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La Part des anges (film)

La Part des anges (The Angels' Share) est un film écossais réalisé par Ken Loach, sorti en 2012. Il a obtenu le Prix du Jury au Festival de Cannes 2012.

La Part des anges

Titre original The Angels' Share
RĂ©alisation Ken Loach
Scénario Paul Laverty
Acteurs principaux

Paul Brannigan
Gary Maitland
Jasmin Riggins
William Ruane

Sociétés de production Entertainment One
Sixteen Films
Why Not Productions
Wild Bunch
British Film Institute
Les Films du Fleuve
• Urania Pictures
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre comédie dramatique
Durée 101 minutes
Sortie 2012

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Cinéaste social plutôt spécialisé dans le drame, Ken Loach provoque ici la surprise en optant pour la comédie[1]. Il montre les efforts d'un jeune Écossais violent, récemment devenu père, cherchant à s'insérer dans le jeu social. Le chemin de la rédemption passe curieusement par la découverte des grands whiskies.

L'expression « la part des anges » désigne le volume d'alcool qui s'évapore durant le vieillissement en fût.

Synopsis

Robbie a fait un long séjour en centre de rééducation pour avoir sauvagement agressé, sous cocaïne, un jeune homme qui en est resté infirme et dont la vie est désormais brisée. Robbie a de nouveau affaire à la justice : il est traduit devant le tribunal pour avoir « démoli » trois brutes qui l'avaient attaqué. Puisque Robbie va bientôt être père et que sa petite amie exerce une bonne influence sur lui, le juge se montre indulgent : il ne le condamne qu'à des travaux d'intérêt général.

Mais, dans sa banlieue glauque de Glasgow, Robbie est cerné par la violence. Il est affligé d'une hérédité encombrante, il n'a aucune perspective de travail, son visage balafré lui ferme les portes, il squatte un taudis, son haineux beau-père le passe à tabac, trois ennemis de sa famille le coursent armés de chaîne et de batte de baseball… C'est dans ce contexte difficile que naît Luke, son fils — avec une moitié de cerveau seulement, précise la sage-femme : l'autre est à construire par les parents. Robbie aimerait bien devenir le père que Luke est en droit d'attendre. Mais comment faire ?

Aux séances de travail d'intérêt général, Robbie côtoie d'autres cabossés de la vie : Rhino, un vandale ; Albert, un effarant nigaud porté sur le Buckfast (en)[2] ; Mo, une kleptomane irrécupérable… Leur éducateur, Harry, est un personnage débonnaire, épris de grands whiskies. Audacieux et subtil pédagogue, il mène un jour ses protégés visiter une distillerie. Cet univers est une révélation pour Robbie. Il se découvre un nez, s'entraîne assidûment à la dégustation, s'immerge dans les livres spécialisés.

Harry lui propose alors de le conduire à la conférence du célèbre Rory MacAllister, un « maître du Quaich[3] », à Édimbourg. Albert, Rhino et Mo s'invitent. Là-bas, Robbie se fait remarquer par son talent et ses connaissances, au point qu'un collectionneur et courtier, Thaddeus, lui remet sa carte, en précisant qu'il pourrait lui faire avoir un jour un emploi de dégustateur. Pendant ce temps, Mo dérobe le plan d'une distillerie où l'on a trouvé, loin de sa distillerie d'origine, un tonnelet de Malt Mill[4] estimé à un million de livres. Il sera vendu aux enchères sur le lieu même de la découverte. Mo cherche à convaincre ses amis de voler le tonneau. Robbie a une meilleure idée : vider le tonneau.

Pour ne pas trahir leur appartenance sociale, les quatre pieds nickelés s'habillent en Highlanders. Ayant attendri une vieille secrétaire, ils parviennent à se faire admettre dans la distillerie le jour de la présentation du whisky d'exception (la veille de la vente). Et, tandis que le maître du Quaich — et lui seul — a le privilège de goûter le précieux liquide et de fournir une appréciation, Robbie disparaît entre les tonneaux. Il se laisse enfermer dans la distillerie.

La nuit venue, il plonge un long tuyau dans le tonnelet de Malt Mill. Il en passe l'autre extrémité à ses amis par une fente d'aération. Ceux-ci procèdent au siphonnement dans quatre bouteilles de soda Irn-Bru. Soudain, les feux d'une automobile arrivant à la distillerie sèment la panique. Robbie fait disparaître toute trace de l'opération, se cache à nouveau parmi les tonneaux et assiste à une scène édifiante. Thaddeus, le courtier rencontré à Édimbourg, a droit, de la part du directeur de la distillerie, à la faveur clandestine d'une dégustation du whisky hors de prix. Thaddeus sait bien que Jim Vincent, un Américain, va s'obstiner à renchérir, et emportera le tonnelet. Aussi tente-t-il de convaincre le directeur de soustraire trois bouteilles du fabuleux produit. Son client est prêt à payer, en confiance, sans garantie d'origine. Mais le directeur n'ose franchir le pas. Il refuse. Après le départ des deux hommes, Robbie remet le tonnelet à niveau avec le premier whisky venu.

Le lendemain, c'est la vente. Les deux derniers enchĂ©risseurs sont Thaddeus (qui communique avec un mystĂ©rieux Russe) et l'AmĂ©ricain. Le petit tonneau est finalement adjugĂ© Ă  ce dernier pour 1 150 000 livres. L'heureux homme peut, devant toute une salle au souffle suspendu, dĂ©guster son acquisition, et puis arborer une mine extasiĂ©e.

Robbie propose Ă  Thaddeus trois bouteilles pour 200 000 livres. Il exige en plus l'emploi de dĂ©gustateur que le courtier lui a fait miroiter lors de leur première rencontre. Un rendez-vous est fixĂ© dans un bar de Glasgow pour la transaction. Mais, Ă  l'entrĂ©e de la ville, Albert, dans un geste malheureux, fracasse deux des quatre bouteilles. Robbie fait croire Ă  Thaddeus qu'il ne reste qu'une bouteille. Il la lui vend pour 100 000 livres et l'emploi en sus. Il partage l'argent avec ses amis, et offre la dernière bouteille Ă  Harry, l'Ă©ducateur qui a cru en eux. Puis il part avec sa femme et son fils rejoindre son nouvel emploi.

Fiche technique

Distribution

  • Paul Brannigan (VF : Florent Dorin) : Robert Emmerson (Robbie)
  • John Henshaw (VF : Jean-Yves Chatelais) : Harry, le superviseur amical
  • Gary Maitland (VF : Luc-Antoine DiquĂ©ro) : Albert Ridley, l'ahuri
  • Jasmin Riggins (VF : Juliette Allain) : Mo, la kleptomane
  • William Ruane (VF : Alexandre Icovic) : Rhino
  • Scott Dymond : Willy, celui qui arrive saoul aux travaux d'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral
  • Siobhan Reilly (VF : Pauline Brunner) : Leonie, la petite amie de Robbie
  • Gilbert Martin : Matt, dit « TĂŞte-de-nĹ“ud », le père de Leonie
  • Scott Kyle : Stephen Clancy, l'ennemi hĂ©rĂ©ditaire de Robbie
  • James Casey : Dougie
  • Roderick Cowie : Anthony, la victime de Robbie
  • Lynsey Lawrie : la copine d'Anthony
  • Alison MacGinnes : Alison, la mère d'Anthony
  • Linsey-Anne Moffat : Grace, celle qui prĂŞte son appartement
  • Charles MacLean (VF : Vincent Nemeth) : Rory MacAllister, le « maĂ®tre du Quaich »
  • Roger Allam : Thaddeus, collectionneur et courtier en whisky
  • David Goodall : Angus Dobie, le directeur de la distillerie
  • Paul Birchard : Jim Vincent, l'adjudicataire amĂ©ricain[5]

Lieux de tournage

La distillerie de Balblair, où est filmée la vente.
  • Le cimetière oĂą ont lieu les travaux d'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral surplombe Glasgow.
  • Le squat de Robbie est dans Possilpark, un quartier de Glasgow de mauvaise rĂ©putation, en cours de rĂ©habilitation. Ancien SDF, Paul Brannigan a pu donner des conseils sur l'agencement d'un lieu de vie de dĂ©muni : un matelas par terre, et c'est tout.
  • L'extĂ©rieur de l'entreprise visitĂ©e en dĂ©but de film est celui de la distillerie de Glengoyne ; tandis que les scènes d'intĂ©rieur sont tournĂ©es dans celle de Deanston.
  • La distillerie oĂą est filmĂ©e la vente est celle de Balblair, au nord de l'Écosse[7].

Intentions du scénariste et du réalisateur

Ken Loach voit dans le chômage un moyen de pression de la classe dominante « pour discipliner les travailleurs[8] » ; et il voit, dans la violence, l'addiction, le crime, « le résultat d'un processus volontaire[8] ». En 2011, en Angleterre, le nombre de jeunes chômeurs dépasse la barre du million. Le scénariste Paul Laverty et le réalisateur Ken Loach décident alors de mettre en scène une génération sacrifiée, comme ils l'ont déjà fait en 2002 dans Sweet Sixteen[9].

Mais, ici, pas de fin tragique. Si le début baigne bien dans le réalisme désespérant qui est la marque de fabrique de Ken Loach, l'humour prend peu à peu le dessus[10]. Paul Laverty estime que « l'humour est un des outils disponibles permettant de faire passer une situation tragique[8]. » Pour le scénariste, « l'idée, c'était de ne pas se moquer des personnages mais de rire avec eux[8]. » Dans ce film, les auteurs cherchent à dénoncer les stéréotypes véhiculés par les hommes politiques, qui présentent les jeunes chômeurs comme des délinquants, des fainéants ou des profiteurs[8]. Et quant au procédé qu'utilisent les quatre héros pour s'en sortir, Ken Loach ne s'en formalise pas : « Dans La Part des anges, j'autorise le vol parce que je considère qu'il ne lèse personne[8]. »

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

Notes et références

  1. « La Part des anges : la critique », sur avoir-alire.com.
  2. « Interview de Gary Maitland », sur cineserie.com, 2012.
  3. Un quaich est une coupe écossaise à deux oreillettes. L'association « Les Gardiens du Quaich » réunit des professionnels du whisky écossais. En haut de la hiérarchie, il y a cinquante maîtres. Le rôle de Rory MacAllister est tenu par Charles MacLean, lui-même maître du Quaich. « Interview de Charles MacLean », sur cineserie.com, 2012.
  4. La distillerie Malt Mill a fermé en 1962. Il existerait encore une bouteille de son whisky. « Interview de Charles MacLean », sur cineserie.com, 2012. « Whisky Malt Mill », sur whiskymarketplace.fr. « Un échantillon de Malt Mill réapparaît ! » sur whiskymag.fr, 28 juin 2012.
  5. (en) La Part des anges sur l’Internet Movie Database
  6. « Casting La Part des anges », sur allocine.fr, 2012.
  7. « La Part des anges : les lieux de tournage ! » sur news.celemondo.com, 9 juillet 2012.
  8. « Entretien croisé avec le réalisateur Ken Loach et le scénariste Paul Laverty », sur huffingtonpost.fr, 27 juin 2012.
  9. « Entretien avec Ken Loach », sur cineserie.com.
  10. Cécile Mury, « La Part des anges », sur telerama.fr, 2012.

Liens externes

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