Jean-Baptiste Vifquain
Jean-Baptiste Vifquain (nom complet : Jean-Baptiste Joseph Vifquain ou parfois écrit Vifquin) né le à Tournai (Belgique) et mort le à Ivry-sur-Seine (France), est un officier militaire, architecte, urbaniste et ingénieur-inspecteur en chef honoraire des Ponts et Chaussées, qui eut tour à tour les nationalités française, néerlandaise et belge.
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Jean-Baptiste Joseph Vifquain ou Vifquin |
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Gustave de Ridder (gendre) Pierre Simons (gendre) |
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Biographie
Enfance et famille
Jean-Baptiste Joseph Vifquain, dit Jean-Baptiste Vifquain, parfois écrit Vifquin[alpha 1], est né le , au 29 rue des Jésuites, à Tournai[alpha 2]. Son père est maître-maçon. À l'adolescence il fréquente l'Académie de dessin de la ville[1] - [alpha 3]. Ses parents meurent alors qu'il est militaire, lors du décès de sa mère, née Marie Thérèse Joseph Parmentier, le il est encore en garnison à Tournai[2] et lors du décès de son père Léopold Joseph Vifquin, le il est en garnison à Flessingue en Zélande[3].
Formation : militaire
Le , Jean-Baptiste Vifquain a 18 ans lorsqu'il est enrôlé dans l'armée napoléonienne, en tant que conscrit volontaire. Il va avec son unité, le 9e régiment d'artillerie à pied, participer, en 1809, à la campagne d'Allemagne et d'Autriche. Il est engagé, le à la bataille d'Ebersberg, puis le à celle d'Essling, où son comportement au combat lui vaut la croix de la Légion d'Honneur et d'être nommé artificier. En route, à pied, pour Vienne son régiment est de nouveau engagé les 5 et à la bataille de Wagram. C'est toujours avec le même régiment qu'il est incorporé dans l'armée du général Marmont pour prendre en chasse l'armée autrichienne en retraite. De nouveaux combats ont lieu lors de la bataille de Znaïm, qui débouche sur un cessez-le-feu. Le premier octobre Jean-Baptiste Vifquain est promu sergent fourrier, avant la signature, le du traité de Schönbrunn qui marque la fin de cette campagne de 1909 et le retour à pied au pays[4].
Parallèlement à sa carrière militaire, il peut poursuivre à partir de 1812 grâce au soutien financier de son oncle Louis Vifquin (sic), riche négociant en houblons à Tournai, des études d'ingénieur à l'École polytechnique, où il obtient son diplôme d'ingénieur en 1814, tout en ayant participé à la campagne de France.
Le Royaume-Uni des Pays-Bas
À l'époque du Royaume uni des Pays-Bas, grâce à l'influence de son oncle Louis, il obtient le poste d'inspecteur de l'Octroi à Tournai en 1814-1815. Il est ensuite engagé au « Waterstaat » (ministère de l'eau) pour les services de la province de Brabant. En 1817, il est nommé ingénieur en chef de 2e classe. Il est à cette époque le collaborateur de l'architecte Ghislain-Joseph Henry, qu'il assiste lors des transformations du château de Laeken et du palais royal de Bruxelles[5].
Le roi Guillaume Ier avait mis au concours un projet de monument commémoratif de la bataille de Waterloo[alpha 4], Vifquain dépose successivement deux projets de pyramide qui ne seront pas acceptés. L'architecte Charles Vander Straeten ayant été consulté en tant qu'expert par le gouvernement en avait fait dans son rapport, qui fut approuvé et que rien donc ne permet de considérer comme non objectif, une critique acerbe. Vifquain présenta un nouveau projet d'obélisque supporté par des colonnes. Vander Straeten entra également dans le jeu et remit le dessin d'un tumulus conique, surmonté d'un lion. Mais ces deux projets furent désapprouvés par le ministère. Finalement le roi trancha, sous l'influence de la reine, et choisi la butte que nous connaissons toujours et qui est mondialement connue.
Vifquain ne fut pas choisi, mais grâce à son projet il avait acquis une certaine notoriété. Ce n'est pas le seul heurt de Vifquain avec Van der Straeten. Après la mort de l'architecte du roi Ghislain-Joseph Henry, Vifquain espère prendre sa succession, mais Van der Straeten lorgne également la place et entreprend de déconsidérer Vifquain[7]. Cette manœuvre réussit et Van der Straeten est nommé.
Il s'installe à Bruxelles où il travaille à la construction de bâtiments publics pour la ville de Bruxelles. Il réalisera de nombreux travaux d'embellissement comme le dessin des boulevards de petite ceinture de Bruxelles et effectuera des travaux de génie civil comme le canal Bruxelles-Charleroi, divers travaux pour le chemins de fer ainsi que le premier pont métallique de Belgique. Les principales artères bruxelloises seront équipées d'éclairage au gaz par ses soins.
De 1825 Ă 1828, il est conseiller communal Ă Saint-Josse-ten-Noode, oĂą il se fait construire une maison rue Royale Ă l'emplacement de l'actuelle Ă©glise du GesĂą.
Le Royaume de Belgique
En 1830, Vifquain est mêlé aux événements de la Révolution belge. Il fait partie d'une délégation de trois personnes que le bourgmestre Urbain-Henri Verbist de Saint-Josse-ten-Noode envoie parlementer avec le prince Frédéric, qui commande les troupes du Royaume uni des Pays-Bas, dont l'état-major s'est installé à Schaerbeek (château Eenens).
En 1833, Vifquain se fait promoteur. Il avait conçu le projet de relier le palais royal de Bruxelles au château de Laeken en perçant une artère depuis la place de la Reine jusqu'au pont de Laeken et constitue avec le bourgmestre de Schaerbeek Jean-François Herman, une « Société de la rue des Palais », alimentée par la perception d'un demi droit de barrière sur la route, plus un péage de deux centimes par personne franchissant le pont de la Senne. Le percement de la rue des Palais constituera une excellente affaire pour les deux hommes.
- Décès
Jean-Baptiste Vifquain, qui avait perdu la raison et était légalement "interdit", meurt le , à Ivry-sur-Seine, dans une maison de soins pour malades mentaux fondée par le docteur Esquirol (1772-1840), un célèbre aliéniste.
Certains auteurs comme François Schuiten, faisant une confusion entrée dans la légende, font mourir de la même manière Joseph Poelaert dans la maison de fous du docteur Dersenval! Si cela est vrai pour Vifquain cela n'a aucun fondement pour Poelaert mort d'une "congestion cérébrale" chez lui (voir son acte de décès).
Son Ĺ“uvre
En architecture
Après le démantèlement de la seconde enceinte de Bruxelles, il participe au concours organisé en 1818 pour l'agrandissement et l'embellissement de la ville de Bruxelles. Il en est le lauréat et dessine les plans du boulevard périphérique qui remplace les anciennes fortifications. Il prévoit la construction de places et de promenades comportant de deux à quatre rangées d'arbres, une allée centrale et des voies latérales. En 1818-1829, il réalise la place d'Orange, rebaptisée place des Barricades en 1831. En 1823, Vifquain établit les plans et construit l’hôpital de Tirlemont. En 1824, Philippe Vilain XIIII confia à Vifquain les travaux d'agrandissement de son château de Wissekerke à Bazel ainsi que la construction du pont suspendu en fer forgé, le plus ancien pont de ce type subsistant en Europe.
En génie civil
En 1823 il produit les plans du premier canal de Charleroi, au gabarit de 70 tonnes, mis en service en 1832, ainsi que la conception des bateaux qui y naviguaient, les baquets[8]
Hommage
Une rue dans la commune bruxelloise de Schaerbeek a reçu son nom, la rue Vifquin.
Publications
- Des voies navigables en Belgique : considérations historiques suivies de propositions diverses, ayant pour objet l'amélioration et l'extension de la navigation, Devroye, , 497 p. (lire en ligne).
Notes et références
Notes
- Le nom de son père est généralement orthographié « Vifquin », tandis que celui de Jean-Baptiste est généralement écrit « Vifquain », mais lui-même peut signer avec l'un ou l'autre[1]
- À sa naissance, la ville est incluse dans le territoire français et elle le restera jusqu'en 1815, où elle est alors rattachée au royaume de Belgique dirigé par Guillaume-Frédéric d'Orange-Nassau jusqu'à la création de la Belgique indépendante en 1830 (Histoire de la Belgique).
- La période de sa jeunesse n'est globalement pas connue, il semble, qu'il « dut recevoir une instruction soignée »[2]
- « Le roi, désirant commémorer la victoire de Waterloo par un monument, avait organisé un concours ; aucun des projets remis ne reçut son agrément ni celui des ministres. Le 21 juillet 1817, le duc d'Ursel, ministre du Waterstaat, et Repelaer van Driel, ministre de l'Instruction Publique, soumirent au roi un projet dû à Jean-Baptiste Vifquain, qui consistait en une pyramide à base carrée ; les noms des nations alliées victorieuses à Waterloo devaient être gravés dans les faces en pierre de la pyramide. Vifquain fut prié de revoir le projet pour en abaisser le coût ; le cahier des charges d'un nouveau projet fut approuvé par le duc d'Ursel le 6 juillet 1819. Le 13 août, Repelaer van Driel, qui assurait l'intérim du duc d'Ursel, soumit le cahier des charges à Vander Straeten. Le 3 septembre, ce dernier envoyait une critique acerbe, objectant qu'une pyramide convenait pour un monument funéraire, alors qu'il fallait célébrer une victoire. À la suggestion du roi, Vifquain remania son projet et présenta un monument consistant en un obélisque supporté par des colonnes, le tout mesurant 44 aunes de hauteur. De son côté, le 1er décembre 1819, Vander Straeten remit le dessin d'un tumulus conique, surmonté d'un lion. Le ministre rédigea un rapport objectif sur les deux projets, faisant remarquer que le cône, tout autant que la pyramide, convenait davantage pour un monument funéraire. Le 19 janvier 1820, sous l'influence de la reine Frédérique-Louise, le roi retint le projet de Vander Straeten. »[6]
Références
- Lederer 1983, p. 700.
- Bruwier et al. 1983, p. 1.
- Lederer 1983, p. 702.
- Lederer 1983, p. 701.
- Bruwier et al. 1983, p. 3.
- Lederer 1983, p. 706.
- Bruwier et al. 1983, p. 4.
- Le baquet de Charleroi
Bibliographie
- Marie-Christine Bruwier, André Lederer, Alex De Vos et Roger Aubert, Jean-Baptiste Vifquain : ingénieur, architecte, urbaniste, 1789-1854 (Colloque d'histoire des sciences IV (1982)), Louvain, Presses universitaires de Louvain, coll. « Travaux de la Faculté de philosophie et lettres de l'UCL », , 118 p. (ISBN 978-2-87463-452-9, présentation en ligne).
- André Lederer, « Vifquain (Jean-Baptiste-Joseph) », dans Biographie Nationale, t. 43 : Supplément Tome XV (Fascicule 1er) ADRIAENSSEN - GARDE, Bruxelles, Académie royale de Belgique, (lire en ligne), p. 700-738.