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Juriste d'entreprise

Un juriste d'entreprise est un juriste salarié d'une entreprise, dont le rôle est de la conseiller sur les aspects juridiques de la mise en œuvre de ses projets. Bien que le plus souvent spécialisés en droit des affaires, les compétences des juristes d'entreprise peuvent être très variées selon l'activité de l'entreprise : droit des contrats, droit des sociétés, propriété intellectuelle, droit social, droit de la construction, droit commercial, droit fiscal, droit de la commande publique, règlementations douanières et respect des sanctions internationales, droit de la consommation, contentieux, protection des données personnelles, etc.

Juriste d'entreprise
Présentation
Autres appellations
Juriste d'affaires
Secteur
Compétences
DiplĂ´mes requis
Universitaire en droit
Évolutions de carrière
Codes
ROME (France)
K1903 (défense et conseil juridique)

Les juristes d'entreprise réalisent une part importante du travail juridique que l'entreprise doit entreprendre : il peut s'agir de conseiller les autres directions dans la mise en œuvre de leurs projets, de négocier des contrats, de veiller à la protection des actifs de l'entreprise, ou de s'assurer de la conformité aux lois de l'entreprise dans les différents pays où elle est présente, ainsi que de la responsabilité sociétale des entreprises. Ils travaillent également en collaboration des avocats de l'entreprise, en conseil ou en contentieux, ainsi qu'avec les autres métiers du droit (Conseil en propriété industrielle, Commissaire de justice, notaire...).

Au service de l'organisme qui l'emploie, et selon l'importance de l'entreprise ainsi que de son niveau de formation — qui peut aller de la licence en droit au doctorat en droit —, il peut être cadre ou directeur juridique.

Domaines d'activité

Les rôles et les domaines d'activité des juristes d'entreprises sont variés et dépendent souvent du secteur d'activité et de la taille de l'entreprise dans laquelle ils sont employés. Bien qu'ils soient généralement formés au droit d'un pays en particulier, la nature transnationale de l'économie les amène à travailler sur des règles juridiques issues d'autres pays.

Si dans les petites entreprises, leur activité est souvent très généraliste car ils sont peu nombreux voire uniques, dans les grandes entreprises (banque, assurance, transports, services, grande distribution, chimie…), ils peuvent être très nombreux. L'organisation de ces équipes les conduit à recourir à des juristes spécialisés dans une branche particulière du droit (droit du travail, droit financier, droit immobilier, droit fiscal…).

Les grands groupes peuvent avoir des services juridiques qui peuvent atteindre plusieurs centaines de juristes spécialisés.

Contentieux

Les juristes d'entreprises ont généralement en charge la gestion du contentieux de l'entreprise. Ce contentieux peut avoir lieu en France ou à l'étranger avec des clients, des fournisseurs, des salariés, des tiers portant préjudice à l'entreprise, diverses administrations (impôts, douanes, urbanisme…), etc. Ils participent à la phase précontentieuse, puis choisissent les avocats et collaborent avec eux en leur fournissant les pièces et les arguments que l'avocat estime utiles pour la procédure. L'avocat représente ensuite l'entreprise devant les divers tribunaux et juridictions.

Contrats

Les juristes d'entreprise sont chargés de la rédaction des contrats, au sein des différentes directions de l'entreprise ou de ses filiales, avec ses clients, ses partenaires, ses salariés... Cette rédaction s'accompagne le plus souvent de la négociation de ces contrats, et donc des transactions qu'elles encadrent.

Le suivi de la bonne exécution du contrat peut soit être assuré par les juristes eux-mêmes ou par les directions concernées. Cela inclut la rédaction de conditions générales de vente ou d'achat qui seront transmises aux clients et aux fournisseurs.

Ainsi, ils doivent examiner et souvent rédiger et négocier les conditions générales d'achats et de vente, le contenu des contrats d'achats de prestations intellectuelles, d'équipements, de coopération, de prestations de services, de licences, les accords de confidentialité...

Actes de la société

Les juristes d'entreprise doivent s'occuper des actes de la vie courante de la société. Ils sont donc amenés à rédiger des notes de services mais aussi à préparer les assemblées générales et à organiser la délégation de pouvoir pour la signature de contrat.

Veille juridique

Ils s'occupent Ă©galement de la veille juridique.

Spécialités

  • Le juriste en droit social est un spĂ©cialiste en matière de lĂ©gislation du travail. Il gère notamment les relations avec les Instances reprĂ©sentatives du personnel, participe Ă  l'Ă©laboration d'accords collectifs, assiste et rĂ©pond aux demandes en matières de droit social Ă©manant des services opĂ©rationnels ou des salariĂ©s eux-mĂŞmes. Enfin, il intervient lors des contentieux avec des salariĂ©s, pour lesquels il s'appuie sur des avocats reprĂ©sentant l'entreprise.
  • Le juriste de banque conseille les autres services internes de la banque et vĂ©rifie en amont toutes les opĂ©rations entre la banque et les clients.
  • Le juriste en propriĂ©tĂ© intellectuelle est un spĂ©cialiste du droit de la propriĂ©tĂ© industrielle et du droit d'auteur. Il va s'occuper des questions contractuelles ou prĂ©-contentieuses liĂ©es aux incorporels (crĂ©ations susceptibles de protection par le code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle) et superviser l'action des conseils en propriĂ©tĂ© industrielle pour leur enregistrement auprès des offices de protection de la propriĂ©tĂ© industrielle.
  • Le juriste en droit des sociĂ©tĂ©s est un spĂ©cialiste en droit des sociĂ©tĂ©s. Il va s'occuper des actes de constitution de sociĂ©tĂ©s, des fusions acquisitions, des LBO, de l'approbation des comptes et des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales.
  • Le juriste en droit de la construction est un spĂ©cialiste en droit de la construction et des assurances. Il va s'occuper des contrats de maĂ®trise d'Ĺ“uvre, des dĂ©clarations et du suivi de sinistres survenu sur les chantiers.

En France

En France, un juriste d'entreprise ne peut pas réaliser les actes que la loi réserve aux professions juridiques réglementées, comme celles de notaire, d'avocat, de commissaire de justice, d'expert comptable, , etc.

La fonction de juriste d'entreprise n'est encadrée par aucun texte déontologique ou disciplinaire, autres que la convention collective de la branche professionnelle dont dépend son entreprise, de son contrat de travail et des directives de ses supérieurs.

Formation en France

En France, les juristes d'entreprise sont titulaires d'un diplôme en droit qui peut aller de la licence en droit au doctorat en droit, en passant par un troisième cycle (DEA/DESS/Master 2).

Un diplôme de juriste conseil d'entreprise (DJCE), de niveau troisième cycle, est délivré dans une dizaine d’universités. Ce diplôme est parfois spécialisé (ex. : droit des affaires, droit social)[1] - [2].

Ils peuvent aussi être diplômés d'une école supérieure spécialisée qui dispense une formation juridique comme les écoles de commerce et de gestion pour le droit des affaires, ou les instituts de sciences politiques pour le droit administratif.

En France, la personne qui effectue des consultations juridiques et/ou rédige des actes sous seing privé à titre habituel de manière rémunérée doit sur la base de l'alinéa 1 de l'article 54 de la Loi no 71-1130 du être a minima titulaire d'une licence en droit. En conséquence, les juristes d'entreprises doivent justifier d'une compétence juridique approprié au titre de leur activité[3].

Parmi les nouveaux métiers du droit, les responsables conformité (compliance officers) réalisent des consultations juridique à titre habituel lorsqu'ils émettent des avis sur la conformité d'une activité au regard réglementation. Ainsi, pour exercer leur métier en entreprise, les compliance officers doivent être, eux aussi, titulaire d'une licence ou d'un master en droit.

État de la profession en France

Une enquête IPSOS – AFJE – Wolters Kluwer – LEGAL SUITE, réalisée du au en partenariat avec l’école de droit et de management Panthéon Assas s’est penchée sur les emplois de juristes d’entreprise. Cette étude a été effectuée sur un panel de 902 entreprises d’au moins 100 employés.

Le nombre d'employés avec des fonctions juridiques, sans compter ceux qui exercent leur fonction dans des entreprises publiques ou bien parapubliques, s’élève à 15 870. Parmi eux, 88 % estiment être de plus en plus souvent consultés sur de grandes opérations, et 84 % jugent que la direction générale les implique de plus en plus en amont des opérations de l’entreprise. Bénéficiant d’une légitimité croissante, 47 % d’entre eux sont directement rattachés à la direction. Cependant, ce phénomène semble être moins présent dans les grandes structures.

Parallèlement, on y apprend que 93 % conservent un sentiment d’indépendance et estiment jouir de toute leur liberté intellectuelle par rapport à la direction.

Par ailleurs, seuls 42 % pensent disposer de l’ensemble des outils d’aide nécessaires à l’exercice de leur fonction, aussi bien en matière de formation externe que de logistique interne. Beaucoup de juristes ont ainsi fait part de leur désir d’accéder à divers autres outils : conférences/formations (55 %), portails juridiques spécifiques aux sociétés (18 %), etc.

Une étude de Eight Advisory, cabinet d'audit et de conseil, réalisée en 2017 à l'occasion de la 6e édition des Débats du Cercle Montesquieu, s'est intéressée aux enjeux du Big data dans le domaine juridique. Réalisée en direct auprès de 75 directeurs juridiques, provenant de tailles et secteurs d’activités variés, cette enquête dévoile que les juristes d’entreprise prennent conscience que l’analyse des données pourrait les aider à élaborer et affiner leurs stratégies contentieuses[4] - [5].

57 % des directions juridiques estiment que le Big data leur sera utile en matière de rupture de contrat et 53 % en matière de concurrence déloyale. Dès lors, un directeur juridique sur trois songe à ces nouveaux outils pour améliorer son approche des contentieux.

En revanche, 61 % d’entre eux se disent préoccupés par les enjeux du droit à la conservation de l’information.

Essai d'acquisition de statut d'avocat salarié

Depuis les années 2000, certains juristes d'entreprise demandent d'avoir la qualité d'avocat tout en étant employés par l'entreprise, comme c'est le cas des lawyers dans les pays anglo-saxons. Il existe aussi une revendication de certaines entreprises de pouvoir employer comme salariés des avocats, ce qui est impossible en France où la déontologie de toutes les professions libérales réglementées exige qu'elles soient indépendantes et autonomes des entreprises extérieures à la profession.

Un des motifs avancés serait de permettre à l'entreprise de pouvoir bénéficier du legal privilege, que l'on peut traduire en français par la capacité d'opposer aux autorités le secret professionnel, et ainsi d'empêcher que l'ensemble de leurs dossiers et de leurs correspondances puisse faire l'objet d'une saisie par la justice, l'administration fiscale, les douanes, etc. et être produites en justice.

Dans l'affaire AkzoNobel, l'avocat général Juliane Kokott[6] explicite la question sur le plan européen et rappelle que le privilège de confidentialité se justifie à la fois par l'exercice d'une mission de défense devant des autorités de justice ou d'autres autorités (par opposition aux activités de conseil et de rédaction d'actes, comparant par exemple avec l'ancienne profession de conseil juridique en France fusionnée avec celle d'avocat, ou avec le solicitor anglais) et par l'exercice de cette mission dans une indépendance propre à un auxiliaire de justice, inconciliable avec le statut de salarié du juriste d'entreprise. Ce privilège de confidentialité vise à protéger les correspondances de l'avocat en ce qu'il se trouve face aux autorités et s'ajoute à d'autres dispositions protectrices du secret, notamment celles relatives au secret des correspondances. Est sous-entendue l'idée que la défense du justiciable implique un rapport de confidentialité avec son conseil et que cette confidentialité n'est opposable aux autorités ou aux tiers que si le conseil en question offre des garanties d'indépendance vis-à-vis du justiciable et de ses co-intéressés. À s'en tenir à ces conclusions, le secret professionnel ne se justifierait que pour l'exercice des droits de la défense, et serait à relativiser pour d'autres activités telles celles du conseil, de la négociation ou de la rédaction d'actes.

Le Ministère de la Justice a constitué une commission pour étudier un possible rapprochement entre la fonction de juriste salarié d'entreprise et l'exercice de la profession d'avocat. Ce rapport a été publié le par la Chancellerie et conclut à l'incompatibilité[7].

Devant l'insistance de ceux qui préconisent un alignement des professions juridiques françaises sur le modèle anglo-américain, une commission a été créée, la Commission Darrois[8] chargée de réfléchir sur cette question.

Le rapport de Jean-Michel Darrois préconise, entre autres choses, la suppression de la passerelle permettant de passer de juriste d'entreprise à avocat au terme d'une période transitoire, tout en permettant aux avocats de désormais pouvoir être salariés de l'entreprise, tout en conservant leur titre, ce qui ferait de chaque entreprise possédant un avocat salarié une société d'avocats.

Cela supposerait l'abandon d'un des principes fondamentaux de l'organisation des professions réglementées en France : l'indépendance et l'autonomie. En effet, en France, toutes les professions réglementées doivent s'exercer sans avoir de lien d'intérêts ni de subordination avec des entreprises extérieures à la profession. De ce fait, celles-ci ne peuvent ni employer un membre de profession réglementée comme salarié, ni prendre des participations dans des sociétés professionnelles de professions réglementées.

Accès à la profession d'avocat

Les juristes d'entreprise qui justifient « de huit ans au moins de pratique professionnelle au sein du service juridique d'une ou plusieurs entreprises » peuvent s'inscrire comme stagiaire pour accéder à la profession d'avocat en étant « dispensé de la formation théorique et pratique et du certificat d'aptitude à la profession d'avocat[9] »

Notes et références

  1. Comment devenir juriste d’entreprise ?, site maformation.fr, (consulté le 28 mai 2017)
  2. Mathieu Oui, « Diplôme de juriste conseil d'entreprise (DJCE) », sur letudiant.fr, (consulté le ).
  3. « Loi n°71-1130 du 31 décembre 1971 », sur Légifrance (consulté le ).
  4. « Le big data, outil prometteur pour les directions juridiques », Les Échos Business,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Arnaud DUMOURIER, « Le big data, nouvel enjeu des directions juridiques - LE MONDE DU DROIT : le magazine des professions juridiques », sur www.lemondedudroit.fr (consulté le ).
  6. Juliane Kokott, « CONCLUSIONS DE L’AVOCAT GÉNÉRAL Mme Juliane Kokott présentées le 29 avril 2010 Affaire C‑550/07 P Akzo Nobel Chemicals Ltd et Akcros hemicals Ltd contre Commission européenne e.a. », sur eur-lex.europa.eu (consulté le ).
  7. Ministère de la Justice, « Rapprochement entre les professions d'avocat et de juriste d'entreprise : réflexions et propositions », sur ladocumentationfrancaise.fr, publié par La Documentation française, (consulté le )
  8. Commission Darrois sur justice.gouv.fr, (consulté le 28 mai 2017)
  9. Article 98 3° du décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d'avocat, sur Légifrance.

Pour en savoir plus

Articles connexes

Liens externes

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