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Jean Perzel

Jean Perzel, d'origine autrichienne ou bavaroise, selon les sources divergentes à cet égard, né le et mort à Paris le , est un maître verrier, pionnier du luminaire et de l'éclairage en France dès les années .

Jean Perzel
Fonctions
Maître verrier, Artisan d'art, Créateur de luminaires
Créateur de l'Atelier Jean Perzel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  94 ans)
Paris
Nom de naissance
Joseph Perzl
Nationalités
française (à partir du )
allemande
autrichienne
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Conflit
Mouvements
Site web
Distinction
signature de Jean Perzel
Signature

Il travaille avec des architectes et décorateurs de l'Art déco et de l'architecture moderniste sur des monuments comme le Palais de la Société des Nations à Genève, la Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg ou encore le Paquebot Normandie.

Biographie

Enfance

Joseph Perzl dit Jean Perzel est né le 2 mai 1892 à Bruck aujourdhui Fürstenfeldbruck[1], une commune de Bavière, selon quelques sources, ou Most pri Bratislave, (alors Bruck, en Tchéquie, territoire autrichien) selon d'autres[2].

Fils et petit-fils de verrier, Jean Perzel est très tĂ´t, passionnĂ© par le verre[3]. Il suit l’apprentissage traditionnel de MaĂ®tre verrier Ă  Munich et sort, Ă  16 ans, major de sa promotion.

Formation

Il entreprend alors un tour d'Europe à pied. Il arpente l'Autriche, la Bohème, la Suisse, l'Italie du Nord, puis la France, se faisant embaucher dans des ateliers et se familiarisant avec les différentes techniques séculaires des maîtres verriers.

En 1910, Ă  l'âge de 18 ans, il arrive Ă  Paris et travaille chez un maĂ®tre verrier oĂą il perfectionne son art. Une annĂ©e plus tard, en 1911, il part pour Alger oĂą la gestion d’une commande lui a Ă©tĂ© confiĂ©e. Ă€ son retour en 1914, la guerre Ă©clate, il s’engage alors dans la lĂ©gion Ă©trangère oĂą il sera caporal.

Cinq ans plus tard, en 1919, il est démobilisé et obtiendra plus tard sa naturalisation française (officialisée le 7 avril 1925[4]). Il reprend alors son activité de verrier d'art et intègre de 1919 à 1922, l’atelier parisien de Jacques Grüber.

À cette époque, l'électricité commence à entrer dans la vie quotidienne, Jean Perzel adapte des techniques utilisées dans la création de vitraux, à la lumière électrique. Il réalise ainsi ses toutes premières lampes en traitant l'électricité comme les verriers d’autrefois traitaient le soleil, en masquant la source lumineuse tout en utilisant largement ses rayons[5].

L'Atelier Jean Perzel

Création

Dans une recherche tant esthétique que technique, Jean Perzel va faire table rase de tout ce que la bougie, la lampe à huile, à pétrole, ou le gaz imposaient encore à l'œil[5]. Jean Perzel se spécialise alors dans l’étude de l’éclairage et fonde sa société ; L’Atelier Jean Perzel naît en 1923.

Collection Jean Perzel, 1925.

Sa recherche tend à amplifier l'intensité et la qualité de l'éclairage tout en diffusant la lumière uniformément, sans éblouir. Il s’intéresse à des matériaux permettant un filtrage de la lumière, comme le verre nacré et dépoli. Ses créations allient verre et monture en métal dans un style moderniste[6]fait de recherche d’élégance et de pureté des formes.

En 1924, il expose au Salon d'automne[7] où il rencontre ensembliers, architectes, décorateurs et artistes comme Pierre Chareau, Robert Mallet-Stevens, Djo-Bourgeois, René Prou, Jean Dunand... Il expose également dès 1925 au Salon des artistes décorateurs où Robert de Rothschild, collectionneur et mécène, décide d’acquérir la totalité des luminaires présentés sur son stand.
Ces expositions permettent de révéler au public « son verre diffusant, distribuant une lumière rationnelle, et ses appareils [qui] par leur ingéniosité, leur ligne, [...] la qualité du verre, furent enfin, remarqués » (G. Derys, Mobilier et décoration, revue française des arts décoratifs appliqués, 1933)[3].

Renommée

Jean Perzel a été le premier à créer des appareils d'éclairage modernes avec une approche méthodique, presque scientifique, de l'éclairage[8]. Embrassant l'ère Art déco et moderniste, l'art du maître verrier suscite commandes publiques et privées. Il travaille avec des décorateurs et architectes comme Jacques-Émile Ruhlmann, Jules Leleu, Robert Mallet-Stevens, Eckart Muthesius ou Michel Roux-Spitz[9] - [10], lequel est en 1931, en charge de la construction de l'immeuble qui, aujourd’hui encore, abrite les ateliers et le showroom de l'Atelier Jean Perzel, Rue de la Cité-Universitaire à Paris[11].

Bureau de Michel Roux-Spitz illuminé par une lampe no 162 de Jean Perzel, 1931. Présenté au Salon des Artistes décorateurs de 1930 et installé ensuite dans l'agence de l'architecte (33, rue O. Feuillet à Paris).

Sa réputation grandit et plusieurs articles sur ses innovations paraissent[12] - [3]. Il reçoit plusieurs récompenses et distinctions dans les expositions d'Arts appliqués : médaille d'or à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925[13], premier prix au concours d'éclairage organisé au Salon des Décorateurs en 1928, quatre premiers prix au concours des luminaires de 1936, Grand Prix lors de l'Exposition universelle de 1937[14].

Ernest Tisserand le qualifie de maître de la lumière moderne :

« Devant Jean Perzel, il me semble que tous les éclairagistes ont fui. Ils étaient autrefois un certain nombre à l'imiter, à le démarquer. Mais le public ne s'y trompe pas et Perzel demeure seul maître de la place. (…) Perzel est vraiment le prince de la lumière moderne. »

— L'Art vivant, revue du 1er janvier 1930, Ernest Tisserand[15]

Marquant de son empreinte le monde de l'éclairage[3], il est chargé de réaliser les éclairages de lieux à travers le monde. Lampes, plafonniers et lampadaires illuminent la brasserie La Coupole, un plafond lumineux signé Jean Perzel est installé à La Samaritaine[16]. En 1935, il remporte le concours international et participe au concours pour l'aménagement du Palais de la Société des Nations à Genève ; des appliques[17] sont installées dans le Palais des Nations ; il conçoit des lampes en verre et en métal patiné foncé, de petites appliques montées sur des consoles décoratives avec des abat-jour aux formes oscillantes (Galerie des Commissions), des lampadaires coniques (Galerie des Pas Perdus) et de grands lustres ronds[1] ; en outre, Jean Perzel conçoit des lampes ou des systèmes d'éclairage pour des églises (Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg) ou des paquebots, notamment le Normandie[1] et le Queen Mary, pour la Villa Noailles et l'atelier d'artiste de Tamara de Lempicka[18], tous deux conçus par Robert Mallet-Stevens. Il crée également une lampe d'étude pour la Cité internationale universitaire de Paris[19], la lampe no 509 bis dotée d'un cache coulissant qui épouse un abat-jour de verre dépoli, permettant d'orienter la lumière[20] - [21].

Il travaille également en Europe et en dehors de l'Europe, il a notamment été en charge de l'éclairage du Palais de Manik Bagh pour le maharadjah d'Indore[22], du Palais Chitralada, résidence du roi de Siam à Bangkok, de l'Ambassade du Canada à La Haye ou encore de l'Institut français de Londres. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 31 octobre 1938[23].

Une entreprise familiale

En 1933, Jean Perzel appelle près de lui son jeune neveu, François Raidt, qui rejoint l’entreprise Ă  laquelle il consacrera dès lors toute sa vie. François Raidt, alors âgĂ© de 14 ans, apprend le mĂ©tier de verrier d'art et suit en parallèle des cours du soir sur l'architecture. Jean Perzel lui inculque la rigueur de l'ingĂ©nierie dans la crĂ©ation de ses luminaires et la simplicitĂ© de leurs formes afin que chaque pièce puisse toujours ĂŞtre synonyme de modernitĂ©. François Raidt seconde alors Jean Perzel, dessine, peaufine et simplifie techniquement certains assemblages.

Jean Perzel et son neveu François Raidt, 1954.

Ă€ 18 ans, il sera Ă  la tĂŞte d'une importante commande passĂ©e en 1937 par Henry Ford[24]. Ce dernier, Ă  l'occasion de la sortie de son vingt-cinq millionième vĂ©hicule, souhaite sous 36 heures une sĂ©rie d'objets dĂ©coratifs rĂ©alisĂ©s Ă  partir de pièces dĂ©tachĂ©es Ford, qu'il offrirait ensuite Ă  certains membres Ă©mĂ©rites du groupe. En l'absence de son oncle, François Raidt lui soumet alors dans les dĂ©lais impartis une vingtaine de propositions, toutes acceptĂ©es par l'industriel[25].

C'est en 1951 que Jean Perzel confie la direction de l'entreprise à François, qui la transmettra lui-même en 1994 à son fils Olivier Raidt, se trouvant encore en 2023 à ce poste.

Après la seconde guerre mondiale, Jean Perzel se focalise sur la création de nouveaux éclairages extérieurs pour les villes devant se reconstruire en période d’après-guerre. Son activité, en baisse pendant la guerre malgré sa présentation à la Foire de Lyon à l'automne 1942[26], reprend et ses innovations continuent : il est temps de retrouver cette "lumière d'autant plus désirée qu'elle fut plus longtemps absente"[27] pendant la guerre. Il associe notamment la lentille de Fresnel au bronze.

Précurseur dans le domaine de l'éclairage moderne, Jean Perzel marque l'histoire des Arts décoratifs. Certains de ses luminaires sont exposés au Musée d'Art moderne de Paris[28]. La compagnie d’éclairage éponyme de Jean Perzel existe encore en 2023, sous la direction d'Olivier Raidt[29], petit-neveu du fondateur. Ses luminaires y sont toujours fabriqués artisanalement selon les méthodes d'origines et exposés dans l'immeuble Art Déco de l'entreprise familiale à Paris, 3 Rue de la Cité-Universitaire[30]. En 2008, elle s'est vu décerner le Label Entreprise du patrimoine vivant[31] pour son savoir-faire dans le respect de la tradition artisanale, mais aussi pour la transmission de celui-ci.
Jean Perzel meurt Ă  Paris le 26 octobre 1986.

Notes et références

  1. Daniela Papenberg 2021
  2. (en) « Jean Perzel », sur encyclopedia.design, .
  3. Gaston Derys, « Jen Perzel », Mobilier & Décoration,‎ , p. 484-489 (lire en ligne).
  4. Journal officiel de la République française, Naturalisation française, Journal du 6/7 avril 1925, page 3515.
  5. Jean Perzel, « L'Art dans l'éclairage moderne », Lux, la revue de l'éclairage,‎ , p.125-126 (lire en ligne).
  6. Gaston Varenne, « Procédés et appareils modernes d'éclairage », Art & Décoration,‎ , p. 103-112 (lire en ligne).
  7. Ivanhoé Rambosson, « L'orientation décorative au Salon d'Automne », Comoedia,‎ (lire en ligne).
  8. Marcel Honoré, « Appareils d'éclairage de Jean Perzel », Mobilier & Décoration,‎ , p. 107 à 110 (lire en ligne).
  9. Lampadaire no 13 C par Jean Perzel dans les bureaux de Michel Roux-Spitz, Paris, 1930. Bibliothèque de la Smithsonian Institution.
  10. Bureau personnel de Michel Roux-Spitz illuminé par la lampe no 162, exposé au Musée des Arts décoratifs de Paris.
  11. Publicité sur les nouvelles salles d'exposition, rue de la Cité Universitaire dans le Catalogue de la Société des artistes décorateurs, 1931.
  12. Marcel Zahar, « Les luminaires de Jean Perzel », Art & Décoration,‎ , p. 220 à 224 (lire en ligne)
  13. Liste des récompenses de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, 1925.
  14. Grand Prix de l'Exposition internationale des Arts et des Techniques de 1937.
  15. Article "Le XXe Salon des décorateurs", L'Art Vivant, 1930.
  16. La Samaritaine, Etude historique et patrimoniale, Attrapa, mai 2011.
  17. Croquis des appliques no 652 pour la Société des Nations, Collection du Centre Pompidou.
  18. Lampadaire no 15 dans l'entrée de l'Atelier de Tamara de Lempicka, rue Méchain - Décoratrice Adrienne Gorska, architecte Robert Mallet-Stevens, luminaires par Jean Perzel, Paris, 1931. Bibliothèque de la Smithsonian Institution.
  19. Une chambre d'étudiant avec la lampe no 509 bis de Jean Perzel, à la [Cité internationale universitaire de Paris] vers 1937.
  20. Croquis de la lampe no 509 de Jean Perzel, pour la [Cité internationale universitaire de Paris], 1935, Archives nationales.
  21. Lampe no 509 bis de Jean Perzel, pour la [Cité internationale universitaire de Paris], Archives nationales.
  22. (de + en) Reto Nigglo, Eckart Muthesius 1930: Der Palast Des Maharadschas in Indore/the Maharaja's Palace in Indore : Architektur Und Interieur/Architecture and Interior, 176 p. (ISBN 9783925369551)
  23. Chevalier de la LĂ©gion d'honneur, no 222 708, 31 octobre 1938.
  24. Objets décoratifs réalisés à partir de pièces détachées Ford - Commande exécutée par François Raidt pour Henry Ford, 1937.
  25. Article "Lumière mécanique", Automobiles classiques, n°81 mars avril 1997.
  26. Stand de Jean Perzel, Foire de Lyon, Automne 1942.
  27. Article "Après une nuit de cinq années", Lux, la revue de l'éclairage, 1946, p. 2-3.
  28. Lampadaires Jean Perzel, Collection du Musée d'Art moderne de Paris.
  29. Article "Olivier Raidt, la tradition Jean Perzel", Connaissance des Arts, 2009.
  30. Article "Perzel : dans les arcanes de la lumière", La Gazette Drouot, 2019.
  31. Liste des Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV) sur hello-france.com

Articles et bibliographie

  • (de) Daniela Papenberg, « Perzel, Jean », Allgemeines KĂĽnstlerlexikon - Internationale KĂĽnstlerdatenbank - Online, edited by Andreas Beyer, BĂ©nĂ©dicte Savoy and Wolf Tegethoff, Berlin, New York, K. G. Saur,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )Accès payant
  • Dictionnaire des artistes dĂ©corateurs, Ă©d. 1953, Biographie de Jean Perzel
  • « Notre Histoire », sur Atelier Jean Perzel
  • « Comment Perzel a inventĂ© l’éclairage moderne », Dandy Magazine,‎ (lire en ligne)
  • « Jean Perzel ou l’énergie de l’épure », La Gazette Drouot,‎ (lire en ligne)
  • « Les luminaires Perzel continuent d'illuminer », CĂ´tĂ© Maison,‎ (lire en ligne)
  • « Perzel, sculpteur de lumière », LUX,‎ (lire en ligne)
  • « Ateliers Jean Perzel, l'Ă©clairage Haute Couture », INTRAMUROS,‎ (lire en ligne)
  • Emmanuel BrĂ©on, 1925, Quand l'Art DĂ©co sĂ©duit le monde (ISBN 9782915542554)
  • Pierre Kjellberg, Art DĂ©co : Les maĂ®tres du mobilier, le dĂ©cor des paquebots (ISBN 9782859175122)
  • Alastair Duncan, Art DĂ©co (ISBN 9782850883019)
  • Alastair Duncan, Art Deco Complete: The Definitive Guide to the Decorative Arts of the 1920s and 1930s (ISBN 9780810980464)
  • Charlotte Fiell, 1000 Lights: 1878 to 1959 (ASIN B008SLM1A0)
  • FrĂ©dĂ©ric Ollivier, A bord des Paquebots, 50 ans d'Arts DĂ©coratifs (ISBN 9782915542387)
  • Guillaume Janneau, Luminaire (3 sĂ©ries) et le luminaire moderne (ISBN 9782909458007)
  • Anne Bony, Les Annees 30 d'Anne Bony (ISBN 9782903370343)
  • Yvonne Brunhammer et Suzanne Tise, Les Artistes DĂ©corateurs 1900-1942 (ISBN 9782080109194)
  • Bruno Foucart, NORMANDIE, L'Ă©popĂ©e du GĂ©ant des mers (ISBN 978-2733500866)

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