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Jardin colonial des Plantes de Saint-Pierre

Le Jardin colonial des Plantes était le jardin botanique de Saint-Pierre, situé le long de la route des Trois Ponts, à l'extrémité orientale du quartier du Centre, en Martinique.

Jardin colonial des Plantes
Image illustrative de l’article Jardin colonial des Plantes de Saint-Pierre
Plan topographique du Jardin des Plantes de Saint-Pierre en 1823.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Colonie Martinique
Commune Saint-Pierre
Quartier Centre
Superficie 6 hectares
Cours d'eau Rivière du Jardin des Plantes
Histoire
Création
Personnalité(s) Gabriel Castelnau d'Auros, Charles Bélanger
Caractéristiques
Type Jardin botanique
Essences 1850
Gestion
Ouverture au public Jusqu'au
Localisation
CoordonnĂ©es 14° 44′ 59″ nord, 61° 10′ 04″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Petites Antilles
(Voir situation sur carte : Petites Antilles)
Jardin colonial des Plantes
GĂ©olocalisation sur la carte : Martinique
(Voir situation sur carte : Martinique)
Jardin colonial des Plantes

Histoire

En 1786, l'intendant des Îles-du-Vent de l'Amérique, Jean-François Foulquier, demande au roi Louis XVI l'autorisation d'établir dans le quartier de Saint-Pierre appelé Parnasse un jardin botanique, sous le nom de Jardin du roi, qui servirait à envoyer en France des plantes des Antilles ou à acclimater des plantes européennes qui pourraient être utiles aux îles. Mais le roi n'accède pas à ce désir. « Nous ne pensons plus, précisent, en 1787, le gouverneur Damas et l'intendant Foulquier, à l'établissement d'un jardin botanique puisque vous ne l'avez pas jugé convenable. »

Au lendemain de la paix d’Amiens qui signe le retour de la Martinique dans le giron de la France, un Jardin colonial des Plantes est établi à Saint-Pierre par un arrêté du 30 pluviôse an XI (), le long de la route des Trois Ponts menant au Morne-Rouge, sur le morne Parnasse, dans l'habitation de Corinthe, dite le Poirier, dépendante autrefois du couvent des dames Ursulines. En érigeant un tel monument destiné à l’embellissement de la colonie, le préfet colonial Charles-Henri Bertin et l’amiral Villaret-Joyeuse souhaitent manifester la reconnaissance des colons de la Martinique à la France. L'accès au jardin depuis Saint-Pierre se fait en remontant la Savane du Fort le long de la Roxelane jusqu'au Boulevard, puis par la route nationale des Trois Ponts, en passant devant le grand morne Labelle, jusqu'au morne Parnasse situé sur la droite de la route et sur les pentes duquel s'étale le Jardin des Plantes.

Le jardin est conçu à la fois comme un jardin d'essai, d’acclimatation et un lieu de promenade où se développe et s’expose la riche production des îles. Dès l'origine et durant toute son existence, le Jardin botanique de Saint-Vincent, celui de Cayenne et le Jardin du Roi de l'île Bourbon l'enrichissent d'un grand nombre de plantes précieuses. Son directeur, Gabriel Castelnau d'Auros, entretient des relations suivies avec M. Anderson, directeur du Jardin des plantes de la colonie britannique de Saint-Vincent, riche aussi en productions des Antilles. Le principal but du Jardin des Plantes de Saint-Pierre est de naturaliser dans la colonie les plantes des Indes orientales, et principalement les épiceries, de fournir au Jardin des Plantes de la métropole celles qui pourraient y manquer, de rassembler des plantes indigènes et de former un dépôt de plantes médicinales pour l'usage des indigents.

En 1810, les habitants craignant une dégénération complète du caféier s'adressent à ce sujet au gouverneur anglais de la Martinique, John Broderick, qui fait venir de jeunes plants de cet arbuste de la Guyane néerlandaise pour former une pépinière dans le jardin de Saint-Pierre.

Le Jardin des Plantes est ceinturĂ© d'un mur de clĂ´ture du cĂ´tĂ© de la route des Trois Ponts, construit en 1817 par l'administration coloniale pour la somme de 3 444,80 francs[1].

  • ClĂ´ture du Jardin des Plantes en 1885.
    ClĂ´ture du Jardin des Plantes en 1885.
  • La route des Trois Ponts longeant le Jardin des Plantes en 1900.
    La route des Trois Ponts longeant le Jardin des Plantes en 1900.
  • ClĂ´ture et musĂ©e du jardin botanique vus depuis la route des Trois Ponts.
    Clôture et musée du jardin botanique vus depuis la route des Trois Ponts.


La crise du sucre de 1838, associée à l’émancipation des esclaves dix ans plus tard, porte un coup sévère à la prospérité du jardin. Sa gestion est confiée à la Société d'Agriculture en 1840 et on procède, à cette date, à la réparation du mur de clôture. Après la restauration entreprise par son charismatique directeur Charles Bélanger en 1853, le jardin retrouve son rayonnement d'antan. En 1856, 1850 espèces y sont répertoriées et il fournit en plantes rares de nombreux jardins d'Europe et des colonies françaises. Le jardin est agrandi en 1861 par l'annexion de l'habitation domaniale de Tivoli, mais c’est en 1886 que le jardin acquiert sa dimension définitive, s’étendant alors sur six hectares. Devenu un établissement scientifique important, le Laboratoire Agricole y est rattaché la même année.

La renommée du jardin attire des visiteurs illustres parmi lesquels le prince Alfred d’Angleterre qui s’émerveille lors d’une escale en Martinique en 1861.

Le Jardin des Plantes a pendant près d’un siècle, fait partie intégrante du cadre de vie des Pierrotins. Ce vaste domaine naturel est devenu au fil du temps un site patrimonial à part entière, véritable conservatoire des richesses végétales originaires des quatre coins du monde. Si l’éruption de la montagne Pelée le 8 mai 1902, sonne le glas de ce bel édifice, l’œuvre accomplie pendant près d’un siècle se poursuit au sein des nouveaux jardins d’essai installés à Fort-de-France : celui de Tivoli dès 1902, pour relancer l’agriculture auprès des réfugiés de Saint-Pierre, et celui de Desclieux en 1918 où la multiplication des espèces végétales et l’expérimentation de nouvelles méthodes de cultures se poursuivent. Il faut attendre 1940 pour voir se créer en Martinique, au jardin d’essai de Tivoli, un enseignement agricole pérenne.

Directeurs

  • [2] - fin 1814[3] : Gabriel Castelnau d'Auros[4]
  • fin 1814[3] - 1er aoĂ»t 1827[5] : Rolland Le Grand[6]
  • 1er aoĂ»t 1827[7] - novembre 1827[8] : Artaud
  • 3 dĂ©cembre 1827[9] - 6 janvier 1833[10] : Monfleury de l'Horme[11]
  • janvier 1833[10] - 21 fĂ©vrier 1839[12] : CĂ©lestin Desravinières
  • 1839[12] - 1er janvier 1840[13] : Mancet[14]

1er janvier 1840 : arrêté donnant la charge du jardin à la Société d'Agriculture[15] et d'économie rurale de la Martinique (fondée le 29 juillet 1838)[16]

  • 15 janvier 1840[12] - 1841 : Victor Segond
  • 1er mai 1841 - 30 novembre 1843 : Artaud[17]
  • 8 janvier 1845[18] - ? (après 1846[19]) : Charles Barillet
  • 1853 - : Charles BĂ©langer[20]
  • ?

1902 : destruction du jardin par l'éruption de la montagne Pelée[20].

Description

Le Jardin des Plantes s'étale sur les pentes du morne Parnasse. Dans cet espace apprivoisé façonné par la main de l'homme, s’harmonisent des bassins, un château d’eau, une cascade, des canaux pour l’irrigation, un vivier, des lacs et des îlots artificiels. Des allées ombragées invitent à la promenade, et parmi elles, la célèbre allée des duels bordée de gigantesques palmiers aux troncs blancs, élevant leurs faîtes jusqu'à soixante mètres d'altitude, où les Pierrotins impétueux viennent y régler leurs litiges.

Précédant l'entrée, deux énormes fromagers constituent, selon une célèbre voyageuse, Adèle Hommaire de Hell, « les avant-gardes du Jardin des plantes ». Une partie du jardin est consacrée à une pépinière tandis que la végétation tropicale pare le reste. Cette pépinière forme une « enceinte réservée à la culture des fleurs, des plantes, des arbrisseaux » non seulement de la région des Antilles mais des 5 continents: on trouve, dans cette pépinière, des bosquets d'arbres exotiques, des bassins où fleurissent des plantes aquatiques, des plates-bandes et parterres de fleurs: roses de Caracas, hibiscus, lis de la Guyane, jasmin du Cap, etc. En dehors de cette pépinière, la végétation offre une grande variété. « Tout ce que l'Inde, la Chine, le Brésil, la Guyane ont de précieux s'y trouve acclimaté, nous dit encore Mme Hommaire de Hell, et s'y reproduit avec une fougueuse activité. » Il y pousse ainsi des acajous, des palétuviers, des balatas, des pachiras de la Guyane, des palmistes à colonnes, des sabliers, des frangipaniers roses, des mombins, des flamboyants, des aréquiers, des chênes d'Amérique, des figuiers maudits, des roseaux d'une hauteur prodigieuse. Tous ces arbres sont souvent enlacés d'immenses lianes, très remarquées aussi des visiteurs.

« C'est une des merveilles du monde, mais une merveille inconnue. Les pittoresques replis du terrain dans ce lieu féerique, où la flore tropicale si luxuriante étalait toutes ses grâces, la multitude des plantes exotiques qu'on y cultivait aussi, les productions géantes des mornes d'alentour, les palmistes reliés les uns aux autres dans un capricieux réseau de lianes, les eaux jaillissant des blocs de lave, enfin, l'imposante cascade de cet Éden, laissaient une impression et des souvenirs ineffaçables dans l'esprit de tous ceux qui le visitaient. »[21]

  • L'entrĂ©e du Jardin des Plantes.
    L'entrée du Jardin des Plantes.
  • AllĂ©e du jardin.
    Allée du jardin.
  • Grande allĂ©e du jardin.
    Grande allée du jardin.
  • Bassin du jardin.
    Bassin du jardin.
  • La cascade.
    La cascade.
  • La palmeraie.
    La palmeraie.

Plantes du jardin

Plantes de la Martinique

Le Jardin des Plantes est riche d'une grande variété de plantes rares et exotiques, mais il est également le conservatoire des plantes et végétaux alimentaires (fruits et légumes) couramment utilisés aux Antilles.

Arbres fruitiers

Végétaux alimentaires

Plantes de l'île Bourbon

Par les soins de M. Boudin, négociant, le Jardin colonial des Plantes de Saint-Pierre s'enrichit en 1816 de plusieurs plantes rares de l'île Bourbon :

Notes et références

Notes

  1. Cette plante, appelée par le père Labat thé sauvage, croît naturellement dans plusieurs endroits de l'île. C'est un arbrisseau de 4 à 5 pieds de hauteur. Un chirurgien avait amassé une quantité considérable de ses feuilles qu'il vendit en France comme du thé de la Chine. Cette plante croît aussi dans l'Amérique méridionale où elle est connue sous le nom de thé du Mexique

Références

  1. Compte rendu au Roi, par le ministre de la Marine et des Colonies, des recettes et des dépenses faites pour les colonies sur l'exercice 1817, Imprimerie royale, Paris, mars 1827.
  2. Reissier 1846, p. 12.
  3. Reissier 1846, p. 24.
  4. « Gabriel Castelnau D'Auros », sur geneanet.org (consulté en ).
  5. Reissier 1846, p. 15, 31.
  6. Reissier 1846, p. 22.
  7. Reissier 1846, p. 31.
  8. Reissier 1846, p. 33.
  9. Reissier 1846, p. 35.
  10. Reissier 1846, p. 40.
  11. Reissier 1846, p. 36.
  12. Reissier 1846, p. 41.
  13. Reissier 1846, p. 43.
  14. Reissier 1846, p. 48.
  15. Reissier 1846, p. 42.
  16. Reissier 1846, p. 46.
  17. Reissier 1846, p. 34.
  18. Reissier 1846, p. 45.
  19. Reissier 1846, p. 81.
  20. Denis Barabé, Alain Cuerrier et Angélique Quilichini, « Les jardins botaniques : entre science et commercialisation », Natures Sciences Sociétés, vol. 20, no 3,‎ , p. 334-342 (lire en ligne, consulté en ).
  21. Charles L. Lambolez, Saint-Pierre-Martinique 1635-1902, Ă©d. Berger-Levrault & Cie, , 509 p. (lire en ligne [PDF]), p. 83.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Louis François Elisabeth RĂ©my Reissier, Historique du Jardin-des-plantes de Saint-Pierre-Martinique, Fort-Royal, impr. E. Ruelle et Ch. Arnaud, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Lien externe

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