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Jean-Pierre Chabrol

Jean-Pierre Chabrol, né le à Chamborigaud et mort le à Ponteils-et-Brésis[1], est un écrivain français.

Jean-Pierre Chabrol
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Biographie

Jean-Pierre Chabrol est né le à Chamborigaud, au premier étage de la mairie qui est à l'époque le logement de l'instituteur. Il est élevé dans les Cévennes, au sein d'une famille d’instituteurs de l’école laïque. Son grand-père paternel, Élie, « chevrier biblique », paysan, digne descendant des camisards, l’influence beaucoup.

Il effectue ses études primaires et secondaires à Alès, à l'école du Quai-Neuf (devenu quai des Prés-Rasclaux), où ses parents enseignent, puis au lycée Jean-Baptiste-Dumas. Il s'intéresse très tôt au dessin et à la poésie. Il prend des cours de dessin avec le peintre génolhacois André Chaptal et participe en 1942 au Salon de l'Art Cévenol à Alès avec plusieurs œuvres.

Après un rapide passage en Classes préparatoires littéraires (khâgne) à Paris, il entre dans la Résistance au printemps 1944 et se retrouve « par hasard » dans un maquis FTP. Engagé dans la brigade du Languedoc formée de soldats issus des maquis du sud et qui le conduit jusqu’à Berlin, il ne retrouve la vie civile qu’en 1945, à Paris.

Dès ce moment, les grands thèmes de son œuvre future sont établis : les Cévennes, l’épopée des camisards, le maquis et surtout les petites gens, le peuple qu’il a si bien décrit.

Il épouse en 1947 Noëlle Vincensini, étudiante corse naguère engagée dans la Résistance à Montpellier et déportée à Ravensbruck[2], avec laquelle il a quatre enfants, dont Elsa Chabrol et le musicien Olivier Chabrol. Ils divorcent en 1971.

SĂ©jour Ă  Saint-Cyr-sur-Morin

Son ami Georges Brassens l'aide financièrement en 1957 à acquérir une petite maison de campagne, dotée d'un grand terrain, à Courcelles-la-Roue. Il peut y écrire au calme. C'est ainsi que Jean-Pierre Chabrol, sa femme, et leurs trois enfants quittent Palaiseau pour venir s'installer dans le hameau. Leurs moyens matériels sont limités, mais la famille subsiste grâce à leur jardin, leur basse-cour et leurs chèvres. Malgré leurs difficultés, ils invitent de nombreuses personnes dont Marcel Mouloudji, Yves Montand, Francis Lemarque, Costa Gavras, Marcel Marceau, René Fallet, Gilles Vigneault, Michel Legrand, entre autres.

Sur place, Jean-Pierre Chabrol sympathise tout naturellement avec son voisin Pierre Mac Orlan, écrivain et dessinateur comme lui. Au décès de celui-ci, en 1970, il fait partie des amis proches qui veillent au respect testamentaire et au maintien de la mémoire de son œuvre. Il rencontre aussi Jacques Canetti, le directeur des Trois Baudets, qui a sa résidence secondaire à Chavigny depuis 1957. Dans cet environnement où la nature et les gens lui rappellent ses Cévennes natales, Chabrol trouve assez de calme et d'inspiration pour écrire près de quinze romans. Il quitte finalement Courcelles en 1967 pour retrouver son pays et sa maison familiale du Gravas au Pont-de-Rastel, dans la commune de Genolhac.

L'Humanité

C’est à la rédaction du journal L'Humanité où il travaille en tant que dessinateur puis comme journaliste (il en devient par la suite chef de rédaction) qu’il rencontre Louis Aragon, lequel l’encourage à écrire son premier roman, La Dernière Cartouche. D’autres suivent régulièrement dont Le Bout-galeux qui obtient le Prix populiste. Malgré son éloignement du Parti communiste en 1956, ses livres sont traduits en allemand (RDA), tchèque, bulgare… Il est l’ami de Georges Brassens, Léo Ferré, Jacques Brel, Jean Ferrat, Pierre Mac Orlan et Catherine Sauvage entre autres.

Il crée pour L'Humanité une sorte de bande dessinée humoristique de style médiéval, Le Barlafré, avec le dessinateur Marcel Tillard. Il cesse néanmoins sa collaboration avec le journal communiste après l'insurrection de Budapest[3].

Mas familial de Jean-Pierre Chabrol Ă  Pont-de-Rastel

En 1961, il publie Les Fous de Dieu, qui passe près du prix Goncourt, et est adapté pour la télévision. Tout en continuant son métier d’écrivain (la trilogie des Rebelles), il collabore alors régulièrement à des émissions de radio et de télévision. Ses nombreuses apparitions dans les médias en font alors un écrivain familier du grand public[3]. Il voyage beaucoup.

Il divorce de sa première femme Noëlle en 1971, rencontre Claudine Duflo (1948-83) qu’il épouse l’année suivante. À la fin des années 1970, il collabore à l’écriture de pièces avec le Théâtre de la Jacquerie.

Mais Claudine décède en 1983, après onze ans de mariage et la naissance de deux filles. Pour surmonter son chagrin, il se lance dans une nouvelle carrière en montant lui-même sur scène comme conteur[3], tout en continuant à publier différents ouvrages, entre autres en collaboration avec son ami Claude Marti, ou l’inénarrable recueil de dessins satiriques intitulé Le Petit Chabrol illustré.

Il rencontre Elisabeth et revient pleinement à la littérature en 1993 avec Le Bonheur du manchot – hommage à son père, qui était manchot –, ouvrage pour lequel il obtient le Prix du Sud le . Le roman La Banquise, publié en 1998, est adapté pour la télévision par sa fille Elsa. Après avoir fait figurer de nombreuses chansons dans ses livres, il en confie deux au chanteur wallono-cévenol Jofroi.

Il Ă©pouse Elisabeth le .

Il meurt à l'hôpital de Ponteils-et-Brésis pendant la nuit du 1er décembre 2001. Il est placé dans le caveau familial face au mas familial dans la rue qui porte maintenant son nom.

Ouvrages

Romans

Pont-de-Rastel, le caveau familial où Jean-Pierre Chabrol est inhumé

.

  • 1953 : La Dernière Cartouche : un premier roman partiellement autobiographique d’une enfance alĂ©sienne et d’un engagement dans la rĂ©sistance. L’action se dĂ©place ensuite, pendant la guerre d’Indochine. Cette partie a pu ĂŞtre faite grâce Ă  un de ses amis Nathan Chapochnik entrĂ© dans la rĂ©sistance dès 1941, commandant FTPF dans le Var Ă  partir de juin 44, il poursuit sa carrière au sein de l'ArmĂ©e dont il dĂ©missionne en 1950 en dĂ©saccord avec la guerre menĂ©e en Indochine. C'est grâce Ă  la correspondance envoyĂ©e Ă  son Ă©pouse et communiquĂ©e Ă  Jean-Pierre Chabrol que ce dernier a pu rendre si "vraie" la partie sur l'Indochine. La dĂ©dicace de l'auteur Ă  son ami "Chapo" est : "A mon cher Chapo, ce livre dans lequel il a tant mis. Fraternellement. Jean-Pierre Chabrol."
  • 1955 : Le Bout-galeux : la banlieue Sud de Paris[4] dans les annĂ©es d’après-guerre. Le travail, la vie, les gens, Prix du roman populiste 1956.
  • 1957 : Fleur d’épine : les « vacances » d’étĂ© en Corse d’ « Ă©migrĂ©s » sur le Continent…
  • 1958 : Un homme de trop : le maquis et les maquisards au quotidien. Costa-Gavras en tirera un film en 1967 (Un homme de trop).
  • 1959 : Les Innocents de mars : les derniers jours de l’Allemagne nazie et un rare tĂ©moignage sur les « enfants du FĂĽhrer ».
  • 1961 : Les Fous de Dieu : les Camisards et une plongĂ©e dans l’âme cĂ©venole. Une adaptation tĂ©lĂ©visĂ©e sera rĂ©alisĂ©e par Jean L'HĂ´te pour la RTF en 1963.
  • 1963 : La Chatte rouge : de folles aventures dans le Paris d’après-guerre.
  • 1964 : Mille millions de Nippons : les aventures d’un Français au Japon.
  • 1965 : Les Rebelles (Tome I de trois tomes) : une fresque des annĂ©es 1930 Ă  Paris, dans les CĂ©vennes et en Allemagne.
  • 1966 : La Gueuse (Les Rebelles, tome II), Plon.
  • 1967 : Je t’aimerai sans vergogne: une histoire d’amour qui donnera naissance Ă  sa version théâtrale Ma dĂ©chirure.
  • 1968 : L'Embellie (Les Rebelles, tome III), Plon
  • 1970 : Le Canon FraternitĂ© : la Commune de Paris dans un quartier populaire.
  • 1972 : Les chevaux l’aimaient.
  • 1975 : Le Bouc du dĂ©sert, Gallimard : une reconstitution historique des guerres de religion autour d'Agrippa d'AubignĂ©.
  • 1977 : La Folie des miens Gallimard, (ISBN 978-2070183616)
  • 1978 : Caminarèm, Robert Laffont : Ă©crit avec le chanteur-poète occitan Claude Marti, c'est l'histoire de la rĂ©volte des viticulteurs audois pendant l'Ă©tĂ© 1975 (ISBN 9782221000021).
  • 1980 : Vladimir et les Jacques, Grasset (Paris) : le roman de la crĂ©ation d’une pièce de théâtre au sein d’une troupe enthousiaste (ISBN 2246253616).
  • 1982 : Le lion est mort ce soir, Grasset (Paris) (ISBN 9782246244417).
  • 1993 : Le Bonheur du manchot, Robert Laffont (ISBN 9782221077009).
  • 1995 : Les Aveux du silence, Robert Laffont (ISBN 9782221081631)
  • 1998 : La Banquise, Presses de la CitĂ© : retour sur la pĂ©riode de la guerre avec beaucoup de comprĂ©hension pour ses diffĂ©rentes catĂ©gories de victimes (ISBN 9782258049567)
Chemin Jean-Pierre-Chabrol Ă  Pont-de-Rastel

Nouvelles

  • 1954 : Le Voleur de noces
  • 1966 : Titane et Bougrenette : livre illustrĂ© pour enfants, ODEJ Presse
  • 1967 : L’Illustre Fauteuil et Autres RĂ©cits, Gallimard
  • 1968 : Ma dĂ©chirure, conte dramatique en seize tableaux, Gallimard
  • 1969 : Les Contes d'outre-temps, Plon
  • 1972 : Le Crève CĂ©venne, Plon. RĂ©Ă©ditĂ© en 1993 dans Gens de la cĂ©venne, Presses de la CitĂ© (ISBN 2-286-08844-6)
  • 1976 : Le BarlafrĂ©, Éditions la farandole, coĂ©crit[5] avec Marcel Tillard. (ISBN 2-7047-0140-7)
  • 1983 : Portes d’embarquement, Plon : nouvelles d’un grand voyageur ; inspirĂ© de chroniques radiophoniques (ISBN 9782259010511)
  • 1985 : Contes Ă  mi-voix, B. Grasset (Paris) (ISBN 2246370213)
  • 1997 : Les Mille et Une VeillĂ©es, Robert Laffont : « avec ses informations locales, sa chronique nĂ©crologique, ses recettes de cuisine, ses conseils mĂ©dicaux, ses rubriques Ă©conomiques, de jardinage, son coin des enfants (avant qu'ils aillent au lit), sa tribune politique, jusqu'Ă  l'Ă©dito... la veillĂ©e avait toute sa place en des temps oĂą ni le quotidien ni la tĂ©lĂ©vision n'existaient. »[6] (ISBN 9782221085462)
  • 2000 : Colères en CĂ©vennes, Robert Laffont (ISBN 222108635X)

Filmographie

Scénariste

Télévision

  • Intervenant dans Le Temps des cerises : La Commune de Paris, Signes des Temps, RTBf, Sonuma, , voir en ligne.

Notes et références

  1. Bernard Bastide et Robert Caracchioli 2008, p. 26-32
  2. AFP, « À 82 ans, Noëlle Vincensini, ancienne déportée corse toujours en résistance », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Jean-Pierre Chabrol, mort d'un rebelle, La Dépêche du midi, 2 décembre 2001
  4. « Le bout-Galeux est un quartier Ă  l'extrĂ©mitĂ© de La Palaise, ville de la banlieue Sud de Paris », notice d'introduction au roman, Folio-Gallimard. Jean-Pierre et NoĂ«lle Chabrol habitaient alors Ă  Palaiseau. Jean-Pierre Chabrol s'inspire quant au titre du livre du nom d'un quartier de Palaiseau, dit « Le Pileu ». Il collaborait au bulletin municipal de la ville, oĂą sa femme avait Ă©tĂ© Ă©lue adjointe, sur la liste communiste en 1953. Cf le tĂ©moignage de Robert Vizet p. 39-41, in Olivier Mayer, Robert Vizet, un parcours citoyen, Le Temps des cerises, 2005
  5. Jean-Pierre Chabrol, et Marcel Tillard, commencent la publication du Barlafré dans L'Humanité au cours de l'année 1951, selon les précisions qu'il livre dans la préface de 1976 : « On pondait ça au jour le jour, pour l'Huma quotidienne. Des fois on se demandait comment tirer le marmaillon de l'oubliette où on l'avait jeté la veille... »
  6. Les Mille et Une Veillées, p. 23

Annexes

Bibliographie

  • Bernard Bastide (dir.), Robert Caracchioli et al. (prĂ©f. Christian Giudicelli), Balade dans le Gard : sur les pas des Ă©crivains, Paris, Éditions Alexandrines, coll. « Les Ă©crivains vagabondent », (rĂ©impr. 2014), 255 p. (ISBN 978-2-370890-01-6, prĂ©sentation en ligne), « Jean-Pierre Chabrol, l'enfant de Pont-de-Rastel », p. 26-32
  • Claude Émerique, « Chabrol Jean-Pierre (1925-2001) », dans La RĂ©sistance dans le Gard (DVD-ROM), Paris, Association pour des Ă©tudes sur la rĂ©sistance intĂ©rieure, (ISBN 978-2-915742-23-7) — notice individuelle non paginĂ©e.
  • Catherine BerniĂ©-Boissard, Michel Boissard et Serge Velay, Petit Dictionnaire des Ă©crivains du Gard, NĂ®mes, Éditions Alcide, , 255 p. (ISBN 978-2-917743-07-2, prĂ©sentation en ligne), p. 69-70
  • Michel Boissard, Jean-Pierre Chabrol, le rebelle, NĂ®mes, Éditions Alcide, 2012
  • Michel Boissard, « Jean-Pierre Chabrol », in Patrick Cabanel et AndrĂ© EncrevĂ© (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 Ă  nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 627-628 (ISBN 978-2846211901)

Articles connexes

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