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International Ultraviolet Explorer

L’International Ultraviolet Explorer (IUE) était un télescope spatial ultraviolet équipé de spectrographes et placé en orbite en 1978. Il est le résultat d'une collaboration entre la NASA, le Science and Engineering Research Council (en) (Royaume-Uni), et l'Agence spatiale européenne (ESA). Conçu pour fonctionner durant trois ans, il a été éteint pour des raisons budgétaires au bout de 18 ans après avoir fourni un grand nombre de résultats scientifiques relatifs à la composition chimique des étoiles, des galaxies, des quasars et des corps célestes du système solaire.

International Ultraviolet Explorer (IUE)
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste du satellite IUE.
Données générales
Organisation NASA, ESA, SRC (en)
Programme Programme Explorer
Domaine Observation dans l'ultraviolet
Autres noms Explorer 57, 10637
Lancement
Fin de mission
Durée 18 ans
Identifiant COSPAR 1978-012A
Site (en) ESA, NASA
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 669 kg
TĂ©lescope
Type Ritchey-Chrétien
Diamètre 45 cm
Focale f/15
Longueur d'onde 1150 Ă  3250 Ă…
Principaux instruments
Spectographe Ă©chelle 115 Ă  198 nm
Spectographe Ă©chelle 180 Ă  320 nm

Historique

L'astronomie spatiale connait ses premiers succès à la fin des années 1960 avec les satellites OAO-2 et OAO-3 de la NASA ainsi que TD-1A de l'ESRO en Europe. Plusieurs études de nouveaux satellites sont réalisées à cette époque dont le projet Ultraviolet Astronomical Satellite (UVAS) proposé par un groupe de scientifiques anglais. La NASA, le Science and Engineering Research Council (en) (Royaume-Uni) et l'ESRO, prédécesseur de l'Agence spatiale européenne, décident de développer ensemble ce projet portant sur un télescope ultraviolet équipé de spectrographes sur la longueur d'onde comprise entre 1150 et 3250 Å. La mise en place de cette coopération est laborieuse mais elle finit par aboutir en 1971. Selon les termes de l'accord conclu entre les différences agences, la NASA qui fournit les deux tiers du budget est responsable de l'ensemble du développement et du lancement, le Royaume-Uni fournit les caméras et l'ESRO les panneaux solaires ainsi qu'un centre de contrôle implanté près de Madrid en Espagne[1].

Les responsables du projet optent pour une orbite gĂ©osynchrone qui positionne le satellite au-dessus de la mĂŞme longitude permettant ainsi une communication en temps rĂ©el permanente avec les stations sur Terre. Mais des considĂ©rations de masse imposent une orbite non circulaire qui font plonger rĂ©gulièrement le satellite dans les ceintures de Van Allen. Ă€ chaque traversĂ©e des ceintures le temps d'exposition des observations devra ĂŞtre rĂ©duit pour limiter les effets du rayonnement sur les camĂ©ras chargĂ©es de recueillir les spectres Ă©lectromagnĂ©tiques. Le satellite est contrĂ´lĂ© depuis deux centres qui se relaient au prorata du temps d'observation : l'un situĂ© au centre spatial Goddard (NASA) durant 16 heures et l'autre durant 8 heures implantĂ© près de Madrid. Les scientifiques souhaitent une mission de longue durĂ©e (d'au moins 5 ans) mais les ingĂ©nieurs fixent Ă  3 ans la durĂ©e de vie nominale de IUE. Le satellite est lancĂ© le par une fusĂ©e Delta 2914. Le lanceur puis le moteur d'apogĂ©e solidaire du satellite placent celui-ci sur une orbite gĂ©osynchrone de 32 050 Ă— 52 254 km avec une inclinaison de 35,9°[1].

IUE a une durée de vie minimale prévue de trois ans et disposait d'une réserve d'hydrazine suffisante pour garantir cinq ans de fonctionnement. Le satellite va fonctionner durant 18 ans en prenant des dispositions pour contrebalancer les défaillances de matériel. Le satellite est surtout affecté pour les défaillances de ses gyroscopes chargés de contrôler son orientation qui tombent en panne successivement en 1979, 1982, 1983, 1985 et 1996 ne laissant à cette date qu'un seul gyroscope en état de fonctionnement au lieu des trois normalement requis. Même dans cette configuration l'équipe projet parvient à maintenir le satellite dans un état opérationnel. Toutefois à la suite de difficultés budgétaires, la NASA réduit à compter de 1995 sa participation à la maintenance. L'ESA a continué à recueillir des données jusqu'en date à laquelle les opérations sont également arrêtées pour des raisons budgétaires.

Objectifs scientifiques

Schéma simplifié de la partie optique.

Les objectifs assignés à la mission IUE sont[2] :

  • obtenir des spectres Ă©lectromagnĂ©tiques d'Ă©toiles de tous les types pour en dĂ©duire leurs caractĂ©ristiques physiques
  • Ă©tudier les courants gazeux Ă  proximitĂ© et dans les systèmes d'Ă©toiles binaires
  • Ă©tudier les Ă©toiles, quasars et galaxies faiblement visibles en basse rĂ©solution et interprĂ©ter les spectres rĂ©sultant sur la base des spectres Ă  haute rĂ©solution
  • obtenir des spectres des planètes et des comètes
  • effectuer des observations rĂ©pĂ©tĂ©es des objets ayant un spectre variable
  • Ă©tudier les modifications du rayonnement lumineux dus au gaz et Ă  la poussière interstellaires

Caractéristiques techniques

IUE est un satellite de 671 kg dont 237 kg correspondant Ă  la masse du moteur d'apogĂ©e chargĂ© de placer le satellite sur son orbite finale et 122 kg de charge utile scientifique. Il est long de 4,22 mètres pour un diamètre maximal de 142 cm hors panneaux solaires. Ces derniers sont fixes et fournissent une Ă©nergie moyenne de 424 watts. Deux batteries nickel-cadmium d'une capacitĂ© de 6 A-h fournissent l'Ă©nergie durant les pĂ©riodes d'Ă©clipse de Terre. Le satellite est stabilisĂ© 3 axes. Six gyroscopes et des capteurs solaires fins et grossiers sont utilisĂ©s pour dĂ©tecter les changements d'orientation que 3 roues de rĂ©action (+1 de rĂ©serve) permettent de corriger. Pour dĂ©saturer les roues de rĂ©action et effectuer des corrections d'orbite, IUE dispose Ă©galement de 8 petits moteurs-fusĂ©es de 9 newtons de poussĂ©e et de 4 moteurs-fusĂ©es de 22 N de poussĂ©e fonctionnant Ă  l'hydrazine dont 27,3 kg sont stockĂ©s Ă  bord de 6 rĂ©servoirs distincts. Les donnĂ©es sont transmises au sol en bande S par un Ă©metteur radio de 6 watts de puissance permettant un dĂ©bit compris entre 1,24 et 40 kilobits par seconde[3].

Instrumentation

Spectre électromagnétique de la comète IRAS-Araki-Alcock réalisé par IUE, mettant en évidence la présence de la molécule de soufre (S2) et du radical hydroxyle (OH). En superposition, l'image prise par la caméra de pointage FES.

La charge utile est constituĂ©e d'un tĂ©lescope, de deux spectrographes ultraviolets dont les images sont recueillies par quatre camĂ©ras et de deux camĂ©ras permettant d'assurer le guidage. Le tĂ©lescope est de type Ritchey-ChrĂ©tien avec un miroir en bĂ©ryllium de 45 cm de diamètre et une focale de f/15[4].

  • les deux spectrographes fournissent des spectres Ă©lectromagnĂ©tiques pour les longueurs d'onde comprises respectivement entre 1850 et 3300 Ă… et entre 1150 et 2000 Ă…. Chaque spectre peut ĂŞtre pris en utilisant une ouverture en forme de fente de 10x20 secondes d'arc ou un cercle de 3 secondes d'arc. Les spectrographes peuvent fonctionner selon deux modes : un mode Ă  haute rĂ©solution utilisant un rĂ©seau de diffraction Ă  Ă©chelles fournit une rĂ©solution de 0,2 Ă… tandis que le mode Ă  basse rĂ©solution n'utilisant par le rĂ©seau de diffraction fournit un spectre avec une rĂ©solution de 6 Ă….
  • les spectres Ă©lectromagnĂ©tiques sont recueillis par quatre camĂ©ras (dont deux de rechange) utilisant des tubes Vidicon et des convertisseurs ultraviolet. L'image est obtenue par accumulation durant toute la durĂ©e d'observation. Le rĂ©sultat est transmis sous forme d'une grille de 768x768 pixels de donnĂ©es codĂ©es sur 8 bits.
  • deux camĂ©ras FES (Fine Error Sensor ) fonctionnant en lumière visible et avec un champ optique de 16 minutes d'arc et une rĂ©solution optique de 8 secondes d'arc permettent d'identifier le champ d'Ă©toiles cibles et sont utilisĂ©es pour maintenir l'axe optique du tĂ©lescope pointĂ© avec une prĂ©cision d'une demi secondes d'arcs

RĂ©sultats scientifiques

Durant ses 18,7 annĂ©es d'activitĂ© IUE a fourni plus de 104 000 spectres Ă©lectromagnĂ©tiques Ă  haute et basse rĂ©solution portant sur environ 9 600 objets cĂ©lestes de tous types, incluant notamment des planètes, comètes, Ă©toiles, gaz interstellaires, supernovae, galaxies et quasars. Les donnĂ©es recueillies sont archivĂ©es au Laboratory for Space Astrophysics and Theoretical Physics (LAEFF) en Espagne pour le compte de l'Agence spatiale europĂ©enne et au centre d'archivage multi-missions du Space Telescope Science Institute (STScI) Ă  Baltimore pour le compte de la NASA.

L'un des points forts de IUE était sa réactivité qui lui permettait d'observer des événements fugaces comme ceux associés aux comètes, aux novæ et supernovæ. Ainsi IUE est le seul instrument à avoir effectué une observation en ultraviolet de la supernova 1987A dans le Grand Nuage de Magellan. En suivant la trajectoire de la comète IRAS-Araki-Alcock, le télescope a permis de détecter pour la première fois la présence de soufre dans une comète. IUE a également observé la collision de la comète Shoemaker-Levy avec la planète Jupiter en 1994.

  • De la conception au lancement
  • La partie optique.
    La partie optique.
  • Le tĂ©lescope IUE entièrement assemblĂ©.
    Le télescope IUE entièrement assemblé.
  • Lancement d'IUE.
    Lancement d'IUE.

Références

  1. (en) « Early History of IUE », sur Mikulski Archive for Space Telescopes, Space Telescope Science Institute (consulté le )
  2. (en) « Fact Sheet », sur Site scientifique de l'ESA, ESA (consulté le )
  3. (en) « IUE : spacecraft », sur Site scientifique de l'ESA, ESA (consulté le )
  4. (en) « Scientific Instrument », sur Mikulski Archive for Space Telescopes, Space Telescope Science Institute (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Yoji Kondo, W. Wamsteker et al., Exploring the universe with the IUE satellite, Dordrecht Boston Norwell, MA, D. Reidel Sold and distributed in the U.S.A. and Canada by Kluwer, coll. « Astrophysics and space science library » (no 129), (ISBN 978-9-027-72380-2 et 9-027-72380-X, OCLC 15792433).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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