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Joaquim Pedro de Oliveira Martins

Joaquim Pedro de Oliveira Martins (Lisbonne, 1845 — ibidem, 1894) Ă©tait un homme politique, Ă©crivain, historien et sociologue portugais.

Joaquim Pedro de Oliveira Martins
Fonction
Ministre des Finances
Royaume de Portugal
-
Mariano Cirilo de Carvalho (d)
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  49 ans)
Lisbonne
Nationalité
Activités
Autres informations
Mouvement

Oliveira Martins est une des figures clefs de l’historiographie portugaise contemporaine. Ses ouvrages, qui traitent essentiellement de l’histoire du Portugal et de son expansion coloniale, tendent Ă  privilĂ©gier le rĂŽle de l’initiative individuelle dans les Ă©vĂ©nements historiques et marquĂšrent plusieurs gĂ©nĂ©rations d’intellectuels portugais. Autodidacte, Ă©lectique politiquement et intellectuellement, il adhĂ©ra d’abord Ă  un socialisme de type proudhonnien, pour se rallier plus tard au rĂ©formisme, devenant alors parlementaire.

Biographie

Orphelin de pĂšre, il connut une adolescence difficile, ne parvenant pas Ă  achever ses Ă©tudes secondaires, ce qui l’eĂ»t permis de s’inscrire Ă  l’école polytechnique en vue d’une formation d’ingĂ©nieur militaire. Il trouva Ă  s’employer en tant que comptable dans une maison de commerce de 1858 Ă  1870, puis, en raison de la faillite de l’entreprise dans laquelle il travaillait, il s’en fut exercer les fonctions d’administrateur d’une mine en Andalousie. Quatre ans plus tard, il retourna au Portugal pour y diriger la construction d’une voie ferrĂ©e de Porto Ă  PĂłvoa de Varzim et Ă  Vila Nova de FamalicĂŁo. En 1880, il fut Ă©lu prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie commerciale de Porto et, quatre annĂ©es plus tard, directeur du MusĂ©e industriel et commercial de Porto. Ensuite, il occupa le poste d’administrateur de la RĂ©gie des tabacs, puis de la Companhia de Moçambique, et siĂ©gea dans la commission exĂ©cutive de l’Exposition industrielle portugaise.

En , il Ă©pousa VitĂłria Mascarenhas Barbosa, mais le couple n’eut pas d’enfants. L’ancien ministre des Finances Guilherme de Oliveira Martins Ă©tait son arriĂšre-neveu.

La Casa da Pedra, sur la rua das Águas Férreas, résidence d'Oliveira Martins à Porto.

Il devint député en 1883, ayant été élu par la ville de Viana do Castelo, et à nouveau en 1889, élu par la circonscription de Porto. En 1892, il fut sollicité pour assumer le portefeuille des finances dans le cabinet ministériel mis en place sous la présidence de José Dias Ferreira, et en 1893 fut nommé vice-président de la Commission de crédit public.

L’un des animateurs de la dĂ©nommĂ©e GĂ©nĂ©ration de 70 (avec son ami intime Antero de Quental), il fit montre d’une grande plasticitĂ© face aux multiples courants d’idĂ©es qui parcouraient son siĂšcle.

Oliveira Martins collabora aux principaux journaux littĂ©raires et scientifiques portugais, ainsi qu’à la presse politique socialiste.

ƒuvre

Sa vaste production s’échelonne de ses dĂ©buts littĂ©raires — son roman Febo Moniz, publiĂ© en 1867 — jusqu’à sa mort en 1894. Dans le domaine des sciences sociales sont Ă  signaler Elementos de Antropologia, de 1880, Regime das Riquezas, de 1883, et TĂĄbua de Cronologia, de 1884. Parmi ses ouvrages d’histoire, il y a lieu de citer en particulier HistĂłria da Civilização IbĂ©rica et HistĂłria de Portugal, parus en 1879, O Brasil e as ColĂłnias Portuguesas, de 1880, Os Filhos de D. JoĂŁo I, de 1891, et enfin HistĂłria da RepĂșblica Romana. Ces ouvrages eurent un impact considĂ©rable, non seulement dans les milieux politiques du pays, mais aussi sur l’historiographie, la critique littĂ©raire et la littĂ©rature portugaises des XIXe et XXe siĂšcles, tout en suscitant chacun d’amples controverses : les auteurs intĂ©gralistes notamment reprochaient Ă  Oliveira Martins son extrĂȘme pessimisme, voire l’accusaient d’anti-patriotisme[1].

Il fit siennes diverses idĂ©ologies, souvent contradictoires entre elles, devenant en effet tour Ă  tour anarchiste (proudhonien), rĂ©publicain, monarchiste, libĂ©ral, anti-libĂ©ral et ibĂ©riste. S’il se fit le chantre de la libertĂ© politique et Ă©conomique, il dĂ©fendit Ă©galement la dictature, comme celle de JoĂŁo Franco. Il est citĂ© comme l’un des introducteurs des idĂ©es socialistes au Portugal, mais a pu passer aussi pour un proto-fasciste[2] ; ainsi p.ex., il adopta notamment les thĂšses racistes, considĂ©rant en effet que les peuples issus des noirs ou des Indiens Ă©taient inaptes au progrĂšs[3]. L’échec des grandes grĂšves de 1872 le fit basculer dans le rĂ©formisme, dĂ©sormais jugĂ© plus fĂ©cond que l’agitation politique, et le porta Ă  rechercher un mandat parlementaire[4].

Son Ɠuvre exerça une influence sur nombre d’auteurs portugais, mais aussi brĂ©siliens[5], du XXe siĂšcle, tels qu’AntĂłnio SĂ©rgio, Eduardo Lourenço ou AntĂłnio Sardinha.

Oliveira Martins était membre correspondant de l'Académie royale espagnole[6].

Travaux d’historien

Portrait de jeunesse d’Oliveira Martins.

L’historien SĂ©rgio Campos Matos souligne que dans les ouvrages historiographiques d’Oliveira Martins « l’évĂ©nement singulier est toujours reliĂ© Ă  la totalitĂ©, selon un principe d’unitĂ© »[7]. Martins oscillait entre le dĂ©terminisme social et l’affirmation de l’individu, considĂ©rant que raison collective et raison individuelle ne pouvaient pas ĂȘtre dissociĂ©es. Si le cours historique de la nation portugaise Ă©tait une « succession d'actes volontaires, de desseins d'hommes d'État », l'action de ces fortes personnalitĂ©s restait nĂ©anmoins subordonnĂ©e Ă  un systĂšme idĂ©el de principes et de lois dĂ©terminants, l'auteur adhĂ©rant Ă  l'idĂ©e que l'action humaine Ă©tait un instrument du destin. Oliveira Martins se montrait sceptique tant vis-Ă -vis d'une « science universelle de l'histoire », en ce qu’il niait l'existence de lois en histoire et privilĂ©giait l'enseignement de la chronologie et de la philosophie de l'histoire, que vis-Ă -vis du roman historique, qu’il considĂ©rait comme un « genre hybride et faux », et penchait, en consĂ©quence, vers l'histoire narrative[8]. Il en rĂ©sulta un ensemble de livres qui sont autant de vastes fresques Ă©vocatrices, Ă©maillĂ©es de rĂ©flexions psychologiques, rappelant la maniĂšre de Tacite. Cependant, cette position Ă©tait vouĂ©e Ă  une forte contestation dans le contexte de la seconde moitiĂ© du dix-neuviĂšme siĂšcle, c’est-Ă -dire Ă  une Ă©poque oĂč des disciplines telles que l’archĂ©ologie, l’ethnologie, la philologie et la gĂ©ographie se trouvaient en plein Ă©panouissement et oĂč l'on tendait Ă  voir l’histoire comme une matiĂšre rĂ©gie par des lois naturelles[9]. Oliveira Martins Ă©tait fortement influencĂ© par des auteurs comme l'historien allemand Theodor Mommsen, en particulier pour ce qui est de l'importance accordĂ©e au hĂ©ros comme l’homme le mieux Ă  mĂȘme d’incarner l’ñme du pays, la psychologie collective de la nation Ă  tel ou tel moment historique, et d’ĂȘtre Ă  l’unisson des dĂ©sirs et des ambitions de celle-ci. Dans les derniers ouvrages de Martins, le rĂŽle de l'individu dans l’histoire tendait Ă  s'accroĂźtre encore, manifestation sans doute du scepticisme de l'auteur Ă  l’égard d’une rĂ©gĂ©nĂ©rescence nationale immĂ©diate[10].

Références

  1. C. MaurĂ­cio (2000), p. 57.
  2. Oliveira Martins - O ideĂłlogo do Iberismo, Carlos Fontes
  3. (pt) Manoel Bomfim, A América Latina: males de origem, Rio de Janeiro, Topbooks, , 392 p. (ISBN 978-8574751023, lire en ligne), p. 254.
  4. EncyclopĂŠdia Universalis, art. Portugal, vol. 14, p.1135 (3e col. en bas), Paris 1985.
  5. Euclides da Cunha notamment cite le nom d'Oliveira Martins dans son célÚbre Hautes Terres (éd. Métailié), p. 164.
  6. Site de l’AcadĂ©mie royale espagnole.
  7. S. Campos Matos (1992), p. 477.
  8. S. Campos Matos (1992), p. 480-496.
  9. C. MaurĂ­cio (2000), p. 59.
  10. S. Campos Matos (1992), p. 502-504.

Bibliographie

Ouvrages d'Oliveira Martins

Ouvrages et articles sur Oliveira Martins

Liens externes

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