iranien s’impose urgemment Ă  l’agenda politique de l’Iran. En 2013, l’ex-ministre de l’Agriculture, Isa Kalantari Ă©nonce que : « L’Iran est en train de devenir un dĂ©sert inhabitable. Cependant, n’imaginez pas que cela se produira demain. C’est dĂ©jĂ  le cas ! »[12].

RĂ©actions locales, nationales et internationales Ă  l'assĂšchement du lac

L'aggravation des tensions autour de la question azérie

En termes d’implications sociales et politiques, la disparition progressive du lac aggrave des tensions communautaires et le ressentiment des habitants irano-azĂ©ris envers un gouvernement ignorant les revendications dĂ©jĂ  anciennes de cette minoritĂ© en Iran, Ă  savoir l’obtention de davantage de droits culturels, Ă©conomiques et politiques. Le lac d’Ourmia, surnommĂ© « le solitaire turquoise de l'AzerbaĂŻdjan », est une source principale de revenus et de dĂ©veloppement de la communautĂ© azĂ©rie, sa dĂ©gradation revĂȘt donc d’autant plus d’importance pour la survie et les productions. En effet, la dĂ©sertification de la rĂ©gion a un impact considĂ©rable sur l’agriculture iranienne, et plus prĂ©cisĂ©ment sur l’économie paysanne de la rĂ©gion. La dĂ©vastation des cultures par l’effet cumulĂ© des sĂ©cheresses et de l’accumulation de sel provoque d’érosion des sols et a dĂ©jĂ  gĂ©nĂ©rĂ© une augmentation du chĂŽmage chez les paysans habitant Ă  proximitĂ© du lac d’Ourmia. Le secteur du tourisme en pĂątit Ă©galement, laissant constater la dĂ©sertion des eaux chaudes et hypersalines thĂ©rapeutiques[13]. Un panorama dĂ©solĂ© se dresse maintenant avec des jetĂ©es qui ne mĂšnent nulle part et des Ă©paves de bateaux rouillĂ©es qui laissent entrevoir le passĂ© prospĂšre de la rĂ©gion du lac d’Ourmia. RĂ©cemment, les eaux du lac ont pris une teinte rougeĂątre du fait de la prĂ©sence d’algues et de bactĂ©ries dans ce lac oĂč l’eau est huit fois plus salĂ©e que l’ocĂ©an.

DĂšs 2011, des manifestations s’organisent dans le nord-est et en AzerbaĂŻdjan pour signifier le mĂ©contentement face Ă  l’absence totale de rĂ©action de TĂ©hĂ©ran face au problĂšme. Des altercations avec la police ont lieu, notamment dans les villes de Tabriz et d’Oroumieh[14]. Le gonflement des tensions entre la communautĂ© azĂ©rie et le gouvernement est manifeste. Avec la disparition du lac, les habitants prĂ©sents au nord-ouest de l’Iran mais aussi dans les rĂ©gions voisines en Turquie et en AzerbaĂŻdjan seraient alors contraintes Ă  quitter la rĂ©gion, avec des millions de personnes dĂ©placĂ©es et un exode rural massif. À la suite des manifestations dans la rĂ©gion du lac d’Ourmia, en , le Parlement iranien refuse d’accorder des fonds prĂ©vus pour l’irrigation du bassin. En rĂ©ponse, on assiste Ă  une escalade des tensions avec l’organisation de marches par des associations d’activistes de Tabriz et Oroumieh durant lesquelles les autoritĂ©s procĂšdent Ă  plusieurs arrestations. Bernard Hourcade, Directeur de recherche au CNRS et gĂ©ographe spĂ©cialiste de l’Iran met en exergue la coloration particuliĂšre que prend la question azĂ©rie pour les dirigeants du pays. Il explique que : Â« le lac reste une vĂ©ritable Ă©pine dans le pied du gouvernement iranien. Il existe un long passif de paranoĂŻa de la part de l’élite religieuse du pays concernant le spectre de l’indĂ©pendance azĂ©rie ». Ici, il fait rĂ©fĂ©rence Ă  la constitution d’un mouvement nationaliste crĂ©Ă© au dĂ©but du XXe siĂšcle pour crĂ©er une entitĂ© indĂ©pendante, un AzerbaĂŻdjan contemporain, rĂ©unissant le peuple azerbaĂŻdjanais d’Iran et celui de Turquie.

RĂ©ponse partielle de l'État Ă  la crise sociale et environnementale

Des mesures sont annoncĂ©es tardivement pour rĂ©pondre Ă  l’exacerbation des tensions autour de la disparition accĂ©lĂ©rĂ©e du lac d’Ourmia. Ces derniĂšres restent lacunaires. Mahmoud Ahmadinejad, prĂ©sident de la RĂ©publique Islamique d'Iran de 2005 Ă  2013 adopte d’abord un discours acculant les pays occidentaux. Il les Ă©rige en responsables de la catastrophe Ă©cologique et sociale se jouant au sujet du lac, et en , il dĂ©nonce que : « les pays occidentaux ont conçu un plan pour provoquer notre sĂ©cheresse. Selon des rapports climatiques prĂ©cis, les pays europĂ©ens ont utilisĂ© un Ă©quipement spĂ©cial pour crĂ©er des nuages de pluie en Europe et les empĂȘcher d’atteindre l’Iran et le Moyen-Orient ».

Dans un second temps, le prĂ©sident montre sa volontĂ© de prendre les mesures adĂ©quates afin de contenir l’assĂšchement du lac et de satisfaire les populations touchĂ©es par la crise de l’industrie agricole dans la rĂ©gion. Ainsi, il promet de relĂącher 600 millions de mĂštres cubes d’eau de l’un des barrages situĂ©s sur les rives du lac d’Ourmia (barrage d’Aras). Dans la continuitĂ© de cette approche, endossant les nouvelles fonctions de prĂ©sident de la RĂ©publique islamique, Hassan Rohani s’emploie Ă  focaliser son agenda politique sur cette problĂ©matique du lac. En 2013, il s’agit de l’un des sujets centraux de sa campagne Ă©lectorale. Il promet alors d’allouer 4,6 milliards d’euros pour financer les mesures permettant la sauvegarde du lac d’Ourmia et des secteurs Ă©conomiques qui y sont liĂ©s. Toutefois, aucune des propositions Ă©laborĂ©es par ces chefs d’État ne semble s’ĂȘtre traduite par la mise en place de projets concrets. Les promesses restent Ă  l’état de discours et aucune mesure matĂ©rielle ne permet d’affirmer que le gouvernement s’attaque vĂ©ritablement au problĂšme. La situation s’envenime et devient irrĂ©versible dans le pays ayant accueilli la signature de la convention des Nations unies sur la protection des zones humides, dite Convention de Ramsar, en 1971.

L’ONU se saisit Ă©galement de la question et demande Ă  l’Iran une baisse de 20 % de la consommation des ressources renouvelables en eau en Iran. En effet, la consommation en eau des Iraniens pour leur usage domestique est de 50 litres contre 150 pour la moyenne mondiale, les chiffres pouvant monter jusqu’à 400 litres au niveau de la capitale et de ses foyers urbains. Ces donnĂ©es s’expliquent en grande partie par le mauvais Ă©tat du rĂ©seau de conduction, pouvant gĂ©nĂ©rer des pertes Ă  plus de 40 % dans certaines zones. En rĂ©ponse aux Nations unies, le gouvernement dĂ©cide en d’augmenter les tarifs de l’eau de 20 % tandis que la population critique dĂ©jĂ  abondamment le coĂ»t de la vie dans le pays. La construction des barrages a Ă©tĂ© endiguĂ©e et les paysans sont encouragĂ©s pour substituer aux techniques traditionnelles d’arrosage la mĂ©thode du goutte-Ă -goutte. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vient aussi aider le pays Ă  reboiser la rĂ©gion en vĂ©gĂ©taux halophytes, adaptĂ©s aux milieux salĂ©s, sur une surface de 500 hectares[12].

Sortir de l'impasse par la diplomatie internationale

Le , TĂ©hĂ©ran accueille une confĂ©rence Ă  laquelle assistent la plupart des pays du Moyen-Orient, Arabie Saoudite comprise, portant sur « la diplomatie de l’eau et ses opportunitĂ©s en Asie de l’Ouest ». Cette derniĂšre montre l’importance de l’enjeu Ă  une Ă©chelle rĂ©gionale et pas uniquement nationale. En effet, il est important de rappeler que l’Iran partage des bassins versants et cours d’eau avec douze pays voisins, tous souffrant de la baisse des prĂ©cipitations sous l’effet du changement climatique. Pour faire remonter le niveau du bassin, des projets de construction de canaux reliant le lac aux cours d’eau transfrontaliers situĂ©s en Irak ou en Turquie sont imaginĂ©s.

Obstacles

Ces idĂ©es se heurtent aux besoins en eau auxquels sont confrontĂ©s ces mĂȘmes pays. Par exemple, en 2014 un projet d’échange d’eau contre du pĂ©trole avec le Tadjikistan via pipeline avait Ă©tĂ© abordĂ© mais les difficultĂ©s hydriques du TurkmĂ©nistan et les tensions politiques avec l’Iran ont rapidement mis un terme Ă  cette Ă©bauche. Une alternative proposĂ©e est l’utilisation de la mer Caspienne qui borde l’Iran mais aussi l’AzerbaĂŻdjan, la Russie, le Kazakhstan et le TurkmĂ©nistan. Un autre problĂšme se dessine ici : celui de la pollution des eaux de la mer en hydrocarbures et mĂ©taux lourds. D’autres projets sont envisagĂ©s Ă  l’image des nĂ©gociations Ă  propos de la restauration des marais d’Hawizeh, zones humides irano-irakiennes classĂ©es au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui permettrait de produire une humiditĂ© suffisante pour limiter les tempĂȘtes de poussiĂšres Ă  l’Ouest de l’Iran. Le succĂšs d’un tel programme repose sur l’engagement devant ĂȘtre fourni par Bagdad quant Ă  la limitation de l’usage des eaux provenant de la zone.

Un dernier projet d’échange d’eau contre des hydrocarbures avec la GĂ©orgie et l’ArmĂ©nie, soutenu par l’Allemagne et la Chine (rĂ©novation des rĂ©seaux de distribution), amĂ©nagerait une voie de sortie pour sauvegarder le lac d’Ourmia[15]. Ici, la pierre d’achoppement reste les sanctions internationales formulĂ©es par Washington Ă  l’encontre de l’Iran qui jettent une incertitude sur l’intĂ©rĂȘt de rĂ©aliser des investissements de cette ampleur en Iran.

Îles

Ú©Ű§ŰžÙ…â€ŒŰŻŰ§ŰŽÛŒ (fa), une ile du lac d'Ourmia. .

Le lac comptait 102 ßles, qui, pour la plupart, ne sont plus que des buttes dans la partie asséchée, au sud. Leurs noms sont les suivants[16] - [note 1] :

  • Arezu,
  • Eshak,
  • Espir,
  • Kaboudi, la deuxiĂšme par la taille,
  • Shahi (en) (Eslami), la plus grande de toute, elle serait le lieu oĂč est enterrĂ© Hulagu Khan, le petit-fils de Genghis Khan et vainqueur de Bagdad),
  • Espiro,
  • Espirak,
  • Azin,
  • Mehr,
  • Mehran,
  • Mehrdad,
  • Borzu,
  • Borz,
  • Siyavash,
  • Siyah-Tappeh,
  • Tanjeh,
  • Tanjak,
  • Bon-Ashk,
  • Ashksar,
  • Ashku,
  • Chak-Tappeh,
  • Day,
  • Magh,
  • Meydan,
  • Cheshmeh-kenar,
  • Miyaneh,
  • Samani,
  • Azar,
  • Sangan,
  • Sangu,
  • Tak,
  • Jowzar,
  • Jovin,
  • Jodarreh,
  • Sepid,
  • Bastvar,
  • Zirabeh,
  • Bahram,
  • Gorz,
  • Ardeshir,
  • Nahid,
  • Penhan,
  • Shahin,
  • Kenarak,
  • Zartappeh,
  • Khersak,
  • Naviyan,
  • Omid,
  • Garivak,
  • Gordeh,
  • Giv,
  • Kalsang,
  • Golgun,
  • Aram,
  • Panah,
  • Kariveh,
  • Zagh,
  • Meshkin,
  • Sahran,
  • Pishva,
  • Kam,
  • Kameh,
  • Sorush,
  • Sorkh,
  • Shabdiz,
  • Nakhoda,
  • Kuchek-Tappeh,
  • Tus,
  • Borzin,
  • Arash,
  • Atash,
  • Siyah-sang,
  • Karkas,
  • Shurtappeh,
  • Navi,
  • Nahoft,
  • Shush-Tappeh,
  • Iran-Nezhad,
  • Shamshiran,
  • Mahdis,
  • Kakayi-e Bala,
  • Kakayi-ye Miyaneh,
  • Kakayi-e Pain,
  • Takht,
  • Takhtan,
  • Markid,
  • Kaveh,
  • Mahvar,
  • Nadid,
  • Kaman,
  • Zarkaman,
  • Zarkanak,
  • Nahan,
  • Bard,
  • Bardin,
  • Bardak,
  • Tir,
  • Tashbal,
  • Sarijeh,
  • Bon,
  • Kafchehnok.

Biodiversité

DĂšs 1967, le lac est classĂ© en tant que « zone humide protĂ©gĂ©e ». En consĂ©quence, l’État iranien tente de garantir la prĂ©servation de sa faune et de sa flore[2]. Le lac Ourmia est reconnu au titre de site Ramsar depuis le [17]. Il constitue Ă©galement un parc national depuis 1975[18] et une rĂ©serve de biosphĂšre de l'UNESCO depuis 1976[19].

Le lac est parsemĂ© de plus d'une centaine de petites Ăźles rocheuses, qui sont un point d'arrĂȘt pour diverses espĂšces d'oiseaux au cours de leur migration (dont les flamants, les pĂ©licans, les spatules, les ibis, les cigognes, les tadornes, les avocettes, les Ă©chasses et les goĂ©lands). Le lac est trop salĂ© pour que des poissons puissent y vivre.

Activité humaine

Les sels du lac sont par ailleurs utilisés pour leurs effets médicaux, en particulier contre les rhumatismes.

Le lac est une barriÚre majeure entre les deux plus importantes villes de l'Azerbaïdjan oriental et l'Azerbaïdjan occidental, Ourmia et Tabriz. Le pont du lac d'Ourmia permet de relier les deux provinces en traversant le lac en son milieu. Ce pont a été projeté et commencé dans les années 1970, il fut abandonné aprÚs la révolution de 1979 mais relancé au début des années 2000 et achevé en .

Galerie

Notes et références

Notes

  1. Pour la version en persan de ces noms, voir l'article en persan.

Références

  1. Helena Anguizi, « Le parc national du lac d’Oroumieh : un panorama d’exception », sur teheran.ir,
  2. « LAC OURMIA », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
  3. (en) Robert H. Hewsen, Armenia: A historical Atlas, The University of Chicago Press, Chicago et Londres, 2001 (ISBN 0-226-33228-4), p. 17.
  4. Jean Dresch, « Bassins arides iraniens », Bulletin de l'Association de GĂ©ographes Français, vol. 52, no 429,‎ , p. 337–351 (DOI 10.3406/bagf.1975.4867, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Rapport UNEP 2012
  6. (en) Ali Mirchi, Kaveh Madani et Amir AghaKouchak, « Lake Urmia: how Iran’s most famous lake is disappearing », sur theguardian.com, (consultĂ© le ).
  7. Khaled Sulaiman, « L'Iran, champion du dĂ©tournement d'eau », Courrier International, d'aprĂšs une traduction de Daraj, Beyrouth, no 1433,‎ , p. 37
  8. « L’Iran menacĂ© de devenir un immense dĂ©sert », Le Monde (consultĂ© le ).
  9. (en) Thomas Erdbrink, « Its Great Lake Shriveled, Iran Confronts Crisis of Water Supply », sur nytimes.com, (consulté le ).
  10. (en-US) « The Desolate, Apocalyptic Landscape That is Lake Urmia, Iran », sur Feature Shoot, (consulté le )
  11. « La disparition du lac d’Ourmia Ă  l’origine de troubles en Iran », sur Middle East Eye Ă©dition française (consultĂ© le )
  12. Kabine Komara, L'eau, enjeu vital des relations internationales, Cherche Midi, , 146 p. (ISBN 978-2-7491-6060-3, lire en ligne)
  13. « Le lac d'Ourmia, joyau terni de l'Iran », sur National Geographic, (consulté le )
  14. « Manifestations en Iran contre la disparition du lac Ourmia », sur Les Observateurs de France 24 (consulté le )
  15. Iris-france.org. (2019). [online] Available at: http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2018/06/Analyse-6-Climat.pdf [Accessed 5 Apr. 2019].
  16. Liste tirée de Farahang-e Joghrafiyayi-e shahrestùnhù-ye Keshvar (Shahrestùn-e Orumiyeh), Tehran 1379 Hs.
  17. (en) « Lake Urmia [or Orumiyeh] », sur Service d’information sur les Sites Ramsar (consultĂ© le )
  18. (en) « Urumieh lake », sur Protected Planet (consulté le )
  19. (en) « Lake Oromeeh » [archive du ], sur UNESCO — MAB Biosphere Reserves Directory (consultĂ© le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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