Katherine Mansfield
Katherine Mansfield (Wellington, Nouvelle-ZĂ©lande, - Avon, Seine-et-Marne, ), nom de plume de Kathleen Mansfield Murry nĂ©e Beauchamp, est une Ă©crivaine et poĂ©tesse britannique d'origine nĂ©o-zĂ©landaise. Puisant son inspiration tout autant de ses expĂ©riences familiales que de ses nombreux voyages, elle contribua au renouvellement de la nouvelle moderniste avec ses rĂ©cits fondĂ©s sur lâobservation et souvent dĂ©nuĂ©s dâintrigue.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 34 ans) Avon |
SĂ©pulture |
CimetiĂšre d'Avon (d) |
Nom de naissance |
Kathleen Mansfield Beauchamp |
Pseudonyme |
Katherine Mansfield |
Nationalité | |
Formation |
Wellington Girls' College (en) Queens' College |
Activités | |
Période d'activité |
Ă partir de |
PĂšre |
Harold Beauchamp (en) |
MĂšre |
Annie Burnell Beauchamp (d) |
Fratrie |
Charlotte Mary Pickthall (d) |
Conjoint |
John Middleton Murry (de Ă ) |
Mouvement | |
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Instrument | |
Genre artistique | |
Site web | |
Archives conservées par |
Biographie
Enfance et formation
Kathleen Beauchamp naßt le à Wellington en Nouvelle-Zélande d'Annie Beauchamp, née Dyer, active et engagée dans les mouvements conservateurs de la politique locale[3], et de Harold Beauchamp, homme d'affaires qui deviendra directeur de la Banque de Nouvelle-Zélande pendant l'adolescence de sa fille[4]. Elle est la quatriÚme d'une fratrie de quatre filles, Vera, Charlotte et Jeanne, et d'un benjamin, Leslie, qui naßt alors que la famille vit à Karori[5]. Kathleen Beauchamp publie son premier texte à l'ùge de neuf ans[6].
En 1903, elle part Ă©tudier au Queenâs College de Londres, oĂč elle fait la connaissance dâIda Constance Baker avec qui elle restera amie jusquâĂ sa mort, et de Beatrice Hastings, son aĂźnĂ©e de neuf ans dont elle devient la maĂźtresse. Câest Ă cette mĂȘme Ă©poque que paraissent les premiers textes publiĂ©s sous le nom Katherine Mansfield, du nom de sa grand-mĂšre qui lâa Ă©levĂ©e.
En 1906, elle retourne en Nouvelle-ZĂ©lande, oĂč elle rencontre Edith Bendall, dont elle sâĂ©prend, ce qui provoque un scandale Ă Wellington. Trois de ses nouvelles sont publiĂ©es dans une revue nĂ©o-zĂ©landaise. Son pĂšre ayant refusĂ© qu'elle se lance dans une carriĂšre de violoncelliste professionnelle, elle entre au Wellington Technical College pour y Ă©tudier la dactylographie et la comptabilitĂ©.
Une vocation littéraire assumée
GrĂące Ă lâaide de son amie Ida Constance Baker (souvent nommĂ©e L.M., acronyme de Leslie Moore, dans son Journal), Katherine Mansfield retourne en Angleterre en avec lâassurance dâune pension annuelle de 100 ÂŁ que son pĂšre sâengage Ă lui verser, ce qui lui permet de se consacrer uniquement Ă lâĂ©criture.
Elle retrouve alors ses amis les frĂšres Trowell. Bien quâattendant un enfant de Garnet Trowell, elle Ă©pouse George Bowden en 1909 pour le quitter le jour mĂȘme (le divorce fut prononcĂ© en 1913). RĂ©voltĂ©e par le scandale et soupçonnant Ă tort ses prĂ©cĂ©dentes liaisons saphiques et l'influence d'Ida Baker comme responsables de l'Ă©chec de ce mariage, sa mĂšre, Annie Beauchamp, tente en vain de la faire retourner auprĂšs de Bowden, puis l'envoie alors en BaviĂšre, oĂč Katherine fait une fausse couche en soulevant une valise[7]. Il n'a pas Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© si Annie Beauchamp avait connaissance de la grossesse et de la fausse couche de sa fille, mais Ă son retour d'Europe en Nouvelle-ZĂ©lande, elle l'a dĂ©shĂ©ritĂ©e[5].
Katherine Mansfield rencontre ensuite l'intellectuel polonais Floryan Sobienowsky, qui lui fait dĂ©couvrir lâĆuvre de Tchekhov, dont elle s'inspirera par la suite.
En 1910, elle retourne Ă Londres, oĂč ses nouvelles sont publiĂ©es dans le magazine The New Age. Le recueil de nouvelles inspirĂ© de son sĂ©jour en Allemagne, In a German Pension (Pension allemande), est publiĂ© en 1911. Cette mĂȘme annĂ©e, Katherine rencontre le critique littĂ©raire John Middleton Murry, quâelle Ă©pousera en 1918. Elle aura entre-temps une liaison avec l'Ă©crivain français Francis Carco. Jusquâen 1914, ses nouvelles sont publiĂ©es dans les magazines Rhythm et The Blue Review.
Katherine Mansfield et John Middleton Murry font la connaissance de D. H. Lawrence et de sa femme Frieda, avec lesquels ils se lient d'amitiĂ©. Lawrence fait un portrait de Katherine sous les traits du personnage de Gudrun dans Femmes Amoureuses. Lawrence, Murry et Mansfield crĂ©ent la revue Signature. Mansfield et Murry ont habitĂ© Ă Hampstead, oĂč leur maison porte aujourd'hui une plaque commĂ©morative[9].
Influence de la PremiĂšre Guerre mondiale
La PremiÚre Guerre mondiale marque un tournant dans la vie de Katherine lorsque son frÚre Leslie meurt en 1915. Ses écrits sont dÚs lors plus que jamais tournés vers la Nouvelle-Zélande, avec des liens plus ou moins explicites avec sa propre famille et son enfance.
En 1916, Prelude est publiĂ©. Elle vit alors Ă Bandol en France. Câest lors dâun sĂ©jour en Angleterre lâannĂ©e suivante quâelle rencontre Virginia Woolf, avec qui elle est souvent comparĂ©e, notamment pour leur utilisation du « stream of consciousness » ou monologue intĂ©rieur. Virginia Woolf avouera quâelle nâa Ă©tĂ© jalouse que dâun seul Ă©crivain, Katherine Mansfield.
Diagnostic de tuberculose et fin de vie
En , elle apprend quâelle est atteinte de la tuberculose. Elle Ă©pouse alors son compagnon John Middleton Murry au printemps 1918 pour partir presque aussitĂŽt rejoindre son amie de longue date rencontrĂ©e Ă Paris, la peintre amĂ©ricaine Anne Estelle Rice[en],vivant alors Ă Looe, en Cornouailles, dans l'espoir que sa santĂ© s'amĂ©liore. C'est pendant son sĂ©jour printanier et estival qu'Anne Estelle Rice peint le cĂ©lĂšbre portrait de Mansfield vĂȘtue de rouge, une couleur apprĂ©ciĂ©e et choisie par l'Ă©crivaine[10]. Le tableau, connu sous le titre Portrait de Katherine Mansfield, est Ă prĂ©sent exposĂ© au musĂ©e Te Papa Tongarewa de Nouvelle-ZĂ©lande.
Puis Katherine Mansfield décide de rejoindre le climat plus clément de Bandol. AprÚs un court séjour en Angleterre, elle part pour Ospedaletti en Italie, puis pour Menton.
Le recueil Bliss (FĂ©licitĂ©) est publiĂ© en 1920. Mansfield part pour Montana (Valais) en Suisse lâannĂ©e suivante. The Garden Party est publiĂ© en 1922. Elle Ă©crit sa derniĂšre nouvelle, The Canary, en .
Le , elle meurt des suites de sa tuberculose Ă lâinstitut Gurdjieff situĂ© au PrieurĂ© d'Avon prĂšs de Fontainebleau. Elle est enterrĂ©e Ă Avon (Seine-et-Marne)[11].
Deux recueils de nouvelles sont publiĂ©s aprĂšs sa mort, The Doveâs Nest et Something Childish, ainsi que ses lettres et journaux.
Apprenant sa mort, Virginia Woolf Ă©crira dans son journal[11] :
« Je ne voulais pas me l'avouer, mais j'étais jalouse de son écriture, la seule écriture dont j'aie jamais été jalouse. Elle avait la vibration. »
Ćuvres
- In a German Pension (Pension allemande), 1911
- Prelude, 1918
- Bliss and Other Stories (Félicité), 1920
- The Garden Party and Other Stories (La Garden Party[12]), 1922
- Poems, 1923
- The Doveâs Nest and Other Stories (Le Nid de colombes et autres nouvelles), 1923
- Something Childish and Other Stories (Quelque chose d'enfantin, mais de trĂšs naturel et autres nouvelles), 1924
- The Journal of Katherine Mansfield (Journal de Katherine Mansfield), 1927 (édition définitive en 1954)
- The Letters of Katherine Mansfield (Les Lettres de Katherine Mansfield), 1928-1929
Principales nouvelles
Principales traductions
- Lettres, traduction de Madeleine T. GuĂ©rritte, Ăditions Stock, 1993 (ISBN 978-2234018013)
- Cahier de notes, traduction de Germaine Delamain, Ăditions Stock, 1995 (ISBN 978-2234019270)
- Les Nouvelles, L'intĂ©gral, traductions de AndrĂ© Bay, GeneviĂšve Brisac, ClĂ©mence Boulouque, J.-G. Delamain, AgnĂšs Desarthe, Marthe Duproix, Marguerite Faguer, Madeleine T. GuĂ©ritte, Luba Jurgenson, Charles Mauron, Didier Merlin, Sylvie Robic, Claude Seban, Alice Seelow, Ăditions Stock, 2006 (ISBN 978-2234058729)
- Villa Pauline et autres poĂšmes, traduction de Philippe Blanchon, Ăditions de la Nerthe, 2013 (ISBN 978-2916862316)
- FĂ©licitĂ©, traduction de Bernard HĆpffner, Ăditions Cent pages, 2021 (ISBN 978-2-9163-9080-2)
Postérité
Katherine Mansfield House & Garden
Les Katherine Mansfield House and Garden (en), soit la maison et le jardin de Katherine Mansfield, constituent à présent un musée privé visitable du mardi au dimanche à Wellington en Nouvelle-Zélande[14]. Restaurée dans les années 1980[15], la demeure de style victorien tardif expose des objets ayant appartenu à la nouvelliste[16], tandis que le jardin colonial de la période edwardienne fait partie du New Zealand Gardens Trust[17].
L'Ă©crivaine nĂ©o-zĂ©landaise Ashleigh Young a pendant un temps Ă©tĂ© sa directrice[18]. Elle Ă©voque cette expĂ©rience dans son recueil d'essais Can You Tolerate This?[19], rĂ©compensĂ© en 2017 du prix littĂ©raire de non-fiction WindhamâCampbell et du Royal Society Te ApÄrangi Award for General Nonfiction des Ockham Book Awards[20].
La Katherine Mansfield Society et les Amis de Katherine Mansfield
Une association littĂ©raire, la Katherine Mansfield Society[21], rassemble les universitaires spĂ©cialistes de l'Ă©crivaine ainsi que les amateurs et amatrices de son Ă©criture qui souhaitent y adhĂ©rer afin de recevoir toutes les actualitĂ©s des travaux effectuĂ©s sur son Ćuvre. FondĂ©e et prĂ©sidĂ©e par Gerri Kimber, critique littĂ©raire et enseignante-chercheuse Ă l'universitĂ© de Northampton[22], l'association publie deux revues :
- le Heron: Creative Journal of the Katherine Mansfield Society, une revue littéraire publiant des textes se réclamant de l'esthétique mansfieldienne[23],
- le Tinakori: Critical Journal of the Katherine Mansfield Society, une revue de littĂ©rature secondaire critique de l'Ćuvre de l'autrice[24].
La Katherine Mansfield Society dispose également d'une page et d'un réseau francophones, les Amis de Katherine Mansfield, en hommage aux liens privilégiées que la nouvelliste néo-zélandaise entretenait avec le territoire français[25].
Kirsty Gunn, romanciÚre et nouvelliste néo-zélandaise, est marraine de l'association et contribue à la faire connaßtre au grand public[26].
L'héritage de Mansfield en France et pont avec la Nouvelle-Zélande
Dans la ville française de Menton, oĂč l'Ă©crivaine malade a vĂ©cu un peu plus d'un an et qu'elle a qualifiĂ© de « jolie petite ville », « un peu irrĂ©elle », oĂč « tout est rĂ©glĂ© par le soleil », s'Ă©tire Ă prĂ©sent une avenue Katherine Mansfield. Non loin, on peut y visiter la villa Isola Bella oĂč elle a Ă©crit plusieurs de ses nouvelles[27]. En partenariat avec la Katherine Mansfield Menton Fellowship, la villa accueille des autrices et auteurs nĂ©o-zĂ©landais en rĂ©sidence de crĂ©ation[28].
La ville d'Avon en Seine-et-Marne a une rue Katherine-Mansfield, prĂšs du PrieurĂ© oĂč elle est dĂ©cĂ©dĂ©e.
Prix littéraires en l'honneur de Mansfield
Le New Zealand Post Katherine Mansfield Prize (en), connu prĂ©cĂ©demment sous le nom Meridian Energy Katherine Mansfield Memorial Fellowship, est un des prix littĂ©raires les plus renommĂ©s de Nouvelle-ZĂ©lande[29]. DĂ©cernĂ© depuis 1970, il rĂ©compense chaque annĂ©e un auteur ou une autrice originaire ou rĂ©sidant en Nouvelle-ZĂ©lande dont l'Ćuvre littĂ©raire, qu'elle soit de fiction, de non-fiction, poĂ©tique, dramatique ou pour enfants, s'est distinguĂ©e par son influence positive. L'organisation du prix est assurĂ©e par le Conseil des arts de la Nouvelle-ZĂ©lande et la rĂ©compense est une somme d'argent variable d'une annĂ©e Ă l'autre accompagnĂ©e du financement d'un sĂ©jour Ă Menton, en France, pour une rĂ©sidence de crĂ©ation littĂ©raire[30]. Parmi les rĂ©cipiendaires figurent la poĂ©tesse Margaret Scott et la nouvelliste Kate De Goldi[31].
Précédemment, le Katherine Mansfield Memorial Awards était le premier prix littéraire se réclamant de l'héritage de Mansfield ; fondé en 1959, il a contribué à sa reconnaissance officielle comme une des figures littéraires incontournables de Nouvelle-Zélande et de la littérature mondiale[32].
Il existe également un Katherine Mansfield Short Story Award ouvert à toutes et tous les élÚves scolarisés en fin de lycée dans la région de Wellington afin d'encourager les futures carriÚres d'écrivains et d'écrivaines locales et valoriser le genre littéraire de la nouvelle dans lequel s'est illustrée Mansfield[33]. Organisé par le musée Katherine Mansfield House & Garden avec le soutien et la coopération de la fondation Gay Saker Bequest, le prix est présidé par l'autrice Mandy Hager (en)[34].
Mansfield comme personnage de fiction
Dans la piĂšce de thĂ©Ăątre australienne The Rivers of China (Les Fleuves de Chine) de la dramaturge Alma De Groen, la trame narrative des derniers temps de la vie de l'autrice nĂ©o-zĂ©landaise Ă l'Institut Harmonique de l'Homme de Georges Gurdjieff Ă Fontainebleau se mĂȘle Ă un scĂ©nario de science-fiction philosophique et politique[35]. La premiĂšre de la piĂšce, produite en septembre 1987 par la Sydney Theatre Company au Wharf Theatre de Sydney[36], a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©e des prix littĂ©raires de 1988 de New South Wales et de Victoria pour une Ćuvre dramatique[37]. ConsidĂ©rĂ©e comme un classique du thĂ©Ăątre australien[38], The Rivers of China a Ă©tĂ© classĂ©e dans la premiĂšre liste dressĂ©e par l'Australian Society of Authors des 200 meilleures Ćuvres littĂ©raires du pays[39].
En 2015, Katherine Mansfield comme personnage de De Groen est revenue sur les planches du TheatreWorks de Melbourne, mise en scÚne par la compagnie indépendante Don't Look Away et interprétée par la comédienne Alexandra Aldrich[40].
Pour le centenaire de la naissance de Mansfield, une piÚce a été commandée au dramaturge néo-zélandais Vincent O'Sullivan[41] : Jones & Jones (1989) se concentre sur la relation de Mansfield à Ida Baker[42].
Notes et références
- « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=00959 » (consulté le )
- « https://www.thekeep.info/collections/getrecord/GB181_SxMs-18_1_D_90_1 » (consulté le )
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- (en) GradeSaver, « Katherine Mansfield Biography | List of Works, Study Guides & Essays », sur www.gradesaver.com (consulté le ).
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- (en) Cherry A. Hankin, Katherine Mansfield and Her Confessional Stories, Londres, Palgrave Macmillan, , 292 p. (ISBN 0-333-31536-7 et 9780333315361, OCLC 10044650, lire en ligne), p. 58.
- Photographié par Ottoline Morrell.
- (en) Katherine Mansfield and John Middleton Murry Blue Plaque in London, consulté le 21 février 2013.
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Voir aussi
Bibliographie
- Florence Noiville, « Katherine Mansfield : Ă©crire court, vivre vite », Le Monde,â (katherine-mansfield-ecrire-court-vivre-vite_6161477_3260.html, consultĂ© le ).
Liens externes
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