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Kurt Mahler

Kurt Mahler, né le , à Krefeld, dans l'Empire allemand, et mort le , à Canberra, en Australie[1], est un mathématicien, membre de la Royal Society.

Biographie

Atteint de tuberculose à l'âge de cinq ans, ses problèmes de santé lui imposèrent plusieurs opérations (dont l'une le laissa infirme du genou droit) et le forcèrent à quitter l'école à treize ans, le poussant vers l'apprentissage. C’est donc en autodidacte qu'il s'assimila les bases de la trigonométrie, de la géométrie analytique et de l'analyse mathématique, par la lecture directe des ouvrages d’Edmund Landau, de David Hilbert ou de Felix Klein. Il espérait ainsi que ses connaissances de mathématiques lui permettraient d'entrer dans une université technique[2].

Le père de Mahler avait de son côté montré les petits articles de mathématiques de son fils au directeur du lycée local, lui-même mathématicien. Ce dernier les envoya à Felix Klein, qui avait été son maître, lequel les présenta à son tour à Carl Siegel. C'est ainsi que, grâce à une lettre de recommandation de Siegel, Mahler put s'inscrire en mathématiques en 1923 à l’université de Francfort, obtenant une thèse de doctorat à l'université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main en 1927. Il y suivit les cours de Max Dehn, d’Ernst Hellinger, de Siegel et d’Otto Szász. En 1925 il poursuivit ses études à Göttingen, où il assista aux conférences d'Emmy Noether, de Richard Courant, d’Edmund Landau, de Max Born, de David Hilbert, d’Alexander Ostrowski et de Werner Heisenberg, tout en effectuant un stage sous la direction de Norbert Wiener. Il soutint sa thèse sur les zéros de la fonction gamma incomplète, en 1927, à Francfort.

En 1933 on lui offrit un nouveau poste Ă  l'Albertina de KĹ“nigsberg, mais ses origines juives le poussèrent Ă  Ă©migrer et c'est ainsi qu'en 1933-34 il rejoignit Louis Mordell Ă  Manchester[1]. Au dĂ©but de 1936 il Ă©tait Ă  Groningue, oĂą un accident de motocyclette raviva son infirmitĂ© du genou, qui l'amena en convalescence en Suisse. En 1937 il Ă©tait de retour Ă  Manchester[1], mais au cours de la bataille d'Angleterre (1940), il fut dĂ©tenu trois mois sur l’île de Man comme « ressortissant d'une puissance hostile[2] Â».

À son retour à Manchester, en 1941, Mahler se vit proposer un poste de maître-assistant, et en 1944 il exerçait comme privat-docent. En 1946 il obtint la nationalité britannique, puis se vit confier la chaire de mathématiques de l'université. Mahler enseigna jusqu'en 1963 à Manchester, date à laquelle il accepta une chaire d'université à l’université nationale australienne de Canberra. En 1968 il quittait l'Australie, ayant obtenu la chaire de mathématiques de l’université d'État de l'Ohio à Columbus (Ohio). Kurt Mahler séjourne en 1970 à l'Institut de recherches mathématiques d'Oberwolfach (photo[3]). Il prit sa retraite en 1972 et s'établit en Australie.

Travaux

Mahler dĂ©montra en 1946 que la constante de Prouhet-Thue-Morse, ainsi que le nombre 0,1234567891011... (dit « constante de Champernowne Â»), obtenu par la juxtaposition des nombres entiers par ordre croissant (en système dĂ©cimal), sont transcendants. Ses principaux thèmes d'Ă©tude ont Ă©tĂ© les nombres p-adiques, les approximations diophantiennes, l'Ă©tude des treillis et les mesures sur les anneaux de polynĂ´mes : dans ce dernier domaine, on lui doit la mesure de Mahler, qui intervient dans la conjecture de Lehmer (en), ainsi que la classification des nombres transcendants en trois classes algĂ©briquement indĂ©pendantes (classes S, T, U[4]). Mahler dĂ©montra que presque tous les nombres rĂ©els appartiennent Ă  la classe S (par ex. le nombre e)[5].

Dans le domaine de la gĂ©omĂ©trie convexe, il dĂ©gagea la notion de « volume de Mahler (en) Â» (un volume invariant par transformations linĂ©aires, dĂ©fini dans l'espace euclidien pour les solides convexes Ă  symĂ©trie centrale) : Ă  ce sujet, la conjecture de Mahler (toujours ouverte) Ă©nonce que ce volume est minimal pour l'hypercube.

Prix et distinctions

Il a été élu membre de la Royal Society[6] en 1948 et membre de l'Académie australienne des sciences[1] en 1965. Il a reçu le prix Senior Berwick de la London Mathematical Society en 1950, la médaille De Morgan en 1971 et la médaille Lyle en 1977.

Notes et références

(en)/(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Kurt Mahler » (voir la liste des auteurs) et en allemand « Kurt Mahler » (voir la liste des auteurs).
  1. D'après Jonathan Borwein, Yann Bugeaud et Michael Coons, « The legacy of Kurt Mahler », Gazette Australian Mathematical Society, no mars,‎ (lire en ligne).
  2. Biographie de Kurt Mahler sur www.educ.fc.ul.pt
  3. Autre photo.
  4. (de) K. Mahler, « Zur Approximation der Exponentialfunktion und des Logarithmus, Teil 1, 2 Â», J. reine angew. Math., vol. 166, 1932, p. 118-150. Le nĂ©erlandais Jurjen Koksma avait proposĂ© dès 1939 une classification Ă©quivalente.
  5. La classe des transcendants U est un ensemble infini non dénombrable : elle contient les nombres de Liouville. Il faudra attendre 1968 pour que Wolfgang Schmidt établisse l'existence d'un nombre de la classe T.
  6. D'après J. H. Coates et A. J. van der Poorten, « Kurt Mahler. 26 July 1903-26 February 1988 », Biographical Memoirs of Fellows of the Royal Society, vol. 39,‎ , p. 264 (DOI 10.1098/rsbm.1994.0016).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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