Jean-Louis Rondy
Jean-Louis Charles Rondy, né le à Paris et mort le à Clamart[1] - [2], est un médecin militaire français.
Naissance | |
---|---|
DĂ©cĂšs | |
Nationalité |
Française |
Formation | Ăcole Principale du Service de SantĂ© de la Marine (Bordeaux) Ăcole du Pharo (Marseille) |
Activité |
Grade militaire |
MĂ©decin Colonel |
---|---|
Conflit | |
Distinction | Grand Officier de la LĂ©gion dâHonneur Croix de guerre 1939/45 avec Ă©toile de bronze Croix de guerre des ThĂ©Ăątres dâOpĂ©rations ExtĂ©rieures avec palme Croix de la Valeur Militaire avec Ă©toile dâargent Titulaire Ă titre individuel de la Presidential Unit Citation (USA) LĂ©gionnaire de 1Ăšre Classe Honoraire |
Jeunesse
NĂ© dans le Ve arrondissement de Paris, il effectue sa scolaritĂ© Ă l'Ăcole de SorĂšze entre 1940 et 1943[3] - [Note 1].
Seconde Guerre mondiale
Issu d'une famille de mĂ©decins militaires, il suit les traces de ses ancĂȘtres en s'engageant pour la France, alors qu'il n'a que 17 ans, en rentrant dans l'Organisation Civile et Militaire de Paris et en participant Ă la libĂ©ration de la capitale en 1944. Ă partir du 27 aoĂ»t, il poursuivra son engagement au sein de la Division Leclerc, dans la 11e Compagnie du 3e Bataillon du RĂ©giment de marche du Tchad. Durant les campagnes de France et d'Allemagne, il sera promu sergent Ă 19 ans seulement, et en sortira dĂ©corĂ© de la croix de guerre 1939-1945 avec Ă©toile de bronze. Il sera finalement dĂ©mobilisĂ© en 1946.
Formation
Quelques annĂ©es aprĂšs la fin de la guerre, en octobre 1948, Jean-Louis Rondy rejoint l'Ăcole Principale du Service de SantĂ© de la Marine Ă Bordeaux, surnommĂ©e « SantĂ© Navale », oĂč il dĂ©bute des Ă©tudes de mĂ©decine. Il y sera trĂšs vite remarquĂ©, notamment pour ses dĂ©corations qu'il est l'un des seuls Ă porter. Il aura durant ses Ă©tudes l'opportunitĂ© de passer son brevet parachutiste Ă l'Ăcole des Troupes AĂ©roportĂ©es de Pau (Brevet no 38425) en aoĂ»t 1950. Il part ensuite parfaire sa formation Ă l'Ăcole du Pharo avant de passer sa thĂšse de doctorat en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale en 1952.
Guerre d'Indochine
Tout jeune mĂ©decin lieutenant, Ă peine sorti d'Ă©cole, il est affectĂ© au 1er Bataillon Ătranger Parachutiste au Tonkin dĂšs le 15 septembre 1953 et laisse alors en France sa femme, Ă©pousĂ©e un an plus tĂŽt, et son jeune fils. LĂ -bas, il effectue plusieurs opĂ©rations dans le delta tonkinois puis saute sur Ăiá»n BiĂȘn Phủ le 21 novembre 1953 dans le cadre de l'opĂ©ration Castor, pour laquelle il s'est portĂ© volontaire. Sans vĂ©ritable expĂ©rience dans ce domaine, mais fort d'une brĂšve formation sur la chirurgie d'urgence reçue quelques mois avant son dĂ©part, il pratique 75 dĂ©sarticulations sans aucun dĂ©cĂšs post-opĂ©ratoire chez des blessĂ©s non Ă©vacuĂ©s durant la bataille, Ă laquelle il participe dans son intĂ©gralitĂ©. Il est blessĂ© par un Ă©clat d'obus en avril 1954. CapturĂ© par le ViĂȘt Minh le 8 mai 1954, il est blessĂ© par les coups de crosse de l'un de ses geĂŽliers durant la marche de six semaines le conduisant au camp no 1. Il est libĂ©rĂ© le 2 septembre 1954, au bout de 5 mois de captivitĂ©. Ne pesant plus que 43 kg, il est rapatriĂ© en France oĂč il est hospitalisĂ© durant prĂšs d'un an. Ă sa sortie de l'hĂŽpital, il reçoit la croix de guerre des ThĂ©Ăątres d'opĂ©rations extĂ©rieurs avec une citation Ă l'ordre de l'armĂ©e[4].
Suite de sa carriĂšre
Promu médecin capitaine en juillet 1955, il est affecté au 2e bataillon de transmissions colonial à Nogent-le-Rotrou de septembre à décembre 1955.
Il sert ensuite au Cameroun entre 1956 et 1958 pour remplacer Ă EdĂ©a l'un de ses collĂšgues assassinĂ© par les rebelles de l'Union des Populations du Cameroun. Il rentre en France fin 1958 pour servir alors au sein de la demi-brigade de parachutistes coloniaux jusqu'en 1960est est nommĂ© mĂ©decin commandant en avril de cette mĂȘme annĂ©e[5].
Il retourne en Afrique dĂšs la fin d'annĂ©e 1960, oĂč il est affectĂ© en RĂ©publique Centrafricaine durant les Ă©vĂšnements du Congo Belge. De 1962 Ă 1965, il sert Ă la 11e Division parachutiste, d'abord comme mĂ©decin en chef du 6e rĂ©giment parachutiste d'infanterie de marine, puis de la 20e Brigade aĂ©roportĂ©e et enfin en tant que directeur par intĂ©rim du Service de SantĂ© de la 11e Division parachutiste. Au moment des Ă©vĂšnements des Comores entre 1965 et 1967, il fait son retour Ă la LĂ©gion ĂtrangĂšre au sein du 3e rĂ©giment Ă©tranger d'infanterie Ă Madagascar, avant de poursuivre sa carriĂšre Ă Libourne avec le 31e rĂ©giment du gĂ©nie jusqu'en 1968.
En 1968, il devient Directeur du Service de SantĂ© des Forces ArmĂ©es et de SĂ©curitĂ© du Tchad, au moment des opĂ©rations contre Hissen HabrĂ© et des diverses bandes de rebelles, jusqu'en 1972. Durant cette campagne, il est nommĂ© mĂ©decin lieutenant-colonel en 1971 et est citĂ© Ă lâOrdre de la Division. Une nuit, il Ă©vacue avec succĂšs plusieurs blessĂ©s nĂ©cessitant un rapatriement sanitaire urgent en prenant lâinitiative de piloter lâavion de transport lui-mĂȘme. En effet, il est alors titulaire dâune licence de pilote privĂ© monomoteur et multimoteurs avec Ă son actif 500 heures de vol dans lâArmĂ©e et 1400 heures de vol comme pilote civil.
De retour en France, il sert comme Président de la Commission de Réforme au S.E.A.C. à Paris de 1973 à 1979. Il est alors nommé médecin colonel en janvier 1976, avant de partir pour sa derniÚre affectation à Canjuers en juillet 1979.
Au cours de sa carriÚre, il aura reçu deux blessures de guerre et une blessure en service commandé.
Retraite et investissement pour les anciens combattants
En octobre 1980, il prend sa retraite militaire aprĂšs une carriĂšre bien remplie. Il continue cependant de s'investir au sein de plusieurs associations d'anciens combattants, auxquelles il avait adhĂ©rĂ© dĂ©jĂ avant sa retraite. Il aura Ă©tĂ© notamment vice-prĂ©sident des Anciens Combattants de DiĂȘn-BiĂȘn-Phu jusqu'en 1978, prĂ©sident d'honneur de l'Association Nationale des MĂ©decins Anciens Combattants dâIndochine et de CorĂ©e, mais Ă©galement membre actif de l'Association des Anciens LĂ©gionnaires Parachutistes ainsi que de l'Association des Anciens de la LĂ©gion ĂtrangĂšre en CĂŽte d'Or. « Toujours au service des Hommes[Note 2] », Le mĂ©decin colonel Rondy s'est aussi occupĂ© de traiter des dossiers administratifs d'anciens lĂ©gionnaires non francophones, ainsi que des pensions de rĂ©version des veuves de guerre des anciens LĂ©gionnaires, notamment par la FĂ©dĂ©ration des SociĂ©tĂ©s d'Anciens de la LĂ©gion ĂtrangĂšre.
Le 30 avril 2018, il est désigné pour porter la main du capitaine Danjou lors de la cérémonie de Camerone au 1er régiment étranger à Aubagne, qui avait pour thÚme cette année-là : "Tu n'abandonneras ni tes morts, ni tes blessés."[6].
Dans la nuit du 21 au 22 juillet 2020, il dĂ©cĂšde Ă l'HĂŽpital d'Instruction des ArmĂ©es Percy, Ă Clamart. Il Ă©tait alors le doyen des mĂ©decins lĂ©gionnaires parachutistes. Ses obsĂšques ont eu lieu en la cathĂ©drale Saint Louis aux Invalides le 29 juillet 2020 ; la messe a prĂ©cĂ©dĂ© les honneurs militaires dans la cour d'honneur. ConformĂ©ment Ă sa volontĂ©, ses cendres ont Ă©tĂ© dispersĂ©es dans sa forĂȘt.
Hommages
DĂ©corations et distinctions
- Grand officier de la LĂ©gion d'honneur (13 juillet 2014)[7]
- Croix de guerre 1939-1945 avec Ă©toile de bronze
- Croix de guerre des Théùtres d'opérations extérieurs avec palme
- Croix de la Valeur militaire avec Ă©toile d'argent
- Croix du combattant volontaire
- Croix du combattant volontaire de la RĂ©sistance
- Croix du combattant
- Médaille de la France libérée
- MĂ©daille d'Outre-Mer avec agrafes TCHAD et EXTREME-ORIENT[Note 3]
- Médaille d'honneur du service de santé des armées échelon bronze
- MĂ©daille de la Jeunesse et des Sports Ă©chelon bronze
- Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec agrafes LIBERATION, ENGAGà VOLONTAIRE et ALLEMAGNE
- Médaille commémorative de la campagne d'Indochine avec deux étoiles émaillées rouges
- MĂ©daille de reconnaissance de la Nation avec agrafe OPERATIONS EXTERIEURES
- Médaille des blessés de guerre avec trois étoiles émaillées rouges
- Chevalier de l'Ordre national du Tchad
- Chevalier de l'Ordre du mérite civique du Tchad
- Croix du mérite militaire du Tchad
- Titulaire Ă titre individuel de la Presidential Unit Citation (USA)
- Titulaire Ă titre individuel de la fourragĂšre "Croix de guerre 1939-1945" du RĂ©giment de marche du Tchad
- LĂ©gionnaire de 1re Classe Honoraire (matricule 71303B) (1985)
Postérité
La promotion 2020 de l'Ăcole de SantĂ© des ArmĂ©es porte son nom[8].
En l'honneur de son parrain, la promotion médecin colonel Jean-Louis RONDY a créé un insigne qui reprend les éléments symboliques de sa vie (ci-contre).
Bouclier parti de sable et d'amarante au chef d'azur timbrĂ© d'un brevet parachutiste brochĂ© d'une jonque contournĂ©e d'or habillĂ©e de candide (blanc) ; chargĂ© Ă dextre d'un galon de colonel d'or surmontant une plaque de grand officier de la LĂ©gion d'Honneur, chargĂ© Ă senestre du nom "RONDY" en lettre capitales d'or posĂ©es en pal ; brochant Ă senestre l'Ă©pĂ©e d'officier de santĂ© d'argent Ă la garde d'or, Ă la lame enlacĂ©e d'une bisse d'or. Le tout brochĂ© en pointe d'une ancre d'or Ă l'organeau formant le corps d'une grenade Ă sept flammes de la LĂ©gion ĂtrangĂšre du mĂȘme. En pointe la devise latine « Sacrificii fovere memoriam » (« Entretenir la mĂ©moire du sacrifice ») posĂ©e en orle.
Notes et références
Notes
- Il entrera dans cette Ă©cole dans la division des Bleus, avant d'aller dans la division des Rouges.
- Extrait de la devise de L'Ăcole Principale du Service de SantĂ© de la Marine oĂč s'est formĂ© Jean-Louis Rondy : « Mari transve mare, hominibus semper prodesse » (en français : « Sur mer et au-delĂ des mers, toujours au service des Hommes »).
- Jean-Louis RONDY porte sur sa Médaille d'Outre-Mer l'agrafe EXTREME-ORIENT pourtant non décernée avec cette décoration, car il portait à l'origine la Médaille coloniale qu'il reçu avec cette agrafe, mais qui fut remplacé par la Médaille d'Outre-Mer en 1962.
Références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- « DécÚs - Hommage au médecin colonel Jean Louis Rondy »,
- « SOREZE - ASSOCIATION SOREZIENNE : Jean-Louis RONDY », sur soreze.online.fr (consulté le )
- Pierre MagÚs, « Colonel Jean-Louis RONDY » [vidéo],
- Association des Anciens et Amis du Pharo, « RONDY Jean-Louis (1926). La LĂ©gion au cĆur. » [PDF]
- « 2018, la Légion se retrouve sur un message fort et fédérateur ! », sur www.legion-etrangere.com (consulté le )
- « ORDRE NATIONAL DE LA LĂGION DâHONNEUR - DĂ©cret du 28 avril 2014 portant Ă©lĂ©vation » [PDF],
- « Ecoles militaires de santé Lyon-bron », sur www.emslb.defense.gouv.fr (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Paul Grauwin, mĂ©decin-commandant, J'Ă©tais mĂ©decin Ă DiĂȘn BiĂȘn Phu, France Empire, 1954, coll. Presses Pocket no 42/43, Paris, 1962.
- Luc Aigle (dir.), Indicatif Clochette - MĂ©decins des BEP et des REP - 70 ans au service de la LĂ©gionnaires, Lavauzelle, 2018
- Cyrille Bondroit, Rapport sur l'activitĂ© du MĂ©decin-Capitaine Georges Armstrong du 3e BCCP durant sa captivitĂ© au Camp no 1 et au Camp-HĂŽpital 128 au Nord-Tonkin de 1950 Ă 1954, Indo Ăditions, 2015. (PrĂ©face de Jean-Louis Rondy)
- Jean-Louis Rondy, « Les mĂ©thodes viĂȘt-minh de lavage de cerveau », Revue historique des armĂ©es, no 177, dĂ©cembre 1989, p. 74-81.
Liens externes
- RONDY Jean-Louis (1926-2020), sur le site de l'association Santards, Navalais et Traditions.