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Kh-31

Le Kh-31 (en russe : « Х-31 »), nom de code OTAN : AS-17 « Krypton »[5], est un missile air-sol et anti-navires d'origine russe, destiné à l'emploi à partir d'avions de chasse tels que les MiG-29 ou les Su-27. Capable d'atteindre une vitesse de Mach 3.5, ce missile de croisière est le premier missile anti-navire supersonique au monde à pouvoir être tiré depuis des chasseurs tactiques (dans sa version anti-navires)[4].

Kh-31
(OTAN : AS-17 « Krypton »)
Kh-31
Un Kh-31A au Salon international aérospatial de Moscou de 2003.
Présentation
Type de missile missile air-sol
à moyenne portée
Constructeur Drapeau de l'URSS / Drapeau de la Russie Zvezda-Strela
(devenu Tactical Missiles Corporation)
Coût à l'unité 550 000 $ (2010)[1]
Déploiement 1988 - auj.
Caractéristiques
Moteurs moteur fusée à combustible solide
(accélération)
statoréacteur
(vol de croisière)
Masse au lancement Kh-31A : 610 kg (1 340 lbs)[2]
Kh-31P : 600 kg (1 320 lbs)[2]
Longueur Mod 1 : 4,7 m[3]
Mod 2 (AD/PD) : 5,323 m[4]
Diamètre 36 cm[2]
Envergure 91,4 cm[2]
Vitesse Kh-31A/P : 2 1602 520 km/h[2]
MA-31 : Mach 2.7 ~ 3.5[3]
Portée Kh-31A : 25~50 km[2]
Kh-31P : jusqu'à 110 km[2]
Charge utile Kh-31A : 94 kg, charge creuse[2]
Kh-31P : 87 kg, charge creuse[2]
Guidage Kh-31A : inertiel + radar actif
Kh-31P : inertiel + radar passif[2]
Détonation impact
Plateforme de lancement Toutes versions :
Su-17M4, Su-24M, Su-27SM, Su-30SM, Su-33, Su-34, Su-35, MiG-29SMT, MiG-29K, MiG-31
Kh-31A seulement :
MiG-27M, MiG-29M[4]

Il en existe plusieurs versions, dont la plus connue est un missile anti-radar (ARM), mais il est disponible également en missile anti-navire et drone-cible. Depuis les années 1990, fait état d'adaptations qui seraient en cours d'élaboration pour en faire un « AWACS killer » (tueur d'AWACS), un missile air-air à longue portée[5].

Conception et développement

Contexte militaire

La prolifération des missiles sol-air (Surface to Air Missile - SAM) a fait de la suppression des défenses aériennes terrestres une priorité, pour quiconque possédant une force aérienne moderne voudrait entreprendre une action offensive contre son ennemi. Débusquer et anéantir les radars de veille aérienne et de conduite de tir est une part essentielle de cette mission.

Les missiles anti-radar (ARM - Anti Radar Missile) doivent avoir une portée assez importante, afin de conserver l'avion tireur en dehors de la portée de tir des défenses aériennes. Ils doivent également voler à haute, voire très haute vitesse, afin de diminuer leurs probabilités d'être détruits en vol, et doivent être équipés d'un autodirecteur pouvant scanner une large plage de fréquences, permettant de cibler plusieurs types de radars à détruire. En revanche, leur charge militaire n'est pas nécessairement importante.

Conception

Le premier ARM de l'Union soviétique fut développé le groupe d'ingénieurs de l'OKB Raduga, responsables de la conception des missiles équipant les bombardiers lourds de l'URSS. Le Kh-22P fut développé à-partir du missile de t Raduga Kh-22 (AS-4 « Kitchen »).

L'expérience acquise au-cours de ces expérimentations mena, en 1971, à la création du Kh-28 (AS-9 « Kyle »), emporté par des chasseurs tactiques tels que les Su-7B, Su-17 et Su-24. Il avait la capacité d'évoluer à Mach 3 et une portée de 120 km, meilleure que celle de l'AGM-78 Standard ARM contemporain.

Le Kh-28 fut suivi par le Kh-58 en 1978, qui avait une portée et une vitesse similaires mais dont le moteur fusée à double carburant avait été remplacé par un moteur-fusée RDTT à carburant solide bien plus sécurisant.

Évolutions

Le développement de systèmes SAM plus sophistiqués, tels que le Patriot ou le système de combat Aegis de l'US Navy, mit la pression sur les Soviétiques, qui eurent à développer de meilleurs ARM en retour[6] - [7].

Zvezda aborda le problème sous un angle différent de celui de Raduga, ayant déjà une certaine expérience dans le domaine des missiles, en particulier les modèles air-air légers. Pourtant, dans les années '70, ils avaient développé la famille de missiles à-succès Kh-25, des missiles air-sol à courte portée, dont l'une des versions était justement un missile anti-radar, le Kh-25MP (nom de code OTAN : AS-12 « Kegler »). Zvezda commença les travaux d'étude pour la conception d'un ARM à longue portée en 1977, et le premier lancement de ce qui était alors devenu le Kh-31 fut effectué en 1982[4]. Il entra en service en 1988 et fut présenté pour la première fois au public en 1991 : Le Kh-31P à Dubaï et le Kh-31A à Minsk[4].

Le développement de ce missile a pris un nouvel élan, depuis l'absorption de la firme Zvezda dans le groupe Tactical Missiles Corporation, en 2002. Des versions nouvelles ont été annoncées, avec une portée accrue (version D) et des mises-à-niveau de milieu de carrière (version M).

Version chinoise

En décembre 1997, il fut rapporté qu'un petit nombre de Kh-31's avait été livrés à la Chine, mais que « la production n'avait pas encore commencé »[8]. Ce fut à-peu-près au même moment que les Russes vendirent des avions Soukhoï Su-30 « Flanker-G » aux Chinois. Il semblerait que les livraisons originelles furent celles du modèle russe, alors désigné X-31, afin de pouvoir exécuter des tests, pendant que le modèle KR-1 était en-cours d'élaboration pour être fabriqué sous licence[9].

La fabrication locale pourrait avoir commencé aux alentours du mois de juillet 2005.

Caractéristiques

Vue détaillée de l'autodirecteur à radar passif L112E. Les « boules vertes » sont les 7 antennes spiralées constituant le réseau interférométrique de l'autodirecteur.

Le Kh-31 est un missile de croisière à vol rasant, d'une portée de 110 km et plus, et capable d'atteindre une vitesse de croisière de Mach 3.5.

Sur beaucoup d'aspects, le Kh-31 est une version miniaturisée du P-270 Moskit (SS-N-22 « Sunburn »), et il semblerait qu'il ait été conçu par la même personne[4]. Il est d'une architecture conventionnelle, avec des empennages et plans de contrôle cruciformes, en titane[3]. Une particularité intéressante vient de son système de propulsion, à deux étages. Au lancement, un accélérateur à combustible solide placée dans la queue accélère le missile jusqu'à une vitesse d'environ Mach 1.8[4] et le moteur est éjecté. Ensuite, quatre entrées d'air s'ouvrent et l'emplacement cylindrique vide où se trouvait la fusée sert de chambre de combustion et tuyère d'éjection pour le statoréacteur, fonctionnant au kérosène et amenant le missile à une vitesse supérieure à Mach 4[5].

Le capteur L-111E de la version anti-radar a une antenne unique, constituée d'un réseau interférométrique de sept antennes spiralées disposées sur une plate-forme orientable[5]. Les capteurs fournis à la Chine en 2001 et 2002 mesuraient 106,5 cm de long pour un diamètre de 36 cm et pesaient 23 kg[10].

Histoire opérationnelle

Le Kh-31P anti-radar entra en service en Russie en 1988, et la version anti-navire Kh-31A en 1989. Contrairement à ses prédécesseurs, il peut être monté sur quasiment tous les avions tactiques de la Russie, du Su-17 au MiG-31.

Comme cité précédemment, un petit nombre d'exemplaires de Kh-31P/KR-1 fut fourni à la Chine en 1997, apparemment à des fins de tests et de développement. Les Chinois commandèrent des missiles russes vers la fin de l'année 2002 ou le début de 2003, totalisant 200 exemplaires du K-1 à l'année 2005[4]. La presse chinoise rapporta en que des Su-30MKK de la 3e division aérienne en étaient équipés[10]. En 2001 l'Inde acheta des Kh-31 pour ses Su-30MKI. Il semblerait qu'ils aient acheté 60 Kh-31A et 90 Kh-31P[4].

L'US Navy acheta 18 drone-cibles MA-31[11], dont treize furent tirés en 1996 et 2003[3]. Une commande d'un montant de 18 468 millions de $ concernant 34 exemplaires du MA-31 fut effectuée en 1999[12], mais elle fut bloquée par les Russes[11] et les drones restants furent utilisés en décembre 2007[13]. Le MA-31 était lancé d'un F-4 Phantom et des travaux avaient été effectués pour créer un kit permettant de le tirer à partir d'un F-16[3].

Une version non identifiée de missile KH-31 aurait été utilisée lors des premières frappes sur Kiev, lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022[14].

Début juillet 2022, les médias russes annoncent qu'il est utilisé pour lutte anti-radar par les Su-30SM de l'aviation navale russe[15].

Versions

Un Kh-31P (à droite), exposé aux-côtés d'un R-27 (à gauche) et d'un Kh-59 (au centre), à l'exposition militaire « MAKS » de Joukovski, 1999.

Existantes

Kh-31A
Équipé d'un autodirecteur à radar actif. Emploi comme missile anti-navire, contre des bâtiments d'une taille allant jusqu'au destroyer. Portée comprise entre 25 et 50 km (de 13.5 à 27 N m)[2]. Le missile rase la surface de l'eau en approchant de sa cible, de manière à diminuer ses probabilités d'être repéré par les systèmes de défense du navire visé.
Kh-31P (Type 77P)[4]
Équipé d'un autodirecteur à radar passif. Utilisé comme missile anti-radar. Il reste à haute altitude pendant toute la durée du vol, ce qui permet des vitesses élevées et accroît notablement la portée, jusqu'à 110 km (60 N m). Le capteur de l'autodirecteur existe en trois versions d'un même module, interchangeables et permettant de couvrir différentes plages de fréquences radar[8]. Elles ne peuvent toutefois être permutées qu'en usine.
Kh-31AD / Kh-31PD (« Kh-31 Mod 2 »)
Légère amélioration de la portée du missile, obtenu grâce à un allongement du fuselage, passant de 4,70 m à 5,23 m[16].
Kh-31AM / Kh-31PM
mise à jour substantielle de l'électronique embarquée. Essais planifiés effectués en 2005 et 2006. Résistance accrue aux contre-mesures, meilleures fusées (détonateurs), et un système de propulsion amélioré 31DP qui augmente considérablement la portée du missile, pour le prix d'une insignifiante prise de poids. Le Kh-31AM est doté d'un autodirecteur actif amélioré RGS-31, tandis que sur le Kh-31PM, les L-111, L-112 et L-113 sont remplacés par une unité multi-bande unique, le L-130[17].
MA-31
Équipé de multiples systèmes de télémétrie et autres, produits et installés par le groupe McDonnell Douglas/Boeing. Prévu d'être utilisé comme drone-cible par l'US Navy, il fut testé entre 1996 et 1999. Une version améliorée, dotée d'un GPS, fut présentée à la Navy comme proposition de remplacement de l'ancien système MQM-8 Vandal, mais ils achetèrent le GQM-163 Coyote. Même avec son équipement supplémentaire, le MA-31 était encore capable de voler à Mach 2.7 et effectuer des manœuvres à 15 G en profil de vol « anti-navire ». Il pouvait également atteindre Mach 3.5 en profil de vol « anti-radar », à une altitude de 48 000 ft (15 000 m)[3].
KR-1
Version du Kh-31P exportée vers la Chine en 1997[8]. Il semblerait que Zvezda voulait vendre une série initiale d'exemplaires du KR-1 à la Chine, avant qu'elle ne finisse par les produire elle-même[8]. Plutôt que les trois modules de recherche initialement prévus, le KR-1 n'a qu'un unique modèle d'export K-112E, ciblant les émissions en bande-S. Il serait apparemment optimisé spécifiquement pour repérer les radar taïwanais[4].
YJ-91 (Ying Ji 91)
Missile chinois basé sur le Kh-31P, doté d'une vitesse plus importante, d'une portée légèrement améliorée et d'un changement facilité d'autodirecteurs. Ils seraient actuellement en train d'en développer une version anti-navires avec un autodirecteur fabriqué localement et également une autre version pouvant être tirée depuis des sous-marins. Le nom « YJ-91 » était déjà en usage, en 1997, et était en-fait peut-être le nom chinois donné aux missiles russes originaux[8], désignés « X-31 » par les russes. En 2005, le nom « YJ-93 » fut attribué aux missiles fabriqués en Chine[10], mais les rapports occidentaux ne font généralement pas vraiment la distinction entre l'YJ-91 et l'YJ-93.

Probable

Une version air-air à guidage actif/passif, destinée à l'emploi contre les avions de soutien lents, fut annoncée en 1992 à l'exposition aérienne MAKS.

Surnommé « AWACS killer » (tueur d'AWACS), ce missile aurait une portée de 200 km[4]. Ce serait moins que les 300 à 400 km promis par les missiles Vympel R-37 (AA-13 « Arrow ») et Novator R-172, mais un dérivé du Kh-31 présenterait l'avantage de pouvoir être emporté par une grande variété d'appareils différents. Il se pourrait cependant que cette annonce n'ait été que pure propagande : En 2004, la Tactical Missiles Corporation nia énergiquement avoir entrepris des travaux sur un quelconque dérivé air-air du Kh-31[18].

En 2005, les rumeurs concernant ce missile persistaient toujours, concernant un missile russe dérivé du Kh-31A anti-navire et, du côté chinois, d'un dérivé de l'YJ-91, issu du Kh-31P[5].

Utilisateurs

Ancien
  • Drapeau de l'URSS Union soviétique : Au-moment où le missile a été conçu, le bloc soviétique était encore d'actualité. Les missiles ont depuis été reversés principalement à la Russie.
Actuels

Notes et références

  1. (en) Annual report Tactical Missiles Corporation, , p. 92.
  2. (en) « AEROSPACE SYSTEMS export catalogue », Rosoboronexport Air Force department and Media & PR service, Rosoboronexport state corporation.
  3. (en) Ken Braucksick, « MA-31 target-vehicle overview », NDIA, .
  4. (en) Norman Friedman, « The Naval Institute's guide to World naval weapon systems, n°5 », Naval Institute press, (ISBN 978-1-55750-262-9), p. 534, 535.
  5. (en) « Missiles in the Asia Pacific », Defence Today, Strike publications (Amberley, Queensland), , p. 67.
  6. (en) « China's military strategy towards the U.S. », www.uscc.gov.
  7. (en) « CRS report for congress, China : ballistic and cruise missiles », www.carnegieendowment.org (consulté le ).
  8. (en) Douglas Barrie, « China and Russia combine on KR-1 », Flight International, (consulté le ), p. 17.
  9. (en) « Russia : AS-17 Krypton (Kh-31) », Jane's Defence Weekly, (consulté le ).
  10. (en) « China may be producing Kh-31P ARM », Jane's missiles and rockets, 11 juiellet 2005.
  11. (en) « Report of the defense science board Task-Force on aerial targets », Office of the under secretary of Defense for acquisition, technology, and logistics, p. 10, 56.
  12. (en) « Contracts for Thursday, December 16, 1999 », US Department of Defense, .
  13. (en) Capt. Pat Buckley, « U.S. Navy aerial target systems (Presented to 45th annual NDIA symposium) », US Navy, .
  14. (en) Oliver Browning, « Ukraine: Remains of apparent Russian Kh-31 missile lands on Kyiv street » Accès libre, sur independent.co.uk, (consulté le )
  15. https://www.lindependant.fr/2022/07/11/guerre-en-ukraine-la-russie-confirme-utiliser-ses-redoutables-missiles-supersoniques-krypton-en-ukraine-10428911.php
  16. (en) Douglas Barrie et Alexey Komarov, War on two fronts for Russia's missile builders, , p. 68.
  17. (en) Yevgeniy Letunovsky, Improved Kh-31 to begin state trials in 2005/6, .
  18. (en) « Kh-31 (AS-17) (Russian Federation), air-to-air missiles - Beyond Visual Range », Jane's air-launched weapons, (consulté le ).
  19. (en) « Trades found on ArmsTrade.sipri.org », sur armstrade.sipri.org, Stockholm International Peace Research Institute 2009, (consulté le ).
  20. (en) Annual report Tactical Missiles Corporation, , p. 77.
  21. (en) James Hackett et International Institute for Strategic Studies, The military balance. 2023, (ISBN 978-1-003-40022-6, 1-003-40022-1 et 978-1-000-91073-5, OCLC 1372013483, lire en ligne), p. 252
  22. (en) James Hackett et International Institute for Strategic Studies, The military balance. 2023, (ISBN 978-1-003-40022-6, 1-003-40022-1 et 978-1-000-91073-5, OCLC 1372013483, lire en ligne), p. 242
  23. (en) « Annual report of Tactical Missile Corporation », .
  24. (en) James Hackett et International Institute for Strategic Studies, The military balance. 2023, (ISBN 978-1-003-40022-6, 1-003-40022-1 et 978-1-000-91073-5, OCLC 1372013483, lire en ligne), p. 419
  25. (en) James Hackett et International Institute for Strategic Studies, The military balance. 2023, (ISBN 978-1-003-40022-6, 1-003-40022-1 et 978-1-000-91073-5, OCLC 1372013483, lire en ligne), p. 272
  26. (en) James Hackett et International Institute for Strategic Studies, The military balance. 2023, (ISBN 978-1-003-40022-6, 1-003-40022-1 et 978-1-000-91073-5, OCLC 1372013483, lire en ligne), p. 486

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Yefim Gordon, Soviet/Russian aircraft weapons since World War Two, Midland Publishing (Hinckley, England), (ISBN 1-85780-188-1)


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