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Joan Jara

Joan Turner de Jara, plus connue sous le nom de Joan Jara (née Joan Alison Turner à Londres en ), est une danseuse et activiste politique britannique, naturalisée chilienne et reconnue par l'Académie chilienne des beaux-arts pour sa contribution au développement de la danse.

Joan Jara
Joan Jara en 2012.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Joan Alison Turner
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Autres informations
Distinction
National Award for Arts and Audiovisual Representation of Chile (en)

Elle est la fondatrice de la Fondation Víctor Jara et a joué un rôle important, tant au niveau universitaire que populaire, dans la diffusion de la danse au Chili. En 2009 elle a reçu la nationalité chilienne par grâce, comme reconnaissance de sa contribution à la culture, de son parcours et de sa lutte pour le retour à la démocratie après la dictature militaire qu'a connu le Chili entre 1973 et 1990.

Biographie

Débuts dans la danse et arrivée au Chili

Son intérêt par la danse commence en juillet 1944, lorsque sa mère l'emmène au Haymarket Theatre voir la compagnie de danse moderne des Ballets Jooss et la chorégraphie La Table verte de Kurt Jooss[1].

L'année suivante les Ballets Jooss reviennent à Londres, Joan se faufile plusieurs fois dans le théâtre non seulement pour voir l’œuvre plusieurs fois, mais également pour parler avec Kurt Jooss. Celui-ci lui explique que le Ballet a dû fermer son école, mais qu'elle peut passer une audition avec lui ; ce qu'elle fait. Kurt lui conseille de se former professionnellement et lui dit qu'il l'imagine faire partie de la compagnie dans le futur.

En 1947 elle intègre l'école de danse de Sigurd Leeder qui a ouvert récemment, abandonnant la bourse qu'elle a reçu pour étudier l'histoire à l'université de Londres. Après trois ans d'études, elle intègre le Ballets Jooss en Allemagne en janvier 1951, ce qui lui a permis de parcourir une grande partie de l'Europe avec des représentations en Allemagne de l'Ouest, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, en Angleterre, en Écosse et en Irlande[1].

Au sein de la compagnie, elle rencontre le chorégraphe, danseur et acteur chilien Patricio Bunster, avec lequel elle se marie en . Patricio se rend au Chili en et elle le rejoint quatre mois plus tard, pour un voyage qui a duré six semaines. Joan se surprend à conserver son nom de jeune fille et elle se fait appeler dorénavant « Joan Turner Roberts de Bunster », formulation qui assimile la femme à une propriété du mari[2].

Au Chili elle intègre par concours le ballet national chilien, où elle exercera aussi bien comme danseuse que plus tard comme chorégraphe. Elle sera aussi professeure à l'université du Chili.

Mariage avec VĂ­ctor Jara

Après la naissance de leur fille Manuela en 1960, le couple se sépare et elle épouse en secondes noces le jeune directeur de théâtre (et par la suite chanteur) Víctor Jara. Son nouvel époux aura une participation politique décisive, sa musique se convertissant en symbole du gouvernement de Salvador Allende. De son mariage avec Víctor naît sa seconde fille, Amanda.

Pendant le coup d’État d'Augusto Pinochet contre le président Salvador Allende, le , Víctor Jara est arrêté. Il est emmené au stade Chili, où il reste plusieurs jours. Selon de nombreux témoignages, il est torturé pendant des heures, reçoit des coups sur les mains avec la crosse d'un revolver jusqu'à les lui briser, et est criblé de balles le . Son cadavre est retrouvé le . Joan doit effectuer la reconnaissance du cadavre et, après l'enterrement, doit s'exiler avec ses deux filles[3].

Exil et activisme

Joan Jara et Manuel García (chanteur) (es), qui a joué le rôle de vocaliste dans l’œuvre "Vìctor Jara Sinfónico", présentée et enregistrée les 10 et 11 novembre 2006 au théâtre de la Udec à Concepción, au Chili.

Joan part en exil en Grande-Bretagne avec ses deux filles. À Londres, elle arrête de s'appeler Joan Turner de Jara, et adopte le nom de Joan Jara que lui ont assigné les autorités britanniques.

Elle devient une activiste contre la dictature militaire chilienne et pendant de longues années se bat pour que la justice chilienne éclaircisse les circonstances de la mort de Víctor Jara. Il y a cependant peu d'avancées, alors même qu'en 2009 le dossier est réactivé par l'arrestation par l'auteur matériel (mais pas intellectuel) du crime.

Elle ne revient au Chili qu'au milieu des années 1980. À son retour, elle crée le centre de danse Espiral, qui sera fondamental dans la formation de diverse générations de danseuses et chorégraphes, et lutte constamment pour faire la lumière sur l'assassinat de son mari[4]. En 1993, elle crée la Fondation Víctor Jara, qui cherche à diffuser et à promouvoir l'héritage de l'artiste[5].

Le , la Chambre des députés, puis le le Sénat du Chili, votent pour lui accorder la « nationalité par grâce[6] ». En juin, la présidente de la République, Michelle Bachelet, lui délivre officiellement la nationalité chilienne[7].

En 2013, le juge chilien Miguel Vásquez détermine que Víctor Jara est mort le à cause d'« au moins 44 impacts de balles », selon l'autopsie. Les recherches judiciaires indiquent que l'homme qui a appuyé sur la détente est Barrientos, un lieutenant de l'armée.

Le , un tribunal fédéral d'Orlando, aux États-Unis, juge l'ex-militaire chilien Pedro Barrientos, nationalisé américain, coupable de torture et d'assassinat extrajudiciaire de Víctor Jara. L'ancien militaire est condamné par le jury à payer des dommages et intérêts de 28 millions de dollars à la famille. Le jugement civil a commencé avec la plainte déposé par Joan Turner Jara, et ses deux filles, Manuela Bunster et Amanda Jara. Elle est présentée en 2013 par le Centre de Justice et Responsabilité (CJA), dont le siège est à San Francisco[8].

Ĺ’uvres

Veillée funèbre de Víctor Jara, réalisé en décembre 2009 dans le « Galpón Víctor Jara ».
  • En 1983 elle publie VĂ­ctor Jara, un canto truncado
  • Pendant son premier sĂ©jour au Chili elle crĂ©e le « Ballet populaire » avec un groupe de danseurs professionnels du Ballet national chilien. La mission du « Ballet populaire » Ă©tait la diffusion de la danse dans les secteurs ruraux du pays.
  • Ă€ la fin des annĂ©es 1960, elle crĂ©e au sein de l'UniversitĂ© du Chili le cursus de professeur de danse pour enfants.
  • En 1985 Ă  son retour d'exil, elle fonde avec son ex-mari Patricio Bunster le centre de danse Espiral, pour former des professeurs de danse de quartiers populaires.
  • En 1986 elle fonde le groupe de danse de l'universitĂ© de ConcepciĂłn.

Prix et reconnaissance

Références

  1. Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 9-11 p., « Joan »
  2. Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 14-16 p., « Joan »
  3. (es) « "Masacre en el estadio" (documental de Netflix, 2019): cómo Netflix investigó el crimen de Víctor Jara », La Tercera.
  4. (es) « Mujeres Bacanas | Joan Jara (1927) », Mujeres Bacanas, (consulté le )
  5. (es) « La Fundación – Fundación Victor Jara » (consulté le )
  6. (es) « Historia de la Ley n° 20347 - Conferir la nacionalidad chilena, por especial gracia a la ciudadana británica doña Joan Alison Turner Roberts (Joan Jara) », Biblioteca del Congreso Nacional de Chile,
  7. (es) « Bachelet le otorgó la nacionalidad por gracia a Joan Turner, viuda de Víctor Jara », Radio ADN, (consulté le )
  8. (es) El País, « EE UU halla culpable del asesinato de Víctor Jara a un exmilitar chileno », El País (consulté le ).
  9. (es) « Chile se mueve con la danza », sur diario.elmercurio.cl (consulté le )
  10. (es) « Manuel García homenajea a Joan Jara en nuevo disco ».
  11. (es) « Joan Turner recibe Orden al Mérito Artístico y Cultural Pablo Neruda « Diario y Radio U Chile » (consulté le ).
  12. (es) « En 2018 Joan Jara recibe premio de la USACh por su trayectoria en la promoción de los DDHH ».
  13. (es) « Academia Chilena de Bellas Artes entrega premio a la trayectoria a Joan Jara ».
  14. (es) El Mercurio S.A.P, « Joan Turner, viuda de Víctor Jara, fue elegida como Premio Nacional de Artes de la Representación y Audiovisuales 2021 | Emol.com », sur Emol, (consulté le )

Liens externes

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