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Habitation agricole des Antilles et de Guyane

Dans les anciennes colonies françaises aux Antilles, en Guyane, en Louisiane et aux Mascareignes, les habitations sont des exploitations agricoles, tenues autrefois par des colons de métropole ou leur représentant, et sur lesquelles travaillaient des esclaves. Les habitations qui conservent encore une activité agricole sont aujourd'hui essentiellement tournées vers la production de rhum et de banane.

Maison du maître de l'habitation Pécoul à Basse-Pointe en Martinique.

« Habitation » est le terme le plus approprié pour traduire le terme anglais « plantation » dans le contexte caribéen.

Historique

Leur économie était à l'origine basée sur l'esclavagisme et au XIXe siècle, l'écrivain abolitionniste Augustin Cochin les décrit ainsi : « des prisons sans muraille, des manufactures odieuses produisant du tabac, du café, du sucre, et consommant des esclaves »[1].

Répartition géographique

Les habitations coloniales se retrouvent dans toutes les anciennes colonies françaises, sans exception : en Guyane, à la Martinique, à la Guadeloupe, en Haïti, en Louisiane, mais aussi dans la région de Santiago de Cuba où sont venus s’installer de nombreux colons français ayant fui les révoltes d’esclaves qui survinrent à Saint-Domingue à la fin du XVIIIe siècle[2].

Description

Sur les anciennes plantations, du tabac, du café, du sucre ou de l'indigo étaient cultivés[3] - [4].

Cette description est empruntée à Frédéric Mauro - Petit monde antillais à Saint-Domingue au XVIIIe siècle[5] :

« Voici une de leurs « habitations », entendez de leurs grandes plantations de canne à sucre, gagnée sur la brousse et la savane, avec ses vastes champs, ses « carreaux » de cannes et de patates.
Au centre la maison du maître en briques et en bois. Dans ses larges pièces, des meubles d'acajou et de rotin que respectent, quelque peu, les terribles termites.
La cuisine et les dépendances forment un logis séparé ; de même la case de l'économe.
Proches les unes des autres, assez misérables, les cases à nègres sont recouvertes de paille, toutes pourvues d'un jardin...
L'hôpital (l'infirmerie, dirions nous) contient au moins un lit pour vingt esclaves…
Derniers éléments : la « sucrerie » … la « guildiverie[6] »

Les esclaves sont logés dans des cases en torchis ou des huttes circulaires, inspirées de l'habitat africain. Pour contrôler plus efficacement cette main-d’œuvre, les maîtres finissent par réguler l'agencement des cases, jusqu'à aboutir au principe de La Rue Cases-Nègres, par regroupement autour d'une voie centrale[7].

Vue d'artiste d'une habitation sucrière typique au XVIIIe siècle

Différentes habitations

Parmi les habitations préservées, dont certaines sont classées aux Monuments historiques, se trouvent[8] :

En Guadeloupe

À Marie-Galante

En Martinique

À Saint-Domingue et en Haïti

Habitation de Plaisance au Port-au-Prince, dessin de G. Vuillier, XIXe.

En Guyane

À la Réunion

  • Habitation Nairac[15]
  • Habitation Desbassayns[16]

En Louisiane

  • Plantation-sucrerie Labatut à Pointe-Coupée.
    Habitation Pitot
  • Plantation Whitney
  • Plantation-sucrerie Labatut

Notes et références

  1. Augustin Cochin L'Abolition de l'esclavage, 2 vol., 1861. Texte en ligne : Tome 1. Résultats de l'abolition de l'esclavageTome 2. Le christianisme et l'esclavage
  2. Christophe Charlery, « Maisons de maître et habitations coloniales dans les anciens territoires français de l’Amérique tropicale », In Situ. Revue des patrimoines, no 5,‎ (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.2362, lire en ligne, consulté le )
  3. « Les Habitations - Patrimoine - Martinique », sur Zananas Martinique (consulté le ).
  4. « Domingino: Colons de St.-Domingue (A - Z) / Plantation Owners », sur www.domingino.de (consulté le )
  5. Frédéric Mauro, « Petit monde antillais à Saint-Domingue au XVIIIe siècle », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 3, no 4,‎ , p. 532-536
  6. guildiverie
  7. David Laporal, La Guadeloupe et ses trésors : Le patrimoine archéologique de l'île papillon, errance, , 228 p. (ISBN 978-2-87772-404-3), p. 174-175
  8. « Habitation du Simon », sur Sugarcanelane (consulté le )
  9. « Les Damoiseau, une famille, un nom, un patrimoine », Le Monde, 28 février 2009
  10. Habitation Laborde
  11. Jean-Baptiste Nouvion, Crépuscule d'une plantation de café à Saint-Domingue : L’habitation Le Beau (1791-1798), Paris, LAC éditions,
  12. Roger Massio, « Un dossier de plantation de Saint-Domingue (1745-1829) », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 4,‎ , p. 542–577 (ISSN 0035-2357 et 1492-1383, DOI 10.7202/802135ar, lire en ligne, consulté le )
  13. Beauregard, une habitation sucrière et ses esclaves dans la colonie de Guyane de 1775 à 1891 » de Eugène Epailly
  14. Habitation la constance
  15. J. V. Payet, Histoire de l'esclavage à l'île Bourbon (Réunion), L'Harmattan, , page 80
  16. « Histoire de « l’habitation Desbassayns » (1770- 1846) », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Michael Connors (trad. de l'anglais par Jacques Guiod, photogr. Bruce Buck), Maisons des Antilles : Un art de vivre d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Flammarion, coll. « L'art de vivre », , 175 p. (ISBN 978-2-84110-004-0)
  • Roger Massio, « Un dossier de plantation de Saint-Domingue (1745-1829) », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 5, no 1,‎ , p. 542–577 (ISSN 0035-2357, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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