Juana Manuela Gorriti
Juana Manuela Gorriti est une romancière argentine ayant passé une grande partie de sa vie en Bolivie et au Pérou, née le à Rosario de la Frontera, morte le à Buenos Aires, considérée comme le premier grand auteur du genre fantastique dans la littérature argentine.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 74 ans) Buenos Aires |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Juana Manuela Gorriti ZuvirĂa |
Nationalité | |
Activités | |
Père |
José Ignacio de Gorriti (en) |
Conjoint |
Manuel Isidoro Belzu (jusqu'en ) |
Enfant |
Mercedes BelzĂş de Dorado (en) |
Biographie
Juana Manuela Gorriti ZuvirĂa naĂ®t en 1818 Ă Rosario de la Frontera, capitale de la province de Salta, dans ce qui est alors la confĂ©dĂ©ration des Provinces-Unies du RĂo de la Plata dont le noyau central deviendra la RĂ©publique argentine[1]. NĂ©e dans une famille de riches propriĂ©taires, elle Ă©tudie Ă partir de l'âge de 8 ans dans une Ă©cole religieuse. Son père, JosĂ© Ignacio de Gorriti (es), Ă©tait un des signataires de la dĂ©claration d'indĂ©pendance des Provinces-Unies en 1816. Elle a aussi pour oncle un chef de guĂ©rilla, Jose Francisco "Pachi" Gorriti. Pendant les guerres civiles argentines, sa famille, de tendance libĂ©rale, soutient le parti des Unitaires contre le dictateur conservateur Juan Manuel de Rosas. En 1831, le caudillo fĂ©dĂ©raliste Facundo Quiroga prend le pouvoir et contraint la famille Gorriti Ă l'exil en Bolivie[2]. En 1833, Juana Manuela, âgĂ©e de 14 ans, est mariĂ©e Ă un militaire bolivien, Manuel Isidoro Belzu, qui sera prĂ©sident de la Bolivie de 1848 Ă 1855. Elle le quitte pour s'Ă©tablir avec ses deux filles Ă Lima, au PĂ©rou, oĂą elle fonde une Ă©cole pour filles. Elle commence Ă Ă©crire de la fiction en 1845. Dans les dĂ©cennies suivantes, elle fait plusieurs allĂ©es et venues entre Lima et Buenos Aires ; elle fonde plusieurs Ă©coles et devient un Ă©crivain renommĂ© et primĂ© dans les deux pays[1]. Elle tient un salon littĂ©raire et ses soirĂ©es (tertulias) rĂ©unissent des figures de l'intelligentsia comme Ricardo Palma, Manuel González Prada, Mercedes Cabello de Carbonera, Clorinda Matto de Turner et Teresa González de Fanning.
En 1865, Manuel Isidoro Belzu est assassiné en Bolivie dans une tentative pour reprendre le pouvoir. Juana Manuela tente de rentrer en Bolivie avec quelques partisans pour enterrer son corps mais elle est refoulée à l'entrée. Elle ne reçoit qu'après la mort de Belzu les documents légalisant son divorce[3].
En 1878, selon W.W. Chasteen, elle retourne définitivement en Argentine. La guerre du Pacifique, qui oppose le Pérou et la Bolivie au Chili, l'empêche de rendre visite à sa fille Mercedes (es) qui, malade, meurt en 1879[4]. Selon Felipe Pigna, elle passe la durée de cette guerre au Pérou et ne rentre en Argentine qu'en 1884[3]. À Buenos Aires, Juana Manuela fonde une revue, La alborada del Plata (« L’Aube de La Plata »), devenue en 1880 La alborada litteraria del Plata, où elle revendique les droits des femmes en même temps que l'émancipation de la littérature hispano-américaine par rapport au modèle classique espagnol[5].
Elle meurt en 1892 à Buenos Aires. Ses funérailles sont un événement public majeur[6].
- La Plaza Mayor de Lima, El Viajero Ilustrado, 1878
- Buenos Aires Ă vol d'oiseau, gravure de D. Dolin, v. 1865
Ĺ’uvres
Juana Manuela Gorriti publie sa première nouvelle, La Quena, en 1845 dans la Revista de Lima : c'est un des tout premiers textes de fiction écrits par un auteur natif de l'actuel territoire argentin[3]. Il est réédité dans El Comercio en 1851 et La Prensa en 1859. Il s'inspire d'une ancienne élégie quechua où un amoureux exprime sa tristesse sur la tombe de sa bien-aimée en s'accompagnant de la quena, une flûte anciennement fabriquée en os humain et associée aux émotions amoureuses. Dans la version de Juana Manuela Gorriti, le jeune homme est un métis, descendant des Incas par sa mère, à qui son origine indienne interdit le mariage avec la fille d'un haut fonctionnaire de la vice-royauté espagnole. Trompé par la fausse annonce du mariage de la jeune fille, il se fait prêtre et n'apprend la vérité que bien plus tard pour aller la pleurer après sa mort[7].
Juana Azurduy de Padilla est une courte biographie de cette femme, héroïne des guerres d'indépendance hispano-américaines, que Juana Manuela avait rencontrée dans sa jeunesse : Juana Azurduy avait accompagné son mari à la guerre avant de prendre la tête de sa troupe après sa mort[8]. Juana Manuela Gorriti a aussi écrit un récit biographique de son défunt mari, Manuel Isidoro Belzu, et des guerres civiles de son époque[3].
Juana Manuela Gorriti est considérée comme le premier auteur du genre fantastique dans la littérature argentine où les littératures de l'imaginaire connaîtront un grand développement par la suite. Dans son recueil Sueños y Realidades, publié en deux volumes en 1865, elle qualifie ses textes de « contes fantastiques » ou « légendes historiques », s'inspirant à la fois des légendes indiennes et des théories européennes de la phrénologie, du magnétisme, de la psychopathologie, de la parapsychologie ; elle s'intéresse à la théosophie[9].
Son œuvre abondante, comprenant des nouvelles, des courtes biographies et des récits de voyage, est publiée en plusieurs recueils[1] :
- Sueños y Realidades (« Rêves et réalités », 1865)
- BiographĂa del General Don Dionisio de Puch (1868)
- Panoramas de la Vida (« Panoramas de la vie », 1876)
- Misceláneas (« Miscellanées », 1878)
- El mundo de los recuerdos (« Le monde des souvenirs », 1886)
- Oasis en la vida (« Oasis dans la vie », 1888)
- La tierra natal (« La Terre natale », récits de voyage, 1889)
- Cocina ecléctica (« Cuisine éclectique », 1889)
- Perfiles (« Profils », biographies, 1892)
- Lo Ăntimo (« Choses intimes », 1892)
- Veladas literarias de Lima: 1876-1877 (« Veillées littéraires de Lima, 1876-1877 », 1892[1]) - [10].
Dans la fiction
Galerie
- Juana Azurduy de Padilla (1780-1862), héroïne de l'indépendance
- Manuel Isidoro Belzu (1808-1865), général et président bolivien, époux de Juana Manuela Gorriti
- Teresa González de Fanning (1836-1918), écrivaine péruvienne et correspondante littéraire de Juana Manuela
- Clorinda Matto de Turner (1852-1909), écrivaine péruvienne et correspondante littéraire de Juana Manuela
- Sueños y Realidades, tome 2, édition de 1907
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Juana Manuela Gorriti » (voir la liste des auteurs) dans sa version du .
- Meyer et Berg 1995, p. 51-52.
- Vicuna Mackenna 2003.
- F.Pigna 2011, p. 309-313.
- John Charles Chasteen, Born in Blood and Fire, W. W. Norton & Company, London, 2006.
- Dreams and Realities : Selected Fiction of Juana Manuela Gorriti, introduction de Francine Masiello, University of Berkeley, p. xxxii.
- Meyer et Berg 1995, p. 52.
- N.Fourtané 1997.
- Meyer et Berg 1995, p. 53-55.
- P.Verdevoye 1997, p. 17-18.
- Dreams and Realities : Selected Fiction of Juana Manuela Gorriti, introduction de Francine Masiello, University of Berkeley, Bibliography.
- A.Lopez 1994, p. 50-51.
Bibliographie
- (en) BenjamĂn Vicuña Mackenna et Cristián Gazmuri Riveros, The Girondins of Chile: Reminiscences of an Eyewitness, Oxford University, , 94 p. (ISBN 978-0195151817)
- (en) Doris Meyer et Mary C. Berg, Rereading the Spanish American Essay: Translations of 19th & 20th Century Women's Essays, University of Texas, , 336 p. (ISBN 978-0292751828, lire en ligne).
- (es) Felipe Pigna, Mujeres tenĂan que ser. Historia de nuestras desobedientes, incorrectas, rebeldes y luchadoras. Desde los orĂgenes hasta 1930, Buenos Aires, Planeta, , 596 p. (lire en ligne).
- Dreams and Realities : Selected Fiction of Juana Manuela Gorriti, introduction de Francine Masiello, University of Berkeley
- Amadeo López, « Histoire et roman historique », América : Cahiers du CRICCAL, no 14,‎ , p. 41-61 (DOI 10.3406/ameri.1994.1149, lire en ligne, consulté le )
- Stéphane Boisard, « Hilda Lopez Laval, Autoritarismo y cultura (Argentina 1976-1983) », Caravelle, no 66,‎ , p. 190-195 (DOI 10.3917/gmcc.260.0033, lire en ligne, consulté le )
- Paul Verdevoye, « Naissance et orientations de la littérature fantastique dans le Rio de la Plata jusque vers le milieu du XIXe siècle », América : Cahiers du CRICCAL, no 17,‎ , p. 11-28 (DOI 10.3406/ameri.1997.1220, lire en ligne, consulté le )
- Nicole Fourtané, « La légende du «Manchay-Puito», creuset de traditions complexes », América : Cahiers du CRICCAL, no 19,‎ , p. 205-221 (DOI 10.3406/ameri.1997.1320, lire en ligne, consulté le )
- Michèle Soriano, « Interdit et clôture : récits enchâssés et discours contraint dans l’œuvre de Juana Manuela Gorriti », Cahiers de narratologie, vol. 10, no 2,‎ , p. 441-454 (DOI 10.4000/narratologie.10294, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :