Jean Bosco Kazura
Jean Bosco Kazura, né en 1963 au Rwanda ou au Burundi[1], est un général rwandais. Après une forte implication durant la guerre civile rwandaise, il devient président de la fédération rwandaise de football. Il demeure toujours au sein de l'armée rwandaise, et est nommé en 2013 à la tête de la MINUSMA par l'ONU. En novembre 2019, Kazura est nommé chef d'état-major de l'armée rwandaise.
Jean Bosco Kazura | ||
Le général Kazura à Bamako en 2013. | ||
Naissance | ||
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Origine | Rwandais, Tutsi | |
Allégeance | Front patriotique rwandais (1992-1994) Rwanda (depuis 1995) |
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Grade | Général | |
Commandement | MUAS (2005-2007) MINUSMA (2013-2014) |
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Conflits | Guerre civile rwandaise Guerre du Darfour Guerre du Mali |
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Autres fonctions | Président de la fédération rwandaise de football | |
Biographie
Premières années
Jean Bosco Kazura est né en 1963 au Rwanda dans une famille tutsie ; son prénom est une référence au prêtre italien Jean Bosco[2]. Après l'exil de sa famille au Burundi, il y fait sa scolarité[3]. Il est licencié en anglais et en sciences humaines, ainsi qu'en droit. Il parle couramment français, anglais et kinyarwanda[4].
Il est diplômé lors de ses études militaires au sein de l'école militaire de Lusaka en Zambie en 1998, puis d'Abuja au Nigeria en 2001[5].
Carrière militaire
Il revient en 1990 au Rwanda, pour prendre le maquis[2]. Il rejoint début 1992 le Front patriotique rwandais, où il est chargé de récolter des informations, notamment en restant à l'écoute de Radio France internationale. C'est par de média qu'il apprend la destruction de l'avion du président Juvénal Habyarimana, le [4]. Il prend le rôle de traducteur-interprète attitré pour Paul Kagame, après l'assassinat du lieutenant Rwagasana, d'origine hutue[6].
Il est impliqué dans l'offensive militaire lancée par le Front patriotique rwandais, et qui met un terme au génocide des Tutsis en 1994[7].
Il occupe par la suite diverses fonctions au sein de l'armée rwandaise, agissant successivement comme général de brigade puis de division entre 1998 et 2003, jusqu'à celle de chef d'état-major au quartier général des forces armées rwandaises à Kigali, entre et 2013 — mission J3 selon la nomenclature OTAN — en passant par le rôle de responsable de l'entraînement de l'armée à l'occasion d'une réorganisation à la tête de l'armée entre et [7] - [5]. Il sert comme commandant adjoint de la force de maintien de la paix de l'Union africaine au Darfour[8]. Il est conseiller militaire auprès de Paul Kagame entre 2009 et 2010[5].
En , le major-général Kazura est nommé à la tête de la MINUSMA par l'ONU[9]. Il a été préféré à Oumar Bikimo, général tchadien et commandant des forces tchadiennes engagées au sein de la MISMA, car jugé politiquement plus neutre pour une action au Mali ; ceci a entraîné des déclarations négatives côté tchadien, l'ambassadeur menaçant de retirer ses troupes[10]. De même, la nomination du Kazura à la tête de la MINUSMA, en l'absence de troupes rwandaises, entraîne l'ire d'Abuja et le retrait des troupes nigérianes de la coalition, un mois après cette annonce[11]. Autre point, la nomination d'un Rwandais a surpris certains observateurs, du fait des soupçons pesant sur l'armée rwandaise, qui en particulier soutiendrait la rébellion du M23 dans le Kivu du Nord en République démocratique du Congo[12].
Il entre en fonction le 1er juillet, selon la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies, prenant le relai de la MISMA[5]. Il doit alors coopérer avec le Français commandant de la force Serval, le général Grégoire de Saint-Quentin ; le contact est parfois jugé difficile entre les deux hommes par la presse, du fait qu'ils ont tous deux combattu lors de la guerre civile rwandaise, l'un comme conseiller technique de l'armée nationale rwandaise au service du régime génocidaire hutu, l'autre au sein du FPR[13] - [2].
DĂ©but , Kazura quitte ses fonctions de chef militaire de la MINUSMA.
En , Kazura devient chef d'état-major de l'armée rwandaise en remplacement de Patrick Nyamvumba[14].
Manageur sportif
En , Kazura est élu à l'unanimité président de la fédération rwandaise de football amateur[15].
Lors de son premier mandat, il assura la réussite de l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations junior 2009. Après quatre ans, en l'absence de challengeur, il reste en poste en 2010[16]. Kazura démissionne de son poste de président de FERWAFA en [17].
Controverses
Relations avec l'opposition rwandaise
En 2009, Jean Bosco Kazura est inquiété dans le cadre de l'enquête sur la tentative de coup d'État fomentée contre le régime de Paul Kagame. Il est démis des fonctions qu'il occupe alors, à savoir celles de conseiller spécial du président[18].
En , il part pour l'Afrique du Sud afin d'assister à la Coupe du Monde. Néanmoins, n'étant pas parvenu à obtenir les autorisations nécessaires de la part de sa hiérarchie militaire, il est rappelé et arrêté dès son retour sur le sol rwandais[2] - [19]. Kazura a passé plus d'un mois en détention, avant d'être disculpé et relâché, après avoir présenté ses excuses[20].
Un porte-parole de l'armée a démenti tout lien entre cette arrestation et les allégations au sujet de supposés contacts entre Kazura et deux anciens officiers rwandais en exil en Afrique du Sud, l'ancien chef d'état-major le lieutenant-général Faustin Kayumba Nyamwasa et l'ancien chef du renseignement Patrick Karegeya, tous deux opposants au régime de Paul Kagame[21]. D'autres sources accusent Kazura d'avoir été à la tête d'un complot visant à assassiner ce même Nymawasa, sur ordre de Kigali, son arrestation n'étant qu'un leurre[22].
RĂ´le lors de la guerre civile rwandaise
Le journal Foreign Policy, en , interroge le rôle de Jean Bosco Kazura lors de la guerre civile consécutive au génocide des Tutsis. Selon le journal, celui-ci est l'auteur de crimes de guerre durant la phase finale du conflit, agissant comme commandant d'escadrons de la mort, sous le commandement de Patrick Nyamvumba, en compagnie de John Birasa et d'Emmanuel Butera. Le « bataillon Oscar », avec Kazura à sa tête, est chargé de ratisser les campagnes des préfectures de Byumba et Kibungo. Selon certains témoignages, Kazura a organisé et assisté en juin- à des tueries de civils hutus à Nasho, Rutonde, Rwanteru, ainsi qu'à des opérations d'épuration de l'administration en 1995 et 1996, les accusations portant même sur une implication personnelle dans l'assassinat et l'incinération des corps. Malgré un porter à connaissance auprès des Nations unies de ces accusations, Jean Bosco Kazura a été confirmé dans son poste de commandant de la MINUSMA[4].
Notes et références
- « AFRICA/RWANDA - Divisions within the Rwandan military: an analysis » [archive du ], Agenzia Fides - Palazzo "de Propaganda Fide", (consulté le )
- [radio] David Bacher, Le général rwandais Jean-Bosco Kazura, à la tête de la mission de l'ONU au Mali (chronique radiophonique), France Culture, coll. « Trait pour trait », (présentation en ligne, écouter en ligne). Chronique de 2 min 53 s diffusée le 2 juillet 2013 sur France Culture.
- (en) « AFRICA/RWANDA - Divisions within the Rwandan military: an analysis », sur www.fides.org, Agenzia Fides - Palazzo "de Propaganda Fide", (consulté le ).
- [PDF] (en) Judi Rever, « Rwandan Generals Accused of War Crimes in UN Employ », Foreign Policy Journal,‎ , p. 1-14 (lire en ligne).
- (en) « Secretary-General Appoints Major General Jean Bosco Kazura of Rwanda Commander of United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali - Biographical note », sur www.un.org, Organisation des Nations unies, (consulté le ).
- Lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, Rwanda : L’histoire secrète, Paris, Éditions du Panama, , 494 p. (ISBN 2-7557-0093-9, lire en ligne), p. 420-429.
- (en) « Rwanda arrests football head on way to World Cup », sur www.bbc.co.uk, British Broadcasting Corporation, (consulté le ).
- (en) « United Nations Press Release », sur www.un.org, Nations Unies, (consulté le ).
- RFi, « Le général rwandais Jean-Bosco Kazura dirigera la Minusma au Mali », sur www.rfi.fr, RFI, (consulté le ).
- Tchadanthropus, « Tchad / MINUSMA : Pourquoi le général rwandais Jean Bosco Kazura a été préferé au général tchadien Oumar Bikimo », sur fr.africatime.com, (consulté le ).
- Panapress, « Mali : le Nigéria retire ses troupes de la MINUSMA », sur www.operationspaix.net, (consulté le ).
- Laurent Lagneau, « Le général rwandais Jean-Bosco Kazura commandera les casques bleus au Mali », sur www.opex360.com, (consulté le ).
- veritas, « Du Rwanda en 1994 au Mali, les généraux Kazura et Saint-Quentin », sur veritasinfo.fr, (consulté le ).
- Mehdi Ba, « Rwanda : le ministère des Affaires étrangères change de visage », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
- (en) Emma Nsekanabo et Hamza Nkuutu, « Brig. Gen Kazura is FERWAFA chief », New Times - en ligne,‎ (lire en ligne).
- (en) Hamza Nkuutu, « No No More Excuses for Gen. Kazura », New Times - en ligne,‎ (lire en ligne).
- (en) « Basketball Boss Resigns », New Times - en ligne,‎ (lire en ligne).
- (en) « Coup plot to oust Kagame failed, Rwanda’s independent newspaper “Umuseso” reports », Umuseso, no 327,‎ (lire en ligne).
- (en) Edmund Kagire, « Brig. Gen Kazura Arrested », New Times - en ligne,‎ (lire en ligne).
- (en) Edmund Kagire, « Brigadier Gen Kazura Released », New Times - en ligne,‎ (lire en ligne).
- (en) Martin Plaut, « Division in Rwanda's military ranks », sur www.bbc.co.uk, BBC, (consulté le ).
- (en) « General Kazura Allegedly Implicated in Assassination Attempt », sur www.afroamemrica.net, (consulté le ).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jean Bosco Kazura » (voir la liste des auteurs).
- (no) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en norvégien intitulé « Jean Bosco Kazura » (voir la liste des auteurs).