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LĂ©on Dury

Léon Dury, né le à Lambesc et mort le à Marseille, est un médecin, enseignant, diplomate français au Japon.

LĂ©on Dury
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  69 ans)
Marseille
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Grand séminaire (d) (à partir d')
HĂ´tel-Dieu de Marseille
Activités
signature de LĂ©on Dury
Signature

Médecin de formation, il exerce comme médecin major pour la compagnie des Messageries Impériales. Il se rend au Japon où il est diplomate, consul de France à Nagasaki en . Il développe l'enseignement du français au Japon à la demande du gouvernement japonais, à Nagasaki d'abord, puis à Kyoto et enfin Tokyo. Il rentre en France en 1877, avec le titre de consul honoraire du Japon à Marseille. Il a contribué à l'ouverture du Japon vers la France.

Biographie

Enfance et formation

Léon Dury, né le , est le neuvième enfant de Louis Dury et de Marie Anne Armieux dans une fratrie de treize. Son père est charron à Lambesc[1].

En , il entre au Grand Séminaire d’Aix-en-Provence où il étudie pendant trois ans. Après ses études, il renonce à la vie ecclésiastique [2].

Il étudie la médecine en cours du soir à l'Hôtel-Dieu de Marseille, sans finaliser un diplôme [3]. En , il dirige la Compagnie de la ferme-école hospitalière de l’Algérie à Marseille[4]. Il rencontre le docteur Antoine Clot-Bey dont il devient le secrétaire en 1853-1854[5].

Carrière médicale

Alors que sévit l’épidémie de choléra, en , Léon Dury se porte volontaire pour assister les médecins à Marseille, puis à Toulon. Il est l’un des rares étudiants à recevoir une médaille de bronze décernée par le ministère de la Marine. En , il embarque pour la Crimée en tant que médecin de bord. Il exerce comme médecin major pour la compagnie des Messageries Impériales, puis comme médecin de bord dans la Compagnie Générale de navigation à vapeur Bazin & Léon Gay[6].

Lors d’un voyage vers la Chine, il rencontre Eugène-Emmanuel Mermet-Cachon. Ce prêtre des Missions Etrangères a le projet de fonder une école et un hôpital européen à Hakodate, sur l'île d'Hokkaido. Il propose cette mission au docteur Dury qui accepte, il embarque le chargé de matériel médical et arrive au Japon en . [7] Il est nommé chirurgien directeur de l’hôpital de Hakodate par le gouvernement shogunal qui prévoit la construction d’un nouvel hôpital dans cette ville. Finalement, le projet n'aboutira pas[8] .


Carrière diplomatique

Jean Rousseille, directeur des Missions Etrangères à Paris lui propose un poste consulaire à Hakodate. Le , le ministre plénipotentiaire chargé du consulat général, Gustave Duchesne de Bellecourt le nomme vice-consul de France à Yokohama. Dury se résout à accepter ce poste et s'installe à Yokohama, il est envoyé à Nagasaki en [9]. Avec les prêtres missionnaires Louis Théodore Furet et Bernard Petitjean, il participe à la construction de l'église d'Oura[10] qu'il inaugure le [11].

Léon Dury (1er rang à droite) avec la délégation japonaise pour l’Exposition universelle de Paris 1867. Au centre :Tokugawa Akitake, frère cadet du 15e shôgun Tokugawa Yoshinobu. Photo de l'accueil de la délégation à Marseille en avril 1867.
LĂ©on Dury et ses Ă©tudiants, 1860
Chapelle funéraire de la famille Dury, cimetière de Lambesc.

En , il se rend à Paris à l'Exposition universelle, avec les membres de la délégation japonaise. Cette première participation du Japon participe est un succès pour le pavillon japonais. Dury a la mission officielle de faciliter l'accueil et la vie quotidienne des Japonais, en particulier, celle de Tokugawa Akitake, frère cadet du 15e shôgun Tokugawa Yoshinobu[10]. Il sert d'interprète et de chargé de communication[12]. Il prend le temps d'établir des contacts pour promouvoir des échanges culturels, ou commerciaux, notamment pour la soie et l'industrie textile. Il fournit de la porcelaine japonaise au musée de Sèvres. S'intéressant à la botanique et aux plantes médicinales, il devient délégué officiel de la Société zoologique d’acclimatation pour le Japon

Carrière enseignante

Pour promouvoir les échanges franco-japonais, il soumet le projet d'une école japonaise à Paris, et des séjours d'étudiants français au Japon, en proposant un financement avec des bourses d'études[13].

Après son retour au Japon, Dury devient enseignant à Nagasaki, puis il fonde à Kyoto, en , la première école française dont il devient directeur. Il s'installe ensuite à Tokyo en , il enseigne jusqu'en la langue et la littérature française[14] dans une école appelée Kaisei Gakkō qui deviendra l'Université de Tokyo[8].

Plusieurs de ses élèves lui sont fidèles, ils vont occuper des fonctions importantes dans leur pays[14]. Émile Guimet en voyage au Japon s'adresse à Dury dont il apprécie les élèves, car il a besoin d'interprète cultivé[15]. Satisfait des élèves de Dury, il propose à plusieurs d'entre eux de l'accompagner à Lyon pour l'étude de ses collections[16]. Guimet ne réussit pas à ouvrir une école, mais il fonde le musée Guimet à Lyon et le musée des arts asiatiques à Paris. Dury et Guimet vont rester amis.

En , après dix-huit ans passé au Japon, Léon Dury et son épouse rentrent en France, accompagnés de huit étudiants japonais[17]. Dury va continuer à s'occuper de la scolarité et de l'accueil des jeunes japonais[14].

Il est nommé consul honoraire du Japon à Marseille le .

Le , Léon Dury meurt à Marseille, 3 rue Estelle[18]. Il est inhumé au cimetière de Lambesc, dans le chapelle funéraire de sa famille sur le fronton de laquelle ses amis japonais ont fait graver la mention« Les Japonais reconnaissants à la famille Dury »[19].

Ses élèves

  • Motono IchirĹŤ (en) (1862-1918) est ambassadeur du Japon en Russie, ministre des affaires Ă©trangères de 1914 Ă  1918.
  • Inabata KatsutarĹŤ (1862-1949) Au lycĂ©e la Martinière Ă  Lyon oĂą il rencontre Auguste Lumière, il Ă©tudie la teinturerie de soie, puis la chimie Ă  l'universitĂ©. Ce pionnier du cinĂ©ma japonais introduit le cinĂ©matographe au Japon[20]. Il crĂ©e sa propre entreprise Inabata & Co., Ltd. et devient un industriel influent. Il est prĂ©sident de la chambre de commerce et d'industrie.
  • Kowashi Inoue (1843-1895) est membre du conseil privĂ© de l'empereur, puis ministre de l'Ă©ducation au Japon en 1893.
  • Tokutaro KondĹŤ (1856-1920) est un industriel textile. RemarquĂ© en 1876 par Emile Guimet qui l'engage comme interprète :« J’ai priĂ© M. Dury de me donner un de ses Ă©lèves, le jeune Kondo, qui m’a dĂ©jĂ  plusieurs fois servi d’interprète avec beaucoup de complaisance et d’intelligence. »[15]Il Ă©tudie Ă  Lyon les techniques du tissage.
  • Saionji Kinmochi (1849-1940) est premier ministre du Japon du 7 janvier 1906 au 14 juillet 1908, et du 30 aoĂ»t 1911 au 21 dĂ©cembre 1912.
  • RokurĹŤ Tanzan (1852-1897) est très rĂ©putĂ© comme artiste cĂ©ramiste de la pĂ©riode Meiji, il est reconnu pour la mise au point de sa technique et la qualitĂ© des dĂ©cors de ses productions[21].
  • Tadazumi Yamada (1855-1917) Ă©tudie au lycĂ©e La Martinière, Ă  Lyon. Il est consul du Japon Ă  Lyon. Il Ă©pouse une française Marguerite Varot. Leur fille est l'Ă©crivaine Kikou Yamata.

Sociétés savantes

Distinctions

Hommages

Dès , un projet de monument commémoratif est décidé par ses anciens élèves et amis[24]. Inaugurée en , une stèle en l’honneur de Léon Dury est alors placée dans le parc du temple Nanzen-ji, voisin du lieu où il avait habité à Kyoto [25]. Cette pierre de deux mètres de haut est actuellement installée dans le jardin de l'Institut français du Japon - Kansai[19].

Voir aussi

Bibliographie

  • Sandrine Chabre, LĂ©on Dury : Il aima le Japon et le fit aimer, Lambesc, Le pressoir malicieux, , 254 p. (ISBN 978-2-9583191-0-6). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Liens externes

Notes et Références

  1. « 202 E 460 - 1822 Archives départementales des Bouches-du-Rhône », sur AD 13 (consulté le )
  2. Chabre 2022, p. 18.
  3. Chabre 2022, p. 22.
  4. « Indicateur marseillais : guide du commerce : annuaire du département des Bouches-du-Rhône pour l'année... / publié par Pierre Blanc », sur Gallica, (consulté le )
  5. Chabre 2022, p. 25.
  6. Chabre 2022, p. 38.
  7. Chabre 2022, p. 47 Ă  62.
  8. Centre culturel franco-japonais de Toulouse (CCFJT), « Léon DURY, bienfaiteur du Japon ? », sur Meiji 150ème anniversaire, (consulté le )
  9. « Annuaire diplomatique de l'Empire français pour l'année... », sur Gallica, (consulté le )
  10. Masaya Nakatsu, « The French Military Missions in Japan between 1867 and 1889 », HAL, Université Sorbonne Paris Cité,‎ , p. 46 (lire en ligne, consulté le )
  11. Chabre 2022, p. 82.
  12. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le )
  13. Chabre 2022, p. 131.
  14. Société franco japonaise de Paris Auteur du texte, « Bulletin de la Société franco-japonaise de Paris », sur Gallica, (consulté le )
  15. Émile Guimet, « Voyage », dans Promenades japonaises, G. Charpentier, (lire en ligne), p. 195–206
  16. « Rapport au Ministre de l’instruction publique sur la mission scientifique de M. Émile Guimet dans l’extrême Orient », Annales du Musée Guimet,‎ , p. 5–— (lire en ligne, consulté le )
  17. « Figaro », sur Gallica, (consulté le )
  18. « Faire-part de Décès », Le Petit Marseillais,‎
  19. « M. Léon Dury, un français qui a contribué à la modernisation de l’industrie japonaise et au développement des premières relations franco-japonaises entre la fin du shogunat Tokugawa et le début de l’Empire Meiji », sur Ministry of Foreign Affairs of Japan (consulté le )
  20. « Who's Who of Victorian Cinema », sur www.victorian-cinema.net (consulté le )
  21. « Artists | NGV », sur www.ngv.vic.gov.au (consulté le )
  22. Société d'ethnographie de Paris Auteur du texte, « Actes de la Société d'ethnographie américaine et orientale ... / publiés par le secrétaire-perpétuel », sur Gallica, (consulté le )
  23. Société nationale de protection de la nature (France) Auteur du texte, « Bulletin de la Société zoologique d'acclimatation », sur Gallica, (consulté le )
  24. Société de langue française (Japon) Auteur du texte, « Revue française du Japon : publiée sous le patronage de la Société de langue française », sur Gallica, (consulté le )
  25. « Les monuments commémoratifs français au Japon », Bulletin de la Société franco-japonaise de Paris,‎ , p. 42 à 45 (lire en ligne)
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