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Entreprise du patrimoine vivant

Entreprise du patrimoine vivant (EPV) est un label officiel français, créé en 2005, délivré sous l'autorité du ministère de l'Économie et des Finances, afin de distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels jugés comme d'excellence. Accessible aux entreprises exerçant une activité de production, de transformation, de réparation ou de restauration, hors le cas des secteurs agricoles et de la pêche, il est attribué pour une période de cinq ans renouvelable.

Entreprise du patrimoine vivant (EPV)
illustration de Entreprise du patrimoine vivant

Création
Dates clés 2006 : Premières labellisations
2011 : Ouverture du label au secteur alimentaire
2019 : Gestion du label confiée à l'Institut National des Métiers d'Art
Slogan L'excellence des savoir-faire français
Siège social Paris
Activité Patrimoine bâti
DĂ©coration
Arts de la table
Gastronomie
Culture et loisirs
Mode et beauté
Équipements professionnels
Site web www.institut-metiersdart.org/epv

Objectifs

Contrairement au Japon où la notion de « patrimoine vivant » s'applique à des personnes disposant d'un savoir-faire unique qu'elles sont chargées de transmettre, la France, dans la lignée du concept de patrimoine culturel immatériel défendu par l'Unesco, a choisi d'appliquer ce concept à des entreprises[1]. Cette terminologie « évoque l’idée d’un ensemble commun à un nombre important de personnes, transmissible de génération en génération, bénéficiant ou nécessitant une protection particulière pour permettre sa conservation ou éviter sa disparition »[2].

Le label « entreprise du patrimoine vivant » (EPV) a été créé par l'article 23 de la loi en faveur des PME du 2 août 2005. Il peut « être attribué à toute entreprise qui détient un patrimoine économique, composé en particulier d'un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire »[3].

Le label « entreprise du patrimoine vivant » a pour objectif d'être un appui opérationnel aux entreprises possédant des savoir-faire jugés d'excellence et fabricant en France. Il vise pour cela à faciliter leur médiatisation à l'échelle nationale et internationale, créer et saisir des opportunités d'affaires, les inciter à innover, conforter leur croissance, assurer le développement de l'emploi et favoriser leur transmission[3] - [4]. Dans les faits, le label manque de visibilité et nombre de français ne connaissent pas son existence[5].

Fonctionnement du label

Le label, valable cinq ans mais renouvelable, est accessible aux entreprises exerçant une activité de production, de transformation, de réparation ou de restauration, hors le cas des secteurs agricoles et de la pêche[1] - [4] - [2]. L’artisan d’art qui travaille sans le support d’une structure semble exclu de la possibilité d’obtenir ce label[2]. Ces entreprises doivent être correctement immatriculées et à jour de leurs charges fiscales et sociales[1]. Elles doivent tout d'abord détenir un patrimoine économique spécifique et rare (équipements, documentation technique, droits de propriété intellectuels, marché ou réseau de clientèle remarquable). L'objectif est de labelliser tout ce qui contribue à valoriser le patrimoine, c’est-à-dire la rareté, la notoriété et l’originalité des produits, ou bien encore la possession d'un nom ou d'une marque célèbre[1] - [4] - [2]. Les entreprises doivent également posséder un savoir-faire rare et notoire. La maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité requiert des compétences particulières qui ne peuvent être acquises par des formations normales. Le geste professionnel, la technique du geste sont l'objet de la protection offerte par le label[1] - [4] - [2]. Le dernier critère est la renommée de la dimension culturelle de l'entreprise (façon de travailler, locaux à valeur historique ou architecturale, etc.) et l'ancienneté de leur implantation géographique[1] - [4] - [2].

L’Institut National des Métiers d'Art est chargé, depuis 2019, de l'instruction du dossier qu'il complète du résultat des demandes d'avis aux services de l’État en région et aux établissements consulaires compétents. Il fait également réaliser des visites sur site. Un groupement d'experts professionnels (GEPEX) donne ensuite un avis mais la décision finale revient aux préfets de régions.

Aide aux entreprises

Les EPV disposent d'incitations fiscales telles qu'un crĂ©dit d'impĂ´t de 15 % des dĂ©penses de crĂ©ation de nouveaux produits et un crĂ©dit d’impĂ´t apprentissage de 2 200 â‚¬ par apprenti et par an. Elles peuvent Ă©galement obtenir une aide au financement par Bpifrance et la SIAGI, sociĂ©tĂ© de caution mutuelle pour les petites entreprises, mais aussi d'aides par les organismes consulaires et professionnels[4].

Le label permet Ă  des entreprises d'ĂŞtre choisies pour disposer d'une place Ă  des salons internationaux[4]. Des aides Ă  l'export sont Ă©galement disponibles telles que la prise en charge jusqu'Ă  50 % d'une prestation d'accompagnement Ă  l'export, un soutien Ă  l'envoi d'une mission de volontariat international en entreprise, une assurance prospection pour les petites entreprises[6].

Les entreprises labellisées

Les entreprises labellisées appartiennent à sept grands univers : la décoration, la mode et la beauté, le patrimoine bâti, les équipements professionnels, la culture et les loisirs, la gastronomie et les arts de la table[7]. En 2017, elles sont à 88 % des PME et 72 % à réaliser un chiffre d'affaires à l'export[7]. Elles réalisent au total entre 20 et 30 % de leur chiffre d'affaires à l'export[5], mais pour 14 % d'entre elles, il est supérieur à la moitié[7]. Le label est jugé par des directeurs d'entreprises avoir un impact très positif vis-à-vis de la clientèle étrangère[8]. Il est de plus en plus reconnu à l’échelle internationale « comme un label adossé aux plus grandes marques relevant de l’univers de luxe et de l’excellence. L’histoire est de la sorte intégrée au business model de l’entreprise : elle permet de bien distinguer l’offre produit »[9].

Les entreprises labellisées sont confrontées à quatre problèmes principaux. Pour faire face à la disparition des filières de formation, elles organisent une formation en interne avec des anciens salariés faisant office de tuteurs. Mais, la longue durée d’apprentissage (entre 3 et 5 ans) et la difficulté de recruter des candidats prêts à s'investir sur le long terme constituent des freins. De même, l'accompagnement, en particulier financier, des collectivités et de l’État est jugé insuffisant[5].

En 2017, près de 1 400 entreprises françaises sont labellisées, totalisant 62 000 emplois pour un chiffre d’affaires cumulé de près de 14 milliards d'euros[7].

Notes et références

  1. Jean-Marie Pontier, « Le vin, élément de patrimoine », dans Karen Fiorentino et Sophie Monnier, Les archives de la vigne et du vin : enjeux patrimoniaux, juridiques et culturels, Paris, L'Harmattan, , 288 p. (ISBN 9782343187860, lire en ligne), p. 23-43.
  2. Stéphanie Loup et Marie-Andrée Rakotovahiny, « Protection et valorisation de la créativité artisanale », Management et avenir, no 40,‎ , p. 110-115 (lire en ligne).
  3. Dictionnaire de l'artisanat et des métiers, Paris, Cherche midi, , 512 p. (ISBN 978-2749109022, lire en ligne), p. 176-177.
  4. « Comment obtenir le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant », sur entreprendre.fr, (consulté le )
  5. Victor, « Quid de la transmission des savoir-faire d’excellence ? », sur journalduluxe.fr, (consulté le )
  6. Philippe Legueltel, « Les Entreprises du patrimoine vivant poussées à l'export », sur lesechos.fr, (consulté le )
  7. « Les entreprises du patrimoine vivant (EPV) : un réseau qui cultive l’excellence des savoir-faire français », sur cge.asso.fr, (consulté le )
  8. « De l’usage des machines patrimoniales dans l’industrie contemporaine. Deux exemples textiles en Occitanie : L’Arsoie et Les Toiles du Soleil », Patrimoines du sud,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/pds.3552, lire en ligne)
  9. Martine Hlady-Rispal, « Enjeux et difficultés de l'affirmation d'un territoire du luxe : coconception d'un modèle de cluster dédié aux savoir-faire d'exception », dans Bertrand Blancheton, Vers le haut de gamme made in France, Colloque des 21 et 22 novembre 2019, Paris, Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, , 260 p. (ISBN 9782111620957, lire en ligne), p. 199-222.

Bibliographie

  • Savoir-faire français d’excellence, 43 entreprises du patrimoine vivant, Paris, Beaux Arts, , 96 p..
  • Jean-Jacques BarbiĂ©ri, « Des conditions d'attribution du label « entreprise du patrimoine vivant » », Revue de droit rural, vol. 344,‎ , p. 33-34.
  • StĂ©phanie Loup et Marie-AndrĂ©e Rakotovahiny, « Protection et valorisation de la crĂ©ativitĂ© artisanale », Management et avenir, no 40,‎ , p. 110-115 (lire en ligne).
  • Jean-Marie Pontier, « Le vin, Ă©lĂ©ment de patrimoine », dans Karen Fiorentino et Sophie Monnier, Les archives de la vigne et du vin : enjeux patrimoniaux, juridiques et culturels, Paris, L'Harmattan, , 288 p. (ISBN 9782343187860, lire en ligne), p. 23-43.

Annexes

Articles connexes

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