Saionji Kinmochi
Saionji Kinmochi (西園寺 公望), né le à Kyōto et mort le , est un homme d'État japonais qui fut notamment deux fois Premier ministre du Japon.
Saionji Kinmochi | ||
Saionji Kinmochi | ||
Fonctions | ||
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Premier ministre du Japon | ||
– (1 an, 3 mois et 21 jours) |
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Monarque | Yoshihito Meiji |
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Prédécesseur | Katsura Tarō | |
Successeur | Katsura Tarō | |
– (2 ans, 6 mois et 7 jours) |
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Monarque | Meiji | |
Prédécesseur | Katsura Tarō | |
Successeur | Katsura Tarō | |
– (23 jours) (intérim) |
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Monarque | Meiji | |
Prédécesseur | Itō Hirobumi | |
Successeur | Katsura Tarō | |
Lord président du Conseil privé | ||
– (2 ans, 10 mois et 16 jours) |
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Monarque | Meiji | |
Prédécesseur | Kuroda Kiyotaka | |
Successeur | Itō Hirobumi | |
Ministre de l'Éducation | ||
– (2 mois et 20 jours) |
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Monarque | Meiji | |
Premier ministre | Lui-même | |
Prédécesseur | Katsura Tarō | |
Successeur | Makino Nobuaki | |
– (3 mois et 18 jours) |
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Monarque | Meiji | |
Premier ministre | Itō Hirobumi | |
Prédécesseur | Hamao Arata | |
Successeur | Masakazu Toyama | |
– (1 an, 11 mois et 15 jours) |
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Monarque | Meiji | |
Premier ministre | Kuroda Kiyotaka Itō Hirobumi |
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Prédécesseur | Yoshikawa Akimasa | |
Successeur | Hachisuka Mochiaki | |
Vice-président de la Chambre des pairs | ||
– (5 mois et 29 jours) |
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Président | Hachisuka Mochiaki | |
Monarque | Meiji | |
Prédécesseur | Junjiro Hosokawa | |
Successeur | Nagashige Kuroda | |
membre de la Chambre des pairs | ||
– (49 ans, 11 mois et 26 jours) Pairie héréditaire |
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Prédécesseur | Pairie créée | |
Successeur | Hachiro Saionji | |
Genrō | ||
Biographie | ||
Titre complet | Duc, Marquis | |
Nom de naissance | Saionji Kinmochi (西園寺 公望) | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Kyoto | |
Date de décès | (à 91 ans) | |
Lieu de décès | Zagyo-sō | |
Sépulture | Cimetière de Tama | |
Nationalité | Japonais | |
Parti politique | Rikken Seiyūkai | |
Père | Tokudaiji Kin'ito | |
Famille | Clan Saionji | |
Entourage | Saionji Morosue (père adoptif) | |
Diplômé de | Université de Paris Gakushūin École Kaisei |
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Profession | homme politique, diplomate | |
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Jeunesse
Kinmochi est né à Kyoto, le fils de l'ancien Udaijin Tokudaiji Kin'ito (1821-1883), chef d'une famille noble du kuge (la noblesse de cour) de rang de seigake (le deuxième plus important groupe de la cour impériale, après les cinq sekke) cadette du clan Kan'in lui-même issu de l'importante famille Fujiwara. Il a été adopté par une autre famille, les Saionji, eux aussi descendants des Fujiwara de rang seigake, en 1851. Toutefois, il a grandi près de ses parents biologiques, il a vécu près du Palais impérial de Kyōto. Il étudie le français auprès du professeur Léon Dury[1]. Le jeune Saionji Kinmochi a souvent visité le palais comme un compagnon de jeu du jeune prince Mutsuhito qui devint plus tard l'empereur Meiji. Au fil du temps ils sont devenus des amis proches. Kinmochi est le frère biologique de Tokudaiji Sanetsune qui est grand chambellan du Japon de 1871 à 1877 et gardien du sceau privé du Japon de 1891 à 1912. Un autre frère cadet a été adopté dans une famille très riche. Sa relation étroite avec la Cour Impériale lui a ouvert les portes d'une grande carrière politique.
Carrière
Rôle dans la guerre de Boshin
Comme l'héritier d'une famille noble de la cour impériale, Saionji a participé à la politique dès son jeune âge et a été connu pour son talent. Il a pris part à l'événement culminant de son temps, la guerre de Boshin, la révolte de 1868 et 1869, qui a renversé le shogunat des Tokugawa et installé le jeune empereur, né Mutsuhito et connu après sa mort sous le nom de Meiji, à la tête du gouvernement. Quelques nobles de la cour impériale considéraient la guerre comme un différend privé des samouraïs des domaines de Satsuma et de Chōshū contre ceux des Tokugawa. Saionji milite pour que le kuge prenne l'initiative et s'engage dans la guerre. Il a participé à divers combats en tant que représentant impérial.
Voyages et liens avec l'Europe
Après la restauration de Meiji, Saionji démissionne. Avec le soutien de Ōmura Masujirō il étudie le français à Tōkyō, la nouvelle capitale impériale. Il quitte le Japon à bord du SS Costa Rica avec un groupe de trente autres étudiants japonais naviguant à San Francisco. Il se rend à Washington, où il rencontre Ulysses S. Grant, président des États-Unis d'Amérique. Il traverse ensuite l'Atlantique et visite Londres, avant d'arriver finalement à Paris le . Paris est alors dans la tourmente de la Commune, et ne paraît pas sûre pour Saionji, son tuteur est tué quand ils tombent dans un combat de rue. Saionji voyage en Suisse et à Nice, avant de s'installer à Marseille où il apprend le français avec l'accent de cette ville. Il retourne à Paris après la répression de la Commune. Il étudie le droit à la Sorbonne. Il connaît alors les premiers temps de la Troisième République, marqué par un idéalisme élevé en France. Saionji est arrivé en France avec des vues très réactionnaires, mais il est influencé par Émile Acollas (un ancien membre de la Ligue de la Paix et de la liberté) et devient l'une des figures japonaises les plus libérales de sa génération. Il fait beaucoup de rencontres en France, notamment Franz Liszt et les frères Goncourt.
Il crée avant son départ l'université de Ritsumeikan en 1869, et à son retour de France il fonde l'école de droit Meiji qui devient en 1881 l'université Meiji. Il accompagne en 1882 Hirobumi Itō dans sa mission en Europe pour y étudier les différents systèmes constitutionnels pour pouvoir les adapter au Japon. Il est nommé par la suite ambassadeur en Autriche-Hongrie de 1885 à 1887, puis en Allemagne et en Belgique de 1887 à 1891.
En 1884, il obtient le titre de marquis au sein de la Kazoku, la nouvelle aristocratie créée lors de la restauration de Meiji en 1869 pour unifier et remplacer l'ancienne kuge (la noblesse de cour) et les anciens daimyō (la noblesse féodale).
Carrière politique sous l'ère Meiji
À son retour, il devient membre du Conseil privé de l'empereur (conseil qu'il préside de 1900 à 1903). Il sert comme vice-président de la Chambre des pairs de 1893 à 1894. Il a également servi en tant que ministre de l'Éducation dans les 2e et 3e gouvernement de Hirobumi Itō, respectivement de 1892 à 1893 et en 1898, et dans le 2e de Matsukata Masayoshi de 1896 à 1898. Durant son mandat, il s'est efforcé d'améliorer la qualité du programme d'études sur un modèle occidental.
En 1900, Hirobumi Itō fonde le parti Rikken Seiyūkai, et Saionji le rejoint comme l'un des premiers membres. En raison de son expérience en Europe, Saionji a un point de vue politique libéral et soutient l'évolution vers un gouvernement parlementaire. Il est l'un des rares hommes politiques au début qui affirment que le parti majoritaire à la Diète doit être la base pour former un cabinet, le jeu parlementaire devant alors prendre le relais de l'équilibre entre anciens clans rivaux de Satsuma et de Chōshū qui, à travers l'oligarchie de Meiji (dont Itō est l'un des principaux représentants), dominaient jusqu'alors la vie institutionnelle, administrative et militaire du Japon. Pour lui, l'ancien système du kuge doit être pris pour exemple, à savoir maintenir la Cour impériale comme un symbole notamment religieux et des traditions japonaises, mais n'intervenant pas dans le jeu politique, qui doit ainsi revenir à de nouveaux acteurs (les parlementaires).
Saionji remplace Hirobumi Itō à la tête de ce parti en 1903, celui-ci prenant en échange la place de Saionji à la présidence du Conseil privé. Il entre alors dans une période de rivalité qui l'oppose à Katsura Tarō, qui a succédé à Yamagata Aritomo en 1901 comme Premier ministre, il le reste jusqu'en 1906 puis l'est de nouveau de fin décembre 1912 à sa mort en octobre 1913.
Premier ministre
Du au , et à nouveau à partir du au , Saionji est Premier ministre du Japon.
Durant ses gouvernements, il s'oppose régulièrement à l'un des Genrō (titre officieux donné à des personnalités politiques influentes de l'ère Meiji, considéré comme des « pères fondateurs » de la vie politique moderne japonaise, et qui choisissent notamment les premiers ministres en présentant à l'empereur les candidats à ce poste pour son approbation), le conservateur maréchal Yamagata Aritomo. Celui-ci considère les institutions démocratiques comme querelleuses, corrompues et irrationnelles, et préfèrent conserver le gouvernement de l'oligarchie de Meiji et l'intervention directe de l'empereur dans la vie politique, alors que Saionji, soutenu par Hirobumi Itō (lui aussi un genrō), pense qu'il est temps que cette oligarchie laisse place à une démocratie parlementaire fondée sur les partis politiques. La rivalité pour le poste de chef de gouvernement entre Saionji et Katsura Tarō est en fait une continuité du combat en coulisse que se mènent les deux genrō Itō et Yamagata. De plus, Yamagata souhaite faire poursuivre le développement de l'armée impériale, alors que Saionji tente de réduire les dépenses. Le premier gouvernement Saionji chute en 1908 du fait des conservateurs menés par Yamagata qui estiment que la répression des premières manifestations et émeutes socialistes qui ont lieu n'a pas été faite avec assez de force.
Remplacé par Katsura Tarō, celui-ci devient vite impopulaire et doit à nouveau céder sa place à Saionji en 1911. Il tente alors de réduire les dépenses militaires. Son ministre de la Guerre, Uehara Yūsaku, démissionne pour protester contre cette décision au début du mois de . D'après la constitution, le poste doit forcément revenir à un lieutenant-général ou un général en activité. Or, sur instruction de Yamagata qui contrôle l'armée, tous les candidats potentiels refusent les propositions de Saionji pour remplacer Uehara. Par conséquent, son gouvernement ne peut que démissionner à son tour le , pour être à nouveau remplacé par Katsura Tarō. C'est le début d'une crise institutionnelle qui voit l'opposition entre conservateurs tenants du maintien d'un système oligarchique centré sur l'empereur, surtout au sein des militaires du gunbatsu, et ceux de l'avènement d'une démocratie parlementaire. C'est la « Crise de Taishō » (car marquant les débuts de l'ère Taishō, née à la suite de la mort de l'empereur Meiji et l'avènement de son fils, Yoshihito, le ).
Un Genrō
Saionji a été nommé en 1913 Genrō. Après la mort de Matsukata Masayoshi en 1924, Saionji est le seul Genrō survivant. Il a continué de participer à la nomination des premiers ministres à peu près jusqu'à sa mort en 1940 à l'âge de 91 ans. Saionji, quand il pouvait, a fait en sorte que le président du parti majoritaire à la Diète devienne à chaque fois Premier ministre, aboutissant à une première période de réelle alternance et de bipartisme parlementaire entre 1924 et 1932. Mais son pouvoir a toujours été limité par la nécessité croissante d'avoir le consentement de la gunbatsu. Il ne peut ainsi choisir les dirigeants politiques qu'à condition qu'ils soient assez solides pour former un gouvernement efficace. Il a permis à des militaires et des hommes politiques sans parti d'accéder à la tête du gouvernement lorsqu'il l'a pensé nécessaire, surtout après 1932.
En 1919, Saionji dirige la délégation japonaise à la Conférence de paix de Paris, bien que son rôle soit essentiellement symbolique en raison de sa mauvaise santé. Néanmoins, il défend l'inscription de l'égalité raciale dans la loi comme l'un des principes fondamentaux de la nouvelle Société des Nations, mais les États-Unis et le Royaume-Uni s'opposent à sa proposition et entraînent son rejet par les délégués, très probablement en raison de la crainte d'effets déstabilisateurs que cette mesure aurait semés sur leurs sociétés respectives pratiquant alors la ségrégation raciale. Saionji, qui ne s'est jamais marié, est accompagné à Paris par son fils, sa fille et sa compagne. En 1920, il est élevé au titre de prince, le plus élevé de la hiérarchie du Kazoku (venant juste avant son ancien titre de marquis dans l'ordre de préséance), comme un honneur pour sa carrière.
Détesté par les militaires de la gunbatsu, il figure sur la liste de ceux destinés à être assassinés lors de la tentative de coup d'État menée par la faction de la voie impériale le .
Durant une grande partie de sa carrière, Saionji a essayé de diminuer l'influence d'abord de l'oligarchie des anciens clans féodaux puis des militaires dans le processus de décision politique. Il est l'un des conseillers les plus libéraux de l'empereur Hirohito, et favorise des relations amicales avec le Royaume-Uni et les États-Unis.
Notes et références
- Sandrine Chabre, Il aima le Japon et le fit aimer : Léon Dury, 1822-1891, Lambesc, Éditions le Pressoir malicieux, , 254 p. (ISBN 978-2-9583191-0-6 et 2-9583191-0-5, OCLC 1347083775, lire en ligne), p. 219
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Saionji Kinmochi » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- Clements, Jonathan. Makers of the Modern World: Prince Saionji. Haus Publishing (2008). (ISBN 978-1-905791-68-2)
- Conners, Leslie. The Emperor's Adviser: Saionji Kinmochi and Pre-War Japanese Politics. Routledge Kegan & Paul. (ISBN 0-7099-3449-1)
- Hackett, Roger F. Yamagata Aritomo in the Rise of Modern Japan. Harvard University Press (1971).
- Harada, Kumao. The Saionji-Harada memoirs, 1931-1940: Complete translation into English. University Publications of America (1978). ASIN: B000724T6W
- Oka Yoshitake, et al. Five Political Leaders of Modern Japan: Ito Hirobumi, Okuma Shigenobu, Hara Takashi, Inukai Tsuyoshi, and Saionji Kimmochi. University of Tokyo Press (1984). (ISBN 0-86008-379-9)