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Inguma

Inguma, ou Mauma Ă  Baigorri, est un Irelu ou gĂ©nie malĂ©fique qui composent le vaste panthĂ©on de la mythologie basque[1]. On peut l'encadrer dans les ĂȘtres qui habitent la nuit, car c'est Ă  ces heures-lĂ  qu'il est le plus susceptible d'apparaĂźtre[2]. Cependant, Inguma peut ĂȘtre affichĂ© Ă  tout moment lorsque les gens dorment. Sa nature est mauvaise, puisque son seul but est de noyer ses victimes pendant leur sommeil. Il apparaĂźt de nuit dans les maisons, lorsque les gens sont endormis. Il serre la gorge de certains d'entre eux, leur rendant la respiration difficile, provoquant ainsi une indicible angoisse.

Illustration d'Inguma.

Origine anthropologique

L'origine anthropologique de ce gĂ©nie pourrait ĂȘtre recherchĂ©e dans le phĂ©nomĂšne appelĂ© « paralysie du sommeil », une incapacitĂ© temporaire de bouger dont certaines personnes souffrent souvent pendant le sommeil, lors d'un rĂ©veil brutal. Curieusement, la paralysie du sommeil survient gĂ©nĂ©ralement si la personne est allongĂ©e sur le dos, ce qui coĂŻncide avec le schĂ©ma suivi par Inguma, qui s'assoit sur la poitrine de ses victimes et leur serre la gorge avec ses mains[3].

Incantations

Pour éviter les effets de ce génie, dans la région d'Espelette (Labourd), on dit traditionnellement cette formule[4]

Basque Français
Inguma, enauk hire bildur,

Jinkoa eta Andre Maria artzentiat lagun
Zeruan izar, lurrean belar, kostan hare.
Ehadiela nereganat ager.

Inguma, je n'ai pas peur de toi,

j'ai comme protecteur Dieu et la Vierge Marie.
Dans le ciel les Ă©toiles, sur terre les herbes, sur la cĂŽte les grains de sable,
ne te présente pas devant moi avant de les avoir dénombrés.

À Sare (Labourd) on dit cette autre formule[5] :

Basque Français
Ingumes erromes

ezniok hire beldurrez
Jesus diat aita
Zeruko saindu ta aingeru guziak guarda.

Ingumes mendiant

je n'ai pas peur de toi,
j'ai pour pĂšre JĂ©sus
pour gardiens tous les saints et les anges du ciel.

À Ithorrotz, on dit que ce gĂ©nie occasionne de mauvais rĂȘves. Pour l'Ă©loigner on dit la mĂȘme formule que celle d'Espelette, Ă  laquelle on ajoute cette invocation au gĂ©nie Gauargi[5] :

Hi, aldiz, jin akitala Gauargia!.
qui se traduit par: En revanche viens Ă  moi toi, Gauargia!.

Pour se dĂ©livrer de mauvais rĂȘves on utilise diverses formules et invocations adressĂ©es Ă  Sainte IgnĂ©s, Ă  la Vierge Marie et Ă  Saint AndrĂ©. En voici quelques-unes :

À Amezketa[5] :

Basque Français
Amandere Santa Inés

bart egin det amets''
berriz egin eztezadala
ez gaitzez ta ez onez.

MĂšre Sainte AgnĂšs

hier soir j'ai fait un rĂȘve
que je n'en fasse plus
ni mauvais, ni bon.

À Ezkurra[5] (Navarre):

Basque Français
Andre Santa Ines

bart ein dut ames:
bart ein badut gaitzez
gaur ein dezadan onez.

Sainte AgnĂšs

j'ai rĂȘvĂ© hier soir :
si celui d'hier Ă©tait mauvais
que celui d'aujourd'hui soit bon.

À Ituren[5] (Navarre):

Basque Français
Ama Bergina de Kodes:

nik eiten bot ames
izan daila onez

Sainte Vierge de Kodes :

je fais des rĂȘves
qu'ils soient bons.

À Euba, on dit que le rĂȘve que l'on fait le 13 du mois se traduit dans la rĂ©alitĂ©.

Aideko est semblable Ă  Inguma. On le rend responsable de toutes les maladies dont on ignore les causes naturelles. De mĂȘme que Gaizkiñe forme les tĂȘtes de coq avec les plumes du traversin, cause de graves maladies Ă  celui ou celle qui se couche dessus. Ce n'est seulement qu'en brĂ»lant ces plumes que l'on est guĂ©ri.

Filmographie

Dans Une offrande Ă  la tempĂȘte, La mort subite d'une petite fille devient suspecte lorsque le mĂ©decin lĂ©giste dĂ©couvre qu'une pression a Ă©tĂ© appliquĂ©e sur le visage du bĂ©bĂ©. La grand-mĂšre est persuadĂ©e que ce meurtre est l'acte d'Inguma, crĂ©ature malĂ©fique[6].

Notes et Références

Il n'existe pas de genre (masculin, féminin) dans la langue basque et toutes les lettres se prononcent. Il n'y a donc pas d'association comme pour le français ou qu se prononce k.

  1. José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
  2. Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
  3. (es) « Urdaibaiko Hiztegi Mitologikoa A-tik Z-ra (Etnografia) » [PDF], sur Urdaibai.org, Eusko Jaurlaritza, Gernika-Lumoko Udala et Urdaibai Biosfera Erreserba, 118p., (consulté le )
  4. (eu) Euskal mitologia, José Luis Arriaga, Ediciones Mensajero, 1984, 177p. (ISBN 9788427113763) (ISBN 8427113765)
  5. (es) (eo) Inguma, Auñamendi Eusko Entziklopedia.
  6. La trilogie du BaztĂĄn. Une offrande Ă  la tempĂȘte, Dolores Redondo, Mercure de France, 18 Avril 2016, (ISBN 9782715242388)

Bibliographie

  • Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), LĂ©gendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, AubĂ©ron, (1re Ă©d. 1879), 328 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
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