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Joseph-Xavier de Jullien de Vinezac

Joseph-Xavier de Jullien, vicomte puis comte de Vinezac, né à Largentière le , mort à Largentière le , est un militaire français, chevalier de l'Ordre de Saint-Lazare, qui a pris part à la Révolution française, d'abord comme partisan de l’unification de l’insurrection royaliste contre les forces révolutionnaires puis, à partir de 1794, comme chouan en Bretagne.

Xavier-Joseph de Jullien
Comte de Vinezac
Surnom Monsieur de Vinezac
Naissance
Largentière, Ardèche, France
DĂ©cès (Ă  72 ans)
Largentière, Ardèche, France
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Monarchie constitutionnelle
Chouan
Grade Lieutenant-général
Années de service 1777 – 1796
Conflits Insurrections royalistes
Chouannerie
Faits d'armes Bataille d'Ouessant (1778)
Bataille de La Pellerine

Guerre d’indépendance des États-Unis

Lieutenant au régiment d’Auvergne[1], il est envoyé à Brest au mois de . Il fait partie du détachement embarqué, en 1778, sur le vaisseau la Ville de Paris commandé par l’amiral le comte d’Orvilliers. En effet, dès 1777, la France avait commencé à apporter son aide aux treize colonies américaines contre la Grande-Bretagne. D’Orvilliers, nommé lieutenant général des armées navales, est chargé du commandement de l’armée navale déployée dans l’océan Atlantique. Le , la flotte française quitte Brest où elle était stationnée.

Dès le lendemain, elle entre en vue de la flotte anglaise. Le , à quatre heures du matin, les deux flottes se font face à Ouessant (petite île du Finistère) et engagent le combat à la Bataille d'Ouessant (1778). Après plus de trois heures d’échanges intensifs, le comte d'Orvilliers parvient à prendre l'avantage et contraint l'amiral anglais à abandonner le champ de bataille en désordre.

Le lieutenant Jullien se fait particulièrement remarquer lors de cette bataille, où il est cité dans le rapport de l’amiral. À la suite de cette citation, il obtient le suivant la commission de capitaine et l’assurance, de la part de Louis XVI, d’obtenir la croix de Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis à 23 ans de service[2] - [1]. Il rentre avec son régiment, à Lille en .

Révolution française

Rentré en Vivarais lorsque la Révolution éclate, il reçoit, tout de même grâce à son oncle, des nouvelles sur les évènements survenant à Paris durant l’été 1789. Bientôt les rumeurs d’une invasion de brigands venus du Dauphiné se répandent dans tout le Vivarais, provoquant un vent de panique au sein de la paisible population de Largentière[3].

Le Comte de Vinezac informe aussitôt le comte d'Antraigues de la situation: « Nous venons d'être instruits par les consuls de la côte du Rhône, que trois mille brigands arrivant des montagnes du Dauphiné, ont passé ce fleuve, après avoir ravagé et pillé plusieurs paroisses et mis tout à feu et à sang. Un corps de dix mille Piémontais est campé à Chabeuil, en Dauphiné, et l'on craint une invasion en Vivarais »[4]. À la suite de ces rumeurs, le capitaine commandant des chasseurs du Roussillon en garnison à Largentière est chargé de contacter le Comte de Vinezac afin d’organiser la défense de la région[5]. Mais ces bruits d'invasion piémontaise, reconnus faux par la suite, avaient été répandus dans le but de propager le mouvement révolutionnaire en provoquant l'armement des populations.

Dénoncé, peu de temps après, au club révolutionnaire de Largentière, avec plusieurs de ses amis, dont MM. de Comte, d'Allamel, de Valgorge et Rouchon, il comprend très vite le sort réservé aux membres de la noblesse. Poursuivi, mais heureusement, sans succès, il décide de s’expatrier. Avant de partir et pour se procurer un peu de liquidité, il fait vendre une grande partie du mobilier du château de Vinezac[6]. Il quitte alors Largentière pour rejoindre Paris.

Insurrection royaliste

Il rejoint la capitale, où il intègre la 3e division des gardes nationales de la ville de Paris[7], avec le grade de major général[8]. Il participe à l’unification de l’insurrection royaliste contre les forces révolutionnaires. Pour cela, il rejoint le Club des amis de la constitution monarchique, créé par Malouet et Clermont-Tonnerre le , dont il devient l’un des membres les plus actifs. Par contrat du , il épouse Geneviève Noël Adélaïde Poissonnier des Perrières. Le jour de ces noces sont présents Louis XVI et Marie-Antoinette qui apposent tous deux leurs signatures au bas du contrat de mariage[9].

En 1793, une violente guerre oppose les Jacobins au Club des amis de la constitution monarchique, qui réunit les conservateurs de l'Assemblée partisans d'une monarchie tempérée à l'anglaise. Les Jacobins n'hésitent pas à poursuivre les Monarchiens de rue en rue et de maison en maison, effrayant par des menaces les propriétaires des salles où ils se rassemblaient. On répand dans Paris que les Monarchiens ont payé des soldats pour assassiner le peuple. Antoine Barnave leur lance, de la tribune nationale, un mot cruellement équivoque : « ils distribuaient au peuple un pain empoisonné ». On ne leur permet pas de réclamer, de faire expliquer ce mot. Au cours de ce complot diffamatoire, Monsieur de Vinezac est accusé d’avoir forgé un ordre qui ôtait aux volontaires de la 3e division, la garde nocturne des faubourgs St. Denis et St. Laurent, route des Pays-Bas autrichiens, pour la donner aux soldés[10] - [11] - [12]. Afin d’éviter une arrestation qui l’aurait conduit très certainement à l’échafaud, il quitte la capitale pour entrer dans la clandestinité et rejoindre vers 1794 la Bretagne.

Armée catholique et royale de Bretagne

Cette armĂ©e fut crĂ©Ă©e en 1794 par Joseph de Puisaye pour unifier les diffĂ©rentes divisions chouannes. Il se montre très actif, se mettant en rapport avec d’autres chefs, crĂ©ant un conseil militaire, envoyant des Ă©missaires Ă  Londres… et finit par recevoir des pouvoirs du Comte d’Artois qui le nomme lieutenant-gĂ©nĂ©ral. En 1795, Joseph de Puisaye crĂ©Ă© la Compagnie des Chevaliers catholiques[13], un corps de soldats d'Ă©lite royalistes, dont il s’attribue le commandement. Elle devait servir de garde rapprochĂ©e Ă  la famille royale. Elle Ă©tait composĂ©e principalement de nobles et chaque membre devait possĂ©der au moins le grade de sous-lieutenant. L'effectif, que Puisaye voulait porter Ă  500 hommes, ne dĂ©passa finalement pas 60. Le Comte de Vinezac intègre la Compagnie avec le grade de Chevalier[14]. Il apporte une aide logistique et militaire Ă  la Division de Fougères, qui regroupe 3 000 hommes dirigĂ©s par le Colonel AimĂ© Picquet du Boisguy et participe entre et Ă  une vingtaine de combats contre les rĂ©publicains, dont notamment au combat de La Pellerine. Son jeune frère Gabriel-Étienne de Jullien (1756-1795), après avoir servi sous les ordres de Louis François Perrin de PrĂ©cy lors de la dĂ©fense de Lyon le , a Ă©galement rejoint l'insurrection bretonne. Il participe ainsi Ă  plusieurs combats contre les rĂ©publicains : bataille de Carnac, de Plouharnel et de Quiberon oĂą il meurt le . Peut-ĂŞtre fait-il partie des 748 prisonniers Ă©migrĂ©s exĂ©cutĂ©s après la prise de la presqu'Ă®le et du Fort de Penthièvre ? Xavier-Jopseh de Jullien entretiendra longtemps de fortes rancunes envers Puisaye dont il critique sĂ©vèrement l'action au cours de cette bataille.

À la mort du colonel Henri Baude de La Vieuville, commandant de la division de Saint-Malo et de Dol, fusillé par les républicains le , il semblerait que le commandement de la division ait été provisoirement accordé à Joseph-Xavier Jullien de Vinezac avant d'être attribué à Mathurin Jean Dufour, comme le prouve cette lettre datée de [15].

« Je profite de la première occasion que je trouve, mon cher Caruel, pour me rappeler à votre souvenir, et vous donner de mes nouvelles. Je viens de quitter l’armée sous Fougères pour aller prendre le commandement des divisions qui sont sur les côtes de Saint-Malo et de Dol. Je suis colonel breveté, avec le grade d’inspecteur qui me donne dans ce moment celui d’officier-général. J’ai déjà assisté à près de vingt combats, dont je me suis toujours tiré bien portant. J’espère que vous apprendrez quelquefois de mes nouvelles par mes actions sur les côtes ou dans les environs. Je remplace ici M de la Vieuville. […] répondez-moi par Jersey, en priant M. le prince d’Auvergne de ma faire parvenir votre lettre par la correspondance de Bertin. »

Retraite

En 1796, les royalistes sont vaincus militairement. Deux des principaux chefs de l’insurrection, Stofflet et Charrette sont fusillés. Les chouans sont traqués, arrêtés et parfois exécutés. le comte de Vinezac décide de rentrer en Vivarais où la situation est alors plus calme. « Émigré rentré » se disant « courtier », il s’installe à Largentière, dans la maison, un peu agrandie depuis, qui domine la gare du chemin de fer.

Durant tout l'Empire, il y mène une vie paisible et rédige plusieurs écrits, dont en 1780 un drame en trois actes et en vers Les époux malheureux, et en 1791 Du Couëdic. Anecdote française. Il est qualifié, par Léon Vedel dans la nouvelle intitulée La Coupe, comme « un homme d’une grande bonté de caractère et de manières très aimables ». Il décède au château de Largentière le .

Articles connexes

Notes et références

  1. Gazette de France, Imprimerie de la Gazette de France (Paris), (lire en ligne), p. 312
  2. Mercure de France, 1778
  3. Mazon, Albin (1828-1908), Histoire de Largentière, impr. de C. Laurent (Privas), (lire en ligne), p. 389
  4. Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, volume 4, par Adolphe Coston
  5. Revue historique de la Révolution française
  6. Notice sur Vinezac par Albin Mazon
  7. Procès-verbal de la formation et des opérations du comité militaire, établi à l'hôtel-de-ville de Paris, pour la composition et organisation de la Garde-nationale-parisienne sous le commandement de M. le marquis de La Fayette. 16-31 juillet 1789., Impr. de Lottin l'aîné, et de Lottin, de Saint-Germain (Paris), (lire en ligne), p. 4, 7, 12
  8. Ĺ’uvres de Camille Desmoulins, volume 10
  9. Gazette de France, Imprimerie de la Gazette de France (Paris), (lire en ligne), p. 150
  10. Ĺ’uvres politiques 1789-1793, volume 4, par Jean-Paul Marat
  11. Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution : sér. Du 25 juillet 1789 au 8 octobre 1790
  12. Actes de la Commune de Paris pendant la RĂ©volution, volume 1
  13. Histoire des guerres de l'Ouest: Vendée, chouannerie, 1792-1815 par Thédore César Muret, 1848
  14. La Révolution dans le pays de Fougères par Christian Le Bouteiller
  15. Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République Française, Baudouin Freres, (lire en ligne), p. 313-314
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