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Jean-Pierre Camus

Jean-Pierre Camus est un théologien et écrivain français né, à l'en croire, le jour de la mort de Charles Borromée, c'est-à-dire le 3 ou le [1], à Paris et mort le dans la même ville.

Jean-Pierre Camus
Image illustrative de l’article Jean-Pierre Camus
Portrait de Jean-Pierre Camus, 1643, par Philippe de Champaigne (musée des Beaux-Arts de Gand).
Biographie
Naissance
Paris
Ordination sacerdotale
Décès
Paris
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale
Administrateur de l'évêché d'Arras
–
Évêque de Belley
–
Autres fonctions
Fonction religieuse
Abbé de Notre-Dame d'Aunay
Fonction laĂŻque
Écrivain: roman, nouvelle, essai

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Jean-Pierre Camus est le fils (aĂ®nĂ© selon toute apparence) de Jean Camus de Saint-Bonnet et de Marie des Contes, parents de vingt enfants, dont seize atteignent l'âge adulte et sept embrassent une carrière ecclĂ©siastique. NĂ© Ă  Paris le 3 ou le , selon ses dires, qui se rĂ©fèrent Ă  la date du dĂ©cès de Charles BorromĂ©e, il est baptisĂ© le 5. ÉlevĂ© une partie de son enfance dans un château normand sur les bords de la Seine, et peut-ĂŞtre un temps page du roi, Jean-Pierre entreprend en 1600 des Ă©tudes juridiques Ă  Paris, obtenant en 1602 une licence en droit canonique, puis un doctorat en droit civil Ă  OrlĂ©ans. Avocat au Parlement de Paris jusqu'en 1606, il Ă©prouve Ă  cette Ă©poque une passion pour une jeune femme qu'il appelle « Saincte Â», peut-ĂŞtre l'une de ses cousines[1] - [2].

En 1608, après une brève expĂ©rience monastique chez les Chartreux, il est ordonnĂ© prĂŞtre par François d'Escoubleau de Sourdis, archevĂŞque de Bordeaux, puis, la mĂŞme annĂ©e, promu par Henri IV, Ă©vĂŞque de Belley. N'ayant pas encore l'âge canonique, une dispense papale est demandĂ©e, et il reçoit la consĂ©cration Ă©piscopale des mains de son maĂ®tre spirituel et ami François de Sales, le . Il remplit ces fonctions avec dignitĂ© et compĂ©tence, mĂŞme si la sincĂ©riĂ©tĂ© de sa vocation a suscitĂ© des controverses parmi ses contemporains, en particulier chez les JansĂ©nistes. Se dĂ©pensant sans compter, il dirige sa cousine Louise de Marillac, se lie d'amitiĂ© avec « le pauvre prĂŞtre Â» Claude Bernard, correspond avec AngĂ©lique Arnauld, fonde trois monastères, dont un des Capucins en 1620 et un de la Visitation en 1622[1].

Il se montre par ailleurs assez critique, dans ses Ă©crits, Ă  l'Ă©gard des moines. En 1626, il estime dans PĂ©tronille qu'ils n'ont pas l'exclusivitĂ© de la dĂ©votion claustrale et qu'ils ne sont exempts ni de faiblesses ni de blâme. De mĂŞme, dans Le Voyageur incogneu (1630), il rĂ©affirme qu'ils ne peuvent « prĂ©tendre au monopole de la dĂ©votion Â». En 1631, son Directeur spirituel dĂ©sintĂ©ressĂ© suscite Ă©galement une vive polĂ©mique et conduit Jeanne de Chantal Ă  lui Ă©crire pour lui demander de ne plus attaquer les Capucins[1].

Ne se voyant pas soutenu par Richelieu, il se démet de son évêché en faveur de Jean de Passelaigue en 1629, après avoir dirigé son diocèse pendant vingt ans et été député du clergé aux États généraux de 1614, et se retire en l'Abbaye Notre-Dame d'Aunay, près de Caen dont il est commendataire. Peu après, l'archevêque de Rouen, François de Harlay, qui est malade, le nomme vicaire général de son diocèse[1].

En 1647, il est impliqué, en tant que coadjuteur de l'archevêque, dans l'affaire du frère Saint-Ange, de son vrai nom Jacques Forton. Blaise Pascal et deux jeunes amis (le mathématicien Adrien Auzout et le futur chanoine Raoul Hallé de Monflaines) — ainsi que le théologien Le Cornier de Sainte-Hélène — reprochent à cet ancien capucin, qui a obtenu de Rome des lettres l'autorisant à reprendre la vie de prêtre séculier et du Roi des lettres l'autorisant à recevoir dignités et bénéfices ecclésiastique, de chercher à se faire octroyer, avec la protection du procureur général, son hôte, la cure de Crosvilles. Ils mettent également en avant des ouvrages de philosophie et des conférences parisiennes hétérodoxes. L'archevêque et son coadjuteur obtiennent finalement de Saint-Ange deux déclarations condamnant les affirmations que ses adversaires lui attribuent, et il peut prendre possession de sa cure[1] - [3].

En 1649, il quitte Rouen et se retire à l'hospice des Incurables, à Paris, où il passe ses jours en jeûnes, pénitences et prières, tout en venant en aide aux pauvres. C'est ainsi qu'il réserve la plus grande part de sa pension à aider ses compagnons[1].

En , Louis XIV le nomme administrateur du diocèse d'Arras. Toutefois, les bulles le confirmant dans ses nouvelles fonctions tardent à venir, et il meurt aux Incurables le [1].

Ĺ’uvres

Page de titre du livre de Jean-Pierre Camus, Moiens de réunir les Protestants à l'Église romaine, édité en 1703 chez Guillaume Vandive et Louis Coignart (le chiffre MDCIII de cette édition est erroné et doit se lire MDCCIII).

Camus écrivit plus de deux cents volumes, trente-cinq romans entre 1620 et 1630, vingt et une nouvelles de 1630 à 1644, quatre recueils de prône de 1629 à 1652[1]. Camus convenait lui-même d’un certain manque de jugement. « Un jour, son ami François de Sales se plaignait de son peu de mémoire. "Vous n’avez pas à vous plaindre de votre partage, répondit M. de Belley, puisque vous avez la très bonne part, qui est le jugement. Plût à Dieu que je pusse vous donner de ma mémoire, qui m’afflige souvent de sa facilité, […] et que j’eusse un peu de votre jugement ; car de celui-ci je vous assure que je suis fort court !" […] À quoi saint François de Sales répondit : « En vérité, je connais maintenant que vous y allez tout à la bonne foi. Je n’ai jamais trouvé qu’un homme avec vous qui m’ait dit qu'il n'avait guère de jugement, car c’est une pièce de laquelle ceux qui en manquent davantage pensent en être mieux fournis."[4] »

Romans pieux

  • Agathonphile ou les Martyrs siciliens (Paris, 1621)
  • DorothĂ©e (Paris, 1621)
  • Alexis (Paris, 1622, 3 vol.)
  • Spiridion (Paris, 1623)
  • Alcime (Paris, 1625)
  • Daphnide (1620)
  • Hyacinthe (Paris, 1627)
  • Les ÉvĂ©nements singuliers (Lyon, 1628)
  • Les Spectacles d’horreur (Paris, 1630)
  • Le Banquet d’Assuère (Paris, 1637)
  • Hermiante (Rouen, 1639)
  • CaritĂ©e ou le Pourtrait de la vraye charitĂ© (Paris, 1641)
  • Palombe ou la Femme honorable, rĂ©Ă©ditĂ© en 1853

Écrits contre les moines

  • L'Antimoine bien prĂ©parĂ© (1632)
  • Le Rabat-Joie du triomphe monacal
  • La DĂ©sappropriation claustrale
  • TraitĂ© de la pauvretĂ© Ă©vangĂ©lique
  • Le directeur spirituel dĂ©sintĂ©ressĂ©

Théologie

  • L'Avoisinement des protestants de l’Église romaine (Paris, 1640), qui fraya la voie Ă  l’Exposition de la foi de Bossuet et fut rĂ©imprimĂ© sous le titre Moyens de rĂ©unir les protestants avec l’Église romaine (Paris, 1703, chez Guillaume Vandive)
  • L’Esprit de saint François de Sales, (Paris, 1641, 6 vol., plusieurs fois rĂ©imprimĂ©)

Éditions récentes

  • Les Spectacles d’horreur, Ă©dition de StĂ©phan Ferrari, Classiques Garnier, 2013 (ISBN 978-2812409752)
  • Les ÉvĂ©nements singuliers, Ă©dition de Max Vernet, Classiques Garnier, 2010 (ISBN 978-28124-0057-5)
  • ThĂ©ologie mystique prĂ©cĂ©dĂ© de Une poĂ©tique des simples vertus par Daniel Vidal, Grenoble, J. Millon, 2003 (ISBN 2-84137-146-8)
  • Divertissement historique, Ă©dition de Constant Venesoen, TĂĽbingen, G. Narr, 2002 (ISBN 3-8233-5544-9)
  • L'Amphithéâtre sanglant, H. Champion, 2001 (ISBN 2-7453-0348-1)
  • Agathonphile, Ă©dition de Pierre Sage, Paris, Droz, 1951.

Source partielle

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littĂ©ratures, Paris, Hachette, 1876, p. 370-371

Notes et références

  1. Jean-Pierre Camus, Divertissement historique, présentation de Constant Venesoen, Gunter Narr Verlag, 2002, 233 pages, p. 10-14, (ISBN 3823355449).
  2. Albert Garreau, Jean-Pierre Camus, parisien: Ă©vĂŞque de Belley, 3 novembre 1584-26 avril 1652, 1968, 324 pages, p. 14.
  3. Henri Gaston Gouhier, Blaise Pascal: commentaires, Vrin, 1984, 408 pages, p. 106 (ISBN 2711603261).
  4. M. Depéry, résumant dans sa notice introductive à Jean-Pierre Camus, L'Esprit du bien-heureux François de Sales, Paris, 1840, p. xxviii, le chapitre du livre intitulé "De la mémoire et du jugement", p. 71-72.« L'Esprit du bien-heureux François de Sales », sur Google Livres

Annexes

Bibliographie

  • Jean Pierre Camus Ă©vesque de Belley, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 9-10 (lire en ligne)
  • Henri BrĂ©mond, Histoire littĂ©raire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu'Ă  nos jours, I, L'Humanisme dĂ©vot (1580-1660), Paris, Bloud & Gay, 1916, p. 149-186.
  • John Costa, Le Conflit moral dans l’œuvre romanesque de Jean-Pierre Camus (1584-1652), New York, B. Franklin, 1975 (ISBN 9780891020318).
  • Jean Descrains:
    • Bibliographie des Ĺ“uvres de Jean-Pierre Camus, Ă©vĂŞque de Belley (1584-1652), SociĂ©tĂ© d'Ă©tude du XVIIe siècle, 1971.
    • Jean-Pierre Camus (1584-1652), tĂ©moin et juge de son temps dans les « DiversitĂ©s », 1609-1618 (thèse), 1979.
    • Jean-Pierre Camus (1584-1652) et ses DiversitĂ©s (1609-1618) ou la culture d'un Ă©vĂŞque humaniste, Universitá di Catania, 1985 (ISBN 2707810703).
    • Essais sur Jean-Pierre Camus, Paris, Klincksieck, 1992 (ISBN 9782252028063)
  • Daniela Camurri:
    • Jean-Pierre Camus precursore del 'roman noir'. Il caso di Elise/Elisa, (Thèse de maitrise, UniversitĂ  di Bologna, FacoltĂ  di Lettere e Filosofia), 1989.
    • Da La Memoire de Darie di Jean Pierre Camus a La Memoria di Daria e di Crisante di Francesco Gentile, «Francofonia», 24, 1993, p. 123–131.
    • Dal fait-divers al romanzo: il caso di Jean Pierre Camus Vescovo di Belley, dans Le credibili finzioni della storia, Ă©d. D. Gallingani, Firenze, CET, 1996, p. 65–77.
    • Un curioso caso letterario nell'editoria italiana del '600: le traduzioni dei romanzi di Jean-Pierre Camus Vescovo di Belley, «Rara volumina. Rivista di studi sull'editoria di pregio e il libro illustrato», 2, 2003 [2004], p. 61–79.
    • Traductions et traducteurs italiens des romans de Jean-Pierre Camus, Ă©vĂŞque de Belley et romancier du XVIIe siècle, «Histoire et civilisation du livre. Revue internationale», 1, 2005, p. 213–233.
    • L’Antico e il romanzo barocco: l’Agatonphile di J.-P. Camus (1626) dans Le Rivoluzioni dell'antico, Ă©d. D. Gallingani, Bologna, Bologna University Press, 2006.
  • Albert Garreau, Jean-Pierre Camus, parisien: Ă©vĂŞque de Belley, -, Éditions du Cèdre, 1968.
  • AndrĂ© Pessel, L'«Essay sceptique» de Jean-Pierre Camus, Études philosophiques, 2008/2, (ISBN 978-2-13-056698-4).
  • Sylvie Robic-de Baecque, Le Salut par l'excès : Jean-Pierre Camus (1584-1652) : la poĂ©tique d’un Ă©vĂŞque romancier, Paris Champion, 1999 (ISBN 9782745300836).
  • Michel Terestchenko, Amour et dĂ©sespoir, de François de Sales Ă  FĂ©nelon, Paris, Seuil, coll. « Essais », 414 p. (ISBN 978-2-020-33548-5) p. 68-89
  • Max Vernet, Jean-Pierre Camus : thĂ©orie de la contre-littĂ©rature, Paris, Nizet, 2001 (ISBN 9782707811882).
  • JoĂ«l Zufferey, Le Discours fictionnel : autour des nouvelles de Jean-Pierre Camus, Leuven, Peeters, 2006 (ISBN 9782877239103).
  • Hugues Plaideux, « Un pèlerin du bienheureux Thomas HĂ©lye au XVIIe siècle : Jean-Pierre Camus (1584-1652), Ă©vĂŞque de Belley », dans Annales de Biville, no 50, , p. 7-12.
  • Françoise Lavocat, « Ordre et dĂ©sordre dans l’œuvre de Jean-Pierre Camus : “La libertĂ© dans le salut” » dans La libre-pensĂ©e, MĂ©langes offerts Ă  Maurice Laugaa, textes rĂ©unis par François Lecercle, La Licorne, 2002, p. 137-155.

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