La France continue
La France continue est un mouvement de Résistance en France d'inspiration chrétienne qui édite en 1941 et 1942 un journal clandestin du même nom.
La France continue | |
Pays | France |
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Langue | Français |
Périodicité | irrégulier |
Genre | Journal clandestin de la Résistance |
Date de fondation | |
Ville d’édition | Paris |
Propriétaire | Paul Petit, Henri de Montfort |
Directeur de la rédaction | Paul Petit |
Un mouvement de la Résistance
Le mouvement La France continue est constitué par Henri de Montfort, directeur des services de l’Institut de France[1]. Les membres du réseau sont d’inspiration chrétienne[2].
La nuit du 7 au , une partie des membres du réseau est arrêtée. Raymond Burgard, Marietta Martin et Paul Petit mourront en prison en Allemagne entre juin et . Plusieurs des membres restés en liberté se joindront au Mouvement Résistance de l’écrivain Jacques Destrées[3].
Le mouvement n’aura plus qu’une vie limitée jusqu’en 1944, participant cependant à quelques initiatives avec d’autres organisations.
Un journal clandestin de la Résistance
Le réseau publie un journal imprimé, baptisé La France continue. Il fera paraître treize numéros jusqu’en , à raison d’un à trois par mois. Le premier numéro est daté du [4].
La fabrication
Le journal est réalisé par l’imprimerie parisienne de Roger Lescaret, située rue Cardinale à Paris[5]. Roger Lescaret est membre de l’Organisation civile et militaire[6]. Après son arrestation, le mouvement doit trouver « un éditeur de secours »[7].
C’est l'imprimeur Fardeau à Angers qui se charge de poursuivre l’impression jusqu'au démantèlement de la filière en [8]. Il est lié au groupe Honneur et Patrie, constitué à Angers en par Victor Chatenay[9].
Tandis que de nombreux journaux clandestins sont dactylographiés, polycopiés, ronéotypés ou imprimés avec des moyens de fortune, La France continue eut « une présentation parfaite »[10].
La diffusion et le financement
La circulation du mouvement se fait avec le soutien de Francisque Gay, éditeur de journaux catholiques avant-guerre[11]. Marietta Martin, poète, joue un rôle important dans sa diffusion, notamment à Paris. Le groupe parisien de Combat Zone nord, organise à partir de , autour de Robert Guédon, au 176 du quai Louis-Blériot, un bureau de messagerie et un lieu de réunions qui distribue des journaux et tracts clandestins dont La France continue, Pantagruel, Veritas, Unter Uns, Le Travailleur, Les Petites Ailes de France, Valmy[12].
L’Alliance israélite universelle (AIU) s'est intéressée financièrement à la publication de La France continue[13]. Suzanne Feingold, qui épousa Henri de Montfort, fut secrétaire de l'Alliance israélite universelle.
La rédaction
Le principal rédacteur est Paul Petit, écrivain et diplomate, ami de Paul Claudel et de Max Jacob[14].
Raymond Burgard, professeur au lycée Buffon à Paris, est un proche collaborateur de Paul Petit pour l’édition du journal La France continue. Il a participé à la fondation en d’un autre journal clandestin de la Résistance, Valmy[15].
Parmi les collaborateurs figurent l’historien Émile Coornaert, professeur au Collège de France, et l’écrivain Marietta Martin.
Le contenu
Le ton du journal est considéré comme « très littéraire et parfois rude. Il porte alors sans ménagement des coups virulents à Pétain »[16]. Le journal est qualifié de violemment antipétainiste ; il publie en , un numéro spécial où il s’efforce d’abattre « le mythe Pétain »[14].
Dans le premier numéro, daté du , Paul Petit publie sous le titre « Vichy-État » et sous la signature « N. N. » un article où il caractérise le régime : « Il faut plaindre les honnêtes habitants de la cité thermale de l’Allier (…), voici que le nom de leur ville, jusqu’ici honorablement connu, est devenu pour la France et pour le monde entier, un opprobre et une flétrissure (…) Vichy a fait la ‘somme’, comme dirait Saint-Thomas, de toutes les hypocrisies, de toutes les lâchetés, de toutes les vilenies, de tous les crimes. Vichy, c’est (…) l’avilissement devant le gangster de Berchtesgaden (…) C’est (…) la collaboration avec l’envahisseur (…) Ce sera demain, au nom de l’unité française, la guerre civile dans toute la France au profit de l’Allemagne. (…) Vichy, c’est l’anti-France[17]. »
La France continue est, avec L'Université libre et Témoignage chrétien un des rares journaux résistants à dénoncer la situation faite aux Juifs[18].
Personnalités liées
- Raymond Burgard (1892-1944), professeur de français au lycée Buffon, mort à Cologne (Allemagne) le
- Émile Coornaert (1886-1980), historien, professeur au Collège de France
- Suzanne Feingold (1904-1977), secrétaire de l’Alliance israélite universelle
- Francisque Gay (1885-1963), député et ministre
- Marietta Martin (1902-1944), écrivaine, morte à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) le
- Henri de Montfort (1889–1965), historien, journaliste et patron de presse
- Annie de Montfort (1897-1944), écrivaine, morte à Ravensbrück (Allemagne) le
- Paul Petit (1893-1944), écrivain et diplomate, mort à Cologne (Allemagne) le
- Jean Fardeau (1908-1952), imprimeur à Angers
- Roger Lescaret (1893-1972), imprimeur à Paris (rue Cardinal)
Sources
- Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l'occupation, B. Grasset, Paris, 1966
- Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française, PUF, Paris, 1969
- Paul Petit, Résistance spirituelle 1940-1942, Gallimard, Paris, 1947
Consultation du journal
- Numéros de La France continue accessibles dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
Voir aussi
Références
- François Bédarida, Gabrielle Muc, Michel Trebitsch, Henry Rousso : Histoire, critique et responsabilité, Éditions Complexe, Paris, 2003
- François Marcot, Janine Ponty, Marcel Vigreux, Serge Wolikov, Université de Franche-Comté, Université de Bourgogne, Musée de la Résistance et de la déportation de Franche-Comté : La Résistance et les Français: lutte armée et maquis : colloque international de Besançon 15-17 juin, Les Belles Lettres, 1996
- Marie Ducoudray : Ceux de "Manipule": un réseau de renseignements dans la Résistance en France, Tirésias, 2001
- Henri Noguères : Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Robert Laffont, Paris 1967
- Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l'occupation, Bernard Grasset, 1966
- Robert Doisneau, De la Résistance à la Libération, Hoëbeke, 1994
- Histoire générale de la presse française, tome 4 De 1940 à 1958, sous la direction de Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou, 1975
- Jeanne Letourneau, Clichés barbares : mes récits de Ravensbrück, 1945-2005, Archives départementales de Maine-et-Loire, Angers, 2005
- Alya Aglan, Mémoires résistantes : histoire du réseau Jade-Fitzroy, 1940-1944, Le Cerf, 1994
- Henri Picard Ceux de la Résistance - Bourgogne Nivernais Morvan. Chroniques et pages de gloire, Éditions Chassaing, Nevers, 1946
- Francisque Gay (1885-1963) et les démocrates d'inspiration chrétienne de Jean-Michel Cadiot, aux Éditions Salvator, 2006
- Marie Granet et Henri Michel : Combat, histoire d'un mouvement de résistance, Paris, PUF, 1957
- Marc Agi : De l'idée d'universalité comme fondatrice du concept des droits de l'homme d'après la vie et l'œuvre de René Cassin: thèse pour le doctorat d'État, présentée et soutenue devant l'Université de Nice, le 10 décembre 1979, Alp'Azur, 1980
- Sarah Fishman, Jean-Pierre Azéma, Robert Owen Paxton : La France sous Vichy: Autour de Robert O. Paxton, Éditions Complexe, 2004
- Anthologie des écrivains morts à la guerre: 1939-1945, Association des écrivains combattants, Albin Michel, 1960
- Dictionnaire de l’édition, CAVI, université Paris III
- Gilles Lévy : L'Auvergne des années noires, Éditions de Borée, 2000
- Renée Poznanski, Propagandes et persécutions. La résistance et le "problème juif", 1940-1944, Fayard, Paris, 2008
- Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française, Presses universitaires de France, Paris, 1969