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Japon pendant la PremiĂšre Guerre mondiale

Le Japon durant la PremiĂšre Guerre mondiale (çŹŹäž€æŹĄäž–ç•Œć€§æˆŠ, Daiichiji Sekai Taisen) (1914 Ă  1918) fit partie de la Triple-Entente et joua un rĂŽle important sur les routes de ravitaillement du Pacifique sud et de l'ocĂ©an Indien contre les forces allemandes et en particulier de la marine du Kaiser. Le Japon profita de l'occasion pour Ă©tendre sa sphĂšre d'influence en Chine et pour revendiquer un rĂŽle gĂ©opolitique lors de la fin du conflit.

DĂ©barquement de troupes japonaises lors du SiĂšge de Tsingtao.

La guerre en Europe vue par le Japon

Selon l’historien indien K. M. Panikkar, dans son ouvrage Asia and Western dominance, « La Grande Guerre de 1914-1918 fut, du point de vue asiatique, une guerre civile Ă  l’intĂ©rieur de la communautĂ© europĂ©enne des nations ». En effet, pour les Asiatiques, et en particulier les Japonais, les EuropĂ©ens constituaient avant tout une mĂȘme « famille raciale, politique et spirituelle », selon les mots de Jean Lequiller. Le Japon considĂ©rait les Occidentaux comme un groupe menaçant duquel il fallait se protĂ©ger.

En , le comte Okuma devint Premier ministre du Japon, Ă  l’ñge de 76 ans. Dans son gouvernement se trouvait un personnage trĂšs influent, le baron Kato Komei. Ministre des Affaires Ă©trangĂšres lorsqu’éclata la PremiĂšre Guerre mondiale en Europe, il y vit clairement l’occasion pour le Japon d’étendre sa propre domination en Asie, et prit en main la diplomatie japonaise vis-Ă -vis des puissances occidentales. Le conflit qui s’engagea alors en aoĂ»t en Europe suscita peu d’émotion dans la population japonaise, qui ne se sentit pas menacĂ©e et qui pensa que la guerre serait courte. L’entrĂ©e du Japon dans le conflit fut en rĂ©alitĂ© le rĂ©sultat d’un calcul des dirigeants et diplomates japonais, tandis que la nation fut peu affectĂ©e dans son ensemble.

Depuis le XIXe siĂšcle, des puissances europĂ©ennes telles que l’Angleterre, la Russie, la France et l’Allemagne, s’étaient installĂ©es, avaient fondĂ© des comptoirs en Chine, notamment pour y engager un commerce lucratif. Mais ces quatre pays dĂ©pensaient alors toute leur Ă©nergie dans la PremiĂšre Guerre mondiale, ce qui laissait en quelque sorte le champ libre au Japon pour mener des actions face Ă  la Chine.

Mais plutĂŽt que d’attaquer brutalement la Chine, le Japon prĂ©fĂ©ra intelligemment s’engager dans la PremiĂšre Guerre mondiale pour dĂ©fendre en rĂ©alitĂ© ses propres intĂ©rĂȘts. Le gouvernement japonais hĂ©sita longtemps Ă  s’engager du cĂŽtĂ© de l’Entente ou de la Triplice, avant de choisir la premiĂšre. En effet, on n’imaginait pas une dĂ©faite anglaise, et, en cas de dĂ©faite, il Ă©tait peu envisageable qu’on assiste Ă  des reprĂ©sailles de la part de l’Allemagne au Japon, car celle-ci Ă©tait moins impliquĂ©e en ExtrĂȘme-Orient que la Grande-Bretagne notamment. De plus, les traditions diplomatiques inclinaient naturellement vers l’Angleterre, alliĂ©e au Japon depuis le traitĂ© du , et qui s’était rapprochĂ©e des États-Unis, puissance Ă©mergente.

ÉvĂ©nements de 1914

La Grande-Bretagne donna alors au Japon la mission de s’emparer des possessions de l’Empire allemand dans la rĂ©gion du Shandong en Chine, et dans le Pacifique, notamment les Ăźles Mariannes, Marshall, et Carolines. Le , le Japon envoya un ultimatum au gouvernement allemand : il somma l’Allemagne de « retirer ses navires de guerre et ses navires armĂ©s de toute sorte des eaux japonaises et chinoises, et dĂ©sarmer immĂ©diatement tous ceux qui ne pourront pas ĂȘtre retirĂ©s », mais aussi de « remettre aux autoritĂ©s japonaises, le au plus tard, sans condition ni compensation, tout le territoire de Kiautschou qui sera Ă©ventuellement restituĂ© Ă  la Chine », comptoir allemand situĂ© dans le sud de la pĂ©ninsule du Shandong. Le Japon prĂ©tendit demander cela pour « Ă©carter toutes les causes de troubles dont la paix pourrait souffrir en ExtrĂȘme-Orient et pour sauvegarder les intĂ©rĂȘts visĂ©s par l’accord d’alliance entre le Japon et la Grande-Bretagne, c’est-Ă -dire assurer une paix solide et durable en Asie orientale ». L’Empire allemand eut jusqu’au pour rĂ©pondre Ă  l’ultimatum, mais celui-ci fit savoir qu’il n’y rĂ©pondrait pas. Le , Ă  midi, le Japon se considĂ©ra par consĂ©quent en Ă©tat de guerre avec l’Allemagne.

Les opĂ©rations japonaises en Asie orientale furent ensuite menĂ©es facilement et rapidement. DĂšs le , l’escadre japonaise de l’amiral Kato Sadakichi bloqua les environs de Tsingtao. Le , ce furent les troupes du gĂ©nĂ©ral Kamio (accompagnĂ©es de quelques centaines de Britanniques) qui dĂ©barquent dans le Shandong. Le , ces mĂȘmes troupes investirent la gare de Tsingtao et occupĂšrent la voie ferrĂ©e reliant Tsingtao Ă  Tsinan. Le , les Japonais aidĂ©s par les Britanniques entamĂšrent le siĂšge de Tsingtao et commencĂšrent Ă  bombarder la forteresse de Tsingtao. Les troupes allemandes du gĂ©nĂ©ral Waldeck (environ 4 500 hommes) se rendirent le sans conditions. Le , le territoire entier du Kiautschou Ă©tait occupĂ©, et le lendemain, les vainqueurs dĂ©filaient dans Tsingtao.

Au mĂȘme moment, la flotte japonaise occupait les archipels de l’Empire allemand dans le Pacifique au nord de l’Équateur, notamment les Ăźles Mariannes, Marshall et Carolines. (voir ThĂ©Ăątre ocĂ©anien de la PremiĂšre Guerre mondiale).Dans les combats, les Japonais perdirent environ 1 700 hommes et seulement un croiseur. L’escadre des croiseurs est-asiatiques allemande fut quant Ă  elle Ă©liminĂ©e par la flotte britannique lors de la bataille des Ăźles Falkland le .

AprĂšs cette victoire, les Japonais avaient terminĂ© leurs opĂ©rations concernant les possessions allemandes en Asie orientale, et pouvaient se consacrer librement Ă  la question chinoise, leur motivation principale pour participer Ă  la guerre. MalgrĂ© les espoirs de la France notamment, toute intervention en Europe fut catĂ©goriquement exclue par Tokyo, qui avançait toujours l’argument que l’intervention japonaise visait uniquement Ă  maintenir la paix en ExtrĂȘme-Orient.

le porte-avions Wakamiya (1914)

ÉvĂ©nements de 1915-1916

Pendant les révoltes de , les forces japonaises aidÚrent les Britanniques à mater les troupes indiennes.

Une armĂ©e permanente japonaise occupait dĂ©sormais la rĂ©gion du Shandong et y contrĂŽlait notamment les actions commerciales chinoises. Au dĂ©but du mois de , Yuan Shikai, le chef d’État chinois, conscient de la menace d’annexion qui pesait sur le Shandong, rĂ©clama le retrait des troupes japonaises. Le Japon ne craignait plus alors l’intervention des puissances europĂ©ennes occupĂ©es par la guerre. Le gouvernement rĂ©pondit donc Ă  Yuan Shikai le Ă  travers les cĂ©lĂšbres « 21 demandes », un ensemble de requĂȘtes ayant pour objectif d’étendre le contrĂŽle politique et Ă©conomique du Japon sur la Chine. Des discussions entre la Chine et le Japon furent entamĂ©es Ă  propos de ces « 21 demandes ». Le gouvernement chinois n’était cependant pas en position de nĂ©gocier. De plus, il ne reçut aucune aide concrĂšte de la Grande-Bretagne et des États-Unis, mis Ă  part quelques notes relativement modĂ©rĂ©es de Washington adressĂ©es au gouvernement japonais, pour lui conseiller d’attĂ©nuer ses demandes. Pratiquement abandonnĂ©e et soumise Ă  une pression de plus en plus forte de la part des troupes japonaises, la Chine fut contrainte d’accepter ces « 21 demandes » dans un traitĂ© signĂ© le .

Le Japon avait alors rempli les objectifs qu’il s’était fixĂ©s en s’engageant dans la PremiĂšre Guerre mondiale. En effet, il avait consolidĂ© son empire continental et obtenu de nouveaux territoires en Chine, et s’était emparĂ© d’archipels dans le Pacifique. Mais les agissements du gouvernement japonais suscitaient des dĂ©saccords au sein mĂȘme du Parlement japonais. Le chef de l’opposition Hara Kei notamment, accusait le gouvernement d’avoir, par les « accords du », fortement et durablement dĂ©gradĂ© les relations entre la Chine et le Japon, provoquĂ© les soupçons des puissances occidentales et particuliĂšrement des États-Unis, ainsi que d'avoir entachĂ© le prestige du Japon.

L’annĂ©e 1916 fut alors principalement consacrĂ©e Ă  amĂ©liorer les rapports diplomatiques du Japon avec les autres puissances occidentales alliĂ©es, notamment pour se protĂ©ger des États-Unis, qui voyaient d’un mauvais Ɠil l’attitude japonaise en Chine. Le comte Okuma, ĂągĂ© de 78 ans, choisit de prendre sa retraite ; lui succĂ©da Ă  la tĂȘte du gouvernement le gĂ©nĂ©ral Terauchi, le .

Tout au long de cette période, les Allemands essayÚrent de signer un accord séparé avec les Japonais, il y eut le un accord russo-japonais promettant de ne pas signer de paix séparée avec l'Allemagne et projetant une action commune en Mandchourie et en Mongolie.

ÉvĂ©nements de 1917

un navire japonais Ă  Salonique le , journal Le Miroir.

L'Amirauté demanda une aide plus importante et notamment des navires ; le , la demande aboutit à l'envoi d'une escadre de deux croiseurs au port du Cap et de quatre destroyers à Malte.

L'amiral Sato Kozo sur le croiseur Akashi arriva le Ă  la tĂȘte des 10e et 11e escadres de destroyers (huit unitĂ©s). Cette Escadre spĂ©ciale numĂ©ro deux effectua 348 sorties, escorta 788 navires qui transportaient 700 000 soldats et sauva 7 075 naufragĂ©s.

À partir de 1917, les États-Unis se rapprochĂšrent de plus en plus des alliĂ©s. Le cabinet Terauchi choisit alors d’accentuer la politique visant Ă  protĂ©ger les intĂ©rĂȘts du Japon concernant la rĂ©gion de Shandong et les Ăźles du Pacifique au Nord de l’Équateur. Le gouvernement japonais demanda alors Ă  l’Angleterre, Ă  la France et Ă  la Russie de confirmer ses droits sur ces territoires. L’Angleterre donna une rĂ©ponse favorable dĂšs le , suivie par la France le 1er mars et la Russie le . La dĂ©cision anglaise venait du fait que la Grande-Bretagne connaissait des problĂšmes de ravitaillement Ă  cause des attaques sous-marines allemandes, et l’aide japonaise dans la protection de la marine marchande anglaise Ă©tait alors trĂšs prĂ©cieuse. La France et la Russie, quant Ă  elles, n’avaient aucune raison de ne pas suivre la Grande-Bretagne dans cette dĂ©cision. L’Angleterre comptait aussi sur l’influence du Japon pour faire entrer la Chine en guerre du cĂŽtĂ© des alliĂ©s. C’est Ă  ce moment que l’Angleterre promit au Japon de soutenir ses ambitions en ExtrĂȘme-Orient Ă  la future ConfĂ©rence de la paix de 1919.

Au cours de l’annĂ©e 1917, plusieurs Ă©vĂ©nements vinrent cependant contrarier la politique japonaise. Le , le rĂ©gime tsariste fut renversĂ© par la rĂ©volution et il fut remplacĂ© par un gouvernement qui ne souhaitait pas poursuivre les accords conclus par le tsar Nicolas II. Le , les États-Unis dĂ©clarĂšrent la guerre Ă  l’Allemagne, ce qui leur confĂ©ra un rĂŽle de premier plan Ă  la confĂ©rence de la paix. Puis, l’entrĂ©e en guerre de la Chine le permettait Ă©galement Ă  celle-ci de dĂ©fendre ses propres intĂ©rĂȘts Ă  la confĂ©rence de la paix. En effet, les AlliĂ©s ne comptaient par sur une aide militaire de la Chine, mais voulaient s’emparer des navires allemands en eaux chinoises, ce qu’ils ne pouvaient faire qu’avec l’accord de la Chine.

Le est signĂ© l’accord Lansing–Ishii entre les États-Unis et le Japon. L’accord reconnaĂźt dans des termes pour le moins ambigus que le Japon avait des « intĂ©rĂȘts spĂ©ciaux en Chine » du fait de la « proximitĂ© territoriale ». Les États-Unis choisirent de signer ce traitĂ© pour Ă©viter que le Japon conclĂ»t un accord avec l’Allemagne.

ÉvĂ©nements de 1918

DĂšs , Clemenceau invita les Japonais Ă  fixer les troupes allemandes en Russie, devant l’armistice germano-russe. Churchill soutint Ă©galement cette position en . DĂšs le , deux navires de guerre japonais arrivĂšrent dans le port de Vladivostok en SibĂ©rie, pour protĂ©ger les stocks des AlliĂ©s de la menace des Allemands et des Soviets. Le , ce furent des fusiliers marins japonais qui Ă©taient dĂ©barquĂ©s Ă  Vladivostok. Le Japon, aprĂšs avoir hĂ©sitĂ© Ă  intervenir, vit une occasion d’étendre sa domination territoriale en SibĂ©rie. Les effectifs japonais Ă  Vladivostok, qui devaient initialement se limiter Ă  8 000 hommes, atteignirent rapidement 70 000 hommes au mois d’. Les troupes japonaises finirent par occuper toute la SibĂ©rie orientale jusqu’au lac BaĂŻkal. Au cours de la Guerre civile russe, le Japon protĂ©gea les gĂ©nĂ©raux russes blancs et soutint avec les AlliĂ©s l’amiral Alexandre Koltchak.

Les exportations quadruplÚrent pendant la guerre, des capitaux étrangers affluant et l'industrie augmentant sa production pour soutenir l'effort de guerre, en l'inflation déclencha les émeutes du riz de 1918.

ÉvĂ©nements de 1919

Saionji Kinmochi siégea avec les Alliés à la Conférence de paix de Paris (1919), il reçut mandat pour occuper les possessions allemandes en Asie et le Japon émergea comme puissance majeure.

Références

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