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Jean Aufort

Biographie

Jean Aufort est né à Bordeaux en 1898. Très tôt, il aime dessiner. Tout en suivant les cours de l'Institution Saint-Serin, il suit les cours de dessin de l’école municipale des beaux-arts de Bordeaux. Son père, notaire, ne veut pas qu'il soit peintre et l'oblige à suivre l'enseignement de l’École supérieure de commerce et d'industrie de Bordeaux d’où il sort diplômé.

En , il est mobilisé au 83e régiment d'artillerie lourde. Après la Première Guerre mondiale, étudiant non démobilisable, il reprend ses études et passe le concours de l’École des beaux-arts de Paris. Il y est admis dans les ateliers d'Ernest Laurent et de Louis Roger. En 1920, libéré des obligations militaires, il revient à Bordeaux et rejoint l'atelier de Paul Quinsac.

En , Jean Aufort obtient un premier prix de peinture au concours en loge de l’école municipale des beaux-arts de Bordeaux. Pensionnaire de la Ville de Bordeaux, il obtient une bourse de séjour de trois ans aux Beaux-Arts de Paris.

Il se marie en avec sa marraine de guerre, Élise Maurin. Huit jours après, ils s'installent à Paris au 212, puis au 220, boulevard Raspail au cœur de Montparnasse. Jean Aufort côtoie à longueur de journée les vedettes des salons d'art. Il les apprécie et apprend beaucoup. Il expose régulièrement dans divers salons parisiens et bordelais (Société nationale des beaux-arts, galerie contemporaine, Salons de l'université, Salon des indépendants bordelais, la société bordelaise de l'Atelier, , etc.) jusqu'en 1943. Il obtient le prix Valérie Havard et une médaille d'argent au Salon de Paris de 1925, où il exposera jusqu'en 1930.

En 1928 et 1929, il est invité avec Jean Burkhalter au Salon des artistes de l'Yonne à Paris. L’État lui achète une Nature morte aux porcelaines pour le musée national Adrien Dubouché de Limoges. En 1929, invité par André Léveillé, Jean Aufort devient sociétaire et expose régulièrement au Salon des indépendants, cela jusqu'en 1963. Dans l'Yonne, il expose au Salon de Sens notamment avec Gustave Corlin et Henri Montassier.

En , il rencontre François Mauriac chez lui, avenue Théophile-Gautier à Paris. L'écrivain et le peintre ne cesseront d'être liés d'une amitié simple et fidèle. C'est un tournant dans sa vie. L'académicien lui préface ses deux premières expositions personnelles en mars et en à la galerie J.-P. Allard à Paris. Les vernissages sont honorés par Mauriac, Robert Rey et Louis Hourticq. L'État acquiert L'Église de Saint-Pey-de-Castets pour le musée Saint-Nazaire de Bourbon-Lancy et une aquarelle pour le musée des Beaux-Arts d'Orléans. L'été, Jean Aufort est invité par Mauriac dans sa propriété de Malagar en Gironde où il peint ses premières aquarelles.

En , il est mobilisé au service géographique de l'armée avec le peintre Albert Dubout, puis démobilisé en . En , il expose seul à la galerie Goya de Bordeaux Paysage de la Gironde, exposition organisée par son ami Jean Sauboa et le professeur de médecine Ferdinand Piéchaud. Il y fait une deuxième exposition en 1943, préfacée par Louis Piéchaud, journaliste.


À sa retraite en 1963, le couple s'installe aux Abatilles à Arcachon. En février 1965, leur fils unique, Michel, meurt à 38 ans des suites d'une grippe. C'est dans le travail et la foi qu'il va surmonter son deuil. Le peintre participe et expose à la galerie municipale d'Arcachon quasiment chaque année jusqu'à sa mort. Il fait quelques expositions personnelles : en 1968, préfacée par Paul Guth, en , préfacée par François Mauriac, en 1975 une exposition conjointe avec son ami de toujours, le professeur Raymond Darget, préfacée par Jean Dutourd. En , a lieu une rétrospective au Centre culturel de Tonneins et en , une deuxième rétrospective à la galerie municipale d'Arcachon.

Parallèlement à son activité de peintre, Jean Aufort est professeur de l'université de Paris. En , il est admis premier au certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré du dessin dans les lycées (concours national du professorat). En , il est nommé au lycée Thénard de Sens. Enseignant, il redécouvre l'aquarelle, inspiré par Constantin Guys et Jongkind. En , il devient membre du comité de rédaction de la revue naissante Le Dessin, revue d'art, d'éducation et d'enseignement avec Louis Hourticq, Pierre Darras, Paul Léon, J.-G. Goulinat, , etc. Il y publie de nombreux articles et tribunes libres. En , il est nommé au lycée Janson-de-Sailly à Paris, où il enseigne aux classes terminales et préparatoires. Il participe à de nombreuses manifestations artistiques organisées par l’Éducation nationale.

Début 1941, Jean Aufort s'engage dans la clandestinité au Front national universitaire et à l'Université libre. Il participera à la libération de Paris. En 1950, il est promu officier de l'Instruction publique. Il prend sa retraite en 1963.

Distinctions

Illustrateur et lithographe

Sa rencontre avec François Mauriac est décisive. L'écrivain autorise Jean Aufort à illustrer de 26 dessins son roman Commencement d'une vie. En 1939, il obtient le prix Catenacci de l'Académie française et le prix d'encouragement aux arts de la Ville de Paris.

En 1945, il commence sa carrière de lithographe avec l'illustration d'un manuscrit rare de Francis Jammes Rappel de la ville de Bordeaux. En 1946, il illustre un texte de l'historien d'art Raymond Isay Regards sur Paris, une ode au Paris retrouvé après la Libération. Les lithographies sont imprimées par Mourlot frères à Paris. C'est chez Mourlot que Pablo Picasso remarque le travail d'Aufort. Ils s'y retrouvent et échangent à plusieurs reprises.

En , il illustre avec des lithographies et des dessins originaux les Châteaux de la Loire d'Henri Colas.

En , avec l'autorisation de la veuve de Francis Jammes, il illustre son Roman du Lièvre. Le livre est réédité par l'Association Francis Jammes en , l'année du centenaire du Manifeste du Jammisme.

En , avec l'accord de la famille Mauriac et avec des textes que le peintre a choisis dans les Blocs notes et les Mémoires intérieures de François Mauriac, il crée et illustre Malagar, ma maison des champs, préfacé par Jacques Chaban Delmas, Gabriel Delaunay, Henri Amouroux et Claude Mauriac.

En , il écrit Un grand écrivain et un peintre, rencontre et souvenirs, livre illustré de dessins, d'aquarelles et de fac-similés de correspondance retraçant son amitié avec Mauriac.

Publications

  • Commencement d'une vie, de François Mauriac, 26 dessins de Jean Aufort, imprimĂ© par Ducros et Colas Ă  Paris en 350 exemplaires, Ă©ditĂ© Ă  compte d'auteur chez l'artiste, 23 rue Truffaud Ă  Paris.
  • Rappel de la ville de Bordeaux, de Francis Jammes, 13 lithographies de Jean Aufort, prĂ©face du baron FrĂ©dĂ©ric A. Chasseriau, Ă©ditĂ© chez Henri Colas Ă  Paris et Rousseau Frères Ă  Bordeaux, tirĂ© Ă  120 exemplaires.
  • Regards sur Paris, de Raymond Isay, lithographies de Jean Aufort faites par Mourlot Frères, Ă©ditĂ© chez Henri Colas et chez Rousseau Frères en 550 exemplaires.
  • Châteaux de la Loire, d'Henri Colas, lithographies originales de Jean Aufort faites chez Mourlot Frères aux Ă©ditions Rousseau Frères.
  • Le Roman du lièvre, de Francis Jammes, lithographies et dessins originaux de Jean Aufort chez Mourlot Frères aux Ă©ditions Marcel et Henri Priester Ă  Paris, rĂ©Ă©dition en 1997.
  • Malagar ma maison des champs, textes de François Mauriac organisĂ©s et illustrĂ©s par Jean Aufort, imprimĂ© chez Lafon Ă  Arcachon, Ă©ditĂ© Ă  compte d'auteur 16 allĂ©e Louis Le MariĂ© Ă  Arcachon, 1 025 exemplaires.
  • Un grand Ă©crivain et un peintre, de Jean Aufort, illustrĂ© de dessins, d'aquarelles et de fac-similĂ©s, imprimĂ© chez Lafon, Ă©ditĂ© Ă  compte d'auteur chez l'artiste Ă  435 exemplaires.

RĂ©ception critique

  • « La peinture d'Aufort est confidentielle… les aquarelles et pastels d'Aufort, cet hĂ©ritier de Corot et des Hollandais, retiendront les attentifs, ceux qui sont capables d'attendre qu'un paysage ordinaire s'apprivoise, se rapproche d'eux, et leur livre enfin Ă  la faveur d'un beau jour, son aspect Ă©ternel ». François Mauriac.
  • « […] Toute l’œuvre d'Aufort est marquĂ©e de franchise, de sensibilitĂ©, d'une impeccable probitĂ©, de discrĂ©tion. HĂ©ritier de Corot, Aufort maintient les lettres de noblesse du classicisme. La construction est rigoureuse, les volumes s'articulent. L'architecture de la toile, solide, dĂ©pouillĂ©e, laisse la part du rĂŞve. Sa composition sobre, juste, vĂ©ridique, se complète d'esprit et de finesse… Aufort propose des Ĺ“uvres figuratives abouties, partagĂ©es entre une tendresse mĂ©lancolique et de grands Ă©lans d'enthousiasme face Ă  la beautĂ© du monde ». Pierre Osenat.
  • « Or, cet ĂŞtre douĂ© et sensible qui ne sĂ©pare jamais son art de sa vie, rompu par des maĂ®tres exigeants Ă  Ă©tudier les chefs-d'Ĺ“uvre et Ă  observer la nature, est un artiste complet, aussi habile Ă  peindre un nu, un portrait, une nature morte, qu'une composition dĂ©corative, maĂ®tre de tous les moyens d'expression, l'huile, l'aquarelle, le crayon, le pastel, la plume, la pointe sèche, sans jamais oublier que ce sont seulement des moyens de recrĂ©er l'essentiel, la vie et la poĂ©sie du monde… ». Robert Genaille.
  • « Trop influencĂ© par Marquet, mais il vaut mieux, n'est ce pas, subir cette influence que bien d'autres. Au surplus, Monsieur Aufort reste suffisamment lui-mĂŞme pour ne pas dĂ©tourner l'attention du visiteur. Cet un artiste probe, scrupuleux et attachant ». Lizotte (critique du Salon de Paris d').

Notes et références

    Annexes

    Bibliographie

    • Dictionnaire BĂ©nĂ©zit, 1, p. 78 ([PDF] en ligne).
    • L'Atelier, SociĂ©tĂ© des artistes peintres, sculpteurs, architectes, graveurs de Bordeaux, 16e Salon de 1925, catalogue.
    • Salon des IndĂ©pendants bordelais, catalogue, 42 rue de ChĂ©verus Bordeaux, 1928.
    • Le Dessin revue d'art et d'enseignement, nombreux articles et tribunes libres signĂ©s Jean Aufort de 1929 Ă  1946.
    • Catalogue de l'exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne, Paris, 1937.
    • Catalogue du Salon national indĂ©pendant, Paris, 1939.
    • Jean et Bernard Guerin, Des hommes et des activitĂ©s autour d'un demi-siècle, Édition BEB, 1957, p. 27.
    • Pierre Osenat , « Aufort le sage », Le CaducĂ©e, no 188, , p. 85.
    • Pierre Osenat, « Peintres girondins », Le CaducĂ©e, no 304, , — Neuf peintres, dont Jean Aufort.
    • Dominique Lopez , « Corot est son maĂ®tre mais il ressemble Ă  Chardin : Jean Aufort », Sud-Ouest dimanche, [date ?].
    • Dominique Lopez, « Malagar sans Mauriac, la maison des champs retrouvĂ©e grâce au pinceau d'un poète », Sud-Ouest dimanche, .
    • « Jean Aufort la fidĂ©litĂ© et la lumière », Sud-Ouest spĂ©cial 100 ans de Mauriac, deuxième semestre 1985, p. 23.
    • Dessinateurs, peintres, sculpteurs en pays tonneinquais, Édition La mĂ©moire du fleuve, no 51, hiver-printemps 2012.
    • Isabelle de Montvert Chaussy, « Jean Aufort, toute une âme dans les paysages », in Malagar, objet de roman, roman des objets, Éditions de l'Entre-Deux-Mers, , pp. 84 et 85.
    • 30 ans d'amitiĂ© avec François Mauriac, exposition au centre de documentation de Malagar Ă  l'occasion du 32e colloque international Cher ami… organisĂ© par l'universitĂ© Michel Montaigne de Bordeaux 3, TELEM et le SIEM (SociĂ©tĂ© internationale des Ă©tudes mauriaciennes) Ă  Bordeaux et Ă  Malagar le 10 novembre 2018, L'amitiĂ© dans l'Ĺ“uvre et la vie de François Mauriac.

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