Jacques Dognin
Jacques Dognin, né à Paris (16e) le et mort le à Vannes, est un résistant et déporté français qui s'est illustré durant la Seconde Guerre mondiale.
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Jacques Maurice Marie Dognin |
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Paul Dognin (grand-père) Camille Dognin (arrière-grand-père) Laurent Dognin (neveu) |
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Biographie
Famille et enfance
Jacques est le treizième des quinze enfants d'Étienne Dognin (fils de Paul Dognin et directeur de la Maison Dognin) et de Marie Préveraud de Laubépierre de Vaumas. Après des études comme interne à Saint-Martin-de-France (Pontoise), il intègre l'École Sudria (Paris).
Entrée dans la Résistance
En juillet 1941, Jacques Dognin a dix-neuf ans et rejoint la zone libre pour intégrer l'Armée d'Afrique, mais ses nombreuses connections familiales en zone occupée lui valent d'y être renvoyé pour intégrer, sous le pseudonyme de Datry, un réseau de renseignement rattaché au Service national Maquis basé en Haute-Normandie[1].
À l'été 1943, plusieurs chantiers de construction d'une structure inhabituelle sont signalés en Haute-Normandie. Jacques Dognin, alors isolé de son groupe par des arrestations, intègre plusieurs réseaux locaux qui cherchent à identifier les sites de lancement des rampes de V1/V2 sur le littoral et à en communiquer la position aux renseignements britanniques. Il rejoint ainsi, à l'automne 1943, le réseau Navarre[2].
Arrestation et déportation à Buchenwald
Dénoncé, avec plusieurs de son réseau, il est arrêté le à Rouen[3]. Torturé par la Gestapo et condamné à mort par un tribunal militaire allemand le , il est interné à Fresnes. Il y partagera la cellule de Gilbert Gardiol et Michel Hollard[3]. En juillet 1944, après que sa peine a été commuée en déportation, il est transféré au camp de Royallieu (Compiègne) qu'il quitte le pour Buchenwald (Convoi n° 79)[4].
Durant sa détention, Jacques Dognin (n° 78 971), très attaché à sa foi chrétienne, s'engage dans la résistance spirituelle[note 1] organisée à Buchenwald autour des quelques prêtres (dont le Père Leloir), séminaristes et religieux qui ont pu dissimuler leur vocation — tout acte de spiritualité étant puni de mort. Il se voit ainsi confier la responsabilité du petit camp[6] et de l'aide aux malades[5] avec pour mission de « rayonner par son exemple et de distribuer l'Eucharistie » (grâce à une custode dissimulée dans sa ceinture).
Face au surpeuplement du camp, Jacques Dognin et nombre des hommes de son convoi ne quitteront le « mouroir du petit camp » – normalement réservé à la quarantaine des nouveaux arrivants — qu'à la libération de Buchenwald le [7].
Après la Libération
À l'issue de la guerre, Jacques Dognin est envoyé par l'armée française en convalescence en Suisse. À son retour, il se marie, fonde une famille et poursuit sa carrière professionnelle comme ingénieur, les séquelles de sa déportation ne lui permettant plus de reprendre une carrière militaire[8]. Il s'engage alors pour soutenir la mémoire et les familles des Français victimes des divers conflits.
Décorations, affiliations et postérité
DĂ©corations
- Officier de la LĂ©gion d'honneur (1971[9])
- Commandeur de l'ordre national du MĂ©rite (1999[11])
- Chevalier du Saint-SĂ©pulcre de JĂ©rusalem
- Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze et Ă©toile de vermeil (1948)
- Croix du combattant volontaire de la RĂ©sistance
- Croix du combattant
- Médaille de la déportation pour faits de Résistance
Affiliations et engagements associatifs
Postérité
Au cours de son internement à Buchenwald, Jacques Dognin réalise clandestinement un carnet à partir de matériaux de récupération. Les 214 feuilles qu'il contient regroupent un répertoire d’adresses, un hommage aux morts du camp, des témoignages écrits par des camarades de déportation, des dessins ainsi que des réflexions personnelles décrivant la vie à Buchenwald. Ce carnet est entré dans les archives de la Défense en 2019 et est visible au musée de l'ordre de la Libération (Paris)[12].
La custode, également réalisée à Buchenwald à partir de matériaux de récupération et utilisée pour transporter clandestinement l'Eucharistie dans le camp, a été versée au trésor de la basilique Sainte-Anne d'Auray (Morbihan).
Liens, bibliographie et références
Articles connexes
Bibliographie
- Olivier Lalieu, Vladimir Trouplin, Marc Paturange, Écrire pour survivre - Le carnet de Jacques Dognin à Buchenwald, conf., Musée de l'ordre de la Libération, Paris, 2019.
- Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, éd. Robert Laffont, Paris, 1967-1981.
- George Martelli, L'Homme qui a sauvé Londres - Michel Hollard, le héros méconnu, Paris, Les Arènes, , 314 p. (ISBN 978-2352045243).
- Charles Molette, Gérard Cendrier, "l'un des Cinquante": Scout et franciscain mort à Buchenwald en 1945, Paris, Socéval, , 160 p. (ISBN 978-2903242862).
- Édouard et François Michaut, Esclavage pour une résurrection, éd. du Cep, Bagneux, 1945.
Liens externes
Notes et références
Références :
- in Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, t.4 : 1943-1944, éd. Robert Laffont, Paris, annexe n°IV
- Pour préserver leur identité, chaque membre recevait un matricule en accord avec le MI6. Celui de Jacques Dognin était le 18.455.
- Martelli 2016.
- in Banque de données de la Fondation pour la mémoire de la déportation
- Molette 2006.
- Dominique Orlowski, « Bulletin de l'association française Buchenwald - Dora et Kommandos », Article une précieuse information sur la Résistance française à Buchenwald, sur asso-buchenwald-dora.com, (consulté le ), Page numérotée 8
- in Édouard et François Michaut, Esclavage pour une résurrection, éd. du Cep, Bagneux, 1945
- DĂ©cret du
- in DĂ©cret du 23 septembre 1971 portant promotion et nomination
- in DĂ©cret du 10 avril 1959 portant promotion et nomination
- in DĂ©cret du 12 mai 1999 portant promotion et nomination pour les Anciens combattants
- in site du Musée de l'ordre de la Libération
Notes :
- Les objectifs principaux de la résistance spirituelle étaient notamment de « donner l’exemple d’une charité positive ; bannir les mots grossiers ; essayer de frayer avec des déportés d’autres nationalités pour apprendre à mieux connaître les différents peuples ; vivre en union avec le Corps mystique du Christ ; s’efforcer de voir en [leurs chefs], tant extérieurs qu’intérieurs, l’autorité même de Dieu ; s’imposer des mortifications, par exemple dans le mode de manger, les regards, les questions curieuses, etc. ; faire connaître l’esprit des commentaires du Notre Père et du Je vous salue Marie, où se trouvait comme condensée la spiritualité buchenwaldienne. »[5]